D'un désolé Ji-hun fut gratifié, mais Lilia n'avait pas à en être peinée, il n'avait pas exprimé de réticence, en elle avait pleinement confiance. Il ne savait pas comment l'interpréter, mais le Nord-coréen devinait que ce geste n'avait pas été fait pour le blesser. Il avait simplement secoué son visage avant de s'intéresser au paysage, à cet arbre offert en guise d'amitié, histoire qu'il nhesita pas à conter. Sa famille d'accueil lui en avait parlé la première année, et c'était pour cette raison qu'en 2022 il s'était déplacé, pour voir ce beau symbole s'illuminer. Ouais, acquiesça-t-il à la réplique tout juste articulée, après la pluie vient le beau temps. Pour tout un tas d'événements c'était vrai, c'était bien l'un des proverbes auquel il croyait. Tu l'apprécies au point de dire que c'est ta saison préférée, lui demanda-t-il avant de la regarder. Il aurait pourtant parié sur le printemps, quand bien même le lys s'accommodait à tout temps. Petit temps pour planter le sujet de la fraîcheur que vivaient les français, J'ai hâte d'y faire un tour l'année prochaine, conclut-il. C'était quelque chose qu'il voulait vraiment expérimenter quand il sera en stage dans un établissement anglais ; Lilia n'aurait-elle d'ailleurs pas dû l'y accompagner ? Triste de penser que ce projet ne sera pas concrétisé. Ils en auraient peut-être profité pour visiter les parents de la jeune femme à ses côtés pour faire accepter le couple qu'ils voulaient former.

Je n'en sais rien, dit-il une fois que la question lui fut retournée, Je vais tout simplement m'allonger, peut-être naviguer un moment sur les réseaux avant de dormir. Il se laissait pas mal guider par ce qui lui venait au moment où il réfléchissait. Il n'avait rien à terminer parce qu'il s'était avancé pour se permettre un petit aparté, alors ce sera moment cosy ou départ chez des amis – ceux-ci avaient le don de l'appeler quand il commençait à s'ennuyer. Synchronisation parfaite, ils leur arrivaient de faire un petit jeu de société, tout en parlant de ce qui leur était arrivé. Il regarda à nouveau droit devant et contempla le sapin qui s'élevait, devant lequel tout le monde s'emerveillait. Tu vas certainement mettre le tien dans ton appartement, supposa-t-il, tu es team sapin artificiel, ou team sapin naturel ? Pas des détails les plus importants, mais ça lui permettait d'en apprendre toujours plus sur qui Lilia était vraiment. Ma famille d'accueil part choisir le leur chaque année, dit-il, donc c'était autour de celui-ci qu'il allait passer les fêtes de fin d'année, mais je crois que je vais me contenter de la version miniature pour mon studio. Dans un des petits coins du logement du brun, ça ira très bien.

Forte heureusement le jeune brun n’avait pas mal interprété son geste, au contraire, il s’était laissé aller avec la situation afin de ne pas embarrasser Lilia. Cette dernière le contempla alors avec une douceur empreinte de gratitude alors qu’il avait le regard tourné vers l’événement de la soirée. Cela lui rappelait les petites choses qui faisaient chavirer son cœur auparavant. Mais la réalité était toute autre chose aujourd’hui et la brunette décida de porter son attention vers le spectacle. Ji-hun était surpris par cette information que Lilia avait partagée, l’hiver était une saison souvent incomprise pensait souvent la jeune femme. «Un beau chalet entre les montagnes, une cheminée, une couverture, une tasse bien fumante, un bon livre et une baie vitrée. Mon rêve hivernal oui !» Rien que l’idée l’apaisait déjà.

