picture a place, somewhere else far away
Près de Great Barrington, Massachusetts (trail)
17 & 18/02/2024
@Milo Musat & @Lewis Coleman
TSPT, guerre, décès, évocation de blessures de guerre
17 & 18/02/2024
@Milo Musat & @Lewis Coleman
TSPT, guerre, décès, évocation de blessures de guerre
Lewis savait ce qui l'attendait dès le départ. Ici, ses blessures, son retour de flamme pour l'armée, ses pensées pour Charlie le parasiteraient moins et c'est dans ces moments que Lewis se sentait le plus lui-même.
4002 mètres de dénivelé positif et 37 kilomètres à parcourir, seul dans la nature. Enfin pas tout à fait, les souvenirs remontaient alors que Lewis s'enfonçait entre les arbres. Le sentier était raide et détrempé par endroit, à cause de la pluie qui était tombée dernièrement et pourtant au milieu de nulle part, il respirait enfin à pleins poumons. La souplesse héritée de deux décennies à l'US Army lui permettait d'évaluer le terrain mieux que personne. Ses randonnées en solitaire, avec son sac à dos et son téléphone satellitaire comme seuls compagnons de fortune, lui faisaient un bien fou. C'était aussi l'occasion de retourner quelques années plus tôt, lorsque Marshall suivait le tracé avec lui et que Lewis lui emboîtait le pas sur un terrain gadouilleux. Le fait que Beartown State Forest facture un droit d'entrée ne les avaient jamais gênés, les panoramas étaient aussi apaisants qu'incomparables.
Arrivé le matin même, Lewis s'apprêtait à se poser pour la nuit avec la tente contenue dans son sac et quelques rations. Son baluchon d'aujourd'hui était un poids plume à côté de son paquetage de militaire. Alors que le soleil commençait à décliner, dessinant les silhouettes de collines avoisinantes comme une carte en 3D ; Lewis eut une pensée pour Charlie. Bien qu'involontaire, il devait bien reconnaître que c'était de plus en plus fréquent. Ce week-end, 200 kilomètres salutaires les séparaient.
D'un geste expert, Lewis extirpa la tente bleue de son sac et avisa un terrain herbeux, indirectement abrité par le feuillage d'un arbre haut. L'emplacement idéal pour son campement. Son hyper-vigilance compensant son audition défectueuse, il sursauta en attendant un bruit derrière lui. Tête baissée, un campeur évoluait vers sa position. La tente toujours dans les mains, le convoyeur ne le quitta pourtant pas des yeux. Il voyait en lui quelque chose de familier, sans pour autant pouvoir mettre le doigt dessus. C'est lorsque leurs regards se croisèrent que les traits de Lewis se tendirent : Milo. Officiellement, ils ne se connaissaient pas encore. Officieusement, Charlie l'évoquait assez souvent pour que Lewis comprenne qu'il avait une place à part dans sa vie.
Aussi loin de Boston et en pleine nature, il leur serait difficile de prétendre ne pas se voir. L'ex soldat aimait presque y voir un signe, c'était l'occasion où jamais. Le randonneur aguerri qu'il était délaissa son campement et arriva à la hauteur de Milo. Milo, si je ne me trompe pas ? l'interrogea t-il du regard. Il me semblait bien, ajouta Lewis alors que son interlocuteur acquiesçait. Lewis. Je ne pensais pas que les présentations officielles auraient lieu en pleine forêt mais mieux vaut tard - et au beau milieu de nulle part - que jamais, dit-il avec toute la sincérité qui le caractérisait. Une présentation en bonne et due forme comme il les aimait.
4002 mètres de dénivelé positif et 37 kilomètres à parcourir, seul dans la nature. Enfin pas tout à fait, les souvenirs remontaient alors que Lewis s'enfonçait entre les arbres. Le sentier était raide et détrempé par endroit, à cause de la pluie qui était tombée dernièrement et pourtant au milieu de nulle part, il respirait enfin à pleins poumons. La souplesse héritée de deux décennies à l'US Army lui permettait d'évaluer le terrain mieux que personne. Ses randonnées en solitaire, avec son sac à dos et son téléphone satellitaire comme seuls compagnons de fortune, lui faisaient un bien fou. C'était aussi l'occasion de retourner quelques années plus tôt, lorsque Marshall suivait le tracé avec lui et que Lewis lui emboîtait le pas sur un terrain gadouilleux. Le fait que Beartown State Forest facture un droit d'entrée ne les avaient jamais gênés, les panoramas étaient aussi apaisants qu'incomparables.
Arrivé le matin même, Lewis s'apprêtait à se poser pour la nuit avec la tente contenue dans son sac et quelques rations. Son baluchon d'aujourd'hui était un poids plume à côté de son paquetage de militaire. Alors que le soleil commençait à décliner, dessinant les silhouettes de collines avoisinantes comme une carte en 3D ; Lewis eut une pensée pour Charlie. Bien qu'involontaire, il devait bien reconnaître que c'était de plus en plus fréquent. Ce week-end, 200 kilomètres salutaires les séparaient.
D'un geste expert, Lewis extirpa la tente bleue de son sac et avisa un terrain herbeux, indirectement abrité par le feuillage d'un arbre haut. L'emplacement idéal pour son campement. Son hyper-vigilance compensant son audition défectueuse, il sursauta en attendant un bruit derrière lui. Tête baissée, un campeur évoluait vers sa position. La tente toujours dans les mains, le convoyeur ne le quitta pourtant pas des yeux. Il voyait en lui quelque chose de familier, sans pour autant pouvoir mettre le doigt dessus. C'est lorsque leurs regards se croisèrent que les traits de Lewis se tendirent : Milo. Officiellement, ils ne se connaissaient pas encore. Officieusement, Charlie l'évoquait assez souvent pour que Lewis comprenne qu'il avait une place à part dans sa vie.
Aussi loin de Boston et en pleine nature, il leur serait difficile de prétendre ne pas se voir. L'ex soldat aimait presque y voir un signe, c'était l'occasion où jamais. Le randonneur aguerri qu'il était délaissa son campement et arriva à la hauteur de Milo. Milo, si je ne me trompe pas ? l'interrogea t-il du regard. Il me semblait bien, ajouta Lewis alors que son interlocuteur acquiesçait. Lewis. Je ne pensais pas que les présentations officielles auraient lieu en pleine forêt mais mieux vaut tard - et au beau milieu de nulle part - que jamais, dit-il avec toute la sincérité qui le caractérisait. Une présentation en bonne et due forme comme il les aimait.
(Lewis Coleman)