If my hand is not the one you're meant to hold

Maybe you'd be happier with someone else
Maybe loving me's the reason you can't love yourself
Before I turn your heart into a ghost town
Show me everything we built so I can tear it all down

@Lewis Coleman + @Charlie Miles

Mardi 16 avril 2024

Mis à part les quelques légères rides d'expression, le sourire d'Elisabeth depuis l'embrasure de la porte lui semblait aussi authentique que celui qu'il savait apparaître au détour d'anciennes photos, rangées dans des boîtes du domicile familial. De celles que sa mère avait dû garder de ses jeunes années comme soldat, l'ambition perlant dans son regard de déployé - entouré de frères d'armes ou de sa petite-amie de l'époque. Des photos au caractère estival pour la plupart et prises devant la maison des Coleman, la peau d'Eli gorgée de soleil à ses côtés. Si l'armée était un chapitre de sa vie que Lewis avait du mal à refermer, le regard qu'il portait désormais sur Eli était bien différent. Eteint. 17 ans plus tard, ses yeux clairs et rieurs ne lui rappelaient plus qu'une sympathie naturelle et quelques bons souvenirs en commun mais il écrivait ses lendemains sans elle. Avec Charlie, qu'il n'avait d'ailleurs pas hésité à évoquer à plusieurs reprises. Oui, il était en train de reconstruire sa vie. Oui, il était pleinement heureux. Sur l'impulsion d'Eli et après des années à ne se croiser que de manière aléatoire, elle et Coleman avaient échangé quelques messages depuis le début de la semaine. Mais c'était sans prévenir qu'elle était venue frapper à sa porte ce soir. Simple hasard ou énième intervention de ses soeurs qui pensaient bien faire ? Si Elisabeth avançait avec l'envie évidente de rattraper le temps perdu, de remonter le fil de leurs souvenirs communs aussi ; Coleman dédiait son temps à quelqu'un d'autre. Miles qui ne devrait pas tarder. Elisabeth lui sourit une dernière fois avant de lui faire la bise, comme les visages familiers qu'ils étaient devenus l'un pour l'autre. Comme au bon vieux temps... tu te souviens ? lui avait-elle dit les yeux brillants. Entre les années de silence radio entre eux et le boulot prenant d'Elisabeth, elle était la dernière personne qu'il s'était attendu à voir chez lui. Même Bucky qui avait plus que de bonnes marques chez lui les toisait d'un regard vide depuis le canapé. Eli, ça m'a fait plaisir de te voir même si c'était une vraie surprise... mais tu devrais rentrer, avait répondu Lewis comme un point final poli à leurs échanges. Elle avait fait son choix lorsqu'ils avaient 20 ans et n'avait plus sa place dans sa vie. Autrement que celle qu'elle avait occupée ces dernières années, un fantôme du passé qu'il recroisait de temps à autres et que bon nombre de ses camarades lui avait toujours envié. Sa ligne d'horizon à lui, Miles, avait les yeux d'un bronze profond.

La porte s'était à peine refermée sur Eli, distillant des notes de pamplemousse derrière elle qu'on frappa de nouveau. Les lèvres de Lewis s'étirèrent en un sourire alors qu'il ouvrait pour retrouver les traits tant attendus de Charlie. Buona sera, souffla Lewis en faisant un pas vers elle, sa main se posant avec tendresse dans le bas de son dos pour le caresser par dessus le hoodie qu'elle portait. L'un des siens. Son torse ainsi appuyé contre le buste de Miles laissait deviner les respirations saccadées de Charlie. Le sourire de Coleman s'effaçait à mesure qu'elle levait son regard vers lui. Hermétique. Elle était en train de le repousser. Charlie ? l'interrogea t-il en laissant sa main approcher de celle de Charlie. Des doigts que Miles maintenait soudés, comme un droit qui lui aurait été retiré. Est-ce que.. tu voudrais bien me dire ce qu'il se passe ? S'il te plaît, demanda t-il en songeant qu'il y avait peut-être un lien avec Lucia. La voir se refermer sans raison était aussi désagréable qu'une pointe au coeur.

