À l'approche du bâtiment fait de matériaux cossus, l'estomac du Nord-coréen s'était tordu, mais ça faisait près d'un an que Ji-hun attendait une réponse au dossier qu'il avait déposé , et maintenant que le grand jour était arrivé il ne pouvait se permettre de se défiler. Heureusement il était soutenu comme il le fallait, la jolie Française s'était proposée de l'accompagner et de l'attendre jusqu'à ce qu'il en est terminé. Le bon étage rejoint, ils avaient toutefois dû se séparer, car elle n'était pas autorisée à se tenir près de la salle où on allait l'interroger. Sur son passé il allait devoir jouer la carte de l'honnêteté et pour ça l'entretien devait rester privé, seul un traducteur ou un avocat était autorisé. On lui avait demandé de patienter dans une salle d'attente qui lui avait paru glacée, aussi longue que l'allée des champs Élisée dont on lui avait parlé. Il n'avait cessé de fixer la porte derrière laquelle il avait laissé Lilia, réfléchissant à la manière qu'il lui annoncera – que ce soit bon ou pas – jusqu'à ce qu'on finisse par l'appeler. Avec beaucoup d'appréhension il s'était présenté puis avait confirmé son identité, et l'échange avec l'officier dura vingt minutes bien passées.

L'asiatique sortit du bureau un peu sonné, en mains ses documents et papiers de réfugié qu'il n'avait pas encore eu le courage de ranger. Derrière lui la porte fut fermée, mais il n'avança pas tout de suite pour rejoindre la jeune femme qui l'attendait, il avait besoin de se poser, de respirer, de revivre dans sa tête tout ce qui s'était passé. Sur une chaise il finit par s'installer, se retrouva dans le silence d'un couloir déserté, et ses yeux commencèrent à s'embuer ; sa vie allait être encore bouleversée, il n'était pas sûr de s'y être préparé et ça le faisait un peu angoissé. Il laissa les aiguilles tourner, puis passa une paume sur son visage pour se réveiller avant de se lever. Il marcha, ouvrit la porte qui l'avait séparé de Lilia, et tant pis pour les regards de ces gens qui les entouraient, il fondit sur elle pour l'enlacer. Dans son cou il enfouit délicatement son nez, trop chamboulé pour pouvoir tout de suite s'exprimer. Il resta un moment à la serrer avant de souffler un petit  « je l'ai », affirmant alors que son dossier avait été approuvé par les autorités.

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia sentait une boule dans son estomac alors qu'elle accompagnait Jay jusqu'au bâtiment imposant. Elle se pinçait nerveusement les lèvres, essayant de lui offrir un sourire encourageant malgré sa propre anxiété. La jeune femme savait à quel point cet entretien était crucial pour lui, et elle voulait être là pour le soutenir, même si elle ne pouvait pas être à ses côtés pendant l'entretien lui-même. Lorsqu'ils atteignirent l'étage approprié, elle pouvait voir la nervosité dans les yeux de Jay alors qu'ils se préparaient à se séparer temporairement. Elle lui donna une accolade réconfortante, murmurant des mots d'encouragement doux à son oreille. Elle voulait lui transmettre toute la confiance qu'elle avait en lui, même si elle ne pouvait pas être présente physiquement pendant son entretien.

Alors qu'il disparaissait derrière la porte, Lilia sentait son propre cœur battre la chamade. Elle se retrouva à errer nerveusement dans la salle d'attente glacée, attendant avec impatience que l'entretien de Jay se termine. Chaque minute semblait s'étirer dans une éternité, et elle priait silencieusement pour que tout se passe bien pour lui. Enfin, après une attente qui lui parut interminable, la porte s'ouvrit et Jay apparut, tenant ses documents en main et un visage passible faisant encore plus trembler la jeune brunette qui tenait à peine debout. Elle avait attendu anxieusement pendant son entretien, se demandant ce qui se passait de l'autre côté de la porte, mais maintenant qu’il était enfin devant elle, elle avait besoin de connaître le verdict final.

Jay s'approcha doucement d'elle, chaque pas pesait sur son cœur tambourinant dans sa cage thoracique. Sans rien dire, la doctorants tenta de lui offrir un sourire doux et encourageant, attendant patiemment qu'il soit prêt à partager ce qui s'était passé. Il l’enlaça et elle le tint doucement entre ses bras, sentant le poids de ses émotions alors qu'il murmurait ces deux mots si significatif. Toute l'anxiété et la tension semblaient fondre alors qu'ils se serraient l'un contre l'autre, partageant ce moment de triomphe. un mélange d'émotions envahit Lilia. Tout le stress et l'anxiété qu'elle avait ressentis tout au long de l'attente semblaient se déverser en une avalanche émotionnelle. Sans pouvoir se retenir plus longtemps, Lilia sentit les larmes commencer à couler le long de ses joues. C'étaient des larmes de soulagement, de joie et de gratitude.

