Pour que mon amant récupère plus vite, je lui proposais un peu de chantilly ou de pâte à tartiner, mais il me répondit tout bonnement par un sourire amusé. Pour lui, un verre d’eau suffirait. Pour moi, il faudrait une piscine à me verser sur la tête pour que je sois à nouveau au taquet. Au moins, il était économe !

Je m’étais adossée au mur alors qu’Alejandro était déjà installé sur mon lit. Il m’avait posé une question à laquelle je réfléchissais. Je devais être trop lente à le bouger pour le rejoindre car il me lança un regard équivoque. Au lieu de marcher, je répondis d’abord. J’avais eu cinq partenaires, dont deux qui ne comptaient pas vraiment. L’un était bien plus qu’un simple amant de passage, il m’avait mise enceinte, mais je le comptais dans cette catégorie quand même. Seulement, Alejandro comprit que j’avais cinq partenaires au moment précis où je lui parlais. Je jetais un regard dans sa direction et ne pus m’empêcher de sourire.

-Non, en ce moment, il n’y a que toi. Deux d’entre eux n’ont fait qu’une fois, le troisième s’est casé et compte rester fidèle, sauf que je le pousserai à revenir avec moi, et il y a de l’eau dans le gaz avec le quatrième.

Pour ainsi dire, il savait tout de ma vie ? Je n’avais qu’à lui donner les noms tant que j’y étais ! Mais que lui dire d’autre à part la vérité ? En plus, je savais qu’il connaissait les deux derniers, et connaître la vie sexuelle de ses amis n’est pas forcément du goût de tout le monde !

Je venais de me laisser tomber sur le lit, la tête dans le coussin. Je ne bougeais plus, sauf pour reprendre une inspiration de temps en temps. Il m’avait tué en m’amenant si près du but la première fois, et du coup j’avais dû tirer sur la corde pour suivre le rythme. Ça se voyait qu’Alejandro était sportif : il avait déjà repris son souffle que je jouais encore à la baleine dans mon oreiller, les battements effrénés de mon cœur pour toute musique. Puis Alejandro se leva et je glissai un œil dans la direction. Il mit un caleçon (encore un rempart à éliminer pour après) et fouina dans le réfrigérateur (sans demander la permission avant) à la recherche d’une bouteille de perrier (la seule qu’il me restait, le traître !). Il en but une gorgée avant de revenir sur le lit pour m’en offrir en me demandant si je m’en remettais, me conseillant de boire pour éviter les crampes.

-Je veux bien toutes les crampes du mondes si tu en es l’auteur ! plaisantai-je.

Cependant, je pris la bouteille et bus un peu. Comment lui sortir ce que je voulais dire sans qu’il ne prît peur ?

-Je ne suis pas sadomaso ou quoi que ce soit de genre je te préviens tout de suite. Mais regarde dans la poche à l’itérieur de ma valise, il y a des jouets pour le troisième round ! Enfin si ça t’intéresse ! Après je sais que quand j’arrive sur la fin après avoir trop sollicité les muscles, un peu d’aide ne fait pas de mal.

Lorsqu’Alejandro me demanda combien j’avais de partenaires, j’avais compris un nombre global. Etant donné qu’avant la naissance de ma fille j’étais assez sage et que depuis je couchai un peu à droite et à gauche, autant pour dire merde à Andrew que pour profiter de différentes expériences, je n’avais eu en tout que cinq amants, dont deux coups d’un soir. Par contre, s’il avait posé la question « combien en as-tu dragué », j’aurais été très mal pour lui répondre, étant donné que je ne comptais plus. Mais en revanche je ne laissais pas n’importe qui accéder à mon lit. Sur les deux personnes restantes, Andrew était en couple, il n’était pas revenu vers moi, qu’il fasse, il le regretterait ; Dante quant à lui, prenait un soin particulier à m’éviter depuis le bal ou il avait appris que j’avais été enceinte d’Andrew. Autrement dit, récemment, il n’y avait qu’Alejandro et je ne savais pas quand la situation se débloquerait.

