La compétition ne s'était pas terminée comme il l'avait espéré. Genoux éraflés et bras griffés par la flore rencontrée, Ji-hun et son équipe n'avaient pas gagné mais les épreuves avaient été à la hauteur de ce qu'il s'était imaginé. Pour le dernier jour en Équateur une soirée avait été programmée, et ce fut naturellement qu'il décida d'y assister. Feu de camp installé sur la plage, il marqua de quelques pas son passage. Autour de la grande flamme les touristes et compétiteurs s'étaient rassemblés pour fêter la fin de la première étape du Summer camp auquel ils participaient. Festin de roi étalé, produits locaux toujours valorisés, les boissons servirent à trinquer avec ceux qu'on connaissait moins et ceux qu'on avait apprécié. Ji-hun parla avec quelques personnes qu'il avait croisées au cours du voyage organisé, se nourrit de quelques mets qui avaient été cuisinés, les tables de nouveau remplies aussitôt vidées.

Plus tard dans la soirée, alors qu'il s'était stoppé près d'un groupe que le sien avait défié, il repéra Lilia. Il suivit du regard la demoiselle, de qui il était resté tout ce temps sans nouvelles, attendit que ses yeux viennent à le croiser pour lui sourire et, d'un geste de la tête, la saluer. Silencieusement bien sûr, puisque quelques mètres les séparaient. Il ne savait pas pourquoi elle avait décidé de ne plus lui parler, mais il n'était pas du genre à s'arrêter sur ce genre de détails – merci la maturité. Un autre mouvement du chef l'invita à s'éloigner, à se diriger vers l'eau qui allait et venait sur le sable frais et mouillé. Il faisait assez chaud, c'était le bon moment pour se retrouver, puisqu'après ils seront séparés jusqu'à la rentrée. Il s'excusa auprès des hommes avec qui il discutait puis s'évada vers l'océan qui se balançait, son gobelet à moitié rempli à la main. Tu voulais m'éviter, lui demanda-t-il une fois qu'elle l'eût rejoint; n'aimait-elle plus partager ses câlins ?

La dernière nuit en Équateur était arrivée, Lilia était presque déçue d’en arriver déjà là. Son séjour s’était tellement bien passé qu’elle en voulait encore plus. Mais ils n’allaient pas quitter ce beau pays comme des voleurs, les organisateurs avaient prévu une belle soirée sur la plage pour marquer le coup et célébrer cette dernière nuit. Lilia n’allait certainement pas rater ça. Avec Mina, elles s’étaient toutes les deux préparées dans leur chambre qu’elles partageaient pendant tout ce séjour, c’est donc d’une beauté qu’elles rejoignirent tout le monde sur la plage. Sa petite robe était bien mignonne mais elle espérait ne pas avoir froid plus tard puisqu’elle était beaucoup trop têtue pour prendre une veste.

Papotant d’un groupe à l’autre, il y avait tellement de monde qu’elle connaissait. Lilia se baladait telle une abeille, d’un clan à un autre, saluant certains et faisant des gestes de main et sourire à d’autres. Elle avait pris un gobelet au passage, ce n’était pas du vin mais elle pensait survivre quand même. Alors qu’elle était en pleine conversation avec Mina et un groupe d’amis, son regard croisa celui de Jay. Inconsciemment, son sourire s’était agrandi et les battements de son cœur s’étaient accélérés. Bizarrement elle était heureuse de le revoir, elle ne pensait pas que ce silence radio allait autant l’affecter. Elle garda cependant la tête froide lorsqu’ils se saluèrent de loin mais elle n’hésita pas à la rejoindre lorsqu’il l’invita par un signe de tête. La fermeté du sable mouillé leur permettait de se déplacer plus facilement de ce côté là. Lilia s’était débarrassé de ses sandales plus tôt dans la soirée, elle les tenaient de sa main gauche pendant que l’autre s’occupait de son goblet. Lorsqu’ils furent tous deux à la même hauteur, Lilia tourna son regard vers lui surprise de ses dires. «T’éviter ? Pas du tout ! Qu’est-ce qui te fait dire ça ?» Elle, l’éviter ? On aurait tout vu ! Pourquoi pensait-il cela ? C’est en faisant marcher quelques peu ses méninges qu’elle se demandait s’il ne faisait pas écho à leur silence radio. Ce n’était pourtant pas de sa faute, c’était bien lui qui avait insinué vouloir passer tranquillement sa compétition. «C’est pourtant moi qui pensait que tu vivais bien ta compétition sans avoir de mes nouvelles…» Elle en était presque attristée d’ailleurs, mais elle n’était pas du genre à faire du "forcing" alors elle avait laissé couler.