La discussion dériva ensuite vers les projets de la suite de la soirée. Lilia prévoyait une soirée tranquille et apaisante après la fatigue de la journée. Comme Jay l’avait bien deviné, elle comptait plonger dans une ambiance cosy, allumer quelques bougies parfumées pour créer une atmosphère chaleureuse, préparer un chocolat chaud ou une tasse de thé aux épices. Ensuite, se glisser sous un plaid douillet, peut-être avec un bon livre ou plutôt un film captivant pour s'évader un peu. C'est ce genre de soirée, simple et réconfortante, qui lui permettait de recharger ses batteries après une journée bien remplie. Lilia était par la ensuite curieuse de ce que pouvait bien faire le bel asiatique après leur séparation. «Dormir est un bon plan aussi, surtout avec tes insomnies.» Un problème qu’ils avaient en commun.

Quant à la question du sapin, elle sourit légèrement, consciente que ce choix a toujours été le détail qui faisait la divergence. «Je trouve que les sapins naturels ont un aspect plus authentique, mais pour des raisons pratiques, un sapin artificiel peut sembler mieux pour certains. Moi je préfère le côté authentique et toi ? Cependant, chaque arbre a sa propre magie, qu'il soit naturel ou artificiel. Ils symbolisent tous deux cette période chaleureuse où l'on se rassemble et où l'on partage des moments précieux.» Elle avait d’ailleurs hâte d’entamer la décoration du sien. Mais il fallait d’abord l’acheter et c’était un projet qu’elle n’avait toujours pas trouvé le temps de concrétiser.

Lilia avait mis le doigt sur un point qu'ils avaient en commun, acquiesça alors la tête du brun. Je dis ça, mais je vais probablement devoir faire un tour pour me fatiguer, plissa-t-il les yeux, parce que les réseaux sociaux n'allaient certainement pas aider. Il en était tout de même un peu plus accro depuis qu'il vivait seul dans son studio. Ji-hun n'avait jamais apprécié se retrouver seul, il n'y était pas du tout habitué, c'était ce qui lui faisait parfois regretter de ne pas avoir plus longtemps patienté. Une chambre chez l'habitant aurait probablement été plus satisfaisant, mais d'un autre côté il fallait aussi évoluer avec son temps : le Nord-coréen avait l'âge de pouvoir prendre la responsabilité d'un loyer, et ça lui permettait de s'adapter avant de bouger dans le New Jersey. Il ne lui restait pas plus de deux ans, normalement. Il y avait aussi moins de contraintes desquelles se préoccuper, il pouvait inviter qui il voulait, qu'importait l'heure qu'il était. On verra bien, conclut-il le sujet, pas encore très certain de comment allait se dérouler sa soirée une fois que Lilia se serait en aller pour retrouver la chaleur de l'appartement où elle vivait ; il avait compris que ce n'était pas la Adams qu'elle retrouverait.

Ce fut autour du sapin de Noël de faire son entrée, et si Lilia avait décidé de prendre l'un de ceux qui vieillira jusqu'à être finalement recyclé, lui avait décidé de faire dans la simplicité : un que je réutiliserai chaque année, pour le peu que je vais en profiter. Il ria en mettant le point sur des journées qui n'en finissaient pas. Quand il eut terminé, le compte à rebours n'allait pas tarder à commencer, alors Ji-hun n'hésita pas à lui demander : un voeu à faire avant qu'il ne soit illuminé ? Souhaiter quelque chose qui pourrait perdurer autant que l'amitié éternelle que le grand sapin représentait. Il ferma les yeux et prit une grande inspiration par le nez ; pourvu qu'il lui soit encore donné de vivre des moments comme celui qu'il passait à ses côtés. Le dix fut crié, l'obligeant à ouvrir les paupières qui s'étaient abaissées, sourire net affiché avant qu'il ne vienne rejoindre de sa voix la foule excitée. Neuf... , compta-t-il en observant les branches prêtes à scintiller, huit... Son regard aussi finit par briller. Sept..., ajouta-t-il d'une voix qui s'impatientait, six. D'impatience son cœur commençait à battre sans qu'il puisse le calmer.