Durant l'entretien, Ji-hun avait tout donné afin de mettre toutes les chances de son côté. Alors, dès que la décision lui avait été confiée, et qu'il avait pu rejoindre la pièce adjacente dans laquelle il était passé, il ne put que chercher une assise sur laquelle s'installer, histoire de retrouver la respiration qui, tout du long, lui avait manqué. Il peinait à croire ce qui avait été décidé puisque tant de fois il avait douté mériter le statut qu'on lui avait conféré. Prise de conscience quant au fait que toutes les activités qu'il avait accomplies par le passé n'étaient pas aussi  « normales » que ce qu'il avait pu penser. Nouveau lui qui s'était détesté d'avoir participé à des barbaries qu'on ne pouvait qualifier, combat désagréable de ses deux identités, parce qu'il était quand même fier de ce qu'il avait réalisé – et traversé. Il avait été persuadé qu'on n'aurait pu l'accepter et pourtant on lui avait prouvé aujourd'hui qu'on le trouvait apte à faire partie de cette société. Montagnes russes qui lui donnèrent presque envie de gerber, mais une demoiselle l'attendait, probablement avec le même estomac retourné. Il ne pouvait plus longtemps la faire patienter, alors il se leva et rejoignit le couloir d'à côté.

Lilia ne s'en était pas allée, le regard du brun se posa aussitôt sur la demoiselle au sourire affiché. Elle se voulait prête à le réconforter ou à le féliciter, et il savait que sur elle il pouvait compter – sur elle il pouvait se reposer. Alors, épuisé, il fondit sur l'épaule en premier, tête penchée, nez contre le cou proposé. Il laissa son poids faner sur le corps mince mais pas moins musclé, elle saura le supporter jusqu'à ce qu'il puisse s'exprimer, jusqu'à ces trois mots qui finirent par s'échapper. Il se permit de la serrer, parce qu'à cette terre, et aux gens qu'il appréciait, il pouvait officiellement s'enraciner, puis la relâcher quelques secondes après. Oh..., fut-il blessé de voir ses larmes couler, ne pleure pas. Il lui demanda, lui essuya du bout d'un doigt. C'est terminé, on s'en va, l'informa-t-il qu'ils pouvaient bouger, tu peux juste m'aider à ranger ça dans mon sac, s'il te plaît ? Tous les documents apportés et ce statut qui allait bientôt évoluer. Il se tourna après avoir cueilli les dernières perles salées, et lui proposa pendant qu'elle l'aidait : on trouve un endroit où se poser ? Un endroit non loin et moins anxiogène où s'attabler, qui leur permettra de se remettre de toute l'anxiété qu'ils semblaient partager.

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia posa son regard bienveillant sur Ji-hun, observant chaque nuance d'émotion qui traversait son visage. Elle était là, prête à soutenir son ami dans cette transition tumultueuse. Alors qu'il s'effondrait sur son épaule, elle accueillit son poids avec une tendresse réconfortante, consciente de l'importance de ce moment pour lui. Ses propres émotions étaient en ébullition, mais elle les maintenait sous contrôle pour être le roc dont Ji-hun avait besoin. Elle écouta attentivement ses paroles, sentant le soulagement dans sa voix mêlé à une pointe de vulnérabilité. Les larmes de soulagement montèrent à ses yeux, libérant toute la tension accumulée pendant l'entretien. «Désolé c’est… l’émotion…» Elle se sentait reconnaissante, émue par sa réussite et soulagée de voir qu'il avait enfin obtenu la reconnaissance qu'il méritait. Jay avait tendrement essuyé ses joues, lui assurant que le cauchemar était fini, tout était derrière eux maintenant et qu’ils pouvaient quitter les lieux en toute sérénité.

La jeune femme reprit doucement ses esprits, se rappelant qu’elle n’était pas seule et que ce n’était surtout pas le moment de s’effondrer. Elle hocha doucement la tête lorsque le jeune homme lui demanda son aide, puis elle s’exécuta. Une fois les affaires rangées, Ji-hun se tourna vers elle avec une proposition d'aller trouver un endroit plus calme pour se poser. Lilia acquiesça avec un sourire tremblant, sentant encore les traces d'émotion sur ses joues. Elle sécha ses larmes avec douceur et ensemble, ils quittèrent la pièce chargée d'émotions pour trouver refuge dans un lieu où ils pourraient se remettre de cette intense expérience et partager un moment de réconfort mutuel. Lilia suivit Jay, laissant son compagnon montrer le chemin vers l'extérieur. Une fois à l'extérieur, elle sentit un poids se lever de sa poitrine, comme si elle avait été libérée d'un fardeau oppressant. L'air frais lui apportait un soulagement bienvenu, dissipant peu à peu la sensation d'étouffement qui l'avait enveloppée à l'intérieur du bâtiment. Elle prit de profondes inspirations, remplissant ses poumons de cet air pur, savourant chaque bouffée comme un antidote à son malaise intérieur. «On est beaucoup mieux dehors !» Soupira-t-elle.