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Charlie n’a cessé de penser à Lewis depuis leur dernière soirée ensemble, depuis que Lucia était venue dans leur vie. Elle n’arrive pas à oublier la manière dont il l’avait regardé, la façon dont ses mains avaient exploré son corps, sa peau et découvert de nouvelles parties d’elle que très peu de personnes connaissent. Elle avait ouvert un peu plus la porte entre eux, pour lui montrer qu’elle lui fait confiance. Elle ne peut se sortir de la tête ce regard qu’il lui avait offert, ses yeux bleus emplis d’amour et de tendresse. À chaque fois qu’elle ferme les yeux c’est comme si ses deux pupilles couleur océans sont à nouveau devant elle, réveillant en elle quelque chose de nouveaux. Ils se sont vu depuis, ils ont passé des soirées et des nuits ensemble, tout comme échanger de nombreux SMS mais plus le temps passe et moins elle arrive à être loin de lui. Dès qu’elle n’est pas avec Lewis, ses pensées se dirigent vers lui, plein de chose la font penser à lui et elle se demande si c’est toujours comme cela lorsqu’on commence à être en couple avec quelqu’un. Est-ce que ses sentiments allaient durer ? Est-ce qu’il ne finirait pas se lasser d’elle ? Évidemment qu’il finirait pas se lasser d’elle. Surtout étant donné que son ex est de retour dans sa vie. Charlie n’est pas du genre à ne pas respecter la vie privée des autres et elle n’avait pas fait exprès de voir les SMS d’Elisabeth sur le téléphone de Lewis quelques jours plus tôt. Elle a essayé de ne pas penser à ses messages plutôt clairs, son ex voulait le revoir. A-t-il dit oui ? La voit-il souvent ? Charlie a essayé de ne pas penser le pire, elle a essayé de repousser toutes ses pensées de côté, se disant que Lewis finirait par lui en parler, mais les paroles de sa propre mère retentissent sans cesse dans sa tête. Nunca serás suficientemente bom. Um dia ele verá e acabará por ficar sozinha. Non, elle ne sera jamais assez bien pour lui pour Lewis, elle le sait. Jamais assez belle, intelligente, drôle, sensible, ouverte…

C’est pourtant lorsque Charlie arrive devant chez Lewis et qu’elle aperçoit la blonde, l’ex de Lewis qu’elle ne connaît que grâce à certaines photos, qu’elle a l’impression qu’on lui donne un coup de poing dans le ventre. Elle en a le souffle coupé, elle a envie de faire demi-tour, de retirer le pansement d’un coup avant qu’elle ne plus souffrir encore plus. Combien de fois Lewis a-t-il vu Elisabeth ? Que faisait-elle ici ? Les questions tournent dans sa tête, mais au lieu de repartir elle frappe à la porte de chez l’ancien militaire et celle-ci s’ouvre presque aussitôt. Sa respiration est saccadée alors qu’elle tente de ne pas paniquer, de ne pas se faire des idées avant de discuter avec Lewis, elle lui doit bien cela. Par instinct protecteur et sans même vraiment s’en rendre compte, Charlie s’est cependant renfermé et il le remarque aussitôt. Il la connaît par cœur. “Rien, il se passe rien.” Dit-elle avant de pousser un soupir. Si elle ne dit rien, allait-il lui dire qu’Elisabeth est passée ? “C’était qui ? La blonde ? ” Demande-t-elle, même si elle connaît parfaitement la réponse. “Elle est belle.” Ajoute-t-elle sans vraiment savoir pouvoir alors qu’elle s’éloigne de Lewis. Elle a eu envie de ses gestes toute la semaine et pourtant à présent cela lui donne l’impression d’être brûlé, elle besoin de cette distance entre eux. La voir là a réveillé toutes les insécurités de Charlie et elle ne sait pas comment le gérer alors que perdre Lewis la terrifie…

