Nerfs mis à rude épreuve. Être tendu. Depuis les événements du week-end avec Harlem, je ne me sentais pas au mieux de ma forme. Comme toujours, sa proximité avait éveillé tant de choses à l’intérieur de mon être. Outre les envies qu’il savait réveiller, les cauchemars ne m’avaient plus lâché depuis sa venue. Quant aux hallucinations, elles ne cessaient de danser sous mes yeux et dans mes oreilles. Alors, depuis cette rencontre imprévue et forcée, je fuyais. Tout. Tout le monde. Tout le temps. Je m’échappais loin de la réalité qui faisait si mal. L’alcool était descendu chaque jour. Les substances miracles s’enchaînaient à vitesse folle. Pourtant, malgré ces mélanges, je ne parvenais pas à redescendre. Je ne parvenais pas à me détendre. Cela n’était pas assez pour m’aider à passer outre cette rencontre. Il manquait ma troisième addiction pour compléter totalement l’échappatoire et ainsi arracher la victoire. Il manquait la baise pour réellement nettoyer mon esprit de ses démons. Malheureusement pour moi, je ne pouvais plus donner vie à ces baises salvatrices. Ange qui s’était mis en couple. Ange qui refusait de devenir un être infâme et infidèle. Je pouvais commettre les pires bêtises pour ma destruction. Je pouvais enchaîner des tonnes de conneries dans l’espoir de l’oubli. Cependant, jamais je ne pourrais commettre le faux-pas de l’infidélité. Malgré les tentations et les envies, je ne franchirais jamais cette limite. Je ne voulais pas être ce mec. Alors, je m’étais mis à chercher un autre moyen de m’aider à redescendre. Je devais oublier. Je voulais m’évader. Je désirais effacer tout ça. La solution n’avait pas tardé à se dessiner : une course de voiture illégale était prévue mercredi soir. Le sourire avait pris place sur mes lèvres à cette nouvelle. Jouer avec la vitesse. Flirter avec le danger. Me rapprocher de la mort. C’était parfait pour tenter de m’aider à effacer ce qui me bouffait. C’était la solution pour noyer de nouveau ce qui avait été réveillé. Une part de mon être avait aussitôt senti le danger. Une part de mon être s’était mise en alerte. Ça m’avait poussé à prendre contact avec Khol pour l’inviter à cette course avec moi. Ça m’avait poussé à prendre un passager pour ne pas en venir à provoquer un accident qui me serait mortel. Alors, en ce mercredi soir, j’attendais patiemment mon invité installé dans mon bureau au Queer Lips. Les yeux rivés sur l’horloge, le sourire se dessinait lorsqu’il arrivait. Mes prunelles bleues se posaient aussitôt sur lui qui pénétrait dans mon bureau. Ma langue passait sur mes lèvres en le matant sans la moindre gêne. Il était plus qu’alléchant ainsi. Il allait en faire tourner des têtes. Il allait en distraire des conducteurs. Je me levais aussitôt de ma chaise pour venir à sa rencontre. Je ne m’arrêtais qu’une fois trop proche de lui. L’une de mes mains se déposait sur sa hanche tandis que l’autre venait flirter avec le torse dévoilé. Elle remontait du nombril au haut du torse se faufilant à peine sous le tissu pour venir pincer un téton alors que je me penchais à son oreille pour murmurer « Tu es très appétissant comme ça… » Si je n’avais pas été en couple, nuls doutes que la course serait passée à la trappe tant j’aurai préféré finir sur mon bureau avec lui. Mais, j’étais pris. J’étais épris. Aussi, je m’éloignais de Khol pour revenir vers mon bureau en annonçant « Nous avons le temps de boire avant d’y aller ». Ouais, amplement le temps. Ange qui prenait toujours de l’avance. Bouteille en main, j’en buvais une gorgée avant de la tendre au jeune homme. Et, foutrement joueur jusqu’au bout, je fouillais dans ma poche pour tirer une pilule miracle que je glissais entre mes lèvres. Iris bleues plantées dans celle de Khol, je gardais la pilule entre mes lèvres comme une invitation à cette consommation. Ange tentateur. Ange démoniaque.