Le sable marqué par ses empreintes, Ji-hun s'éloigna du feu de camp et rejoignit un bout de l'océan. Yeux rivés sur le balancement de l'eau, il attendit sagement Lilia qui ne tarda pas. Il put boire une dernière gorgée avant de lui confier la mauvaise impression qu'il avait ; tenterait-elle de l'éviter ? Ah oui, pas du tout, répéta-t-il d'un ton interrogateur, alors qu'il aurait juré l'inverse en mauvais parieur. Elle ne semblait pas même au courant qu'elle l'avait laissé en plan, un vu au dernier mot qu'elle avait reçu. Elle n'avait pas répondu à sa question, n'avait pas essayé de revenir après sa mauvaise supposition. Tu n'as donc pas vraiment lu, conclut-il, puisqu'il lui avait affirmé que ce n'était pas ce qu'il avait insinué ; peut-être ne l'avait-elle tout simplement pas cru, et il en était fort déçu. Ça semblait être le fort des demoiselles qui vivaient dans le Massachusetts, d'un tas d'incompréhensions voulaient lui faire perdre la tête. Il n'ajouta rien un moment, préféra le silence en s'hydratant.

Boisson sans alcool menée à ses lèvres, il la dévisagea, se demanda si ça fera partie aussi d'un de leurs tracas. Mais peut-être s'était-il mal exprimé, qu'il aurait dû le faire avec plus de clarté, alors il se permit de reformuler, même s'ils ne pourront rattraper tous ces jours envolés qu'ensemble ils auraient pu passer : j'espérais simplement que tu me contredirais, que tu ajouterais que tu t'en moquais de me voir très souvent, ou que tu ne pouvais de toute façon plus te passer de moi... Un truc comme ça. Mais ce n'était pas grave, et ça aussi il l'ajouta – que ce soit vrai ou pas, ça avait été bête d'en arriver là. Ce qu'il disait, il le pensait. Ce qu'il disait, il le faisait. Le nord-coréen croyait sincèrement qu'elle avait compris ça. Je n'ai pas pu profiter des maillots de bain que tu avais choisi pour moi, c'est dommage, remarqua-t-il. Il espérait au moins que d'autres avaient pu en profiter, ça aurait été malheureux qu'elle ne puisse les montrer après tout le mal qu'elle s'était donné pour les trouver.

Tu peux quand même me raconter ce que tu as fait, avant que je ne sois obligé de te ramener aux potes que tu as laissés, se montra-t-il curieux de ce qui avait rythmé son séjour, alors qu'il fit quelques pas de plus vers le grand bleu, histoire de faire tous les deux un petit tour.

Lilia était enfin heureuse de pouvoir le revoir et renouer le contact qu’ils avaient perdu il y a quelques semaines maintenant. L’excitation s’éteint tout à coup lorsqu’elle comprit que le mal entendu et son interprétation n’ont fait que décevoir le jeune brun. Il semblait lui en vouloir. Si si, elle avait bien lu, mais elle avait compris autre chose. Elle croyait pourtant avoir bien fait en le laissant profiter de sa compétition, certes, elle aurait aimé qu’il partage les ressentis et anecdotes qu’il aurait vécus pendant ces semaines mais elle ne voulait pas le bousculer et le déranger tous les jours. Elle avait compris que la voir tous les jours allait être étouffant… Ce qui l’avait d’ailleurs refroidie.