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Mardi 16 avril 2024

Le sourire qui fleurissait d'ordinaire sur les lèvres de Charlie lorsqu'elle le découvrait là, à l'attendre, était ce soir absent. Elle le regardait à peine. De leurs peaux qui se rencontraient sur le canapé de Miles après le passage tempétueux de Lucia, il ne restait maintenant plus qu'une distance artificielle entre eux. Je vois bien qu'il y a quelque chose, pourtant... dit doucement Lewis en penchant la tête pour la regarder, l'inquiétude perçant sur ses traits. Il l'avait déjà vu se renfermer par le passé, multipliant les efforts pour espérer s'approcher d'elle. En viendrait-il à douter... qu'elle ne voulait peut-être pas qu'il s'approche d'aussi près ? Alors que Coleman allait l'interroger, lui demander s'il avait fait quelque chose de mal ; Charlie lui coupa l'herbe sous le pied. Le ton froid qu'elle employa ne fit que marquer davantage leur séparation physique, les doigts de Lewis le brûlant tant il aurait aimé sentir ceux de Charlie contre les siens. Son épaule partit à la rencontre du montant de la porte d'entrée alors qu'il s'y adossait, les bras croisés. C'était Elisabeth, Charlie, admit-il sans gêne aucune. Il avait été clair avec Eli, tout comme il se devait de l'être avec Charlie. La même Elisabeth que lorsque j'avais 20 ans, oui. Mais c'est aujourd'hui une connaissance, tout au plus, ajouta t-il pour ne laisser planer aucun doute sur son identité et sur leur relation strictement amicale. Elle est belle. Le front de Lewis se plissait alors que Charlie évoquait une autre avec une dureté étonnante. Hier comme aujourd'hui, Eli était une belle femme. Sa relation avec Lewis avait d'ailleurs fait naître de l'envie chez plusieurs de ses camarades de l'US Army. Mais elle ne lui inspirait guère plus que de la cordialité. Ce qu'il voulait aujourd'hui, Lewis le trouvait dans les méandres de l'esprit de Charlie. Est-ce que tu essayes de me faire dire quelque chose en particulier ? souffla l'ancien militaire. Etait-ce de la jalousie sortie de nulle part ou pire, était-elle en train de douter de lui ?

La voir aussi loin de lui, le regard fuyant et le ton jugeant lui donnait l'impression de repartir dans une énième bataille. Une tenue de combat que Lewis avait bien trop souvent portée avec et pour elle. Alors pourquoi avait-il la sensation dérangeante qu'elle ne faisait que l'écarter, que la confiance qu'elle semblait lui allouer n'était finalement que partielle ? Partielle et incroyablement fragile. On pourrait peut-être en parler à l'intérieur ? demanda Lewis en voyant Charlie hésiter un instant avant de lui passer devant pour entrer. La porte se referma derrière la mine sombre de Lewis. Le convoyeur s'approcha de Charlie, laissant cependant un bon intervalle entre eux. Par la distance qu'elle mettait entre eux, il était clair que son droit d'être auprès d'elle était temporairement révoqué. Une proximité inexistante qui le désorientait. Je n'avais pas vu Elisabeth depuis des années et elle a commencé à prendre de mes nouvelles - par messages, cette semaine. Je ne sais pas pourquoi maintenant, ni comment elle a pu apprendre que j'avais quitté l'armée... mais elle savait. Lewis avait une idée sur l'informatrice derrière, un scénario se dessinant presque sous ses yeux. Si Jamie était au courant pour Charlie et lui, ce n'était pas le cas de ses autres soeurs. L'une d'elle, comme avec Abigail, avait dû croiser Elisabeth en ville et amener le sujet sur Lewis. Je ne pensais même pas qu'elle avait l'intention de passer, un jour. Je ne sais pas ce que tu as pu t'imaginer mais sache que ce n'est qu'une simple connaissance et que je lui ai parlé de nous. Je n'ai aucune envie de revenir en arrière avec quelqu'un d'autre, Charlie. Eli restera un amour de jeunesse qui ne renaîtra jamais de ses cendres. Le thorax comprimé par l'incompréhension, Coleman avait prononcé sa dernière phrase en espérant croiser le regard que Charlie lui refusait depuis qu'elle était arrivée.