-Ma vie sexuelle est certes un peu houleuse mais je n’ai aucune vie amoureuse. Et ne t’inquiète pas, pour l’instant tu es seul, et je ne sais pas ça changera. Jamais peut-être…

Il était sur la bonne voie pour m’avoir en exclusivité, pas de doutes là-dessus.

Alejandro était de nouveau au taquet alors que moi je jouais les cachalots échoués sur mon lit, sortant la tête du coussin seulement pour prendre de grandes inspiration. Mes muscles étaient encore en partie tétanisés alors qu’Alejandro se rhabillai légèrement et allait se servir dans le frigo, me piquant ma dernière bouteille de perrier ! Mais bon, il se fit pardonner en m’en proposant pour éviter les crampes… Anti-sexy au possible. Ma réplique le fit rire, mais je pris la bouteille malgré tout et bu quelques gorgées. C’était vrai qu’il faisait chaud ici. Et effectivement, c’était mieux sans crampe ! Je le vis jeter un œil vers le bar. Alcool ? Aurait-il l’amabilité d’aller en chercher ? Mais non, il s’installa à côté de moi et laissa deux doigts filer sur ma peau nue. Ce contact très léger me donna des frissons alors que je proposais pour le troisième round quelques éléments dans ma valise. Ses yeux, qui suivaient jusqu’alors ses doigts, vinrent se braquer sur mon visage. Boulette ? Mais il le prit plutôt bien, enfin de mon point de vue, en me demandant quel genre de femme je pouvais bien être.

-Le genre parfait ! fis-je en riant.

Je vis que sa curiosité était piquée, et il leva à nouveau pour aller voir. Il me demanda s’il pouvait y jeter un œil. La logique absolue ! Je ne pus m’empêcher de jouer un peu du coup.

-Non, tu ne peux pas regarder, si je t’en ai parlé c’est justement pour que tu ne fouille pas dans la poche de ma valise ! Mais bien sûr que si, vas-y !

Je remis la tête dans le coussin, m’assurant cette fois-ci une entrée d’air pour ne pas relever la tête. Qu’y avais-je mis cette fois ?

J’avouai à Alejandro avoir une vie sexuelle un peu houleuse, mais aucune vie amoureuse. Je ne tenais pas à faire comme dans les films, me monter la tête en attendant un SMS ou ce genre de niaiseries. L’amour n’était pas pour moi, je me contentais de satisfaire mes partenaires et de continuer mon chemin seule. La situation ne changerait pas, je ne voulais pas qu’elle changeât. Même si Alejandro était gaulé comme un Dieu, même si Andrew m’avait donné une fille, même si Dante était très sympathique avec moi avant, jamais je ne voulais tomber amoureuse. Après, c’est une réaction chimique que l’on ne peut pas forcément retenir, mais je m’arrangerai pour toujours muselé mes sentiments. Jamais ne faisait peut-être plus parti de son vocabulaire, mais s’il y avait un domaine dans lequel je ne pouvais me permettre de faire une entorse, c’était bien dans celui de l’amour. Profitons du moment présent, vivons au jour le jour et prévoyons seulement le futur proche.

Alejandro me proposa de l’eau pour éviter les crampes. Charmant prétexte. Mais enfin je buvais quelques gorgées de Perrier. Il s’installa à mon côté, et alors qu’il me caressait, je mentionnais les jouets dans ma valise. J’aurais plutôt parié qu’il ne voulait pas en entendre parler, mais au contraire il s’en approcha, intrigué sans doute de savoir ce que je pouvais cacher. Il me demanda la permission de fouiller, ce que je lui accordais. Tant qu’il ne mettait pas le souk dans mes vêtements, il pouvait bien satisfaire sa curiosité ! Je replongeais la tête dans le coussin et n’en sortais pas. Je l’entendais plisser le tissu, et poser chacun de mes objets. J’en avais mis tant que ça dedans ? J’avais fait ma valise en plusieurs fois, je devais avoir rempli également cet endroit de trop. Finalement, il n’était pas obligé de tout sortir… Le sentiment de gêne que je ressentais fit monter la colère en moi. Pas contre lui, mais contre moi. Il me fit alors une remarque que je ne puis pas supporter : comparé le présent au roman Fifty Shades of Grey… Je me mordais violemment la lèvre inférieure et me crispai. Je murmurai dans l’oreiller :

-C’est limite une insulte… Je déteste ce foutu livre, et tu es en train de me comparer à la sotte qui en est l’héroïne principale ?