Limites entraînantes. Ivresse du danger. Je n’avais jamais cessé de fonctionner de cette manière depuis que mon mari n’était plus. Je m’étais toujours laissé entraîner à flirter avec ces limites qui savaient si bien me happer. Je m’étais toujours plongé dans l’ivresse du danger que j’adorais tant. Nous aurions presque pu dire que j’étais amoureux. Amoureux de ce flirt avec les limites. Amoureux de ce danger qui pénétrait dans mon existence. Et, ce soir, plus qu’un autre soir, j’avais follement besoin de vivre cet amour. Je voulais retrouver la vitesse de la course pour oublier le bordel de mes pensées. Je désirais jouer avec le danger et la mort afin d’oublier à quel point la vie pouvait faire mal. Me faire mal. Harlem avait tout chamboulé. La tête. Le corps. L’être. Comme toujours. Les hallucinations me foutaient en l’air. Les cauchemars empêchaient le repos. La fuite était nécessaire. Je devais plonger. Je voulais glisser dans cette transe où j’oubliais tout et tout le monde. J’avais envie de plonger dans cette course qui saurait effacer le monde. Si je partais seul pour y participer, nuls doutes qu’un accident aurait pu avoir lieu. Je me connaissais suffisamment bien. Je savais ce que je foutais lorsque certains états cognaient à ma porte. Je savais que je risquais de consommer à outrance avant même d’être derrière le volant. Je savais que je risquais de perdre la course à cause d’un accident. Un accident qui pourrait m’être fatal tant les limites n’encadraient pas ma vie. C’était donc là que Khol intervenait. Je l’avais invité à me rejoindre dans cette déchéance comme l’Ange tentateur que j’étais toujours auprès de lui. Je l’avais invité à venir prétendant qu’il serait là pour distraire les autres concurrents et m’offrir une victoire assurée. Je n’avais pas besoin de ça pour gagner pourtant. Et, en réalité, Khol était mon filet de sécurité. Il était ce passager qui allait me pousser à ne pas prendre le volant dans un état trop secondaire. Il était ce passager qui allait me pousser à avoir plus de concentration lorsque je me retrouverais sur la piste. Il était ce passager qui allait me retenir de faire une quelconque connerie. Enfin… Au vu de la tenue du jeune homme, nuls doutes qu’il allait aussi distraire les autres concurrents. Il parvenait parfaitement à me distraire et à m’attirer. Tentation si réelle. Envie si frappante. Je m’approchais de lui pinçant son mamelon et murmurant une vérité à son oreille. Le geste le faisait sursauter. Le murmure ne le faisait pas fuir. Mais, moi je prenais mes distances. J’étais en couple. J’étais amoureux. Et la fidélité était un point d’honneur à mes yeux. Malgré toutes les tentations, je savais que je ne céderais pas. Ni aujourd’hui. Ni demain. Ni jamais. Je savais me tenir. Servant un verre d’alcool à Khol, je portais la bouteille à mes lèvres pour une gorgée avant de glisser une pilule miracle entre mes lèvres.

