La fin d'année des étudiants avait été sonnée, et le bal avait remporté un franc succès, il était temps de penser à l'été et à toutes ces nouvelles choses que l'on pourrait oser expérimenter. Pas besoin d'aller bien loin pour ça, il avait suffit à Ji-hun de passer quelques rues pour se retrouver là, en bas de l'immeuble que son gps lui signalait comme étant la destination qu'il avait indiquée. Sac à dos paré pour une nuit entière à passer au côté de Lilia, le nom de la demoiselle il chercha et, après avoir appuyé sur les flèches du haut et du bas, le bip d'appel résonna. Annyeong, naya*, s'annonça-t-il en coréen. Et si le « c'est moi » pouvait être d'ordinaire n'importe qui, en parlant dans sa langue natale, il était certain qu'elle saurait de qui il s'agissait sans aucun souci. Il attendit patiemment que la porte soit déverrouillée et profita qu'elle n'ait pas encore raccroché le combiné pour lui demander : myeot cheunge yo** ? C'était tout de même bien plus pratique que de s'arrêter à tous les étages pour trouver le logement dans lequel elle vivait. Gomawo***, la remercia-t-il avant de rejoindre l'ascenseur ; elle préférait la pratique plutôt que la théorie, ce n'était pas ce qu'elle avait dit ?

Bâtiment de bon standing, il comprenait pourquoi elle avait choisi de résider ici malgré la location d'une chambre dans sa confrérie – pour un tel luxe, elle devait avoir de l'argent aussi. Les niveaux filèrent à grande vitesse et, une fois les battants ouverts, ses pieds se chargèrent du reste. Il posa un regard sur le couloir, chercha l'interrupteur dans le noir puis s'élança dans l'allée pour rejoindre la jeune femme qui l'attendait. Il vérifia qu'il ne s'était pas trompé, leva ses yeux bridés sur le numéro affiché, puis sonna. Chaussures prêtes à être enlevées dans l'entrée une fois qu'il aura été invité à passer l'encadrement boisé ; il était dix heures à peine entamées, l'accueillera-t-elle en tenue de nuit ou sera-t-elle encore habillée ?

A cette heure-ci, il y’a vingt-quatre heures, Lilia était en pleines préparatifs pour le bal et toute excitée de commencer la soirée. Cette dernière s’était plutôt bien passée, même que sa meilleure amie avait eu la couronne tant convoitée de reine de bal. Lilia avait été plutôt fière. Aujourd’hui était un nouveau jour, la soirée allait être beaucoup plus calme que la veille, mais la jeune doctorante était tout de même mitigée entre le stress et l’excitation de retrouver Jay chez elle. La maison était tout bien rangée comme elle avait l’habitude d’être, à part lorsque Doria était dans les parages bien sûr. Les draps étaient propres et les courses avaient été faites la veille, comme elle le lui avait indiqué. Lilia était donc prête à recevoir le jeune asiatique dans son appartement.

Alors qu’elle venait de ranger sa lessive, elle entendit l’interphone sonner, ce n’était autre que Jay. Elle sourit en l’entendant la saluer en coréen puis elle répondit. « O cheung. » pour indiquer qu’il s’agissait du cinquième étage, elle espérait simplement que c’était le bon chiffre et qu’il n’allait pas se perdre en route à cause de son erreur. Il l’a remercia et elle attendit sagement qu’il frappe à la porte pour qu’elle puisse continuer sa discussion. Il l’avait lancée, rien n’allait l’arrêter là. Elle ouvrit alors la porte avec un grand sourire. «Ma chi nae ?» (tu as finalement réussit à trouver ?) Fit elle toute fière. «Entre je t’en pris. Je reprends en anglais histoire de t’éviter le calvaire de mon coréen bas de gamme.» Elle ne s’était d’ailleurs toujours pas mise en tenue du soir, préférant l’accueillir en robe plutôt qu’en t-shirt culotte. «Tu peux déposer tes affaires ici. Tu veux boire quelque chose ?» Lui demanda-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. «Je te ferai un room tour aussi si tu veux.»

