Ce qu'il pensait de la tenue qu'elle portait, il ne mit pas grand temps à affirmer que : ça aurait été dommage de troquer ça contre un vrai pyjama. Aux manches longues et pantalon, même s'il ne se serait pas permis d'y faire objection. Je me ferai une meilleure idée demain, au petit-déjeuner, dit-il. Et c'était un peu comme avouer qu'il n'avait pas très bien regardé, comme ça elle avait la possibilité de lui interdire si elle ne se sentait pas à l'aise avec l'idée qu'il puisse, de haut en bas, l'observer – elle avait toute la nuit pour y penser. Plein, répéta-t-il pour mieux reformuler quand il fut question de baisers à déposer sur ses joues rasées de près, plutôt des centaines ou des milliers ? Heureux de pouvoir plaisanter face à ce sourire timide qu'elle affichait. Son visage n'avait pas tant l'habitude d'être effleuré, ses « camarades » du nord de la Corée s'étaient attardées sur la partie principale qui les intéressait, outre son ex-copine peu de demoiselles avaient eu le plaisir de profiter de la douceur de sa peau claire et pas du tout abîmée.

Jeu de regards expérimenté, il aimait particulièrement regarder les lueurs qui habillaient les yeux de la brune allongée à ses côtés, le silence laissait les corps s'exprimer par des caresses déposées ; sur la joue pour l'un, pour l'autre contre le rein. Peau titillée, vêtement froissé sans gravité, le futur de la doctorante l'intéressait et il était bien heureux de savoir que les mois ne lui étaient pas comptés. J'aimerais, commença-t-il sans pouvoir terminer. Lilia venait de se rapprocher, les yeux du biochimiste évaluèrent la proximité. Il pouvait sentir son souffle se mêler au sien, leurs nez ne faisaient presque qu'un. J'aimerais me lancer dans un post-doc' aussi, ils recrutent les meilleurs doctorants en pharmaco' dans les labo du New Jersey, fit-il, c'est dans mes projets. Il n'avait pas peur de déménager si on le choisissait parmi ceux qui auront candidaté. Et si tout se passait comme il le souhaitait, dans un peu plus de deux ans, ils ne pourront plus se voir aussi souvent ; est-ce qu'entre eux ça changerait vraiment ?

Il ne pouvait pas bousculer ses plans, dans sa tête ça ne pouvait être autrement ; il n'avait pas grand-chose à quoi se raccrocher, être réfugié avait déjà son lot de difficultés. S'il laissait tomber ce pour quoi il était fait, alors qui est-ce qu'il deviendrait ? Il la regarda, espérant lire sur les traits de Lilia que l'information ne la dérangeait pas. Les battements de son muscle vital avait pris un rythme irrégulier sous les doigts qui, contre lui, étaient encore posés ; le rapprochement faisant son effet ou était-ce la crainte qu'elle pourrait reculer ? On ne le saura peut-être jamais. Tes parents sont d'accord avec le fait que tu ne retournes pas en France, demanda-t-il. Ils avaient l'air de dicter à leurs enfants la meilleure conduite à adopter, s'ils étaient prêts à la fiancer, ils pouvaient aussi décider lorsqu'il était temps de rentrer.

Lilia était habituellement timide et pudique dès qu’elle était face à des inconnus mais là, il fallait croire que le compliment du jeune homme lui plaisait bien. Elle était contente de savoir que sa tenue faisait son petit effet, même si apparemment il n’avait pas pris tout le temps et plaisir pour bien la relooker. Lilia pensait que c’était point le mieux, s’il le lui avait avoué elle risquait de devenir une tomate pour la nuit. Pourtant elle s’autorisait à lui avouer que ses joues étaient parfaites pour y déposer des baisers. Oui oui elle avait osé. «A toi de choisir ce que tu préfères dans ce cas.» Elle était capable d’en arriver aux milliers, il fallait juste qu’il sache dans quoi il s’engageait.

Après les quelques paroles qu’ils échangèrent Lilia décida de diminuer le peu de distance qui restait entre eux et s’approcha jusqu’à ce que leur nez se touchent presque. La brunette avait partagé son projet d’avenir avec le jeune doctorant, elle était toute excitée de pouvoir réaliser tout ça et de s’épanouir dans la voie qu’elle avait choisie. Le jeune homme allait poursuivre le même chemin apparemment et elle espérait du fond du cœur qu’il allait réussir, elle ne doutait pas de ses capacités, c’était un bosseur. «Les meilleurs, alors tu en feras sûrement partie je n’en doute pas ! Tu me raconteras comment c’est le New Jersey alors.» Elle afficha un petit sourire alors que ces doigts continuaient leur va et vient contre sa joue.

