You would be the one to rescue me

We've taken different paths
And travelled different roads
I know we'll always end up on the same one when we're old
And when you're in the trenches
And you're under fire I will cover you
If I was dying on my knees
You would be the one to rescue me
And if you were drowned at sea
I'd give you my lungs so you could breathe

@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

Jamie ne sait jamais quoi faire de ses journées quand elle n’est pas avec Huxley. Cela fait des mois qu’elle est séparée de Reed, qu’ils partagent la garde du petit garçon, mais elle n’a pourtant jamais réussi à se faire à l’absence de son fils dans sa vie. La vérité, c’est qu’elle déteste être loin de lui, elle déteste savoir qu’elle ne pourra pas lui donner son bain, lui lire son histoire et lui faire un câlin avant de le mettre dans son lit. Elle n’aime pas l’idée de ne pas pouvoir s’asseoir à table et à passé une petite heure à dessiner avec lui ou à construire des tours de légo. Huxley est la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée, il est son petit rayon de soleil, son petit miracle après cinq ans de difficulté à essayer d’avoir un enfant, et elle aimerait pouvoir être avec lui sans cesse. L’avantage c’est que Reed et elle sont en bons termes et que cela rend les choses un peu plus faciles même si le vide que laisse Huxley dans sa vie lorsqu’il n’est pas avec elle est toujours aussi douloureux. Des fois elle arrive à le gérer, à se perdre dans son écriture, dans son boulot, mais d’autres fois, comme aujourd’hui, elle se sent horriblement seule. En plus de ça, elle n’a toujours pas réussi à faire face à sa famille et à leur avouer sa séparation. Cela fait des mois que Reed et elle ne vivent plus ensemble, qu’elle trouve des excuses pour expliquer l’absence de son mari, bientôt ex mari, mais elle sait qu’elle allait devoir un jour faire face à la vérité. Elle a pourtant peur de décevoir sa famille, elle qui pensait que son couple pouvait résister à tout. Elle avait tort. Les choses sont peut être mieux ainsi, mais elle n’arrive pas non plus complètement à se faire au vide que Reed a laissé.

Ne voulant pas rester chez elle seule, incapable d’écrire quoi que soit après avoir fixé son écran pendant près de deux heures, Jamie fini par éteindre son pc et attrape un pull. Vêtue d’un bas de jogging, elle enfile un pull à capuche assortie et attrape ses clés et la laisse de Baxter. À peine a-t-il entendu le bruit de sa laisse que le chiot de six mois débarque en courant de son panier et Jamie ne peut s’empêcher de sourire. Elle lui accroche sa laisse avant de quitter l’appartement et de sortir dans l’air frais de Boston. Il fait beau et elle profite des quelques rues qui sépare sa petite maison de l’appartement de son frère aîné. Si il y a bien quelqu’un qui sera capable de lui remonter un peu le moral, ça sera bien Lewis. LC, comme elle l’appel, est de six ans son ainé, mais ils ont toujours eu une relation extrêmement proche tous le deux, sûrement dû au fait que Jamie lui ressemble beaucoup et qu’ils se comprennent. En grandissant JJ a toujours suivi Lewis comme son ombre et aujourd’hui il est toujours celui vers qui elle se tourne quand elle a besoin de parler. Il est son frère ainé, certes, mais dans le fond il est aussi un peu son meilleur ami. Sur le chemin de chez lui, elle s’arrête pour acheter un pot de glace ‘cookie dough’ et une fois chez lui, elle grimpe les marches rapidement et frappe à la porte avant de l’ouvrir comme ils l’ont toujours fait l’un chez l’autre. Elle retire la laisse de Baxter, et retire ses chaussures. “LC ?” Elle s’avance de le salon et sourit en l’apercevant, venant immédiatement lui faire un câlin rapide et déposer un baiser sur sa joue comme elle le fait toujours. “Comment tu vas ?” Demande-t-elle alors que son chien fait la fête à l’ancien militaire et qu’elle se faufile vers la cuisine pour aller attraper deux grandes cuillères, remarquant au passage un sachet de nourriture pour chat. Lewis a-t-il adopté un chat depuis la dernière fois qu’elle est venue chez lui ? Ils se retrouvent en général plus souvent chez elle que chez lui, parce que cela est plus facile pour Huxley qui a tous ses jouets et affaires là-bas. “T’as adopté un chat ?” Elle se laisse tomber sur le canapé à côté de lui en lui tendant une cuillère. Lorsque Jamie sort la glace, c’est souvent qu’il y a une conversation sérieuse qui arrive, et Lewis le sait.

You would be the one to rescue me

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And travelled different roads
I know we'll always end up on the same one when we're old
And when you're in the trenches
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@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

Avec un sourire naissant, Lewis avisa le plaid sur lequel Bucky se lovait en semaine avant d'aller ouvrir la porte. Les bruits répétés sur le montant laissaient entendre qu'il avait de la visite. La vérité était qu'il s'y faisait à ce rythme de vie artificiel à trois, depuis que la mère de Miles était partiellement réapparue dans sa vie. Peut-être aussi que la proximité physique de Charlie leur permettait aujourd'hui de creuser tout ce qui méritait de l'être, d'évoquer des sujets qu'ils n'avaient pas avant. Lorsque Lewis se contentait de tenir le seul rôle qu'elle ne lui ait jamais attribué, celui d'un ami. JJ ? l'interrogea faussement Lewis, tout sourire en reconnaissant ses propres yeux clairs à travers ceux de sa soeur. Il l'accueillit chaleureusement contre son torse avant de la libérer. Par effet miroir, il l'embrassa à son tour en posant ses lèvres sur la joue que lui tendait sa soeur. Ainsi côte à côte, leur lien de parenté était indéniable, leurs racines italiennes perceptibles. JJ savait qu'elle était l'une des rares - au même titre que les Coleman et Charlie - à pouvoir aller et venir chez lui, même lorsqu'il était absent. Le SMS qu'elle lui avait envoyé un peu plus tôt avait attisé la curiosité de Lewis et le pot de glace cookie dough qu'elle tenait fermement entre ses mains avait le mérite de lui donner une indication. Sa visite n'était pas que de courtoisie, elle ne le sortait que lorsque des sujets sérieux s'annonçaient. Le coeur de Lewis se serra alors qu'il se baissait pour jouer un instant avec Baxter.

