Cher Journal,

Il ne doit pas être loin de minuit et mes yeux sont encore grands ouverts dans ma chambre de Harvard. Je repense à ma courte vie et à mon long parcours du combattant. Ceci est mon histoire. Tout commence un certain 6 juillet 2002 où je vois le jour pour la première fois. À la base, je ne devais pas naître, car je suis un bébé surprise qu’Ella ma génitrice a eu à l’âge de vingt ans. Je suis le fruit d’une attirance dans laquelle elle a succombé après quelques mois de « viens vers moi et je te fuis ». En-tout-cas, je ne me suis pas manifestée tout de suite, car c’est le jour de l’accouchement que j’ai décidé de me montrer en donnant des douleurs atroces au ventre de maman. À croire que j’avais déjà envie de faire chier le monde avec mon fort caractère. C’est après un déni de grossesse qu’elle est devenue maman et adulte en même temps.
Mon père ? Je ne l’ai jamais connu. J’ai essayé de retirer des informations concernant cet homme, mais rien à faire, elle reste muette comme une carpe hormis qu’elle a aimé cet homme et cette relation qui a duré près d’un an. J’ai eu l’idée de vouloir mettre un visage, un nom sur cette personne, mais je n’ai jamais osé aller plus loin par peur. Peur d’être rejetée, une nouvelle fois et surtout déçue. Déçue qu’il ne veuille pas me connaître davantage.

Et puis vous allez me dire comment s’est passée mon enfance ? Elle était assez compliquée dans le sens où tu as vu plusieurs hommes défilés à la maison tandis que ta maman essayait de gérer les années universités, et les petits boulots pour subvenir à mes besoins sans aucune l’aide, car ses parents l’avaient renié. Les parents de ma génitrice l’avaient reniée et mise à la porte la considérant comme le diable en personne venant d’une famille très catholique et religieuse. Autant dire qu’un jour sa santé mentale et physique en a pris un coup surtout lorsqu’elle s’est mise avec un homme qui la battait. Je l’ai vu un nombre incalculable de fois se faire frapper, hurler dessus sans qu’elle ne puisse rien faire jusqu’à oublier ses douleurs dans l’alcool. Saloperie addiction où elle ne faisait plus attention à moi, mes besoins et émotions. Et là, j’ai vu un autre visage, elle n’arrêtait pas de me hurler dessus en disant que « si je n’étais pas née, elle ne serait pas dans cette situation de merde » jusqu’à commettre l’irréparable, me mettre à me frapper et à me tirer les cheveux afin de me traîner dans une autre pièce. Je n'oublierais jamais ce moment où elle l’a fait pour la première fois. J’ai hurlé de toutes mes cordes vocales, alertant les voisins qui sont venus directement frapper chez nous. Lorsqu’ils ont vu dans l’état où j’étais, c’est-à-dire, couverte de bleus, ils ont alerté la police. J'étais alors âgée de six printemps. Ce qui ne devait jamais arriver pour un enfant de cet âge-là est devenue une habitude. Se faire frapper, insulter à cause des boissons fortes en alcool consommé par la personne qui m’a mise aux mondes.

C’est suite à une décision de justice suite à une enquête, qu’on lui a retirée la garde à Ella, lui ordonnant de suivre une cure afin d’être sobre et d’avoir revenu stable sans oublier de suivre une thérapie psychologique. De ce fait, je suis allée dans un foyer pour être loin de toute cette violence qui se répétait chaque soir et que ma maman puisse avoir un salaire décent et stable pour qu’elle puisse m’élever dans de bonnes conditions. Ma safe place était l’école où j’avais soif d’apprendre et pouvais me sentir en sécurité. Ce passage de ma vie a laissé quelques traumatismes comme le fait d’être froide, tout le temps méfiante, de ne pas supporter les cris, les personnes en colère ainsi que la violence. Lorsque je vois les gens se frapper dessus, hurler dessus, je commence à devenir paralysée, à trembler, à mordre les peaux autour des doigts jusqu’au sang. En gros, je ne suis pas bien, commençant le plus souvent à faire une crise de panique et je n’ai qu’une seule envie. M’enfuir.

J’ai passé mon adolescence dans un foyer où il y avait des règles de vie et où il y avait un cadre de vie, une routine à suivre, où j'étais accompagnée par un éducateur référent. À l’école primaire ainsi qu’au collège, j’étais une bonne élève, mais je l’avoue que je me contentais du strict minimum au collège, car je pensais plus à danser, chanter, écrire des chansons et travailler pour m’offrir des plaisirs. C’est grâce à plusieurs associations, que j’ai pu avoir une activité physique le cheerlerding en plus danse la danse celtique.

À côté de cela, j’ai essayé de garder le contact avec ma maman, mais celle-ci a été complètement indifférente à mes demandes de vouloir rétablir un lien pour prendre un nouveau départ. Ella ne m'appelait, lorsqu'elle avait besoin d'argent ou lorsqu'elle était dans la merde. C’est ce jour-là, je me suis jurée que je ne deviendrais jamais une mère comme elle l’a été envers moi. Non, je serais tout le contraire le jour où j’aurais un enfant. Être une mère bienveillante, amoureuse, attentive à ses besoins tout en étant juste. C’est à l’âge de seize ans et avec l’accord de mes éducateurs que j’ouvre une chaîne YouTube où je parle de ma vie, mais aussi poste des vidéos où je poste des reprises de chansons où je chante, danse, joue de la guitare, parle de produits de beauté, où les gens peuvent suivre ma vie. Je ne suis pas fixée sur un sujet en particulier. Je fais ce qu’il m’inspire. Cette chaîne a été une safe place qui m’a aidé à faire le deuil d’être sans parents, même si cela ne m'empêche pas d'avoir le cafard pour cette raison.

Comment est venue l’idée d’étudier la médecine et me spécialiser dans la pédiatrie et gynécologie ? Tout simplement, j’ai eu la chance d’avoir des personnes bienveillantes qui ont su me mettre à l’aise avant les examens, en privilégiant le dialogue, le consentement. Une relation de confiance, presque de petite protégée. Puis j'aime me renseigner sur les maladies, le corps humain, aider les gens tout simplement. Mais le coup de cœur arrive lorsqu’un des éducateurs arrive à obtenir un stage dans une maternité. Je me sentais à ma place en compagnie des bébés et femmes enceintes dont j’adore être entourée. C’est à ce moment que vient le déclic. Je commence à travailler d’arrache-pied au lycée pour avoir les meilleures notes dans le seul but de rentrer dans les meilleures universités et quitter mon pays natal où j'ai toujours vécu, l’écosse.

Bien que j’ai échoué une fois à l’admission d’Harvard en 2022 à cause d’un drame et ayant la tête ailleurs, (perte de ma meilleure amie dans un accident de voiture), j’ai su tout de même rebondir de ce refus d’admission pour prendre soin de moi en faisant une thérapie pour accepter le deuil, mes blessures, gérer mes crises d’anxiété et surtout mettre de l’argent de côté avec un boulot plutôt bien payé en étant assistante personnelle pour une célèbre personne. Je retente pour l’année 2023-2024 avec plus de détermination que jamais et quel plaisir de voir que tu as été admise.