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Charlie avait déjà eu ses doutes en tombant sur les messages d’Elisabeth. Elle se doutait que celle-ci avait repris contact avec Lewis, ou bien alors peut-être que c’était lui ? Elle a essayé de repousser toutes les pensées que cela a amenées, de se dire que ce n’était rien, mais plus le temps passe et plus elle se dit que si ça n’était rien Lewis lui en aurait parlé. Pourquoi n’a-t-il pas mentionné son ex ? Pourquoi n’a-t-il pas simplement dit à Charlie qu’il est à nouveau en contact avec elle ? Charlie sait bien qu’il ne pensait pas à mal, ou du moins elle essaye de se dire cela, mais de voir la belle blonde sortir de l’appartement de l’ancien militaire et la chose qui déclenche une tempête en elle. Elisabeth est grande, une bonne tête de plus que Charlie, elle a de magnifiques yeux bleus, de longues jambes bronzées et elle a sûrement un corps qui n'est pas couvert de cicatrices. Elle est l’opposé complet de Charlie. Comment Lewis peut-il être attiré par Charlie quand son ex n’a absolument rien à avoir avec elle. Elle a également fait une recherche google sur Elisabeth et a trouvé qu’elle a fait des années d’études et à un métier bien mieux que le sien. Tout à propos de l’ex de Lewis lui donne envie de partir en courant, elle n’a cependant pas envie de l’avouer à Lewis, de lui demander ce qu’il fait avec elle alors qu’il pourrait être avec elle. La gorge de Charlie se serre alors que Lewis confirme que c’est bien son ex qui vient de quitter son appartement. La vérité c’est que ce n’est pas de Lewis que Charlie doute, mais d’elle-même. Elle ne sera jamais à la hauteur pour Lewis. “Non.” Dit-elle simplement. Menteuse.

Sans réponse, Charlie suit cependant de Lewis, si familier et pourtant cette fois-ci elle a l’impression d’étouffer. Elle a envie de repartir, de disparaître, d’arrêter cette douleur dans sa poitrine qui lui rappelle sans cesse qu’elle ne sera jamais assez bien pour lui. Elle écoute Lewis prendre la parole, mais elle n’entend les mots qu’à moitié. “Est-ce que tu m’aurais dit qu’elle était venue si je l’avais pas vu ?” Charlie demande alors, son cœur battant trop fort dans sa poitrine. “Où est-ce que tu comptais me le cacher, comme les messages ?” Peut-être qu’il allait croire qu’elle avait fouillé, mais ses yeux étaient simplement tombé sur son écran éclairait par des messages face à elle. “Elle sera jamais qu’une connaissance, Lewis.” Elisabeth sera toujours son ex, son premier amour et il n’y a pas compétition avec ca. “Et peut-être que tu mérites plus d’être avec elle. Elle est belle, grande, intelligente. Elle a fait des études. Alors que moi je…” Les mots se bloquent dans sa gorge et elle avala difficilement. Alors que moi je suis rien, elle a envie de dire. Elle n’est rien comparée à Lewis, ou à Elisabeth, ou même sûrement aux autres ex du brun. “J’ai à peine fini le lycée.” Ajoute-t-elle comme pour prouver un point alors qu’elle refermé les yeux sur sa poitrine. Peut être qu’elle devrait mettre fin à tout ça avant que ça n’aille trop loin, avant que Lewis ne se rende compte de lui-même qu’elle ne vaux pas la peine de perdre son temps. Ma mère avait raison, pense-t-elle sans pour autant formuler les mots à voix haute. Ele estaria melhor sem mim*