Je n’étais même pas foutu de vous dire de quelle drogue il s’agissait. Je m’en fichais bien. Ange habitué aux consommations en tout genre. Ange qui se foutait de savoir ce qu’il pouvait prendre. Mes iris clairs ne quittaient pas Khol tandis qu’il s’approchait de moi. Je le fixais dans l’attente de son prochain mouvement. Je le regardais impatient de voir s’il allait céder à cet appel de déchéance. Il y cédait. Plus que je ne l’aurais cru. Son corps se rapprochait du mien se penchant sur le mien m’obligeant à suivre le mouvement. Sa main glissait de ma cuisse à l’arrière de mon genou avant de m’obliger à le rejoindre sur le bord du bureau. Son sourire arrogant ne me faisait pas fuir tandis que ses lèvres venaient frôler les miennes pour attraper le comprimé. Contre toutes attentes, ça allait encore plus loin. Il allait encore plus loin. Ses lèvres se scellaient aux miennes pour un baiser langoureux. Je me laissais entraîner dans cet échange. Je ne cherchais pas à fuir ce contact au cours duquel la drogue se dissolvait. Mes mains restaient sagement sur le bord du bureau elles. Je serrais ce bord pour ne pas céder à des conneries. Ce n’était pas un véritable baiser… Enfin si… Mais non. Ce n’était qu’une consommation de drogue et Khol ne tardait pas à s’éloigner d’un pas lorsque la drogue n’était plus. Ma langue passait lentement sur mes lèvres. Mon regard se posait sur lui tandis que je le grondais gentiment « Tu sais que tu es censé distraire les autres concurrents chat. Pas moi. » Oh non, certainement pas moi. Il n’était pas là pour me distraire. Il était là pour empêcher l’accident mortel. Il était là pour me pousser à la concentration. Mais, peut-être bien que le Destin l’envoyait en tentation comme pour être certain que je méritais une nouvelle vie amoureuse saine. Je secouais la tête pour chasser cette pensée. Sourire amusé aux lèvres, je reprenais la bouteille d’alcool pour la porter à mes lèvres. J’en descendais une longue gorgée comme pour calmer les pulsions soudaines qui s’étaient allumées et qui cognaient aussi fort que les envies du corps. J’en descendais une longue gorgée comme pour faire taire la tête parce que, même si je n’étais qu’un homme, je savais être fidèle. Déposant la bouteille sur le bureau, je me redressais m’éloignant du mobilier en soufflant « On ferait mieux d’y aller maintenant en fait avant que tu aies envie de te jeter sur moi et de me baiser sur mon bureau ! » Je lançais un regard à Khol avant de faire le tour de mon bureau pour récupérer mon éternelle veste en cuir que j’enfilais à la hâte. Je récupérais les clés de ma voiture sur mon bureau avant de me rapprocher de Khol de nouveau. Mon corps frôlait le sien et je le dépassais me dirigeant vers la porte. Ange foutrement tentateur. Ange fichtrement joueur.

Tentation réelle. Envie ignorée. J’avais beau ressentir ces pulsions d’envie parcourir mon corps, je ne cédais guère à cette chaude tentation. Aussi intéressante soit-elle. Aussi proche soit-elle. Il aurait été tellement simple de céder. Là. Maintenant. Il aurait été si aisé de juste envoyer tout balader et dire à Khol de me baiser. Là. Tout de suite. Sur mon bureau. Le jeune homme était foutrement tentateur. Sa proximité m’avait donné chaud. Le baiser échangé, uniquement pour consommer la pilule miracle, m’avait électrisé. Je sentais le désir pulser dans le corps. Ce désir que je contrôlais pourtant à la perfection refusant de céder à cet appel aussi fort soit-il. Je m’empressais d’ailleurs de tenter de l’effacer en soufflant quelques mots. Il était censé distraire les autres. Il n’était pas censé me distraire moi. Pourtant, il était si facile de me distraire. Un corps masculin pouvait m’entraîner rapidement loin de toute concentration. Je pouvais céder en un claquement de doigt. Enfin… Lorsque j’étais célibataire. Et je ne l’étais plus. Alors, je ne cédais guère. Je ne laissais pas cette part de mon être prendre le dessus. Le sourire amusé passait sur mes lèvres en entendant sa réponse. Et le « Je plaide coupable… » passait la barrière de mes lèvres dans un rire. Il était vrai que j’étais le premier à avoir lancé la provocation. J’étais celui qui avait craqué l’allumette de ce feu dangereux. Ce feu qui ne me toucherait pas pourtant car, même si Khol était prêt à répondre à la tentation, moi je n’étais pas prêt à y céder. Je préférais d’ailleurs calmer ces pulsions dans une gorgée d’alcool et dans un éloignement. De toute manière, il valait mieux quitter le bureau pour entreprendre les projets prévus pour la soirée. Je le faisais savoir au jeune homme soufflant des mots trop crus et réels. J’hochais doucement la tête à sa réponse. Il avait parfaitement raison. Attrapant ma veste, je rajoutais « Dommage pour toi mon beau, tu n’auras pas le plaisir de me goûter » tandis qu’un grand sourire se dessinait sur mes lèvres. Ouais, dommage pour lui qui n’aurait pas la chance de pouvoir toucher à l’Ange. Et… Pas dommage pour moi parce que, moi j’agissais comme avec cette fidélité puisque j’avais un homme dans ma vie. Un homme qui me comblait parfaitement et que j’aimais follement.