Ton vieux frère va bien, Jamie, plaisanta Lewis en croisant son regard azur. Assis par terre, les jambes de part et d'autre de Baxter, il suivait d'un regard malicieux l'animal qui tournait sur lui-même. Et toi, je pense que tu as des choses à me dire. Ou à me demander, peut-être ? dit l'ancien militaire en prenant appui sur une main pour se relever. JJ savait qu'il n'y avait pas un sujet qu'elle ne pouvait évoquer avec lui. S'il avait passé une majeure partie de sa vie à l'étranger, il n'en restait pas moins humain qu'elle. Lewis avait aussi son propre bagage. Museau collé contre le parquet, Baxter semblait partir sur les traces invisibles et nouvelles de Bucky pendant que JJ ouvrait les tiroirs de la cuisine pour brandir deux cuillères. De l'air victorieux qu'elle avait déjà petite.

Merci, dit Lewis depuis le canapé, en récupérant la cuillère tendue par sa soeur. Non, je n'ai pas adopté de chat. C'est pour Bucky, celui de Charlie et disons qu'il reste à la maison par intermittence, répondit-il simplement avec un sourire pour Jamie. Il n'était d'ailleurs pas le seul à rester chez lui, en ce moment. Pour l'avoir déjà entendu à plusieurs reprises, Jamie connaissait le prénom de Charlie. Elle n'est cependant pas au courant que tout a changé entre eux dernièrement. Une rotation à 360° de leur propre planète ; ils ne sont plus amis, plus seulement. Mais ce qui m'intéresse surtout, c'est de savoir comment toi tu vas, dit-il en désignant sa soeur du bout de sa cuillère encore vierge de toute glace. Parce que le coup de glace lui était évidemment familier et que, même sans ça, il aurait décelé la lueur dans les yeux de Jamie. Celle de l'inquiétude. Le poids des habitudes, je sais... dit Lewis avec amusement en regardant Jamie plonger son couvert dans la glace dure, je n'ai pas le droit de poser la moindre question tant que tu n'as pas pris ta première cuillère. Il en profita pour détailler sa soeur. S'ils se voyaient régulièrement, les moments qu'il avait la chance de passer avec son neveu se faisaient plus rares. Des rôles d'oncle et de parrain qui lui manquaient, des rôles aussi qu'il aimerait un jour conjuguer avec d'autres. Mari, père et grand-père s'il lui restait de belles années à vivre. Dis-moi tout, JJ, suggéra doucement Lewis.

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@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

L’idée d’annoncer à sa famille sa séparation terrifie absolument Jamie. Lorsqu’elle a rencontré Reed et qu’ils se sont mis ensemble elle s’est toujours dit qu’ils seraient ensemble pour toujours, ce qui a été renforcer lorsqu’ils se sont mariés, il y a maintenant près de six ans. Lorsqu’ils se sont dit oui Jamie n’avait aucun doute en tête qu’elle voulait passer sa vie avec Reed à ses côtés, qu’elle voulait fonder une famille avec lui et pourtant les choses ne se sont absolument passé comme prévues. Pendant cinq ans ils ont eu du mal à concevoir l’enfant qu’ils voulaient tant tous les deux, ils ont été à de nombreux rendez-vous, elle a fait des traitements et malheureusement ça a endommagé leur couple plus qu’ils ne l’auraient imaginé. Lorsque Jamie est tombé enceinte et a donné naissance à un petit garçon un mois trop tôt, ils ont tenté de recoller les morceaux. Mais cela n’a pas fonctionné et en avril 2023 ils ont décidé de mettre fin à leur relation pour de bons, ce que Jamie a encore du mal à accepter malgré le fait qu’elle sait que les choses sont mieux ainsi. Bien sûr qu’elle tient à Reed, qu’il aura toujours cette place spéciale dans sa vie et dans son cœur, mais leurs chemins se sont trop séparés pour que les choses fonctionnent à nouveau. Cependant, cela fait à présent presque un an, plusieurs mois que Reed ne vit plus avec elle et Huxley et elle n’a toujours pas eu le courage de l’annoncer à sa famille. Elle a peur de les décevoir, mais elle sait aussi qu’elle ne peut pas le cacher pour toujours, qu’il fallait qu’elle dise la vérité.

C’est donc pour cela qu’elle se retrouve chez son grand frère Lewis, avec un pot de glace cookie dough en main. Lewis est la personne de sa famille de qui Jamie est la plus proches, elle les aime tous bien sûr, mais ils ont toujours eu un lien spécial, un lien fort et elle a toujours juré par son frère. Lui annoncer n’allait pas être facile, mais si il y a bien une personne qui pouvait comprendre et la soutenir c’est lui. Jamie lève les yeux au ciel en l’entendant dire qu’il est vieux, comme il le fait souvent. “T’es pas si vieux. Tu pourras t’appeler vieux quand t’as 70 ans okay ?” Elle lui fait remarquer en le regardant jouer avec Baxter qui tente de lécher le visage de Lewis. “Peut etre.” Oui, j’ai des choses à dire, beaucoup de choses, elle pense avant de se tourner vers la cuisine pour aller y chercher deux cuellière, ses yeux tombant sur la nourriture de chat. Lewis aime les animaux, comme tout le monde chez les Coleman, mais aux dernières nouvelles il n’en a pas adopté. Elle fronce les sourcils à la remarque de son frère aîné. “Par intermittence ? C’est cool de ta part. Elle ne peut plus s’en occuper ?” Demande Jamie piqué par la curiosité. Lewis lui a déjà parlé plusieurs fois de son amie Charlie, une petite brunette avec qui il passe pas mal de temps.