Cinq..., articula-t-il avant de regarder la doctorante qui se tenait à ses côtés, quatre... Qui aurait-il bien pu inviter si elle avait refusé de l'accompagner ? Trois..., répondit-il un peu après l'assemblée ; probablement qu'il n'y serait pas allé. Deux..., rattrapa-t-il le retard qu'il avait pris sur la dernière seconde soufflée ; car qu'importait ce qu'elle avait bien pu penser, il n'avait pas pu si facilement l'oublier, un... Il devra pourtant s'y forcer s'il ne voulait pas devenir cinglé, laisser ses bras encercler d'autres corps s'il ne voulait pas voir la pression le bouffer. Il lâcha la demoiselle de son regard bridé pour admirer les feux d'artifice qui finirent par exploser, le sapin gagnant rapidement des rangées de couleurs par milliers.

Lilia se tenait aux côtés de Ji-hun, observant attentivement les émotions qui se jouaient sur son visage. Elle avait toujours été attentive à ses subtilités, à ses nuances, à ces petits détails qui révélaient bien plus que ses paroles. «Je fais ça aussi de temps en temps, un footing le soir pour espérer mieux dormir. Mais avec le temps qui se refroidit de plus en plus maintenant, j’évite puisque je tombe malade rapidement.» Elle comprenait que quelque chose le tourmentait, que peut-être derrière ce sourire, il dissimulait des pensées plus sombres. Alors qu'ils étaient entourés de la foule excitée, attendant impatiemment le compte à rebours pour les feux d'artifice, Lilia se demandait comment Jay vivait ce grand changement dans son studio. «Et tu trouves comment la vie en solo ? Pas très solitaire ?»

Alors que Lilia penchait vers l’authenticité et les vielles traditions, Jay était plus dans la pratique et la simplicité, chose qu’elle pouvait comprendre. Elle hocha donc la tête lorsqu’il expliqua que cela lui permettrait de le réutiliser pour les années à venir. Un bon compromis pour l’écologie également. Même si l’idée du plastique la faisait toujours grincer. Le compte à rebours s’approchait et Jay l’invita à faire un vœu avant l’illumination. Lilia hocha la tête puis observa le jeune homme avec un léger sourire alors qu'il se perdait dans ses pensées et les festivités entourant le sapin de Noël. La brunette ferma à son tour les paupières.

Les mains jointes, Lilia semble absorber la magie de l'instant, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Les paupières fermées, mais un regard empreint de détermination qui trahit une certaine gravité dans ses pensées. Murmurant intérieurement, la jeune brunette formula son vœu avec une nostalgie, ses pensées semblaient s'envoler vers les étoiles à mesure qu'elle les énoncent. Elle semblait suspendue entre le réel et le magique, pendant ce bref moment qui semblait éternel pour la doctorante. Lorsque les feux d'artifice illuminèrent le ciel nocturne, Lilia ouvra les yeux et une lueur d'espoir et de contentement émana de son regard. Elle ne voulait rater aucune seconde du spectacle vibrant de couleurs et des étoiles étincelantes au-dessus d'eux. Les yeux brillants, elle était contente d’avoir acceptée son invitation et de partager ce moment avec Ji-hun. «Merci.» Le regard tourné vers le doctorant, elle avait ressenti l’envie de le remercier pour ses efforts.

Vœu réalisé pour les deux doctorants, le compte à rebours commença et Ji-hun compta. Captivé d'abord par l'endroit où le spectateur se tiendrait, il tourna sur Lilia ses yeux bridés pour articuler les secondes qui restaient. Les feux d'artifice se mirent à exploser, moment où le sapin devint son principal centre d'intérêt. De mille couleurs il se para pendant que les lumières continuaient d'être projetées. Des exclamations accompagnèrent le spectacle donné quand le Nord-coréen se fit plus discret, admira l'emplacement où le ciel se fit illuminer. Plusieurs minutes durant lesquelles ça continua de péter jusqu'à ce que le calme ne revienne et que la foule ne reprenne ses activités. Le corps de Ji-hun stagna devant les boules qui revêtaient l'arbre qu'ils étaient venus rencontrer, Lilia murmura un remerciement qu'il ne comprit pas. J'aurais tout fait pour te faire oublier ce qui s'est passé, répondit-il ; ce à quoi ils avaient été obligés de renoncer pour se préserver, Je te l'ai dit, et il n'avait pas du tout peur de le répéter à voix haute ce qu'il pensait, Je n'ai pas envie de complètement perdre ce qu'on avait. La folie de ses parents n'avait pas le droit de tout leur voler, il l'aurait plus difficilement accepté. Mis à part leur volonté de la voir se marier avec un homme qui avait un beau nom à lui ceder, tout se passait bien. Les discussions, les sorties et même les câlins.