Cinq étages montés, il enclencha l'interrupteur et chercha le numéro de logement qu'elle lui avait d'ores et déjà indiqué. Habitué à parcourir de grands immeubles à présent, il trouva la porte de l'appartement en un instant. Il se fit annoncer, et quelques secondes plus tard le pan s'ouvrit sur la demoiselle qu'il était venu retrouver. Sur les lèvres de la brune un sourire s'étira et, parce que l'esquisse ne quittait jamais vraiment ses lippes, il lui rendit de toutes ses dents cette fois. Eo*, répondit-il simplement, swiweosseo**. Avec le gps enclenché, il aurait été impossible de ne pas trouver. bareumi joha, jinjja***. De faire la différence entre « ae », « e » et « ui » pouvait s'avérer compliqué. La faute était récurrente lorsqu'il donnait des leçons, mais ça ne semblait pas être le cas pour Lilia vu sa diction. Une manière comme une autre de la pousser à s'entraîner, même s'il comprenait qu'après le bal elle puisse se sentir trop éreintée pour se laisser tenter. Il entra donc dans la demeure de la doctorante, laissa ses baskets à l'entrée et lâcha également le sac qu'il s'était préparé. Tu m'as dit que tu avais des bières, se rappela-t-il, alors ça m'ira. Par contre.... Il laissa en suspens le temps d'ouvrir la fermeture de son maigre bagage et annonça : je t'ai pris ça.

Il sortit une bouteille de vin importée, mais ne savait pas vraiment lire le français alors il s'était laissé conseiller. Je ne m'y connais pas, alors tu m'excuseras si tu ne l'aimes pas, la prévint-il avant de lui tendre le rouge d'une cuvée de vignes âgées, et pas besoin de me remercier, tu m'as invité c'est le peu que je pouvais apporter. Il la prévint pour que, ni l'un, ni l'autre, ne s'en sente gêné ; le brun aussi était quelqu'un d'attentionné. On se sert et tu me fais visiter, lui proposa-t-il d'enchaîner, tu as combien de chambres, dis-moi ? Il lui demanda, marchant dans ses pas tout en observant l'aménagement de son appartement ; assez de place pour deux, c'était ce qu'elle avait dit, n'est-ce pas ?

C’est avec un grand sourire que Lilia ouvrit la porte de son appartement, tellement heureuse de retrouver le jeune asiatique. Ils s’étaient pourtant vus hier soir au bal, elle l’avait d’ailleurs félicité pour le titre qu’il avait reçu, il le méritait amplement. Mais là, c’était des circonstances différentes, ils allaient pouvoir mieux s’entendre et être plus posés ; Lilia commençait déjà à avoir sa dose de grandes soirées et des fêtes jusqu’à pas d’heures. La brunette enchaîna sa réponse en coréen, plutôt contente de pouvoir pratiquer, mais elle se rattrapa en anglais de peur de ne faire une gourde sachant que son coréen n’était toujours pas au point. Jay la complimenta portant, elle ne savait pas s’il pensait réellement que ses efforts ont fini par payer ou si c’était simplement pour lui remonter le moral, dans tous les cas, cela lui fit légèrement rosir les deux joues. «Gomawo.» Le remercia-t-elle avant de quitter le porche pour qu’il puisse entrer et déposer son sac à dos. «Tu as une bonne mémoire. Vendu pour des bières alors.» Alors qu’elle allait en rapporter du frigo, le jeune homme l’interrompu dans sa lancée en sortant une bouteille de vin. Lilia haussa les sourcils, touchée par cette attention et surtout par le fait qu’il n’aie pas oublié qu’elle était une amoureuse du vin. «Un Nuits-Saint-Georges ! Un vin de Bourgogne, c’est un très bon choix Jay.» Alors qu’elle comptait le remercier de son geste elle se ravisa avant de lâcher un petite rire. «C’est pourtant ce que je comptais faire mais c’est noté, motus et bouche cousue comme on dit chez nous.»