Comme Jamie s’y attendait, Lewis tourne à nouveau la situation vers elle et elle se sent à nouveau nerveuse. Ses mains deviennent moites, son cœur s’accélère dans sa poitrine et d’un coup elle aurait aimé que Huxley soit là. Son fils a ce pouvoir de la calmer, de lui donner une force qu’elle ignore parfois avoir. Son petit miracle, son rayon de soleil. Dans le fond, il est pourtant mieux que le petit garçon ne soit pas là pour la conversation qui va suivre. Elle prend une respiration, plonge sa cuillère dans le pot de glace et pose son regard sur son alliance toujours logé sur son doigt comme si dans quelques semaines, mois, elle ne serait pas officiellement divorcée. Son estomac se tord à cette pensée et elle cligne des yeux pour ne pas pleurer. “Je…” Elle prend une autre respiration. “C’est pas évident c’que j’veux te dire mais j’ai juste besoin que tu sois là pour moi.” Elle lui avoue, parce qu’elle ne cache rien à Lewis, elle ne lui ment pas et elle a besoin de lui, qu’il sache la vérité. “Reed et moi, on… On est séparés. On est en instance de divorce.” Les mots sont dit tout bas, douloureux, et elle vient mettre de la glace dans sa bouche.

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Les yeux de Lewis se plissèrent alors qu'il souriait à Jamie. Pas si vieux ? plaisanta t-il en insistant sur la condition que représentait son âge. La prochaine fois que tu tentes de me remonter le moral sur le sujet, évite juste les adverbes JJ. Mais va pour 70 ans, ajouta l'ancien militaire, amusé. La quarantaine approchait à grands pas, il fêterait déjà ses 38 ans dans quelques semaines. Et si le temps qui s'écoulait était loin de l'impressionner, Lewis avait conscience d'avoir passé la moitié de sa vie à servir son pays plutôt qu'à construire la sienne, de vie. Il aurait aimé pouvoir conjuguer les deux comme bon nombre d'enrôlés. Reed, Jamie et Huxley étaient le modèle de stabilité qu'il aimerait un jour pouvoir trouver et reproduire, comme les parents Coleman avant eux et comme ses grands-parents. Lewis était un homme d'engagement, qu'il s'agisse de l'armée ou du reste. Le peut-être de Jamie était plutôt un évidemment. OK, dit Lewis en hochant la tête, suivant sa soeur du regard alors qu'elle ouvrait les tiroirs du meuble de la cuisine pour leur trouver des couverts. Il arrivait à Jamie de toquer chez lui sans le prévenir de sa visite au préalable mais d'ordinaire, elle se présentait sans glace dans les mains. Si, bien sûr. C'est juste une organisation particulière pour le moment. Et c'est temporaire, admit Lewis avec un objectif double. Il ne pouvait pas s'éterniser sur le sujet maintenant qu'il savait que Jamie n'était pas venue les mains vides, un lot d'interrogations invisibles avait certainement passé la porte avec elle. Il ne pouvait pas non plus évoquer sa relation avec Charlie maintenant, pas de cette manière en tout cas. Le regard brillant de JJ lui indiquait que le sujet n'était pas clos mais Lewis se devait de passer ces derniers jours sous silence, pour le moment. L'ancien militaire lui parlerait de Charlie lorsque le moment serait venu, opportun. Lorsque JJ aurait vidé son sac aussi.

Même s'il n'avait pas vu Huxley depuis un bon bout de temps - les photos de sa soeur remplaçant les moments réellement passés ensemble - Lewis songea que son neveu ressemblait fortement à JJ. Et de plus en plus avec les mois qui passaient. Lewis n'oubliait pas les difficultés qu'ils avaient rencontrées, avec Reed, pour avoir Huxley mais ils avaient fait bloc ensemble. Sur le papier et depuis l'arrivée de leur fils, ils avaient tout pour être heureux. Lewis fronça les sourcils, se rapprochant un peu plus de sa soeur alors qu'elle cherchait des mots apparemment bloqués dans sa gorge. JJ... Evidemment que je suis là, répondit Lewis, l'inquiétude le guettant un peu plus à chaque fois que Jamie ouvrait la bouche. Tu sais bien que tu peux tout me dire. Et c'est ce qu'ils avaient fait jusqu'à présent. A la connaissance de Lewis, le terme secret ne s'était jamais invité entre eux - avant son TSPT du moins. Une partie de lui-même que Lewis avait encore du mal à comprendre et encore plus à gérer. Une ombre qu'il s'était refusé à faire planer sur les Coleman.

Les yeux de Lewis passèrent de ceux de Jamie à la table basse alors qu'il intégrait l'information. Merde. JJ, je suis désolé, dit-il en recouvrant la main de sa soeur, celle qui tenait le pot, avec la sienne. Je pensais que tout allait bien entre vous, surtout depuis l'arrivée d'Huxley. Avec Reed, ils avaient toujours formé un couple d'apparence solide et heureux, fait pour durer. N'avait-il donc rien suivi ces derniers mois pour passer à-côté ? Parce que c'était Jamie et qu'il aimait l'idée de la connaître mieux que personne, il aurait dû le sentir et être là pour elle avant qu'ils n'atteignent un point de non retour avec son mari. Perdu dans ses propres souvenirs, il n'avait rien vu. Tu parles de séparation... ça fait longtemps ? l'interrogea Lewis, ses sourcils levés et rapprochés sous l'effet de l'appréhension qu'il ressentait. Comment en étaient-ils arrivés là avec Reed ? Quelle serait la suite pour leur fils ? Est-ce que tu l'aimes encore ? demanda Coleman, du bout des lèvres, pour savoir si certaines choses pouvaient encore être sauvées. Parce que rien ne serait plus humain que ça, ils avaient eu un enfant ensemble. Lewis connaissait assez sa soeur pour savoir pourtant que la notion de divorce signifiait que plus rien n'était réparable entre eux.