Ma voix venait de prendre un ton froid et trop calme que je ne pouvais contrôler. Je détestais ce livre. Le personnage principal était une cruche qui tombait amoureuse. Je détestais ce caractère. Je me mordais la lèvre inférieure à sang, puis me redressant, plaquant un faux sourire sur mon visage.

-Mais oui, j’ai tout essayé.

Il rit et posa mes boules à côté du reste de mon attirail. Merde, j’avais vraiment pris tout ça en fait ? J’avais honte, et la colère bouillait en moi. Il devait me prendre pour une trainée. Et d’un côté, il n’avait pas tort. Je devais vraiment foutre en l’air tout ce que je faisais ?

Il me pria de l’excuser. C’était la première fois qu’il voyait autant de jouets. J’étais mortifiée. Il se rabaissa, pensant maintenant ne pas pouvoir combler tous mes désirs.

-Tu sais, si tu ne comblais pas mes désirs, tu ne serais pas là actuellement.

Je me levai et le rejoignis. Je pris les différents objets et les rangeais un à un dans la valise. C’était une mauvaise idée de les avoir sortis.

-Moi, j’ai signé pour faire amante régulière et discrète. Toi non. Si tu veux encore partir, tu sais que tu peux, je ne te retiendrai sous aucun prétexte, je ne suis pas comme ça. Il faut juste que tu sache que moi, je t’apprécie, même si je suis étrange, lunatique et tout ce que tu veux.

Ça, c’était dit. Sur ce, je retournai vers le lit et m’effondrai sur le matelas, avec de nouveau la tête dans les oreillers. Libre à lui de venir pour le troisième round ou de partir s’il ne se sentait plus à l’aise en ma compagnie.

Alejandro fouillait dans ma valise à la recherche des jouets que je lui avais indiqués. J’étais de moins en moins en confiance en voyant ce qu’il sortait, et lorsqu’il parla des Fifty Shades, je me mis en colère sans forcément qu’il en fût l’objet. Je n’appréciais ce livre, et par extension être comparée à l’héroïne. Mais ma réaction fit sourire Alejandro qui déclara que je ressemblais peut plus à l’autre. Comment dire ? Je faisais mon maximum pour garder mon calme. J’étais particulièrement tendue. Alejandro n’insista pas plus, Dieu merci, et me demanda si je les avais tous essayé. Bien sûr que je les avais tous essayé ! C’étaient mes jouets quand même… Il prit un air impressionné en soufflant un « Eh bien ». Il s’excusa ensuite, affirmant qu’il n’était plus très sûr de pouvoir me combler. Je n’étais plus du tout à l’aise, mais je m’empressai de le rassurer. Il y aurait longtemps qu’il serait partit s’il ne pouvait pas me combler. Il se déclara rassuré. Tant mieux.

Il s’assit sur le bord du lit alors que moi-même je me levai pour tout ranger avec hâte et un brin de maladresse. Mes mouvements saccadés devaient mettre la puce à l’oreille d’Alejandro. Je ne savais plus trop quoi faire. Je repris la parole pour dire que s’il ne se sentait pas de continuer, il pouvait toujours partir. Si moi j’avais signé, lui non. Je finis de ranger et fermai précipitamment ma valise. Faisant comme chez lui, il prit le téléphone sur la table de chevet pour commander à la réception une bouteille de vin rouge et des bouteilles de Perrier. Pendant ce temps, je faisais tapisserie, complètement nue, debout en plein milieu de la pièce. Il se décida à me parler à nouveau. Il me parla de sa simplicité, de ce qu’il aimait. Il m’expliqua clairement qu’une bouteille de rouge me ferait du bien étant donné que je n’étais pas soumise à un test et que je n’avais pas de comptes à rendre. Il se leva, s’empara d’un peignoir dans la salle de bain et attendit l’arrivée de sa commande.