Ils se dirigèrent tous deux vers la cuisine et Lilia sortit deux canettes de bière de son frigo. Elle savait très bien que ces cannettes en aluminium étaient recyclables, elle avait donc la conscience tranquille lorsqu’elle en tendit une à son invité. «Deux chambres, il y avait une troisième mais je l’ai aménagée en bureau et bibliothèque. Je te montre ça. Bon, là c’est la cuisine, comme tu as pu le remarquer.» Elle était ouverte d’un côté sur un petit salon avec une table à manger juste à côté sur la gauche, puis d’une baie vitrée avec un petit balcon sur la droite.

Lilia montra du doigt ensuite la porte qui se trouvait un peu plus loin vers le salon. «Là il y a une salle de bain.» puis celle en face de l’autre côté. «Et là, la buanderie.» Ils reprirent ensuite le couloir qui menait vers la porte d’entrée mais continuèrent tout de droit cette fois-ci. Elle ouvrit la première porte sur sa gauche. «Voilà ma pièce favorite, ma bibliothèque !» La pièce d’à côté n’était autre que sa propre chambre avec sa propre salle de bain. «Ça c’est ma chambre, tu avais déjà eu droit à un coup d’œil avant.» Elle lui avait envoyé une photo de son lit, quelques jours auparavant, puisqu’il était curieux de ses goûts en matière de draps. Ils passèrent ensuite à la dernière chambre qui était maintenant vide. Il n’y avait plus que les meubles de base et la salle de bain. Doria avait repris toutes ses affaires. «C’était la chambre de Doria, mais elle est vide pour l’instant…» Elle se retourna vers le jeune homme à ses côtés. «Alors, tu en penses quoi ? » Elle avait aménagé son cocon avec tout son cœur, elle aimerait bien avoir son avis sur son appartement.

Ji-hun marcha dans les pas de Lilia jusque dans la cuisine où il s'arrêta. Il la regarda leur servir de quoi se désaltérer avant que la visite guidée puisse débuter. Canette en main, il se permit de tirer sur la capsule de celle que tenait la demoiselle avant d'ouvrir la sienne – par politesse et habitude de faire passer les autres en premier, c'était aussi parce qu'il avait été bien éduqué. Une première gorgée rencontra son gosier alors qu'elle commença par lui présenter l'appartement où elle résidait. Il suivit du regard les différents espaces qu'elle pointait du doigt, tout en la suivant il se tint au silence, ne parla qu'au moment où elle lui demanda. Il tourna la tête vers l'entrée, la cuisine équipée, le salon bien agencé, les pièces plus privées et la salle de toilette qui les accompagnait et répondit : j'en pense... que c'est probablement ta chambre que je vais préférer. Il posa de nouveau ses yeux bridés sur le visage de celle qui l'avait guidé avant de les détourner au moment où il leva sa boisson pour en prendre une bonne goulée. Malgré les draps très girly, habitué à des parures plus unies, il avait hâte d'y passer la nuit, de voir si elle était à la hauteur de ce qu'elle lui avait promis.

Il est vraiment bien agencé, tu l'as décoré avec soin, ça se voit, ajouta-t-il plus simplement en s'éloignant de l'endroit où ils finiront par se câliner – s'ils stagnaient ici, il pourrait l'y pousser plus tôt que souhaité. La pièce de vie retrouvée, il se dit qu'elle n'avait pas menti lorsqu'elle avait assuré qu'il y avait bien assez de place pour le loger, mais maintenant qu'il savait qu'elle avait beaucoup d'affection à donner, il craignait de devenir trop accro aux collés-serrés, et de ne pas travailler – il lui avait d'ores et déjà avoué. Comment s'est passée la suite de ta soirée avec Thanom, demanda-t-il, vraiment intéressé ; après qu'elle et lui se soient quittés, une fois la photo prise et la danse partagée, vous avez fait sonner la cloche à bisou ? Il osa la taquiner, parce qu'elle lui avait avoué ne pas avoir l'intention de finir la nuit dans le même lit que lui ; savait-on jamais. Qu'importait sa réponse, elle aurait eu tort de ne pas s'amuser – leurs années de doctorat leur demandaient déjà de se sacrifier assez tout au long de l'année. Tant qu'il a été sympa, dit-il ; qu'il se soit bien comporté, c'était tout ce qui comptait.