*Il serait mieux sans moi

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Mardi 16 avril 2024

La Charlie qu'il avait vu investir son appartement et son lit ces dernières semaines n'était pas celle qui se tenait devant lui. A une distance qui lui comprimait la poitrine. Le lovebird qu'il savait dans sa chambre et les quelques affaires qu'elle avait fini par laisser reposer dans l'un de ses tiroirs avaient toutes les couleurs que Charlie n'arborait pas ce soir. L'ancien militaire avait l'impression d'être revenu en arrière, à une époque où il ne connaissait pas encore le relief ni le goût de ses lèvres contre les siennes. A une époque où il acceptait encore qu'elle le mette régulièrement à l'écart... mais n'étaient-ils pas, aujourd'hui, censés avoir dépassé ce simple stade ? Les sourcils de Lewis se rapprochèrent comme seul signe d'une irritation qui pourrait monter. Avait-elle profité du fait qu'il soit dans une autre pièce de l'appartement pour accéder au contenu de son téléphone ? Tu me fais tellement peu confiance que tu as regardé dans mon téléphone ou lieu de directement me parler de quelque chose qui apparemment te travaille, Charlie ? Tête penchée vers elle, il avait peiné à le formuler à voix haute, blessé intérieurement de ce que laissait suggérer le comportement de Miles. Je ne t'ai jamais rien caché. Jamais. Je pense même avoir toujours été plus que transparent avec toi, ajouta t-il en sentant que la conversation lui échappait. Que sous les remarques de Charlie se cachaient des doutes profonds, sur elle. Sur eux. Songer au parcours des mains habiles de Miles sur son torse abîmé crispa sa mâchoire. Si Charlie était en pleine crise confiance alors qu'ils n'étaient ensemble que depuis trois semaines, comment pourraient-ils tenir la distance sans se perdre en chemin ?

Ne me prête pas des intentions que je n'ai jamais eu, s'il te plaît. La seule raison qui fait que je ne t'en ai pas parlé, c'est tout simplement parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Eli était une personne spéciale pour moi, il y a des années... mais les choses changent et j'ai quelqu'un d'autre dans ma vie aujourd'hui. Je t'ai toi, Charlie. Lewis eut un regard pour Bucky qui les observait du coin de l'oeil. Pourquoi avait-il cette sensation amère qu'ils étaient en train de revenir sur le peu qu'ils avaient réussi à construire ? J'ai toujours vécu à Boston, j'ai quatre soeurs et de nombreuses amies - c'est un fait, c'est comme ça. Est-ce que je dois m'attendre à la même réaction, à chaque fois ? l'interrogea t-il, les lèvres pincées. Parce que si oui, ça laisse entendre que je te donne des raisons de douter de moi... Est-ce que c'est le cas ? Lewis laissa échapper un soupir en se passant une main sur le visage, une fatigue inattendue le rattrapant soudainement. Il ne pensait pas mériter la pluie de doutes de Charlie et en être possiblement la cause était encore pire. Et alors, Charlie ? Pourquoi.... Pourquoi te sens-tu obligée de faire la moindre comparaison avec Elisabeth ? A mes yeux, tu es tout ça. Et je me fiche de études que tu as pu faire ou non, c'est ce que tu es qui m'importe. Impuissant, il laissa doucement retomber l'une de ses mains qui s'était élevée dans le vide qui les séparait. Je me suis arrêté au lycée, je n'ai pas fait d'études supérieures non plus parce que j'ai choisi l'armée dès que j'ai eu 18 ans. Eli était encore étudiante que lui portait déjà l'uniforme de son pays. Charlie... regarde-moi, lui demanda Lewis en avançant d'un pas vers elle. Chaque silence de la part de Miles augmentait son inquiétude latente. Il craignait déjà ce qu'il pourrait lire dans ses yeux sombres. Dis simplement ce que tu as à dire, finit-il par laisser échapper, ses paupières se fermant un instant comme pour accuser un coup qu'il voyait déjà arriver.

