Week-end du 2 et 3 mars.

Week-end particulier. Journées à l’intérieur. J’avais tendance à détester cela. Je haïssais l’idée de passer tout un week-end au sein de mon studio même lorsque je n’étais pas seul. Je n’avais pas été foutu d’y rester après ma sortie de l’hôpital et cela malgré une présence chez moi. Ange qui s’était empressé de retourner au Queer Lips pour replonger dans ce monde. Cependant, ce week-end, ça me convenait. Je l’avais moi-même proposé à Ares. Un employé au Queer Lips. Un ami. Un coup. Un sexfriend. Quelqu’un qui comptait pour moi. La première journée de ce week-end s’était passée rapidement. Le samedi avait été foutrement agréable en sa compagnie. En cette soirée, il n’y avait pas de folles fêtes au Queer Lips ou de drogues injectées dans les veines. Non. Ares et moi étions simplement installés sur mon canapé devant une connerie à la télévision. Je ne saurais même pas vous donner de détails. Je sentais l’épuisement tirailler mon corps après des heures à s'abandonner à des corps à corps. Je sentais mes yeux cligner plus souvent. Au fil des secondes, mon corps glissait sur le canapé. Ma tête se déposait sur les genoux d’Ares sans même que je ne le réalise réellement. Ça arrivait juste et l’inconscience m’embarquait. Cette inconscience qui ne tardait pas à attirer les cauchemars. Les images se dessinaient dans la tête. Et, après quelques minutes à peine dans ce sommeil agité, le réveil était brutal. Je me redressais vivement. Les pieds rencontraient le sol même si je restais assis sur ce canapé. Mes prunelles claires se baladaient partout de façon précipitées comme si elles cherchaient à accrocher quelque chose qui viendrait m’ancrer dans la réalité et m’éloigner du cauchemar qui refusait de quitter la tête. Le souffle court, le cœur battant trop fort, j’avais du mal à revenir au présent. Ange foutrement brisé.

Images désagréables. Cauchemar habituel. Les images hantaient l’intérieur de l’esprit sans que je ne puisse rien y faire. Elles finissaient toujours par survenir. Elles finissaient toujours par me bouffer. Fermer les yeux était devenu une source d’angoisse intense depuis mon accident de voiture. L’impact était bien trop fort et je détestais ça. Le souffle trop court, mes prunelles parcouraient mon studio sans parvenir à réellement s’y accrocher. La tornade cauchemardesque ne voulait pas me laisser en paix. Le cœur battant, j’entendais soudainement une voix. Elle semblait se trouver dans cette réalité au sein de laquelle je peinais à émerger. Elle semblait être à mes côtés. Mes prunelles se fermaient un bref instant comme si j’avais l’espoir que cela suffise à éteindre l’horreur. Je ne répondais pas. J’étais bien trop incapable d’offrir une réponse satisfaisante. J’avais envie de crier de douleur. J’avais envie de hurler sous ce désespoir. Cependant, je préférer serrer les lèvres et me taire. Une main se posait sur mon épaule. Et, lentement, la réalité se frayait un chemin. J’étais dans mon studio. Sur mon canapé. Ares était là. Ares qui soufflait des mots qui se voulaient rassurants. Malgré moi, le rictus ironique se dessinait sur mon visage parce que, bordel non, tout n’allait pas bien. Marmonnant un « Fait chier ! », je me levais soudainement de ce canapé. Je m’éloignais du salon sans un mot. Je me retrouvais dans ma chambre à fouiller bruyamment dans l’armoire. Je finissais par tirer un sachet de poudre miracle. De retour dans le salon, je balançais le sachet de drogue sur la table avant d’attraper la bouteille d’alcool posée sur la table. Je la portais à mes lèvres pour une longue gorgée avant de la reposer et de poser mes prunelles sur Ares. Je le fixais quelques secondes avant de me rasseoir à ses côtés en soufflant un « Désolé… » sans m’attarder plus que cela. Désolé qu’il ait été témoin de ma faiblesse. Désolé qu’il voit un peu trop l’autre côté du miroir. Désolé de lui imposer cet instant. Tendant la main, j'attrapais le sachet le fixant un instant, hésitant quelques secondes. Consommer ou pas ?