On y va, proposa-t-il en commençant à rebrousser chemin, si on reste ici, on va finir par geler. Dans le parc, le vent était très frais, il fallait donc bouger pour éviter de finir glacé. Il montra les stands un peu plus loin, là où ils allaient s'arrêter pour commander. Les pas durent se succéder, ils purent parfois avancer, parfois furent obligés de se stopper car les gens s'étaient donnés rendez-vous aux endroits où ils pouvaient se restaurer. Les files d'attente étaient longues mais les vendeurs s'étaient calqués au rythme de la soirée. Ji-hun repéra un camion dont la carte de friandises était bien diversifiée. Tu sais déjà ce qui te donnerait envie, lui demanda-t-il alors qu'ils se rangèrent derrière un couple qui se réchauffaient en attendant de pouvoir croquer dans une gaufre bien chaude et sucrée. Il vérifia la position des aiguilles de la montre à son poignet : tu sais à quelle heure passe le prochain bus ? Ou au moins une idée de celle qui était affichée. On mange un bout et je t'accompagne à ton arrêt, suggéra-t-il, ne lui restait plus qu'à valider. Comme lui, il savait que demain elle devra se lever.

Lilia se tenait là, les yeux rivés sur les feux d'artifice éclatants qui peignaient le ciel nocturne de couleurs vibrantes. Pour un moment, elle fut captivée par la beauté du spectacle, mais rapidement, son regard dériva vers le sapin central qui, paré de lumières et de décorations, devenait le point central de toute l'attention. Entre les explosions lumineuses et les exclamations de la foule. Alors que Jay se faisait plus discret, Lilia, quant à elle, applaudissait avec un grand sourire aux lèvres et des yeux pétillants tel un enfant excité par la magie de Noël. C’était après ce grand spectacle et ce soulagement qu’avait ressenti la brunette au cœur, qu’elle avait lâché un remerciement au jeune homme. Ji-hun exprima alors ses pensées et son désir de ne pas perdre ce qu'ils avaient bâti ces derniers mois, malgré le chemin dérivé qu’ils avaient décidé de prendre pour leur relation. Son désir de préserver ce lien semblait fort, presque palpable dans l'air frais du parc, ce qui fit encore plus sourire la jeune française. «C’est promis alors.» Elle leva son petit doigt, comme pour promettre qu’elle pensait la même et qu’elle était prête à faire des efforts pour que leur relation ne soit pas complètement perdue.

Conscient du froid qui commençait à se faire sentir, Ji-hun proposa de repartir. Chose que Lilia ne refusa point, le froid avait déjà gelé pas mal de ses organes, espérant ne pas attraper froid puisqu’une autre longue journée l’attendait demain. «Tu as raison, on gèle ici !» Le beau brun pointa les stands à proximité où ils pourraient se restaurer, elle avait attendu ce moment avec impatience, honteuse d’avouer que même plus que l’illumination du sapin. Montrant une attention prévenante, comme à son habitude, Ji-hun lui demanda ce qui pouvait bien lui faire plaisir. Un choix difficile pour la jeune brunette qui s’inquiétait pour son ventre affamé. «Mmm… peut-être une gaufre au chocolat avec une boule de glace.» Rien qu’avec l’idée elle s’en léchait les babines ! «Et toi ?» Jay la rappela à l’heure, vérifiant l'heure du prochain bus pour s'assurer qu'elle ne le raterait pas. Lilia regarda alors sa montre avant de répondre. «J’ai encore une bonne demi-heure devant moi, ça devrait le faire.» Cette soirée, avait été un moment de réconfort, où leur complicité et leur affection transparaissaient malgré les défis rencontrés.