Elle resta silencieuse, ne sachant quoi dire lorsqu’il l’accusa d’avoir mal lu son message. Sa bouche s’ouvrait et se refermait tel un poisson dans l’eau, incapable d’en sortir mot, sa main écrasant presque son gobelet en main de stress. Un silence presque gênant s’installa entre les deux jeunes pendant que le regard de la jeune brunette se perdait devant l’océan sans fin. Alors qu’elle tourna sa tête vers lui pour s’exprimer enfin, il prit la parole encore une fois, mais cette fois la laissant dubitative, les sourcils levés et les yeux grands ouverts. «Parce que c’est vraiment le cas Jay ! Je me moque de te voir souvent… ou même tous les jours…» Elle s’en voulait maintenant qu’il avouait ce qu’il avait réellement pensé de la situation. Ses interprétations étaient fausses bien évidemment. «Je suis désolé… je croyais que tu commençait à te lasser de moi après nos rencontres successives à Boston…» Elle était bête mais elle préférait s’en assurer plutôt qu’interpréter tout ça dans un sens différent, avoir de l’espoir pour ensuite se faire détruire. Elle préférait donc jouer à la petite huître et s’enfermer dans ses idées négatives ce qui lui coûtait de temps en temps. «Si tu ne m’en veux pas trop, tu pourras toujours les voir lorsque tu m’apprendras le papillon comme promis.» Elle laissa sa phrase sous forme d’interrogation, au cas où il refusera tout contact dans le futur. Et ce n’était pas ce qu’elle espérait.

Ils finirent par décider de continuer leur conversation tout en marchant aux côtés des petites vagues nocturnes. «Je pense qu’ils se débrouillent très bien sans moi. Ils ne t’en voudront pas de m’avoir volée pour la soirée.» Fit-elle avec un petite rire amusé. «J’ai bien profité du pays et des activités qu’ils avaient organisées pour le séjour. C’était très amusant !» Lilia n’avait pas regretté s’être inscrite pour cette première partie. Mais elle avait également remarqué les égratignures un peu partout sur les bras et jambes du jeune homme. «Et toi ? C’était divertissant la compète ? Tu ne t’ai pas fait trop mal j’espère… J’ai vu que tu étais pas mal amoché.» Ça l’attristait de le voir avec toutes ces blessures mêmes si elles n’étaient que superficielles.

Ji-hun aurait pu s'amuser des mots qu'elle avait décidé d'employer, plaisanter quant au fait que « se moquer » signifiait aussi que c'était sans intérêt de le croiser, pourtant il retint la blague, préféra jeter un œil sur les vagues ; il savait garder son sérieux quand la situation l'exigeait. Le sourire s'afficha et, négativement, la tête s'agita ; comment avait-elle pu penser ça ? En tant que doctorant, il ne sortait déjà pas souvent, ça serait dommage de ne pas apprécier côtoyer les gens qu'il appréciait, affirmant qu'il en avait assez de les voir se greffer à un emploi du temps très chargé. Il avait besoin des autres pour pleinement exister, il maudissait la solitude lorsqu'elle le collait de trop près. Je t'en veux, lâcha-t-il avant de boire une gorgée de jus, mais pas à tes maillots. Alors je ferai un effort. L'esquisse s'agrandit ; c'était une plaisanterie. Ils iront nager tous deux en toute tranquillité. Ils avaient jusqu'à fin septembre pour se décider à programmer cette petite échappée dans l'océan, là où il avait déjà fait quelques brassées.

Ils marchèrent en suivant le bord de l'eau, et Ji-hun regarda vers le feu allumé, là où la grande majorité des touristes s'étaient agglutinés. Elle semblait dire vrai, puisque personne ne les suivait. Ils ne paraissaient pas se demander où elle était passée, il pouvait la garder rien que pour lui un temps de la soirée. Je suis content que ça t'aie plu, se montra-t-il sincère. Et ce, malgré le couac qu'ils avaient vécu. Il fallait en profiter, ce n'était pas tous les jours l'été. Oh, ça, vérifia-t-il ses avant-bras, je suis tombé dans un chemin escarpé. Quant aux genoux, j'ai glissé à cause d'une flaque pendant une épreuve de stop. Ça avait pas mal saigné, mais il ne s'était pas mis en danger. Ça l'avait simplement empêché d'arrêter une voiture qui passait, le temps de se soigner, et ça l'avait dégoûté. Outre ça, je me suis amusé, dit-il pour lui faire oublier, ça a été une expérience enrichissante. L'amabilité des gens avait été le plus étonnant. Personne ne les avait laissé tomber, même s'ils n'étaient que de parfaits étrangers.