Je m’empressais d’enfiler ma veste et de récupérer mes clés de voiture avant de me diriger vers la sortie de mon bureau. En dépit du fait que je ne baiserais guère avec Khol, je ne pouvais m’empêcher de continuer à venir le provoquer et le taquiner. Mon corps frôlait le sien comme si je n’étais qu’un vil tentateur. Mon corps le touchait comme pour allumer encore plus un feu qui ne pourrait pourtant pas brûler. Ça faisait partie de qui j’étais. J’aimais attirer l’attention sur moi. J’aimais provoquer le désir des autres. J’aimais savoir que j’étais désiré par la gente masculine. J’aimais tenter les autres. Toujours. À jamais. Quoique je savais que cela allait finir par disparaître. Ça allait finir par s’effacer bien trop vite remplacé par l’envie d’être le meilleur petit-ami possible pour celui qui faisait battre mon cœur. Une fois dans la pièce principale du bar, je soufflais quelques mots aux employés déjà présent. J’annonçais que je n’étais pas joignable pour cette soirée et qu’en cas de problème il faudrait voir avec celui qui avait l’habitude de me seconder lorsque je disparaissais. Tout le monde était prévenu ainsi. Ange qui allait se déconnecter de la réalité. Ange qui allait plonger dans une déchéance bien trop agréable. Une fois à l’extérieur du bar, Khol grimpait en voiture sans se faire prier et je ne tardais pas à le suivre. Installé derrière le volant, je regardais une dernière fois mon téléphone pour vérifier l’adresse avant d’éteindre ce mobile que je balançais à l’arrière. Cigarette glissée entre les lèvres, je l’allumais tout en allumant le moteur de la voiture. Et c’était partie. Mes prunelles avaient vérifié que la ceinture de Khol était bouclée. Je n’avais pas pu m’empêcher d’y jeter un regard. Ange qui veillait à la sécurité d’autrui. Ange qui se fichait de la sienne. Je ne m’étais même pas attaché pour ce trajet qui se lançait. Je restais silencieux durant ce trajet qui menait à la course. Je restais peu prudent grillant parfois les feux et roulant trop vite. En quelques minutes, la voiture finissait par arriver au lieu de la course. Je me mettais sur la ligne de départ laissant mon regard balayer les alentours un bref instant. Sortant le sachet de poudre de ma poche, je déposais un rail sur le dos de ma main et je le consommais sans attendre. Et, tout en rangeant la drogue, je me tournais vers Khol soufflant « Dernière chance… Es-tu certain de vouloir rester dans cette voiture durant la course ? » Mes prunelles claires le fixaient prêt à déceler la moindre hésitation. Je ne voulais pas l’obliger à se trouver dans l’habitacle avec moi. Je n’avais aucune envie de le pousser à faire ce qu’il ne voulait pas. Pas quand le danger était si intense. Ma langue glissait sur mes lèvres dans l’attente de sa réponse avant de pouvoir sortir de la voiture le temps de saluer tout le temps et de lui offrir l’occasion de distraire les concurrents.