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JJ a toujours aimé passer du temps avec Lewis et ils ont d’ailleurs toujours été plutôt fusionnels tous les deux. Malgré leurs six ans de différences, de toutes les sœurs elle est sûrement celle qui lui ressemble le plus, que ce soit physiquement ou moralement. Ils se sont toujours soutenus, compris, et même si elle est bien évidemment proche de ses sœurs, la relation qu’elle a avec son frère est différente et c’est vers lui qu’elle a tendance à se tourner lorsqu’en a vraiment besoin. Alors lorsqu’il pointe qu’il est vieux, elle ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel avant de laissé échapper un léger rire. “L’âge c’est dans la tête Loulou.” Dit-elle en venant taper sa tempe du bout du doigt et en utilisant le surnom qu’elle lui donnait lorsqu’elle était petite et n’arrivait pas à prononcer son prénom correctement. Lewis, LC, Loulou, tous ces noms qu’elle prend plaisir à changer de temps en temps. Curiosité piquée, elle lui demande alors si il a adopté un chat et Lewis répond en mentionnant une de ses amies. Jamie hoche simplement la tête avant de se préparer pour la suite, pour la véritable raison pour laquelle elle a débarqué chez son frère avec un pot de glace.

Lewis et Jamie ont beau être très proches, lui annoncer sa séparation n’en est que plus difficile. Elle n’a jamais voulu décevoir sa famille, ses parents, ses sœurs, mais surtout son frère, celui qui a toujours eu ses arrières quelle que soit la situation. Il a été présent lorsqu’elle c’était confié sur ses problèmes de fertilités et elle a toujours eu une épaule sur laquelle pleuré à ses côtés. Elle aurait aimé ne jamais avoir à lui annoncer cela, une séparation douloureuse, mais heureusement pas aussi compliqué que cela aurait pu l’être. Ne sachant pas vraiment comment lui annoncer, elle finit par simplement lâcher les mots, arracher le pansement d’un coup. Elle tente un léger sourire pour tenter de le rassurer alors qu’il avoue qu’il pensait que tout allait bien. Bien sûr qu’il pense ça, parce que Jamie est plus douée à cacher des choses qu’elle aurait sûrement due l’être. Elle secoue doucement la tête et laisse échapper un léger sourire. “Ca faisait un moment que les choses n'allaient plus vraiment. Avec tous les problèmes qu’on a eus pour avoir Huxley…” Cela avait mis un coup dans leur couple et visiblement ils n’ont malheureusement jamais su s’en relever complètement. Il y a eu une période, après la naissance de leur fils où elle s’est dit que les choses allaient mieux, mais cela a été de courte durée. Son frère ainé lui pose les questions auxquelles elle s’attend et elle refuse de lui mentir, elle lui a bien caché assez de choses. “Depuis avril de l’an dernier…” Jamie avoue dans un murmure, se sentant coupable de ne pas avoir parlé de tout ça avec Lewis plus tôt. “Je sais que j’aurais dû en parler avant, mais on a essayé de faire fonctionner les choses après la naissance d’Huxy. On a vraiment essayé mais quelque chose était… Brisé. Il est resté vivre à la maison le temps de trouver un appartement, mais…” Son estomac se sert. C’est la première fois qu’elle avoue à voix haute que les choses sont finies. “Ça fonctionne plus entre nous.”

Bien évidemment, Jamie s’attend à la question de Lewis. Aime-t-elle encore Reed ? La vérité c’est qu’elle n’en sait rien. Elle tient à lui, bien sûr, il aura toujours eu une place spéciale dans son cœur et dans sa vie, il reste le père de son fils, mais cela fait un moment que ce n’est plus comme avant. “Je sais pas. Je tiendrais toujours à lui, mais je crois que notre relation est finie, pour de bon.” Elle adresse un sourire léger à son frère. “Le plus important maintenant c’est Huxley, et jusqu’à maintenant on arrive à garder une relation amicale, pour lui.” Elle vient remettre une cuillère de glace dans sa bouche, se perdant un peu dans ses pensées. “Je sais que je te déçois sûrement. J’aurais dû te le dire avant, je suis désolée, mais tu traversais aussi t’es propres choses et je ne voulais pas t’ajouter du poids.” Elle n’est pas aveugle et elle a bien remarqué les combats silencieux de Lewis.

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@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

Contrairement aux deux dernières années, Lewis n'avait pas vécu seul ces derniers jours. Des preuves tangibles, des résidus de la présence de Charlie chez lui, restaient là. Un hoodie bien trop petit pour lui dans la chambre, la tenue en coton de nuit de Miles sur l'un des portants de la salle de bain ; Charlie était partie à Miami mais une part d'elle était toujours ici. Détectable pour quiconque y prêterait attention. Loulou. Un surnom que JJ utilisait depuis que Lewis était gamin et qui représentait à lui seul la teneur du lien indéfectible qui les unissait. JJ était l'une des personnes qui le connaissait le plus. Focalisé sur sa soeur, Lewis jetait de temps à autre des regards amusés vers Baxter qui portait en lui l'énergie des jeunes chiens. Une vision qui le ramena brièvement à la proposition de Charlie, celle d'adopter.