Je pense que j'aurais gagné si j'avais eu tes câlins pour me motiver, ajouta-t-il, de quoi la faire un peu culpabiliser. Il souriait tout de même pour ne pas trop l'accabler. Il avait perdu, mais le principal avait été de participer – c'était pour ça qu'il avait payé. Il ralentit pour admirer l'immensité, l'horizon qui séparait l'eau du ciel étoilé. Ça te dérange si on s'arrête là, lui demanda-t-il, je ne sais pas du tout où ça mène par là-bas. Et la lune n'était pas entière pour les guider, valait mieux ne pas trop s'éloigner. Tes frères sont au Summer camp eux aussi, l'interrogea-t-il ; lui tomberaient-ils dessus pour avoir éloignée leur soeur adorée de la zone qu'ils surveillaient ?

Un vrai quiproquo s’était installé entre les deux jeunes doctorants. Lilia pensait avoir bien fait mais, en fin de compte, la situation ne s’était qu’aggravée et elle avait créé un fossé entre eux pendant toute cette semaine de vacances. Elle s’excusa aussitôt ses pensées partagées, elle ne voulait pas que toute cette histoire dure plus longtemps et espérait qu’ils allaient passer à autre chose rapidement. Elle ne souhaite pas qu’il lui en veuille et pourtant c’était le cas. La situation était sérieuse mais la dernière phrase du jeune brun réussit à lui faire échapper un sourire. «Je n’oublierai pas de remercier mes maillots de m’avoir sauvé alors.» plaisanta-t-elle également.

Ils continuèrent leur petite marche laissant le bruit et la fête derrière eux. Lilia lui raconta son séjour et tout ce qu’elle avait fait d’amusant, elle n’avait pas regretté cette petite escapade en Amérique du Sud. Mais elle était pourtant inquiète de voir les blessures superficielles un peu partout sur le corps du jeune asiatique. Elle espérait surtout qu’il avait réussi à soigner tout ça correctement même au fin fond de l’Amazonie. «Le plus important c’est que tu sembles t’être bien amusé. Malgré les blessures.» Elle ne s’attendait tout de même pas à sa dernière remarque, elle le regarda faussement choquée. Lui en voulait-il réellement ou était-ce une autre manière pour la faire culpabiliser. «C’est encore une fois de ma faute hein ! Tu n’avais qu’à demander aussi.» C’était sa façon de retourner la situation afin qu’elle ne culpabilise pas davantage.

Alors qu’ils s’éloignaient de plus en plus du feu de camps, la lumière se faisait moindre et le chemin devenait presque invisible. Jay décida alors de mettre fin à leur marche afin qu’ils ne se perdent pas à l’horizon et Lilia hocha la tête en signe d’approbation. «Oui ils ont tous décidé d’y faire un saut mais à des dates différentes. Du coup Nath, l’aîné, et Tayden, le benjamin, ce sont ratés. Nath a déjà quitté le camp.» Lilia était heureuse d’avoir enfin réussi à calmer la petite tension qui s’était créée entre Simon et elle. Ils avaient du coup passé un bon petit moment en Équateur.

Ji-hun s'était éclaté, ça l'avait changé du quotidien qu'il vivait, mais quatorze jours étaient bien assez. Demain il s'envolera pour Boston, et reprendra le chemin du labo et du boulot. À nouveau il se concentrera sur ce qu'il avait laissé, et retrouvera les étudiants qui n'étaient pas partis en vacances cet été. Il prépare sa prochaine conférence, et participera peut-être à quelques soirées chez l'un ou l'autre des potes qu'il s'était faits. Pendant ce temps-là, Lilia sera en Europe, et devra probablement attendre la rentrée pour la recroiser, cette fête était le moment parfait pour lui emprunter quelques instants avant de la laisser filer, rejoindre ses amis qui l'attendaient. Je m'en rappellerai, rit-il lorsqu'elle lui renvoya la balle. La prochaine fois il demandera, ou avisera d'une façon à laquelle il pensait déjà ; peut-être que ça ne lui plaira pas, mais il tentera.

