Demande soufflée. Espoir de gain. C'était sans doute illusoire. Il n'était jamais possible de gagner sur les deux tableaux à la fois. Cela ne pourrait pas fonctionner. Je le sentais quelque part. Je le savais quelque part. Je ne pouvais pas avoir Harlem et Yohan dans mon existence. Le choix devait être fait. Non. Le choix avait été fait. J'avais choisi Yohan même si je plongeais un peu trop dans un total inconnu avec lui. J'avais choisi Yohan même s'il imposait plus que n'importe qui. J'avais choisi Yohan parce que, putain, le cœur l'avait choisi tout simplement. Je l'avais choisi et je m'y étais fait. Je m'étais fait à l'idée qu'Harlem ne soit plus dans mon existence. Ça avait fonctionné sans soucis. Entre le travail et l'amoureux, j'avais suffisamment la tête occupée pour ne plus penser à mon fantôme du passé. Cependant, il s'était pointé de nouveau. Par message. Pour de vrai. Et ça bouleversait tout. Alors, je venais quémander qu'il parle à Yohan pour que ça puisse fonctionner. Je venais demander qu'il aille dire les choses à Yohan comme pour les avoir tout les deux dans ma vie. Foutue illusion. Pourtant, Harlem ne refusait pas. Pas tout de suite en tout cas. Il y avait des conditions. Ça me faisait froncer les sourcils et le « Tout le monde ? » m'échappait sans que je ne le contrôle. De qui parlait-il ? J'hochais simplement la tête au reste des mots. J'hochais simplement la tête à l'absence d'amour. Je le savais. C'était juste normal. De toute manière, personne ne pourrait jamais m'aimer éternellement. J'en avais bien trop conscience. Mes prunelles suivaient les mouvements d'Harlem en silence. Et je gardais la main serrée sur la seringue dans ma paume. Je la gardais dans l'attente qu'Harlem s'en aille et que je puisse sombrer. Il m'avait vu. Il avait eu ses réponses. C'était terminé à présent.

Réponse non obtenu. Déplaisante situation. Tout le monde... Ça incluait qui ça ? Ses frères ? Ses plans cul ? Ou bien... Est-ce qu'il y avait quelqu'un d'autre dans son existence ? Quelqu'un qui avait su effacer les sentiments amoureux à mon égard ? Cette idée provoquait une douloureuse pique dans le coeur. Ça déplaisait autant que ça pouvait faire plaisir. Mes iris clairs suivaient le mouvement lorsqu'il se relevait péniblement. J'avais envie de lui dire de rester. Je voulais lui proposer de prendre soin de lui. Je ne voulais pas qu'il parte avec ce sang. Je ne voulais pas être un monstre. Je refusais d'être ce monstre. Pourtant, aucun mot ne voulait franchir mes lèvres. C'était comme si je savais déjà que lui proposer de rester et de prendre soin de lui était une mauvaise idée. Trop de proximité après ces vérités. Je ne voulais pas. Je ne pouvais pas. Le baiser sur ma tête me poussait à fermer les yeux et les poings se serraient aux propos. Il ne partirait plus... Quelque part j'avais envie d'y croire. Mais, au fond, je savais que cela ne pouvait pas être la vérité. Cela ne l'était jamais. Tout le monde finissait par partir. Volontairement ou pas. Lorsqu'il parlait de la seringue, je me contentais de la serrer encore plus dans ma main refusant de la lâcher. Ange qui refusait de décrocher. Ange qui s'accrochait encore à son seul remède. Je marmonnais à peine un « À plus tard » lorsque la porte se refermait déjà. Il ne m'avait sans doute pas entendu. Et je restais là échoué au sol. Je restais là. Des minutes. Des heures. Je finissais par juste glisser dans ma déchéance. Ange solitaire. Ange se réfugiant derrière les murs qu'il avait toujours connus. Ange se cachant derrière la drogue salvatrice jusqu'à ce que le sommeil ne le fauche.