Ji-hun n'avait aucun mal à exprimer la vérité, et s'il ne s'était pas avoué vaincu au moment où elle ne lui parlait presque plus, c'était bien parce qu'il avait espoir de la garder à ses côtés, quand bien même leurs espoirs d'une relation sérieuses avaient été gâchées. S'il n'avait pu jouer le jeu, accepter qu'on puisse lui soumettre des fiancés alors qu'ils s'étaient ensemble déjà engagés, il ne pouvait cesser de l'apprécier, ni même de la voir quand bien même ça pouvait un peu les briser – voire les blesser, car cette distance imposée était tout ce qu'ils n'avaient jamais été. Promesse soufflée aussi du côté de Lilia, moment où elle leva le petit doigt. Ji-hun le regarda avant d'ajouter le sien qui le serra. Crois-moi qu'au moindre vent je viendrai directement chez toi, dit-il sans lui rendre sa liberté. À moins qu'elle décidait un jour de déménager, au grand damne de la française il savait où elle habitait, il saura alors venir réclamer le pourquoi il n'avait de réponse aux messages qu'il envoyait. Enfin il la relâcha et d'aller manger un bout il lui proposa. Son bus ne devait arriver que dans une demi-heure, il comptait bien lui voler quelques moments de bonheur. Et quoi de mieux pour ça que de remplir un peu les estomacs ?

Rangé derrière un couple qui semblait avoir froid, ils discutaient de ce qu'ils aimeraient goûter, et si Lilia rêvait d'une gaufre et d'une boule de glace pour l'accompagner, Ji-hun paraissait hésiter. Ce ne fût qu'au moment où ce fût leur tour de passer qu'il sut que commander : ... et une crêpe sucrée. Rajoutez aussi deux chocolats chauds s'il vous plait. Rien de tel pour se réchauffer que de boire quelque chose qui pourrait les y aider. Ji-hun se proposa naturellement de payer et porta les deux assiettes en carton qu'on leur avait passé, ne restait plus à Lilia de s'occuper des boissons qu'on leur avait préparées. Il y a une table libre juste là, prévint Ji-hun. Ils purent ainsi s'asseoir pour déguster. Le Nord-coréen passa une jambe au-dessus du banc, s'y assit donc perpendiculairement. Ça va aller, demanda-t-il ; avait-elle besoin d'aide pour passer ? Dans ce cas, un coup de main il lui cédera volontiers. Avant de commencer, il se défit de l'écharpe qu'il portait pour la prêter à la demoiselle qui se tenait tout près, sans un mot ajouté, un sourire affiché. Ils purent ensuite se régaler, une paume venant légèrement frotter le dos féminin contre lequel un vent d'hiver se permettait de souffler.

Alors, qu'est-ce que tu penses de ta gaufre artisanale, l'interrogea-t-il, alors qu'il croquait pour la énième fois dans le met sucré qu'il avait commandé, meilleure que celles que tu nous avais faites quand j'ai dormi chez toi pour la première fois ou pas ? À cette question, lui ne saurait pas être objectif, parce qu'il avait tout adoré du petit-déjeuner festif. Ça avait clôturé une soirée qu'il avait appréciée et une nuit où ils avaient fini enlacer. Par contre, je trouve que le chocolat chaud est un peu trop sucré, dit-il, surtout pour quelqu'un qui était friand de ce qui était principalement salé.

Lilia se sentait à la fois excitée et un peu nerveuse alors qu'elle se tenait aux côtés de Ji-hun, leurs sourires complices témoignant de la complicité retrouvée. Ils venaient de prendre la décision de se revoir régulièrement, et Lilia se sentait déterminée à entretenir cette nouvelle connexion. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait levé son petit doigt pour sceller ses paroles à une promesse qu’elle comptait tenir. Puis, c’était au tour de Jay de prendre la parole. Les joues de la brunette rosirent alors qu'elle baissait un peu le regard suite à ces paroles rassurantes qui firent battre un peu plus fort son cœur. Cette promesse la faisait rougir, mais Lilia se sentait enveloppée d'une chaleur agréable, rassurée par la volonté de Jay de rester proche.