Après l'avoir serré, vint le moment pour Ji-hun de la lâcher, geste de recul qui lui permit de voir les larmes de Lilia tomber. Il s'empressa de les essuyer pour qu'elles évitent de le tacher, la suppliant de ne pas pleurer, parce que le plus dur était passé. Ne sois pas désolé, répondit-il, ses doigts refusant de s'arrêter, c'est moi qui le suis. De lui faire vivre tant d'anxiété alors que ses nuits étaient déjà compliquées. Il lui laissa le temps de récupérer avant de lui proposer de quitter les lieux, de sortir pour respirer au mieux. Papiers enfin rangés, ils purent faire le chemin inverse de celui qu'ils avaient emprunté. Dire au revoir au long couloir qui accueillait tant d'immigrés et de réfugiés, eux aussi pour la plupart apeurés d'être renvoyés. L'atmosphère avait certainement emmagasiné bon nombre de sentiments, c'était compliqué de le décrire comme étant sécurisant. Ils prirent l'escalier et retrouvèrent le rez-de-chaussé, une seule porte les séparait de l'extérieur, les derniers pas furent, pour tous deux, libérateurs.

L'asiatique regarda Lilia, remarqua que sa cage thoracique se souleva. Longuement, répétitivement. Ça va, il s'inquiéta, prenant sur lui pour ne pas lui sembler trop désorienté. La bonne nouvelle n'avait pas fait que de le rassurer, son destin n'était pas encore tout droit tracé, d'autres éléments devront s'ajouter pour qu'il soit pleinement considéré – car sur ses papiers, il sera encore Nord-coréen de nationalité. Je ne connais pas trop le coin, on a qu'à se poser dans le premier café, il lui proposa avant d'avancer. Il avait besoin de s'éloigner, de marcher encore un peu pour s'assurer qu'on n'irait pas jusqu'à l'interpeller pour lui avouer qu'une erreur s'était glissée dans son dossier, que l'officier s'était trompé, qu'il fallait tout recommencer. Tiens, celui-là, fit-il en ralentissant le pas. Il ouvrit la porte et l'invita à entrer. Quelques tables étaient inoccupées, ils purent encore choisir où se placer. Tu as envie de quoi, il l'interrogea, près à demander une carte si elle ne savait pas faire son choix.

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia laissa échapper un soupir de soulagement en sentant les bras de Ji-hun se relâcher autour d'elle. Elle essuya ses larmes d'un geste rapide, souriant faiblement à ses mots réconfortants. Elle suivit silencieusement le jeune homme à travers le dédale de couloirs, se sentant soudainement légère alors qu'ils approchaient de la sortie. Le simple fait de quitter ce lieu chargé d'émotions lui procurait un soulagement indescriptible. Une fois dehors, elle inspira profondément l'air frais, laissant ses poumons se remplir de cette nouvelle liberté retrouvée.

Son regard croisa celui de Ji-hun, notant les signes de tension encore présents dans son corps. Voyant qu’en plus de son stress il s’inquiétait pour elle, Lilia hocha doucement la tête, lui offrant un sourire rassurant. Elle posa délicatement sa main sur son épaule, cherchant à lui transmettre un peu de sa propre assurance, presque inexistante à ce moment mais l’effort était là. «Je vais bien, ne t'en fais pas. C’est surtout toi…» Murmura-t-elle doucement, avec un sourire encourageant. Il était préférable de trouver un endroit pour se poser un moment, prendre le temps de reprendre leurs esprits. Elle acquiesça donc à sa proposition de café, reconnaissant le besoin qu’ils avaient de s'éloigner un peu plus encore.