Lilia remercia le jeune homme de sa galanterie lorsque ce dernier lui ouvrit sa canette de bière, avant qu’elle n’entame sa visite guidée. C’est avec une grande excitation qu’elle expliqua chaque détail, digne d’une vraie agente immobilière. Ils s’arrêtèrent devant la chambre de la jeune brunette, puisqu’elle allait la partager ce soir avec Jay, et il avoua que c’était sa préférée. «Tu verras, les draps sont peut-être un peu trop girly pour toi mais le lit est très douillet. Et puis…» Elle s’arrêta quelques secondes avant de lui offrir un clin d’œil. «Je suis plutôt confortable.» Elle faisait référence à leur nuit qu’ils allaient passer ensemble. Ils rejoignirent le salon avant de s’installer conformément sur le canapé avec leur boisson. C’est à ce moment qu’il prit des nouvelles de sa soirée d’hier et surtout de son cavalier. «Tu es bien curieux dis-moi.» Elle sourit avant de lever les yeux au ciel à sa question. «La soirée s’est bien passée, il était très gentil et s’est comporté comme un vrai gentleman mais il n’y a pas eu de bisou volé devant ma porte ni une nuit "caliente", comme dirait les espagnols, par la suite.» Elle haussa les épaules. «J’espère que tu n’es pas trop déçu par le manque de ragot. Et toi ? Comment s’est passée la soirée avec ta cavalière ?» Elle était toute aussi curieuse que lui concernant sa soirée après s’être tous deux quittés.

La discussion s’enchaîna sur le bal et tous les événements qui ont suivi. «Tu as faim ? Est-ce que tu préfères qu’on regarde un film avec popcorn,apéro au lit ou on allume la télé ici et on prépare à dîner ?» Il était son invité ce soir alors elle voulait qu’il soit à l’aise.

« Plutôt confortable » ; c'était une information qui lui sembla des plus agréables, à tel point que Ji-hun préféra revenir sur un commentaire plus banal, complimenter l'aspect général et revenir vers la pièce principale. Vingt-deux heures étaient passées, mais ils n'allaient tout de même pas rejoindre le lit aussitôt retrouvés – les boissons n'étaient même pas terminées et, pour le naturel, il avait une préférence très marquée. Plutôt le genre à se donner en entier que de lire un acte et le jouer ; si ça ne se faisait pas, tant pis, si ça se faisait, c'était parce qu'ils en avaient vraiment envie. Place prise sur le canapé, il désira connaître la finalité de sa soirée. Pourquoi je le serais, répondit-il au manque de ragots qu'elle avait à rapporter. Ça lui en apprenait plus sur elle qu'elle ne le pensait et ça le satisfaisait. Le gratifiait même un peu à dire vrai, puisque le pas de sa porte il avait été autorisé à passer quand d'autres avouaient échouer. Bien, on a passé la majeure partie de la soirée ensemble, on a beaucoup parlé, fit-il. Il but une gorgée avant de terminer : puis j'ai rejoint mon lit, tout seul aussi.