Cependant, la faim se fit sentir et vint interrompre ce moment de douceur partagée. Les paroles étaient bien mignonnes mais ce n’était pas ce qui allait nourrir le petit ventre affamé de la jeune française. Ils décidèrent alors de se glisser dans la file d'attente pour commander parmi les stands animés du marché de Noël. Lilia était plus attirée par l’odeur sucrée et la texture croustillante de la gaufre pendant que Jay penchait plus pour la crêpe aux accents gourmands. Un sourire s’afficha sur ses lèvres pensant qu’elle pouvait ainsi goûter des deux gourmandises. Jay invita la jeune femme qui l’en remercia et emporta les deux assiettes alors qu’il s’installait sur un banc à proximité. Pendant ce temps, la brunette saisit les deux boissons chaudes avant de le rejoindre et de s’asseoir à ses côtés. «Oui oui ça va.» Le rassura-t-elle.

C’est à ce moment que le jeune homme offrit galamment son écharpe à Lilia, conscient des frissons discrets qui parcouraient l'air frais du marché de Noël. Avec un grand sourire radieux, Lilia le remercia avant de rapidement s’envelopper de l’écharpe encore toute chaude, appréciant le léger parfum qui s'en dégageait, un mélange subtil de sa fragrance et de celle de Ji-hun. «Merci.» Sa paume vint par la suite réchauffer son dos tremblant et elle apprécia énormément son geste, toujours aussi attentionné. Confortablement installés, ils dégustèrent leurs douceurs tout en discutant, laissant leurs conversations emplir l'espace entre eux. «Elle est plutôt pas mal mais je pense que c’est plutôt à toi d’en juger.» Lilia tendit sa main afin que le jeune homme puisse croquer dans la gaufre et donner son avis. Lilia goûta par la suite le chocolat chaud et partagea le même avis que Jay concernant le breuvage. «Je trouve aussi. Et ta crêpe alors ?» Elle espérait qu’il s’en délectait au moins de la crêpe.

Douceurs sucrés dans chacune des mains des deux doctorants, ces derniers purent trouver partir à la recherche d'un banc. Table itinérante vide repérée, Ji-hun servit de guide jusqu'à s'y installer. Jambe passée de l'autre côté, il s'assit sans vraiment s'y centrer, un peu à la décontractée, de façon à pouvoir mieux regarder celle qui se trouvait à ses côtés. Mets posés, il prit son écharpe pour la céder au cou dégagé de la demoiselle qu'il avait invitée, sans un mot pour expliquer le geste pour mieux se concentrer sur le reste. Piètre dîner pour deux étudiants-chercheurs affamés, il paraissait que lorsqu'on se trouvait près d'une personne qu'on appréciait, on finissait par avoir moins besoin de manger, nourri par un quelque-chose qu'on ne saurait nommer ; et peut-être bien que c'était vrai. Sa main libre fit des va-et-vient le long du dos féminin, autant pour la réchauffer que tester un peu leur lien – après tout, elle avait bien volé sa main. Discussion banale engagée, un peu d'importance au quotidien donnée avant de repartir sur leur commande afin de la noter. Croc ferme sur la gaufre qu'elle lui tendait, il mâcha lentement après un coup de langue sur le chocolat qui dégoulinait. Je ne sais pas, articula-t-il, indécis, yeux vagabondant par-là, par-ici, j'ai du mal à pouvoir les mettre au-dessus des tiennes. Je te connais, et tu me plais, ça doit probablement venir de ça. Il conclut, sans peiner à finir la bouchée.  Les mots avaient plus de sens dans sa langue, quand on ne le connaissait pas ça pouvait surprendre ;  on n'arrêtait pas forcément d'être attiré simplement parce qu'on s'était séparés.