Jamie n'était jamais rentré dans les détails mais Lewis avait suivi ça de loin - captant chaque bribe, chaque détail que Jamie avait laissé filtrer à l'époque : ses différents rendez-vous chez des spécialistes, les piqûres et humeurs variables qui découlaient des traitements hormonaux. Elle avait connu son propre parcours du combattant, souffert pendant 5 ans avant de tomber enceinte. Et apparemment, par extension, leur couple avait perdu des couleurs. Donc quasiment un an, répéta Lewis sans attendre de réponse puisqu'elle venait de la lui fournir. Un an que les Coleman évoquaient Reed et Huxley, à chaque déjeuner en famille, et que JJ souriait sans ne jamais rien laisser paraître. Un an qu'elle se débattait seule avec une réalité que Lewis n'aurait jamais pu imaginer. JJ, même si j'aurais aimé le savoir avant - tout simplement pour ne te laisser faire face à la situation toute seule - je comprends, dit-il avec un sourire avenant pour sa soeur. Tu as fait ce que tu jugeais nécessaire pour toi et pour le bien-être d'Huxley. Tu as tout fait pour préserver l'équilibre entre vous trois, avec Reed. Je suis juste désolé que le temps et, tout ce que vous avez traversé au moment où tu essayais de tomber enceinte, vous ait éloignés. JJ n'avait pas besoin de son avis, juste de son soutien. De la présence d'un frère qui avait toujours été à ses côtés, même en visio à l'autre bout du globe. Leur lien ne souffrait ni du décalage horaire lié à ses anciens déploiements, ni de leur 6 ans d'écart. Ça fonctionne plus entre nous. Une boule se formant dans sa gorge, Lewis écoutait la voix de sa soeur s'éteindre comme une flamme offerte au vent. La voir ainsi affectée le touchait. Lui qui n'avait pas connu le bonheur de se marier et encore moins de devenir père ne pouvait que se faire une idée de ce qu'elle ressentait après avoir perdu ce qu'elle avait mis des années à construire. Tu es une maman, une femme et une soeur remarquable. J'espère que tu le sais, Jamie, dit Lewis en esquissant un sourire. Lorsque Jamie lui avouait avoir tout essayé pour parfaire le ciment de sa relation avec Reed, il la croyait sans aucune hésitation. Jamie était une Coleman, droite et engagée. Une relation amicale, c'est l'essentiel. ça doit être le mieux pour tout le monde. Justement concernant Huxley, comment se passe sa garde... et comment réagit-il au changement de maison lorsqu'il va chez son papa ? l'interrogea Lewis d'une voix neutre mais quasiment feutrée alors que sa soeur lui confiait que ses sentiments pour Reed s'étaient étiolés. L'ancien militaire se doutait que le principal sujet d'inquiétude de Jamie était ailleurs, dans toutes les fibres qu'elle avait en commun avec son fils. Dans celui qu'elle avait souvent appelé son miracle à elle.

Ce jour n'arrivera jamais JJ, répondit aussitôt Lewis. Il n'existait pas un seul monde dans lequel sa soeur pourrait le décevoir. Si je devais être déçu, ce serait du fait d'avoir envie de te garder un peu à la maison, de t'emmener déjeuner dehors pour que tu t'aères mais je ne sais pas si tu seras d'attaque après un pot de glace, plaisanta Lewis, tentant de ramener sur les lèvres de sa soeur le sourire qu'elle arborait en entrant. Les épaules de Lewis se tendirent pourtant en repensant à ses premiers mois post rapatriement, à Marshall. Etait-ce qu'elle avait en tête ? J'ai les épaules solides, Jamie, alors ajoute-y tout le poids que tu veux. Je suis là pour toi, tu le sais. Un mince sourire étira ses lèvres en repensant à Jamie, enfant, qu'il s'amusait à porter sur ses épaules carrées. Les problèmes de ses proches passaient avant les siens, toujours.

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Jamie aime sa famille plus que tout au monde, elle a toujours voulu rendre ses parents, ses sœurs et son frère fière et elle a toujours fait de son mieux pour que ce soit le cas. Les difficultés avec sa fertilité avaient déjà rendu les choses un peu plus compliquées pour elle, et maintenant sa séparation avec Reed les ont rendu compliqués. Elle a réussi à garder les choses pour elle pendant quasiment un an mais il est temps de faire face aux conséquences de la fin de son couple et de ce que sa famille pourrait en penser. Elle est vraiment nerveuse à l’idée de les décevoir, surtout lorsqu’il en vient à Lewis et à ses parents, mais elle ne pourra pas cacher la vérité indéfiniment et elle préfère qu’il l’apprenne par elle que par n’importe qui d’autre. La bouche à moitié pleine de glace elle grimace lorsque Lewis fait remarquer que cela fait presque un qu’elle est séparée, un an qu’elle ne dit rien et elle comprendrait si Lewis venait à lui en vouloir ou être en colère contre elle alors elle baisse les yeux sur le pot de glace qu’elle tient entre eux. Les paroles qui suivent sont cependant l’opposé de la colère, ils sont emplis de support, d’empathie et Jamie laisse échapper une respiration de soulagement, sentant son corps se décontracter. “Je sais que j’aurais dû t’en parler avant, mais j’étais pas prête je crois.” Elle relève les yeux vers son frère et lui offre un regard reconnaissant et emplie d’amour. “Huxley est notre petit miracle, et je ne regretterai jamais rien de ce qui nous a amenés à l’avoir, même si ça a été des années difficiles.” Avoue-t-elle avec un sourire. “Il est la meilleure chose qui me soit arrivé.” Son fils est sa vie, la raison pour laquelle cette séparation a été plus ‘simple’ qu’elle n’aurait pu l’étre. Ils se devaient de rester amis et en bons termes, pour Huxley. Lorsqu’il reprend la parole, les mots de Lewis la touchent énormément et elle sent les larmes lui montrer aux yeux. “Me fais pas pleurer !” Elle lui frappe doucement le genoux mais laisse échapper un rire, lui offrant un sourire qui veut dire ‘merci’. Pas besoin de mots pour qu’ils se comprennent. “Il est trop petit pour vraiment réaliser, je crois, il avait à peine un quand on s’est séparé. On partage sa garde, mais on n’a pas vraiment de calendrier fixe, on fait encore des choses tous les trois.”