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Comment en sont-ils arrivés là ? Comment Charlie en arrive-t-elle à douter absolument tout ? Ce n’est pas de Lewis qu’elle doute, ce n’est pas non plus du fait qu’il tienne à elle, parce qu’elle est sûre que c’est le cas. Mais elle se questionne elle, elle question le fait qu’elle soit assez bien pour être avec quelqu’un comme Lewis. Il est mature, posé, il sait ce qu’il veut alors que pour Charlie c’est le bordel dans sa tête presque h24. Elle doute sans cesse d’elle, du fait d’être à la hauteur des gens qu’elle a dans sa vie, et c’est dans des moments comme celui dans lequel elle se trouve actuellement qu’elle est incapable de voir ce qu’elle est réellement. Elle se voit comme un monstre brisé, quelqu’un qui ne mérite pas d’avoir de bonnes choses dans sa vie. Lorsque Lewis l’accuse de ne pas lui faire confiance, d’avoir fouillé son téléphone cela ne fait que prouver son point il mérite mieux, il mérite le meilleur. Elle secoue cependant la tête en prenant la parole. “J’ai pas fouillé dans ton téléphone, il était sur la table basse et j’ai juste… J’ai vu l’écran s’allumer.” Et depuis ce jour-là elle n’a cessé de douter, de penser au fait que Lewis ait de nouveau en contact avec son ex petite amie. Le problème c’est qu’elle aurait aimé qu’il lui dise, qu’il lui en parle plutôt que de faire comme si de rien n’était.

À présent complètement refermée, c’est comme si Charlie a refermé complètement la porte sur Lewis, sur eux et elle ne sait pas quoi dire où faire. Elle se sent complètement perdue, ayant soudain l’impression qu’elle est tombée à la mer sans savoir nager et que personne n’est là pour la sauver. Mais c’est sa faute, à elle et à personne d’autre. Elle continue d’écouter sa tête, tous ses instincts qui lui cri de partir plutôt que d'avouer ses peurs à Lewis. Il a toujours été patient, rassurant avec elle et elle se contente de tout gâcher, comme elle le fait toujours. Le pire est pourtant à venir lorsque Lewis lui demande si il lui donne des raisons de douter, des explications pour ses réactions et elle en a le souffle coupé. Non, Lewis est parfait avec elle, la seule faute lui revient à elle et elle se sent coupable de lui rendre la vie si difficile, de rendre leur relation, ou moins ce qu’il en reste aussi difficile. Elle ouvre la bouche une fois, deux fois, mais rien ne sort, incapable de trouver les mots alors que les larmes lui montent aux yeux. Elle est en train de tout foirer avec la meilleure personne qui a jamais débarqué dans sa vie. “Mais je suis pas tout ça, Lewis. Je suis pas tout ca.” Finit-elle par dire la voix tremblante. “Je suis…” Personne, je suis brisée et je te fais du mal quoi que je dise, a-t-elle envie de dire mais les mots ne sortent pas. Elle ne peut pas continuer à lui faire du mal, a le faire douter, à rendre sa relation compliquée alors qu’il mérite le ciel, la terre, la lune et les étoiles.

Le cœur battant bien trop fort dans sa poitrine, Charlie relève les yeux vers ceux de Lewis alors qu’il prononce les mots qu’elle aurait aimé ne pas entendre. Dis simplement ce que tu as à dire. “Je suis pas assez bien…” Murmure-t-elle tout bas, alors que Bucky vient se frotter contre sa jambe et qu’elle rebaisse les yeux vers ses pieds, fermant les yeux et prenant une respiration difficile. “Tu mérites tellement mieux, tu devrais pas être avec moi… Je serais jamais assez bien.” C’est sa vérité, ce que Charlie pense, parce que dans le fond personne n’a jamais voulu d’elle, pas même ses propres parents, comment Lewis pourrait-il vraiment avoir envie d’être avec elle.