Le Nord-coréen avait arrêté de caresser la colonne de Lilia pour pouvoir boire un peu de son chocolat. Goût sucré trop prononcé qui l'avait fait grimacer à chaque gorgée. Il préférait le salé, la Française le savait, mais si elle pensait de même c'était qu'ils avaient vraiment abusé quand on leur avait préparé. Tu me demandes ça parce que tu veux goûter, répondit-il, sourire en coin ajouté. On ne pouvait le deviner de par sa taille très affinée, mais gourmande elle s'était souvent montrée aux sorties qu'ils avaient fait, lors des plateaux-repas qu'ils s'étaient prépares, que ce soit en soirée ou au petit-déjeuner. Fais-toi plaisir, lui tendit-il à son tour l'assiette pliée qui recouvrait le morceau de crêpe qui restait, je suis sûr que tu vas aimer, ils ont dû ajouter du miel ou du caramel dans la pâte, je ne sais pas trop, tu me diras si tu reconnais. Peut-être du sirop d'érable ou de la cannelle, il était certainement moins doué que la demoiselle. C'est vraiment une belle soirée, souffla-t-il doucement en laissant voyager son regard parmi tous ces gens, sans plus les regarder, on a de la chance qu'il ne pleuve pas. Il faisait juste un peu froid, mais bien habillé, on pouvait survivre sans difficulté. Son coude planter, contre son poing à moitié fermé il laissa sa tempe se poser et se permit de l'observer avant de demander : tu as prévu de te lever tôt demain ? Après une énième nuit compliquée, une nuit probablement courte et perturbée qu'ils avaient parfois su calmer.

Lilia écouta attentivement Ji-hun tout en dégustant sa gaufre, appréciant chaque saveur sucrée qui se mêlait à sa conversation. Elle sourit, touchée par le geste spontané de Ji-hun lui offrant son écharpe pour se protéger du froid. Son regard croisa le sien, captant l'intensité de ses paroles. Son cœur battait un peu plus fort à chaque mot prononcé, reconnaissant la profondeur de leurs sentiments malgré la distance qui s’était immiscée entre leur lien. La brunette sentit la douce caresse le long de son dos, un geste à la fois réconfortant et exploratoire. Son cœur s'emballa un peu plus, un frisson agréable parcourant son échine. La discussion entre eux semblait couler naturellement, entre des bouchées de leurs mets dégustés et des échanges ordinaires teintés d'une importance particulière. Lilia se sentait en phase avec cette connexion, se laissant emporter par ce sentiment de proximité retrouvée.

Lorsque Jay évoqua son choix de nourriture, Lilia était touchée par son attention à son égard, mais les mots qu’il avait utilisés la firent tousser alors qu’elle venait de reprendre une gorgée de son chocolat chaud sucrée. Elle le connaissait pourtant bien mais elle ne s’habituait toujours pas à sa façon de s’exprimer aussi naturellement. Elle l’enviait puisque sa timidité prenait toujours le dessus dans ses moments et comme à chaque fois, ses joues rougirent intensément et elle se mordille la lèvre inférieure. «Je...» Elle était à deux doigts de le remercier mais pensant que c’était une réaction plutôt bête de sa part, elle se retint et lui offrit simplement son plus beau sourire en guise de réponse.

Une fois sa main retirée, elle ressentit aussitôt le froid la caressait à la place. Le froid était-il réellement dans son dos ou dans son cœur, alors que ce dernier battait la chamade plus tôt ? Jay la connaissait bien et avec un grand sourire la brunette hocha la tête coupable avant de goûter la crêpe qu'il lui offrait. Savourant les délices sucrés qui se dévoilaient à chaque bouchée, son sourire s'élargit devant ce mélange subtil de saveurs. «C’est délicieux ! Mmm… je sens la cannelle.» Admit-elle, reconnaissant le bon choix du jeune homme. Alors qu’ils profitaient des délicieuses sucreries, le regard de la jeune femme se perdit un instant parmi la foule joyeuse du marché de Noël. Jay avait raison, la soirée était très belle et elle l’était encore plus en bonne compagnie. Son regard se tourna ensuite vers le jeune homme pour croiser le sien. «Pas plus que d’habitude, boulot oblige.» "manque de sommeil oblige" ça pourrait marcher aussi, pensait-elle. «J’imagine que toi aussi ? »