En entrant dans le café, ils choisirent une table à l'écart afin d’être plus tranquille. La jeune femme prit place aux côtés de Ji-hun, sentant la tension de la journée commencer à se dissiper. Après un moment de réflexion, Lilia opta pour une tisane apaisante, espérant calmer ses nerfs tendus par les événements de la journée. Ensuite, elle décida de se faire plaisir en commandant un délicieux gâteau au chocolat, consciente que le stress avait probablement épuisé ses réserves de sucre. «Je pense que je vais prendre une tisane, ça me ferait du bien. Et une bonne dose de sucre avec un gâteau au chocolat.» Ils avaient le droit de se lâcher aujourd’hui. «Et toi ?» Lui demanda-t-elle avant que le serveur ne vienne prendre le commande.

Bonne nouvelle qu'il traînait, comme un fardeau bien caché. Certes, il n'allait pas être renvoyé dans un pays où l'être humain avait peur pour sa vie, mais le chemin se voudra encore long et épuisant, pour ça il n'était pas certain d'être assez fort, finalement. Mais là n'était pas le plus important, il désirait en premier s'éloigner du bâtiment. Se poser dans un endroit cosy où personne ne posera longuement ses yeux sur lui. Car l'officier en avait assez fait, le Nord-coréen revoyait encore ses yeux le scruter lorsqu'il répondait. Questions banales auxquelles il s'attendait, c'était plus l'ambiance générale de la pièce qui effrayait – surtout quand on savait que beaucoup y avaient été recalés, n'avaient pas obtenu leur papier. Ji-hun ralentit près d'un café, de là où il se trouvait, il lui semblait remarquer quelques tables qui étaient inoccupées. Petit regard en arrière pour s'assurer que personne ne les suivait, il ouvrit la porte, laissa entrer Lilia et passa après.

Il n'en avait que faire de la façon dont il était décoré, ne s'arrêta pas dessus au moment de s'installer. Il enleva son manteau, l'écharpe qui lui serrait la peau, et contre le siège posa son dos. Un café, dit-il, peut-être un double expresso, on verra bien. Manque de caféine avéré, il avait utilisé toute l'énergie qu'il avait. Il n'était pas trop sucré, alors il se contentera de regarder la jeune femme manger. Personne ne t'a embêtée pendant que tu m'attendais, il lui demanda. Un verre d'eau leur fut apporté pour les faire patienter, il en profita alors pour commander. Il y a eu moins de préjugés que je le pensais, commença-t-il avant de boire une gorgée, l'été dernier j'avais été interpellé par un agent en rentrant de vacances, je t'en avais parlé ? À l'aéroport on l'avait arrêté puis interrogé avec une dureté dont il se rappelait, gouttes de sueur qui avaient perlé plusieurs heures après. Il conclut : Rien de similaire.

Son entretien avait été fait dans le respect, un tête-à-tête des plus simples pour échanger sur son arrivée, sur la personne qu'il était, sur les personnes qui l'entourait, ce qu'il faisait et ce qu'il comptait apporter, si jamais il avait une maigre idée. Est-ce que... tu veux savoir pourquoi j'ai tant douté, il la questionna. Il ne lui avait jamais véritablement parlé de son passé, est-ce qu'elle était prête à entendre un bout d'histoire de l'homme qu'elle avait fréquenté et à qui elle s'était donnée ?

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia s'installe avec précaution sur la chaise, la chaleur du café apaisant ses nerfs tendus. Elle observe Jay avec un sourire réconfortant, ils avaient tous deux besoin de répits dans ce moment de tumulte. Il suffit d'un peu de sucre et d'une conversation douce pour apaiser même les pires journées. Le gros était derrière eux maintenant, le cœur est plus léger dorénavant.

Lilia laisse échapper un soupir empreint de compassion, son regard empreint d'une profonde empathie pour Ji-hun. «C'est un soulagement de savoir que tu as été traité avec respect cette fois-ci. Tu as dû endurer tant de pression et d'incertitudes par le passé... C'est admirable de voir à quel point tu gardes ta force intérieure malgré tout.» Lilia sourit doucement, son regard se perdant un instant dans le lointain avant de revenir à Ji-hun. Elle prend une gorgée de son verre d'eau, son expression attentive. «Personne ne m'a embêtée, ne t'en fais pas. J'ai simplement attendu, espérant que tout se passe bien pour toi.» Elle était tellement stressée qu’elle n’a pas eu l’occasion de prêter attention aux personnes qui l’entouraient à vrai dire.

Elle laisse un léger silence avant de répondre à sa question avec un sourire. «Je suis prête à l'entendre. Je veux connaître les épreuves que tu as traversées, les cicatrices que tu portes en silence.» Parce que comprendre son histoire, c'est comprendre une partie essentielle de l’homme qui faisait battre son cœur. Elle voulait être là pour lui, pour l'écouter, le soutenir, et l'aider à guérir, si l’en ressentait le besoin. Le regard de la brunette était doux, mais déterminé, prêt à partager les fardeaux du jeune homme et à les alléger autant que possible.