Jamie laisse échapper un léger rire et vient doucement serrer la main de son frère aîné dans la sienne. “J’ai vraiment de la chance de t’avoir tu sais. J’aurais jamais pu rêver d’un grand frère mieux que toi.” Lui dit-elle avant que Lewis ne lui dise qu’il peut gérer avoir plus de choses sur les épaules. Jamie n’est pas aveugle, elle a vu son frère lutter pour reprendre le contrôle de sa vie après son retour de l’armée, après la perte de son meilleur ami Marshall et elle ne peut pas imaginer ce qu’il a traversé. Elle aimerait qu’il s’ouvre un peu plus, qu’il partage autant qu’elle le fait, mais elle n’est pas du genre à le forcer. Peut-être qu’un jour il serait prêt à s’ouvrir avec elle, à parler de tout ce qu’il a vécu et ce qu’il travers encore aujourd’hui. Elle remarque bien les cernes des fois imposantes, les légers sursauts qu’il peut faire à certains sons et elle n’est pas idiote, elle sait que le nombre de soldats revenant de guerre et souffrant de stress post-traumatique ne sont pas rares. “Je sais que tu peux gérer. Mais tu sais que je suis là pour toi aussi pas vrai ?” Elle serre sa main et vient prendre une bouchée de glace. “Je peux aussi porter beaucoup sur mes épaules. Je te forcerais jamais à parler, mais sache que je suis là, quoi que tu aies besoin.” Ajoute-t-elle tendrement. Elle aime son frère et des fois elle aimerait pouvoir claquer des doigts pour effacer cette douleur ou ses tensions qui peuvent apparaitre sur ses traits. Elle aimerait pouvoir rendre sa vie un peu plus simple. “Ou si tu veux pas m’en parler à moi, tu peux aussi le faire avec des amis, Charlie peut être. Tu as l’air de passer beaucoup de temps avec elle.” Il ne sait jamais trop étendue sur le sujet, mais elle est assez mentionné pour qu’elle sache qu’ils sont de bons amis.

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I'd give you my lungs so you could breathe

@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

Jamie était une femme entière, doublée d'une sacrée travailleuse. Sa vie professionnelle en était l'exemple parfait, son perfectionnisme atteignant toujours des sommets lorsqu'elle effectuait des figures de gymnastique - avant qu'elle n'arrête - ou écrivait des lignes pour ses livres ou son podcast. Jamie était de celles qui donnaient de leur personne, en permanence. Etait-ce là l'image qu'elle avait peur d'écorner en annonçant aux Coleman que son mariage ne fonctionnait malheureusement plus ? Ou était-ce parce qu'ils avaient eu la chance de grandir entourés de modèles de couples stables ? La famille n'avait pas encore connu de divorce, craignait-elle d'être le premier ? Aucune raison n'était cependant valable pour qu'elle se sente obligée de passer sa situation, sa propre souffrance, sous silence. Lewis ne jugeait jamais sauf lorsque son avis était expressément requis. Il se contentait de naviguer dans les eaux de ses soeurs, de ses parents aussi et d'être présent pour les accompagner à chaque fois qu'ils en avaient besoin. L'âge faisant, il savait que la vapeur continuerait de s'inverser au fil des années ; que ses parents finiront par avoir autant besoin de lui que l'inverse n'était vrai lorsqu'il était enfant. La solidarité chez les Coleman avait toujours été une fierté pour Lewis. Ils étaient sa première communauté avant qu'il n'intègre l'armée et ils seraient la dernière. Ne le sois pas, désolée. Le bon moment doit être celui où on est prêt à en parler, dit Lewis avec un sourire pour sa soeur. A bien y penser, JJ et Lewis avaient toujours eu un mode de fonctionnement identique. Si lui refusait de mettre des mots sur son TSPT, JJ avait omis d'évoquer ses relations qui se délitaient avec Reed. Même dans l'omission, ils se ressemblaient profondément. Le sourire de Lewis s'élargit, autant pour la cuillère de glace qui disparaissait dans la bouche de sa soeur qu'à l'évocation de son neveu. Huxley avait fait d'elle une maman fière et de lui, un parrain heureux. De la naissance à aujourd'hui, Lewis avait tout vécu par procuration - incertain de son propre avenir en la matière. Aurait-il la chance de suivre ses traces un jour, de partager son nom de famille avec une femme et des enfants ? Je peux encore essayer, s'il n'y a que ça... plaisanta doucement Lewis en sondant le regard de sa soeur, néanmoins reconnaissant pour les larmes qu'elle ne versait pas pour lui. Elle avait déjà dû prendre sur elle ces derniers mois, Lewis ne voulait pas en rajouter. Mais tu sais que je le pense, ajouta t-il avec plus de sérieux, en soutenant le regard de sa soeur. Elle en profita pour heurter son genou avec le sien, un flashback agréable de leur adolescence. Le temps les avaient physiquement changés mais ce qu'ils avaient persistait avec force. C'est peut-être justement une bonne chose, qu'Huxley ne voit pas de différence et que la cellule familiale se recréé par moment. Je suis certain que vous trouverez un rythme, votre rythme à tous les trois, dit Lewis avant de se décider enfin à plonger sa cuillère dans la surface compacte et blanche.