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Mardi 16 avril 2024

Peut-être que Charlie avait retiré le cran de sûreté dès qu'elle était apparu sur le seuil de la porte. Et peut-être que Lewis savait déjà quelle direction prendrait une soirée qui aurait dû se dérouler bien autrement. La tête de Charlie posée sur son torse, dans le silence de sa chambre. Lui caressant doucement son épaule de son pouce, bercé par le flot continu de sa respiration qui transperçait le tissu de son T-shirt. Ce qu'il avait touché du doigt pendant quelques semaines à peine, Charlie allait le lui retirait ; il le sentait dans ses tripes d'ancien soldat. L'écran s'était allumé, elle n'avait peut-être pas cherché à aller plus loin dans sa recherche mais le constat était sans appel. Elle avait, de nouveau, préféré se replier sur elle-même plutôt que de se tourner vers lui. Du petit-ami, Lewis se rendait compte qu'il n'avait que le nom. Lewis secoua doucement la tête, son torse s'affaissant alors qu'il réalisait que ça n'avait rien à avoir avec Elisabeth. Mais que c'était d'eux dont Charlie parlait. Elle qui lui répondit par un silence de plomb lorsqu'il lui demandait s'il lui avait déjà donné ne serait-ce qu'une seule raison de douter. D'accord, je vois, souffla Coleman, les traités tirés alors qu'il jetait un regard par-dessus l'épaule de Charlie. Le mur blanc de l'appartement ne lui renvoyait que sa propre peine. ça faisait des semaines qu'il ne pensait plus qu'à elle, qu'il ne parlait plus que d'elle, qu'il ne respirait qu'à travers ses lèvres... A quel moment, à quelle occasion avait-elle pu douter de lui ?

Tu es... toi, Charlie, répondit Lewis, ses paroles et son thorax gonflés de l'amour qu'il ressentait pour elle. Et je ne sais pas, je ne sais plus comment te faire comprendre que c'est bien plus que suffisant. La voix légèrement éraillée du convoyeur trahissait les émotions qui perçaient sa peau pour remonter à la surface, sur son visage inquiet, sur ses doigts qui bougeaient dans le vide. Privés de ceux de Charlie. Je suis pas assez bien. La respiration plus difficile, le regard de Lewis croisa enfin celui de Charlie, embué. Les lèvres de Lewis s'entrouvrirent mais parler était au-delà de ses forces. Refuser d'accepter que c'était terminé entre eux n'en faisait pas moins que c'était réel. Péniblement réel. Coleman se retenait se tendre une main vers elle, de chasser du pouce les larmes qui ne tarderaient pas à rouler sur ses joues. Il savait qu'il était amoureux et la perdre ne faisait que confirmer que les racines de sa douleur étaient profondes. La culpabilité s'invita. A chaque fois qu'il avait pensé bien faire, il l'avait éloignée. A chaque fois qu'il pensait l'aimer correctement, il avait failli. A un moment, il n'avait pas dû lui offrir ce dont elle avait eu besoin. Ne dis pas ça... Les épaules de Charlie s'affaissèrent sans qu'elle ne lui accorde le moindre regard supplémentaire. Et ne fais pas ça non plus, repousser tout le monde dès que tu as peur. On a tous peur à un moment donné, Charlie. C'est ce qui donne autant de valeur à certains moments. Pensait-elle vraiment qu'il était toujours parti en OPEX sans aucune appréhension ? Les moments de crispation faisaient partie de la vie. Mais j'ai compris. J'ai compris qu'Elisabeth n'était pas le fond du problème. C'est nous, pas vrai ? Il ne faisait qu'énoncer une vérité qu'il avait déjà intégrée. Charlie ne voulait plus de lui dans ce rôle, plus d'elle non plus à ses côtés. Il apprendrait à ne plus avoir envie de sentir sa peau contre la sienne, à ne plus l'attendre le soir comme l'on attendrait des vacances d'été avec impatience... parce que c'était ce qu'elle était en train de lui demander. Ce qu'elle pensait d'elle-même n'était pas le reflet de ce qu'il ressentait lui. Coleman aurait voulu la voir fondre dans ses bras, comme tant de fois auparavant. Une image qu'il ne retrouverait plus que dans ses souvenirs désormais. Je suis désolé, que ce soit l'image que tu aies de toi. Tu n'étais pas assez bien, Charlie, tu as toujours été plus que ça. Beaucoup plus, dit Lewis, le coeur douloureux. Le manque de Miles se faisait déjà sentir dans chacun de ses muscles tendus. Mais si c'est ce que tu veux, alors... Sa voix n'était plus qu'un murmure. Alors ils déconstruiraient brique par brique ce qu'ils avaient construit ensemble.

