Elle m'écouta alors attentivement et même si elle ne me posa pas de questions sur mes origines, je pensai bien qu'elle aurait sans doute voulu en savoir plus. Mais elle était polie et n'a pas cherché à aller plus loin. Il fallait dire qu'on ne se connaissait pas vraiment alors parler de ce genre de choses aurait pu paraître saugrenu. " En tout cas c’est très joli. " dit elle alors que je lui répondais d'un sourire chaleureux. " Merci " lâchais je finalement, toujours mal à l'aise devant des compliments. Alors que nous commencions à boire nos cocktails, le regard de Zoïa voguait encore vers le couple que nous avions quitté quelques minutes auparavant. Elle continua en me disant que c'était en fait de sa faute et qu'en général elle faisait peur aux gens. Je souris à nouveau en posant ma main gauche sur la sienne : " Si tu faisais peur, pourquoi serais je venue vers toi pour te connaitre ? " demandais je d'un ton taquin. " Je pense peut-être que tu t'y prends mal avec les gens... c'est tout. "

Récapitulons. Un beau jour, Joshua ici présent avait eu une meilleure amie, Zoïa, là-bas présente. Et cette fille était partie du jour au lendemain. Non en fait elle ne comprenait pas. Pas ce qui c'était passé, ça c'était plutôt clair et simple. Joan serait brisée, miettes, par terre, KO, si jamais elle venait à se fâcher avec l'une de ses meilleures amies, tout comme avec son meilleur ami. Elle serait anéanti, pire qu'une rupture amoureuse, parce que ça, ça finit par passer grâce aux-dits amis. Bon ça marche dans l'autre sens, mais il ne lui en avait pas parlé, du coup elle se demandait si dans le cas inverse elle se sentirait capable de lui en parler. Elle ne savait pas trop quoi dire, haussant les épaules, soupirant, un mélange des deux. « Tu l'as mauvaise et t'as rien dit. Je comprends. » Joan sourit, puis secoua la tête négativement. « Non en fait je comprends pas, mais c'est pas grave, on devrait … aller boire quelque chose. »

J'étais très grossier dans mon explication parce que je ne me voyais pas en dire plus. Joan en avait déjà marre de mes batifolages à droite à gauche donc je n'allais pas en rajouter une couche en disant qu'en plus de ça, j'ai couché avec ma meilleure amie peu de temps avant qu'elle ne parte. Ouais non, on va éviter de dire ça. Mais du coup, il ne restait plus grand chose à dire et je n'étais pas certain que ça convienne à ma petite amie. « Tu l'as mauvaise et t'as rien dit. Je comprends. » J'étais rassuré, moi qui pensait que ça n'allait pas être le cas. « Non en fait je comprends pas, mais c'est pas grave, on devrait … aller boire quelque chose. » Ok, j'suis pas rassuré. « Nan, attends. Qu'est-ce que tu comprends pas ? » Oui, forcément, j'voulais connaitre son point de vue sur la situation, ça pourrait peut-être m'aider qui sait.

Joan pesa ses mots, cherchant à se mettre à la place de son petit ami. La jeune femme était du genre à foncer tout droit et si elle se prenait un mur en pleine gueule, elle préférait creuser dedans pour se créer un passage à sa taille, bien qu'elle penche parfois pour l'escalade, histoire de passer au-dessus du problème. Sauf qu'elle avait du mal avec les chutes, du coup quand elle essayait d'éviter les problèmes elle avait toujours mal. « Vous en avez parlé ? Du fond du problème ? À part échangé trois mots ce soir, tu lui as dit ce que tu avais ressenti ? Vous devriez parlé de ce qui s'est passé et sérieusement. »

Sérieusement, je ne pensais pas que j'allais finir par parler de Zoïa à Joan, et pourtant. On y était. Bon, j'avais omis quelques détails parce que je ne voulais pas que ça se termine en engueulade, pas les premiers jours de nos premières vacances ensemble en tant que couple. « Vous en avez parlé ? Du fond du problème ? À part échangé trois mots ce soir, tu lui as dit ce que tu avais ressenti ? Vous devriez parlé de ce qui s'est passé et sérieusement. » Je soupirais, pas vraiment emballé par cette conversation mais il le fallait, pour pas qu'elle se fâche et qu'on ruine notre soirée à tous les deux. « On a parlé, quand elle m'a appelé pour dire qu'elle était de retour à Cambridge. J'lui ai dit qu'elle m'avait blessé et qu'elle allait ramer pour réparer les pots cassés. Et j'sais pas encore si j'suis capable de lui parler... sérieusement. » J'avais pas trop envie d'affronter ma meilleure amie, celle avec qui j'ai couché juste avant qu'elle parte. C'était un facteur de son départ ? I dunno.

Joan soupira, again, un peu dépassée par la situation. Il connaissait son meilleur ami, il l'avait même connu sans qu'elle n'ait eu le temps de les présenter et lui … Lui ne lui avait pas parlé de sa meilleure amie brusquement disparue ce qui l'avait apparemment touché. Mais il n'en avait pas parlé. « Quoiqu'il se soit passé entre vous, j'ai pas l'impression que vous en ayez vraiment parlé, pas assez en tout cas. » Elle allait ajouter de la communication ne semblait pas être leur fort à lui et la rousse, mais elle s'abstint pour éviter d’alourdir un peu plus l'ambiance. Elle lui prit la main. « On devrait retourner avec les autres, ou pas, profiter de la soirée en tout cas. Ou alors je te force à aller d'expliquer maintenant avec elle. »

J'étais pas du genre le plus expressif de la terre, au contraire. J'étais de ceux qui évitaient de trop parler, surtout pour ne rien dire. Du moins, tout ce qui concernait les sentiments. Je remarquais d'ailleurs ça par le fait de n'avoir rien avoué à ma petite amie. Duh, j'avais pas géré sur le coup, je l'avoue. Mais bon, là elle en apprenait un peu plus et ça devait la rassurer que je l'implique un peu dans cette histoire. « Quoiqu'il se soit passé entre vous, j'ai pas l'impression que vous en ayez vraiment parlé, pas assez en tout cas. » Je haussais les épaules. Ouais, clairement. On en avait pas parlé du tout limite donc forcément, ça n'aidait pas. « On devrait retourner avec les autres, ou pas, profiter de la soirée en tout cas. Ou alors je te force à aller d'expliquer maintenant avec elle. » Je regardais les autres avant de reporter mon attention sur Joan. « Le chantage, c'est mal. » disais-je avant de lancer un regard vers Zoïa. « Va pour rejoindre les autres. » Mon dieu que cet été allait être long. Très long.