Verre d'eau apporté, Ji-hun demanda un instant au serveur de rester. Il commanda ce que Lilia désirait et prit un simple café, sans sucre ajouté. À présent ils n'avaient plus qu'à patienter, et quoi de mieux pour ça que de converser, peut-être même un peu plus se confier. Il n'avait jamais vraiment expliqué qui il avait été, d'où il venait, mystères gardés quand bien même avec la jeune femme il sortait. Il ne s'était jamais étalé sur le sujet, mais il ressentait l'envie de céder, parce qu'elle l'avait accompagné, l'avait soutenu dans ce moment si particulier. Il préféra l'interroger, histoire d'être certain qu'elle ait envie de l'écouter. Les mots qu'elle prononça vinrent le confirmer mais il marqua un temps d'arrêt – le serveur revenait, contre sa paume le plateau équilibré. C'est un peu compliqué , il dit ; d'ouvertement en parler, c'était pour ça qu'il avait gardé ça secret, et qu'il attendait qu'ils ne soient que tous les deux pour démarrer. Il espérait sincèrement qu'elle ne le laissera pas tomber.

D'un regard en arrière, Ji-hun s'assura du départ de l'homme qui les avait servi, avant de se repositionner, doigts posés autour de la tasse devant lui. Le dossier que j'ai dû remplir comportait deux dizaines de pages pleines, il commença après avoir pris une longue respiration, un seul petit oubli et j'étais directement recalé. C'était le stress de beaucoup de personnes qui le remplissaient, mais d'autres éléments l'avaient fait paniquer. Et puis il y a eu ces questions, dès la page douze, sur l'armée, l'espionnage de la population, les..., il marqua une pause, baissa les yeux pour les relever quelques micro-secondes après, les camps de travaux forcés. Comprenait-elle ce qu'il était en train de confesser ? Il observa ses traits avant de compléter : j'y ai travaillé. Il décida de murmurer : en tant que doctorant, après avoir été diplômé. C'était peut-être difficile de faire le rapprochement, entre les sciences et les nombreux emprisonnements, mais Lilia était doté d'un cerveau très intelligent.

Ça comprenait la torture de gens qui avaient d'une façon ou d'une autre dénigré le gouvernement, récupération d'organes et de fœtus de corps encore vivants. Au nom du progrès pour la majorité, le reste il ne savait pas où ça partait. Aujourd'hui un peu plus conscient, il se doutait que ça passait la frontière entre les mains de trafiquants. Je n'ai fait qu'assister et transporter, il s'empressa d'ajouter, parce qu'il était loin d'être un meurtrier, même s'il avait été témoin de décès. C'est pour ça que j'ai beaucoup douté, il conclut avant de regarder son café. Il avait été persuadé d'être renvoyé, et objectivement il l'aurait peut-être mérité.

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia écouta attentivement chaque mot que Ji-hun partageait, absorbant non seulement le contenu de son récit, mais aussi les émotions qui l'accompagnaient. Ses yeux, d’une couleur foncée, reflétaient une profonde empathie mêlée à une compréhension silencieuse. Elle pouvait sentir la tension dans l'air alors qu'il révélait ses secrets les plus sombres.

Lilia resta silencieuse pendant quelques instants, laissant les mots de Ji-hun résonner dans son esprit. Elle sentit une onde de choc traverser son être alors qu'elle prenait conscience de l'ampleur de ce qu'il avait vécu. La brutalité des révélations l'assaillait, mais elle refusait de laisser la surprise ou la peur prendre le dessus. Son instinct de compassion et de soutien prenait le relais. Elle regarda Ji-hun avec douceur, ses yeux exprimant à la fois son choc et sa détermination à rester présente pour lui. Même si elle se sentait submergée par l'horreur de ce qu'il avait partagé, elle savait que son propre choc ne pouvait rivaliser avec la souffrance qu'il avait endurée.

Une fois qu'il eut terminé, un moment de silence pesant s'installa entre eux, seulement rompu par le léger tintement des cuillères et des tasses autour d'eux. Lilia prit alors doucement la parole, choisissant chaque mot avec précaution. «Jay… Je suis profondément touchée que tu aies choisi de partager cela avec moi. Je veux que tu saches que je suis là pour toi, peu importe ce que tu as traversé. Tu n'as pas à porter ce fardeau seul. Nous trouverons un moyen d'avancer ensemble, d'accord ?» Elle serra légèrement sa main dans la sienne, transmettant un message silencieux de soutien et d'encouragement. Dans ses yeux, il pouvait voir la promesse d'une présence inébranlable, prête à affronter les défis à venir.