☽ La vie en rose

En 1996, la belle ville de Paris accueillit pour la troisième fois une bouille Arnault. Lilia était un rayon de soleil qui a fait la joie de toute la famille. Pourtant, le petit bébé ne savait pas encore où il venait de mettre les pieds, la famille Arnault était une grande famille, héritière du groupe de Luxe de LVMH, la grande famille ne laissait point place à la médiocrité. On était, soit à la hauteur de la famille et on avait sa place au sein de celle-ci, soit la porte était grande ouverte.

Lilia était encore bien loin d’assimiler ces choses-là. A ce moment, sa vie se résumait à flâner dans les jardins, à jouer au piano, à chanter dans les couloirs du château familial, à mordiller l’oreille de son papa. C’était la définition d’être né avec une cuillère en argent dans la bouche. Elle pouvait user de l’excuse du siècle avec certitude « non je ne peux pas, j’ai poney ».

Elle se rappelait encore l’immense fête d’anniversaire pour ses cinq ans. Lilia avait insisté d’inviter tous ses amis, qui d’ailleurs à cette époque consistait majoritairement en fils et filles de ministres et d’hommes d’affaires riches. C’était évident, Lilia quittait rarement le château familial et les seules personnes pouvant y mettre les pieds devaient forcément être des personnes haut placées. Lilia avait demandé un énorme gâteau, elle avait même pu profiter d’une fontaine de chocolat qui a rendu plus d’un enfant heureux ce jour-là.

La brunette vivait donc une enfance d’enfant gâté et choyé. Ses parents l’aimaient et ses aînés également, c’était vraiment la vie en rose.

☽ L’espoir fait vivre

Lilia remarqua les changements dans sa vie lorsqu’elle commença réellement les cours. Ce n’était pas sa vision sur le monde qui changea, elle était toujours la fille de bobo, fréquentait les meilleures écoles et se faisait accompagner à chaque déplacement. La brunette ne voyait la vie que de cette façon là uniquement. Tout le monde était riche, tout le monde vivait ainsi. Mais c’était plutôt côté familial que le changement se fit.

Elle n’oubliera jamais sa première claque. Alors qu’elle n’avait que six ans, Lilia était de retour à la maison avec son premier contrôle raté. Quelques mots qu’elle na su relier à cause de sa distraction. Un papillon virevoltant à l’extérieur de sa fenêtre lui faisant oublier l’existence de la feuille en face d’elle et de l’école entière. Bien évidemment, elle n’assimilait pas encore l’importance des examens ou même de l’école, tout ce qu’elle voulait c’était de rentrer chez elle et de jouer avec ses animaux de compagnies. Alors qu’elle venait de rentrer chez elle, prête à câliner son papa, Lilia fut reçue par une grande colère et une baffe au visage. Toute frêle, la jeune fillette fit un tour sur elle-même avant de ne réaliser ce qu’il venait de se passer. « Comment oses-tu rater un contrôle aussi anodin, veux-tu faire honte à la famille Lilia ? Tu as intérêt à t’y mettre dans tes études et de suite, auquel cas je ne serai plus clément. Je n’ai pas des lâches dans ma famille. » Les paroles de son père résonnaient dans sa petite tête comme un tonnerre, Lilia sentait son corps l’abandonner mais elle tint bon, elle resta debout, de peur, sans bouger ni pleurer. Lorsque son père quitta la pièce, ses jambes flanchèrent et elle pleura toutes les larmes de son corps, la nuit entière.

☽ Crois au printemps

Depuis cet incident, la jeune fille était devenue le petit robot de la maison. Tout ce que papa disait, Lilia faisait. Il voulait qu’elle lise, elle lisait, qu’elle travaille, elle travaillait, qu’elle soit première de classe, elle l’était. Elle n’avait même pas le temps ou surtout le droit de réfléchir à la chose. C’était comme ça et pas autrement. Comme le disait si bien son père « c’est un honneur de faire partie de la famille Arnault ».

Elle évitait toute distraction, toute amitié inutile (selon son père), tout fricotage et amourette, puisque ce n’était également qu’une perte de temps. Pourtant, au collège, on a beau être l’enfant parfait on finit toujours par se faire influencer. Lilia fréquentait secrètement les fêtes et soirées et n’hésitait pas à fricoter non plus. Rien de grave aux yeux de tous le monde mais un crime aux yeux de son père. « Comment vas-tu intégrer Harvard si tu perds ton temps avec des distractions pareilles ». Oui profiter de la vie était une perte de temps pour son père.

Monsieur Arnault eu donc la brillante idée d’envoyer sa fille de 14 ans aux USA afin qu’elle s’intègre au mieux au système américain. C’était l’excuse qu’il offrait à voix haute mais elle savait très bien que c’était pour l’éloigner du petit cocon et de la double vie qu’elle s’était autorisée à vivre.

☽ Non, je ne regrette rien

Malgré la sévérité de son père et la pression constante à laquelle il faisait vivre ses enfants, Lilia tenait à croire que son père n’était pas un homme méchant et qu’il faisait cela pour le bien de ses enfants et pour leur garantir un futur meilleur. Cette pensée était devenue comme une prière du soir depuis le jour de sa claque. « Ne t’inquiète pas Lilia, papa fait cela pour notre bien, uniquement pour notre bien, ça va aller… n’oublie pas pour notre bien. » Une pensée que sa mère à fini par ancrer dans son système nerveux. On pouvait donc dire que la brunette ne lui en voulait pas vraiment à cette époque.

Mais à son arrivée à Boston, sa vision changea. Elle rencontra un nouveau monde, une nouvelle vie. Loin de papa et maman elle a pu comprendre que la vie ne se résumait pas à exceller dans toutes les matières, qu’il y avait des causes à soutenir, des valeurs à acquérir, une toute autre vie à vivre. Certes, elle n’a eu aucun problème à s’intégrer dans le système scolaire, mais elle en voulait plus. Elle avait soif du travail associatif, elle voulait toujours apporter son aide et son soutien. Dès qu’on avait besoin de quelqu’un pour soutenir une cause, elle était toujours prête à braquer ses pancartes dans les rues. Cela déplaisait, bien évidemment, à son père mais c’était quelque chose qui ne pouvait contrôler en elle. Une nouvelle vie qu’elle s’était autorisée à vivre sans regrets.

☽ J’en rêve encore

Harvard, un rêve ! Plus celui de son père que le sien. Mais un rêve qu’elle a fini par accepter comme sien. Elle a travaillé dur pour cette admission, elle y a laissé son corps et son âme et tout se paye dans cette vie. Son travail acharné a fini par payer, elle a fait la fierté de ses parents. Son père avait même fait le déplacement pour la féliciter, d’une manière nonchalante certes, mais l’idée était là. « C’est évident que tu sois admise Lilia, le contraire serait aberrant. Un Arnault a forcément sa place à Harvard. » Oui papa…comme tu le souhaites… Lilia en avait ras le bol de ces paroles qu’elle avait fui quatre ans auparavant, mais cela n’empêchait pas son père de l’endoctriner au téléphone et par ses visites surprises. Tout ce qu’elle détestait.