Il accueillit la main de JJ avec un sourire. Avec le recul, il avait eu de la chance de grandir entourée de cinq femmes. De la chance aussi de servir un pays. Lewis appartenait à deux mondes. Ni repris, ni échangé, s'amusa doucement Lewis alors qu'il ingérait une bouchée de glace. Il en mangeait peu, leur préférant des plats plus diététiques. S'il avait quitté l'armée depuis longtemps maintenant, il en avait gardé un bon nombre d'habitudes. Oui, je sais JJ, répondit Lewis avec un regard pour sa soeur. Devait-il y voir une porte ouverte ? Leurs mains serrées ne faisaient que parfaire un pacte évident entre eux, celui d'être toujours présent l'un pour l'autre. ça se voit tant que ça ? demanda Lewis avec un sourire lorsque Jamie évoquait le temps que Charlie et lui passaient ensemble. Les minutes avec elle étaient devenues des heures puis des journées et, très récemment, des nuits. Oui, ils s'étaient embrassés à de multiples reprises et oui, elle dormait chez et avec lui en ce moment. Lewis interprétait-il mal les signaux de Charlie ou avait-il raison de s'accrocher à l'idée qu'ils pourraient un jour être plus ? JJ, commença Lewis en regardant sa cuillère d'un air soudain un peu plus sombre. Comme toujours, elle le connaissait. Elle avait compris qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même. La vérité, c'est que je ne peux plus dormir à la maison, ni ailleurs qu'à l'appartement depuis le décès de Marshall. Je sais bien qu'en s'engageant, chaque soldat - et moi le premier - est conscient de risque d'y rester à un moment donné. Mais je ne suis pas revenu du Sahel qu'avec... ce qui se voit, Jamie. Sa main libre survola son T-shirt pour lui rappeler les cicatrices apparentes. Sa pomme d'Adam effectua un aller-retour alors qu'il se décidait à laisser filtrer tout ce qu'il avait si bien caché jusqu'à présent. Je fais des cauchemars et je dors à peine. Je suis fatigué et je revis - encore et encore - les minutes qui ont précédé l'assaut. A demi-mot, il avouait à Jamie que non, il n'allait pas aussi bien que ce qu'il laissait paraître.

You would be the one to rescue me

We've taken different paths
And travelled different roads
I know we'll always end up on the same one when we're old
And when you're in the trenches
And you're under fire I will cover you
If I was dying on my knees
You would be the one to rescue me
And if you were drowned at sea
I'd give you my lungs so you could breathe

@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

La séparation avec Reed n’a pas été facile, surtout que Jamie a toujours été persuadé qu’elle passerait sa vie avec lui et que rien ne pourrait jamais les séparer. Mais elle s’est visiblement bien plantée sur ça parce que leur mariage n’a même pas tenu dix ans… Dans le fond, elle est un peu déçue d’elle-même, elle a l’impression d’avoir échoué à quelque chose dans sa vie, mais elle ne peut pas nier non plus qu’il veut mieux qu’ils soient séparés et qu’ils restent en bons termes plutôt qu’ils n’essayent trop longtemps et que les choses ne deviennent compliqués et moches. Alors elle a pris son temps pour avancer, pour guérir son cœur et même si elle a encore peur de la réaction de sa famille, elle sait qu’il est temps d’avouer la vérité. Comme elle aurait dû s’y attendre, Lewis est une fois de plus le grand frère parfait avec elle, il lui montre son soutien sans jamais la juger et elle se sent extrêmement chanceuse d’avoir la famille qu’elle. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des gens aussi formidables autour d’eux, elle n’a qu’à regarder le mess qu’est la famille de Reed. Jamie offre un sourire à son frère et les mots qu’il lui donne lui réchauffent le cœur. Elle n’a jamais douté être une bonne maman, jamais vraiment, mais naviguer un divorce avec un bébé n’est vraiment pas évident, surtout qu’Huxley lui manque dès qu’il n’est pas avec elle. “Oui, on a de la chance que ça se passe bien. Je crois que la chose avec laquelle j’ai le plus de mal c’est juste qu’il me manque quand il est avec son père. Je peux pas me passer de lui, tu sais comment je suis.” Jamie est une mère poule, une mère qui a tellement voulu de son fils qu’elle ferait absolument tout pour lui. “Merci d’être là Loulou.” Elle vient déposer un baiser sur sa joue.

Jamie a vraiment de la chance de l’avoir dans sa vie, et elle aussi fait de son mieux pour être là pour lui. Mais Lewis n’est pas forcément un livre ouvert. Bien sur qu’elle l’a remarqué que les choses sont compliquées pour lui, qu’il a du mal à avancer depuis son retour de l’armée, son accident, mais elle s’est toujours dit qu’il finirait par en parler lui aussi quand il serait prêt. Jamais n’est cependant pas aveugle, et loin d’être stupide, elle se doute des choses que Lewis doit vivre même si elle est loin de pouvoir imaginer l’impact que cela a sur lui. “Pas tant que ça, mais je te connais Lew. T’es mon grand frère.” Elle lui adresse un sourire tendre, un sourire encourageant et lorsqu’il reprend la parole simplement en prononçant son prénom elle sait que ce qui va suivre ne va pas être facile. Elle vient doucement prendre sa main dans la sienne pour lui faire comprendre qu’elle est là, quoi qu’il dise et elle l’écoute. Elle ne peut s’empêcher de frissonner à la mention subtile des blessures qui l’avait fait revenir à Boston et l’image de Lewis allongé sur son lit d’hôpital flash devant ses yeux, lui retournant l’estomac. Les Coleman avaient eu tellement peur de le perdre et Jamie en avait passé des nuits à pleurer en espérant que son frère aille bien. À présent, il ne dort plus, il fait des cauchemars et l’idée qu’il revive tout cela encore et encore brise le cœur de Jamie. Elle serre sa main une peu plus forte dans la sienne, tentant de contrôler les tremblements de sa voix. “Je… Je m’en doutais un peu. Pas vraiment d’à quel point c’était… Grave, mais que tu avais dû revenir avoir ses… Souvenirs.” Elle prend une respiration, soutenant le regard de son frère. “Si je pouvais t’aider et te retirais tout ça, crois moi je le ferais en un clin d’œil. Mais tu es là, tu es vivant et tu continues d’avancer, doucement, à ton rythme.” Elle fait une légère pause et hésite quelques secondes avant de reprendre la parole. “Tu sais que je serais toujours, toujours là pour toi, pour parler de tout. Mais est-ce que tu vois quelqu’un ? Peut être que te faire aider te ferais du bien Lewis. Il y a des spécialistes qui sont formés pour aider les gens qui souffrent de stress post-traumatique.”