Bien après que les razzies soient tombés, assez tôt dans la matinée parce qu'il était crevé – même il avait tout tenté pour être un bon cavalier, elle et lui devaient ainsi se revoir durant l'été. Rien de plus à raconter, puisqu'absolument rien d'autre ne s'était passé. Il nota toutes les options de programme qu'elle lui proposa et il décida : pop corn dans le salon, ça me semble être un bon plan. Il préférait rejoindre les draps qu'au moment où elle le sentira, surtout qu'ils pourront se câliner sur le sofa si tel était leur choix. J'ai déjà mangé, mais tu peux te préparer un truc si tu veux, l'informa-t-il que ça ne le dérangeait pas, pour le film, je vais regarder. Aussitôt dit, aussitôt fait ; loin d'être le genre de mecs à se laisser porter, il initiait tant qu'il le pouvait. Il sortit son téléphone et se mit à naviguer. Tyler Rake, Sweet girl, Pale Blue Eyes,..., lut-il ses recommandations Netflix. Pas sûr que « Lady Chatterlet's lover », « Addicted » ou « Newness » puissent l'intéresser, il préféra continuer de scroller. Elle pouvait toutefois l'arrêter si quelque chose d'autre lui plaisait, puisque, vers elle, l'appareil était tourné.

Après avoir fait le tour de l’appartement, les deux jeunes scientifiques vinrent s’installer sur le canapé pour continuer leur discussion. Lilia avait prit une gorgée de sa canette avant de raconter la suite de la soirée du bal. Comme elle le lui avait dit, elle s’était plutôt bien amusée mais était rentrée seule rejoindre son lit, elle préférait cela comme ça. Elle haussa simplement le épaules à la remarque de Jay avant qu’il ne reprenne la parole à son tour pour raconter sa soirée. Elle écoutait attentivement puis un sourire s’étira, sans qu’elle s’en rende compte, sur le bout de sa lèvre lorsqu’il précisa qu’il avait également rejoint son lit sans compagnie. «C’est mieux comme ça.» Ne voulant pas trop laisser remarquer son enchantement, elle rajouta avec désinvolture. «La soirée en elle-même était déjà fatigante je trouve.»

Maintenant qu’ils se sont tous deux mis à la page concernant la soirée du bal, Lilia proposa quelques programmes pour la suite de leur soirée. Le jeune homme préféra regarder la télé au salon avec du pop-corn, Lilia quitta donc le canapé pour sortir le maïs. «Vendu alors ! Je nous prépare le popcorn pendant que tu t’occupes du film.» Elle sortit la machine à popcorn, un cadeau de Noël de Tayden d’ailleurs, elle trouvait tout aussi simple d’utiliser la casserole mais son petit frère était fan de ce genre de gadgets. «Ah ouais ? Tu as dîné tôt dis donc ! Je prendrai quelque chose plus tard si j’ai toujours faim après le popcorn.» Pendant qu’il cherchait sur le Netflix de son cellulaire, Lilia alluma la télévision par la même occasion pour qu’il puisse mettre le film directement lorsqu’ils auront choisi. «Aaah Edgar Allan Poe !! Je veux bien regarder Pale Blue Eyes du coup.» lança-t-elle avant de rejoindre la cuisine et de mettre la machine en route. «Tu veux continuer sur la bière ou passer au vin ?» Parce que oui, elle était impatiente d’ouvrir la bouteille qu’il lui avait offerte.

Rôles partagés afin de mettre en route la soirée, Ji-hun laissa Lilia s'occuper des maïs à faire sauter et s'occuper de consulter les recommandations que le site lui proposait. Netflix était le site de référence de tout étudiant qui se respectait, autant pour les moments solo que ceux qu'on organisait avec nos alliés. Malgré ça, le doctorant préférait mettre en route les émissions des chaînes sud-coréennes auxquelles il s'était abonné, de quoi garder contact avec la péninsule sur laquelle il avait habité. Alors forcément les thèmes n'étaient pas très variés : thrillers et films en rapport avec la sexualité. Il passa les derniers, se concentra sur les oeuvres à suspens qui pourront les tenir éveillés. Tu m'invites déjà pour le brunch, je ne me voyais pas profiter également du dîner, lui expliqua-t-il alors qu'il scrollait la page sur laquelle il s'était arrêté. Même s'il adorait qu'on nourrisse son estomac, il n'était pas le genre d'hommes à s'inviter à chaque repas sous le prétexte d'un « et pourquoi pas ? » Qu'elle se prépare de quoi manger ne le dérangeait pas.