Jay se demandait qu’elle était la position de ses parents dans tous ses projets et Lilia haussa les épaules. «Ils pensent qu’un post doc aux États-Unis étaient la meilleure option donc je n’ai pas intérêt à me bourrer là-dessus et s’ils avaient pensé autrement je l’aurais quand même fait comme mon choix de filière d’ailleurs.» S’il pensait que les Arnaults avaient bien accueilli son choix pour la biologie il se gourait bien. Cela avait même initié une troisième guerre mondiale dont Lilia était sortie vainqueur. Et elle aurait clairement recommencé s’ils avaient décidé de la faire revenir en France contre son gré. Toute cette histoire fit bailler la jeune brunette, ce qui la surprenait bien. «Est-ce que je peux poser ma tête ici ?» Fit elle en posant sa main contre les battements de son cœur. Elle pense être capable de s’endormir.

Des centaines ou des milliers, il n'eut pas besoin de donner réponse pour le lui faire deviner, le simple petit sourire qui s'ajouta à ses pensées fut bien assez pour affirmer que le plus qu'elle pouvait sera forcément le mieux à ses yeux ; à ce sujet-là resta donc discret et mystérieux. Ils purent alors passer au futur qu'ils s'espéraient. Il apprit que Lilia souhaitait poursuivre après son doctorat, ne pas tout de suite être engagée, se laisser le temps d'en apprendre plus encore avant de se lancer. Même chose pour Ji-hun qui ajouta que le New Jersey était dans ses projets, dans sa tête tout était déjà programmé au détail près. Et même s'il avait pu remanier quelques points en fonction de la femme avec qui il s'était engagé plus tôt dans l'année, rien ne pourrait véritablement le détourner de l'avenir qu'il s'était imaginé. Ce serait plus simple que tu viennes directement voir l'endroit où j'aurais déménagé, lui fit-il remarquer. Elle pouvait lui rendre visite ou trouver dans cet État un contrat à signer ; pourquoi pas, c'était le repère des scientifiques les plus prisés et les mieux payés là-bas.

Les doigts continuaient de glisser à l'infini sur sa peau rasée, de quoi entièrement le réconforter, lui donner l'affection qu'il méritait et dont il manquait. Ça ne l'empêcha pas de s'intéresser davantage à l'ambiance générale dans la famille à laquelle elle appartenait, ce qui lui permit de savoir qu'elle avait un caractère fort qu'elle cachait derrière cette bouille d'ange, ce corps fin et les gestes tendres et sages qui la caractérisaient. J'apprécie beaucoup ce que j'entends, dit-il avant de répondre à sa question positivement. Il ne pourrait s'entendre avec une femme soumise et dépendante de ses parents, il préférait être entouré de personnes qui savaient se débrouiller, qu'importait ce qui se trouvait dans les comptes qu'elles possédaient. Relève toi, je vais mieux t'installer, suggéra-t-il avant de placer l'oreiller au niveau de son flanc, afin qu'elle puisse de nouveau s'y allonger et contre son cœur se placer. À présent positionné plus haut qu'elle, il ne put reposer sa main dans le bas du dos de la demoiselle, dû se satisfaire de caresser chacune des mèches de ses cheveux.

Tu l'entends, la questionna-t-il. Référence au myocarde qui battait, ka-boom forts et réguliers qui se permettaient de cogner contre l'oreiller qui les écoutait. Les papouilles qu'il avaient offertes aux mèches de la brune s'étaient lentement atténuées, il n'eut besoin que de la chaleur de leurs corps collés pour doucement sombrer. Il ne saurait dire combien de temps il avait mis pour se retrouver ainsi endormi, mais le sexe gonflé au matin sera la preuve qu'après d'elle il aura passé une douce et reposante nuit. Loin d'en être gêné, impudique face à cette réaction biologique, il passera encore un temps à la câliner dans la matinée avant qu'ils ne se décident enfin de se lever et de partager un petit-déjeuner typiquement français.