Il avait commandé du Perrier. J’avais une bonne idée de comment passer une bonne soirée avec ça. Enfin, bonne pour moi. J’avais un naturel un peu enfantin par moments, mais j’aimais satisfaire à mes pulsions. Toutes mes pulsions. J’attendis donc moi aussi que le service d’étage arrivât. Lorsque ce fut le cas, je laissai Alejandro ramener sa commande jusque vers moi. Il s’était lui-même proposé d’aller chercher, ce qui était normal, c’était lui qui avait commandé. Moi, j’étais assise en tailleur sur le lit. Je pris possession d’une bouteille de Perrier, en bus deux gorgées.

-Rafraîchissant !

Pour coller à mes dires, je lançai l’eau des trois quart de la bouteille sur Alejandro, juste pour jouer, et filai dans la salle de bain. Le Perrier, c’est sacré, mais pas l’eau du robinet ! Je remplis donc à nouveau la bouteille à fond, et ressortis de ma cachette.

Alejandro avait appelé le service d’étage. Pour paraitre présentable en allant chercher sa commande, il avait enfilé un peignoir, alors que je restais nue, au milieu de la pièce. Il me demanda gentiment à quoi je pensais. S’il savait, il ferait probablement une autre tête ! Je comptais m’emparer de ma bouteille de Perrier et finir en bataille d’eau. J’aurais bien transformé la chambre en terrain de jeux aquatiques, mais ce ne serait certainement pas pour plaire à mon bel espagnol. Quoi que… J’allais bel et bien mettre mon plan à exécution, quitte à finir toute seule dans ma chambre, complètement trempée.

Le service d’étage frappa, Alejandro ouvrit et je le vis glisser un pourboire à l’employer. Ils échangèrent quelques mots, que je ne saisis pas, étant trop loin. Mais il ferma bientôt la porte, avec deux coupes dans une main et les trois bouteilles, dont une de rouge espagnol et les deux autres de Perrier. Je lorgnais sur ma prochaine arme de torture. Il me demanda si je pouvais attraper rapidement le Perrier, il fallait dire qu’il était chargé. Je plaignais le pauvre employé qui avait dû se taper les étages avec son chargement. Je m’approchai pour le débarrasser, roulant sans doute un peu exagérément des hanches. Mon but ? Le chauffer avant la douche froide !

Après l’avoir aidé, Alejandro se dévêtit quelques peu et se retrouva en caleçon devant moi. Toujours un vêtement de trop. Je m’exclamai que la boisson était rafraîchissante, et il renchérit, faisant son éloge au passage. C’était le moment ou jamais ! Je lui rafraichis les idées en envoyant du Perrier sur lui. Le temps qu’il accusât le coup, je fuyais vers la salle de bain. Il me suivit, versant le contenu de sa bouteille dans mon dos. Froid !! J’avais tout juste eu le temps d’entrer pour recharger, aussitôt sortie, aussitôt prise ! Alejandro m’agrippa le poignet et voulu retourner la bouteille contre moi. Au bout d’un moment, je lâchai prise, le laissant me mouiller de la tête aux pieds. Je ne pus m’empêcher de rire en essorant mes cheveux.

-Rassures-moi, tu n’es pas trop vexé ?

Avec un sourire, je repris la bouteille vide et la rempli à nouveau. Cette fois, je m’assis sur le bord de la baignoire et laissai le liquide s’écouler entre mes seins dénudés, sur mon ventre et jusqu’entre mes cuisses.

-Parce qu’on ne fait que commencer à s’amuser !

Je le plaignais un peu. Il allait devoir me supporter toute la nuit le pauvre !