La sélection fut dictée de vive voix, et la biologiste marqua fortement son choix. Il profita que la télé soit allumée pour connecter son appareil de quelques coups de touches expérimentées, puis mit sur pause pour attendre qu'elle revienne à ses côtés. Il aurait proposé son aide si la machine ne faisait pas exploser les céréales aussi bien, pour cette raison le brun décida d'observer la scène de loin ; au moindre problème, il pourra lui prêter une main. Je ne tiens pas trop le vin, tu te souviens, lui rappela-t-il, je devais me contenter de te regarder vider la bouteille. Sourire malin, il leva la boisson qu'il avait presque terminée et indiqua : je vais me contenter de celle-là ; il la remercia. À l'aise sur le canapé, les yeux étaient tantôt rivés sur le trailer qui défilait, tantôt sur Lilia pour savoir où elle en était. Et lorsqu'elle revint avec tous les éléments et qu'elle s'installa finalement, il s'inquiéta de savoir : tu as l'habitude de t'installer comment ? Ou de quoi avait-elle envie, tout simplement. Lui restait assis d'ordinaire, mais pouvait se calquer à sa partenaire.

Elle pouvait décider de s'asseoir tout près et de demander son bras pour oreiller, ou de s'affaler contre l'accoudoir et d'étaler ses membres sur ses cuisses musclées, voire même de s'allonger avec lui d'un seul et même côté. Aucune possibilité à refuser, tant qu'elle ne renversait pas le rouge qu'elle buvait sur lui, il n'y avait aucun souci. Il était à l'aise en sa compagnie, et ça se voyait dans la fluidité avec laquelle ils échangeaient, pas vrai ?

La soirée se passait plutôt bien. Lilia n’avait pas regretté son invitation, ni même cette rencontre qui leur avait permis de se rencontrer. La brunette fit tout de même la moue lorsqu’elle apprit qu’il avait déjà dîné. Elle voulait pourtant lui préparer quelque chose maison, elle savait qu’il n’était pas très bon cuisinier et qu’il avait tendance à se contenter de la nourriture de l’extérieur lorsqu’il n’avait pas l’occasion de goûter de celle de sa marraine. «Tu n’abuses pas, au contraire, ça m’aurait fait plaisir de cuisiner quelque chose pour nous deux.» Elle voulait qu’il sache qu’il ne l’importunait aucunement côté cuisine, surtout que lorsqu’elle invitait quelqu’un chez elle, elle adorait le gâter en préparant quelque chose.

Ils décidèrent finalement de regarder un film avant d’aller se coucher. Pendant que Jay cherchait quelques chose qui allait plaire à tous deux, Lilia mit la machine à popcorn en route. Elle lui demanda, par la même occasion, s’il voulait rester sur la bière ou goûter le vin, mais il n’allait pas changer d’avis apparemment, le vin ce n’était vraiment pas pour lui. «J’avoue que je préfère passer la soirée avec toi avec toute ta conscience.» Fit-elle en rigolant. «Non je n’avais pas oublié, mais je me disais que peut-être tu voulais au moins boire une gorgée pour m’accompagner. Mais je suis ravie de n’avoir la bouteille que pour moi.» Elle prit donc un verre de vin du placard et le tire-bouchon avant de les déposer sur la petite table devant le canapé où ils allaient s’installer. Jay préférait rester sur son unique bière, elle chercha donc simplement la bouteille qu’il lui avait offerte et la déposa avec tout le reste.

Maintenant que le film était choisi, la jeune brunette mit le popcorn dans le saladier et le tour est joué. Tout était prêt pour qu’ils puissent regarder tranquillement leur film. Elle s’assit à ses côtés avant de répondre à sa question. «Si tu veux bien me prêter ton bras je voudrais bien y poser ma tête.» Demanda-t-elle avec un sourire.