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Charlie aurait aimé effacer les dernières minutes, elle aurait aimé que Lewis lui parle des SMS d’Elisabeth qu’il la rassure avant même qu’elle ne la voit sortir de chez lui. Elle aurait aimé arriver à faire taire les voix dans sa tête, la voix de sa mère qui ne cesse de lui dire qu’elle n’est pas assez bien, qu’elle finira seule et au final ca sera sûrement le cas. Sans même le vouloir réellement, elle a tout gâché avec Lewis, elle a fini de creuser un fossé entre eux et elle ne peut plus faire machine arrière. Aux mots de Lewis elle réalise qu’elle est sûrement allée trop loin, que quoi qu’elle dise il a compris que quelque chose s’est brisé et c’est entièrement la faute de Charlie. Lewis a toujours été parfait avec elle et pourtant elle continue d’avoir ses réactions automatiques qui la sabotage et lui font perdre les meilleures choses dans sa vie. Elle en a le ventre retourné, une envie de vomir, elle en a les larmes aux yeux et elle ne peut en vouloir à personne d’autre qu’elle-même. Elle a tout fait foirer. Elle n’est pas assez bien pour Lewis, elle ne le sera jamais et l’ancien militaire mérite la meilleure personne qu’il puisse avoir. Il mérite quelqu’un qui est capable de s’ouvrir, de le faire rire, de le faire sourire, de se confier à lui et surtout de l’aimer sans lui faire du mal. Elle lit sur le visage du brun que tout ce qu’elle fait le blesse, le repousse et elle en a le souffle coupé. Idiote. Ce n’est pas eux le problème, c’est elle, juste elle. Elle secoue la tête. “Tu n’es pas le problème, Lewis…” Comment peut-il l’être alors qu’il a toujours été celui dont elle ne savait pas qu’elle avait besoin.

Tu n'étais pas assez bien, Charlie, tu as toujours été plus que ça. Beaucoup plus. Les paroles de Lewis lui donnent l’effet d’un coup-de-poing dans le ventre et elle vient essuyer les larmes qui se mettent à couler. Ce n’est pas ce qu’elle veut, elle ne veut pas perdre Lewis, jamais, mais elle sait aussi qu’elle est allée trop loin et que malgré ce qu’elle ressent pour lui il mérite quelqu’un de mieux qu’elle. Elle ouvre la bouche plusieurs fois, la refermant à chaque fois alors qu’elle ne trouve pas les mots. Comment est-elle censée lui dit qu’elle fait ça pour lui ? Qu’elle pense vraiment prendre la bonne décision pour lui, pas pour elle  ? “Je suis désolée…” Finit-elle par murmurer doucement alors que ses mains commencent à trembler. Elle a envie de hurler qu’elle veut lui, mais elle ne peut pas. “Je crois qu’on devrait…” L’inverse de ce qu’elle veut dire, de ce qu’elle veut faire sort de sa bouche. Elle veut se blottir contre lui, oublier le reste du monde, mais au lieu de ça, elle prend un nouveau mouvement de recul. “Je devrais partir.” Et sans vraiment attendre de réponse, elle se dirige vers la porte de l’appartement de Lewis. Elle laisse Bucky là, avec Lewis et elle se promet de venir le récupérer plus tard, dans quelques jours. Elle a juste pour le moment besoin de sortir.

Assise sur son vélo, Charlie pédale à toute vitesse, la vision floutée par les larmes qui coulent sur ses joues. Elle ne voit pas la voiture arrivée et se fait heurter l’arrière de sa roue, se retrouvant au sol. Les heures qui suivent sont un souvenir flou dans sa tête, mais elle sait que le soir même elle est chez elle, sans Lewis, sans Bucky et avec un poignet cassé et des bleus sur le corps. Seule.