You would be the one to rescue me

We've taken different paths
And travelled different roads
I know we'll always end up on the same one when we're old
And when you're in the trenches
And you're under fire I will cover you
If I was dying on my knees
You would be the one to rescue me
And if you were drowned at sea
I'd give you my lungs so you could breathe

@Lewis Coleman + @Jamie Coleman

L'entente avec le mari de sa soeur avait toujours été cordiale et leur couple paraissait exemplaire. Les visites concomitantes de Reed et JJ s'étaient faites bien plus rares dernièrement mais Lewis imaginait des conflits d'emploi du temps, là où la réalité était toute autre. Sa soeur, avant si heureuse au bras de Reed, maman épanouie lorsqu'Huxley était auprès d'elle... sa soeur voyait sa vie familiale chamboulée. Tu es comme toute bonne maman JJ, aimante. Je comprends qu'il te manque et ça doit être le sentiment le plus sain du monde, répondit Lewis avec un sourire qui se voulait chaleureux. La fibre maternelle était réelle chez Jamie, un héritage certain de l'éducation qu'ils avaient reçu à la maison. Dans un endroit où chaque victoire, même minime, méritait d'être célébrée. Dans une maison aussi où chaque problème finissait par trouver sa solution. JJ avait repris le meilleur de tout ce qu'ils avaient appris enfants. Sans le savoir, Huxley avait de la chance de grandir auprès d'elle. Merci de m'en avoir parlé, Jamie et je suis désolé que tu aies dû affronter ça toute seule cette année. N'hésite pas à venir me voir - avec ou sans glace -, à m'appeler n'importe quand, dit Lewis avec un regard pour sa soeur. Elle le savait, bien sûr. Qu'elle ait évoqué le sujet avec des mois de retard ne comptait pas autant que le simple fait qu'elle soit venu le voir. Il accueillit le baiser qu'elle déposa sur sa joue avec un sourire.

Je sais, JJ, songea t-il de nouveau alors que Jamie le regardait d'un air concerné. Il avait tout fait pour que son retour du Sahel ne soit pas un sujet à part entière, ses blessures et le décès de Marshall étant suffisamment lourds à gérer. Pour les Coleman mais pour lui aussi. Son TSPT lui rappelait que naviguer dans les eaux ennemies finissait par avoir un prix. Les doigts de Lewis se refermèrent sur ceux de Jamie alors que le simple fait de penser à ses séquelles rendait sa respiration plus courte. Jamie enfonçait des portes ouvertes. Marshall n'a pas eu la chance de rentrer et je devrais m'estimer chanceux d'être revenu. Crois-moi, j'en ai toujours eu conscience, JJ. Mais non, il n'avançait plus depuis qu'il était revenu à la vie civile. Il avait dû commencer le deuil de son meilleur ami à l'hôpital militaire, entre les visites de ses proches inquiets et les vives douleurs post-opératoires qui l'habitaient. Il pouvait aller mieux aujourd'hui, alors pour quelle raison n'arrivait-il pas à accepter l'aide qu'il pourrait recevoir ? Ses lèvres se pincèrent et Lewis afficha un sourire sans joie lorsque Jamie lui suggéra de consulter des spécialistes. Il posa son regard sur elle sans laisser filtrer ce qu'il pensait. Son stress post-traumatique s'était fait connaître à son retour à Boston, dans le secret des nuits qu'il passait à l'hôpital militaire. Les médecins de la base savaient avant même que Lewis ne comprenne. L'armée à qui il avait voué 18 ans de sa vie, celle qui avait émis un ordre d'assaut alors que les conditions météo étaient mauvaises, l'avait seulement soigné physiquement. Mais il n'était pas reparti guéri du centre, pour autant. Je devrais, répondit seulement Lewis mais son égo bléssé se mettait sur le chemin de sa propre guérison. Affronter ses souvenirs lors de séances lui faisait aussi peur que de les revivre plusieurs nuits par mois. Il ne pensait pas les cauchemars se multiplieraient et gagneraient en intensité à sa sortie de l'hôpital. Le TSPT était pour lui un simple mot et pas encore une variante de sa vie. Je devrais, dit-il une nouvelle fois comme pour faire rentrer cette idée dans son crâne. Il avait besoin d'une thérapie. Mais ton frère a la tête bien trop dure pour savoir accepter de l'aide lorsqu'il en a le plus besoin. J'ai préféré ne rien voir, la vérité est là, JJ. Mais je vais y penser, vraiment. Il passa son pouce sur le dos de sa main tout en la regardant, un geste équivalent à mille mercis dans le langage des Coleman.