Pour ça il l'interrogea sur la présence de ses frères au Summer camp, étaient-ils présents ou voyageaient-ils entre d'autres frontières en attendant ? La réponse ne tarda pas : l'aîné était absent, les autres voguaient au rythme du vent. Ji-hun acquiesça, la tête émit quelques mouvements avant de se tourner vers le feu de camp. Ils s'en étaient éloignés, ne devaient ressembler qu'à deux silhouettes égarées dans l'obscurité, aucune chance qu'on puisse vraiment les reconnaître, même pas sûr qu'on puisse véritablement les remarquer, puisque tout le monde profitait de la soirée. C'était l'opportunité rêvée, et il ne la laissa pas passer. Sans un mot prononcé, il se tourna puis se plaça devant la doctorante qui se tenait à son côté dans le but de l'enlacer. Il se pencha, longea les côtes, ce fut dans son dos qu'il croisa les bras et, d'une pression subtile, de lui il la rapprocha.

Il ferma les yeux, et de son nez huma le parfum de sa peau. Est-ce que c'est mieux comme ça, lui demanda-t-il en parlant doucement ; n'était-ce pas elle qui venait de lui suggérer d'être plus entreprenant ? Contre la naissance de son cou il sourit, lèvres frôlant de leur mouvement cette partie, sans pour autant paraître impolies. S'il ne voulait pas de problème avec les frères de la demoiselle, il n'en était rien du pseudo-fiancé qu'on lui avait refilé. Ji-hun ne lui portait pas grand intérêt. Elle pouvait bien être engagée avec un homme surclassé, ça n'allait pas l'empêcher de la câliner, tant qu'elle appréciait cette proximité – il ne serrait pas assez pour la forcer, elle pouvait évidemment le repousser si elle le souhaitait.

Lilia finit par retrouver le sourire auprès de Jay, elle avait peur qu’il lui en veuille réellement après ce malentendu. Elle n’aimait pas être responsable d’une relation brisée, alors que la leur commençait à peine de se tisser, doucement mais sûrement. Le temps était légèrement frisquet mais pas assez pour les faire quitter le bord de mer. Ils continuèrent donc leur petite marche ainsi que leur discussion.

La fratrie Arnault s’était toute réunie au summer camp cet été. Un planning différent mais Lilia avait réussi à tous les revoir ici avant que chacun ne continue ses vacances ailleurs. Lilia devrait d’ailleurs se préparer à quitter l’Equateur pour la France, mais pour l’instant elle allait profiter de sa dernière soirée avec le jeune doctorant. Elle était bien contente qu’il l’ait embarquée dans cette petite marche nocturne. Ils avaient au moins réussi a éclaircir leur situation et rétablir leur amitié.

Alors qu’ils s’étaient tous deux arrêtés afin d’éviter de se perdre dans le noir, Jay se vint se placer devant elle. Un sourcil arqué, ne comprenant pas trop ce qu’il comptait faire, jusqu’à ce que Jay coupa court à son interrogation en l’enlaçant. Elle était surprise mais qu’agréablement surprise. Lilia répondu instinctivement à son étreinte en l’entourant de ses petites mains, leurs corps se rapprochèrent et un sourire s’afficha sur ses lèvres. Elle sentit les siennes contre elle et ferma aussitôt les yeux pour mieux profiter de cette étreinte. «Beaucoup mieux oui.» répondit-elle sur le même ton. Une étreinte qui ne la rendait pas indifférente c’était certain, elle les sentit les papillons dans le ventre et aurait aimé que tous deux ils ne se relâchent jamais.

Étreinte engagée dans une nuit qui les couvrait, Ji-hun sentit les mains de la vacancière répondre à la proximité, et il en fut d'autant plus heureux qu'il se permit davantage de la serrer. Elle n'avait pas perdu du parfum qui l'avait enivré la première fois qu'ensemble ils s'étaient allongés. Long sommeil durant laquelle il s'était étonnamment bien reposé, pour une première nuitée toute entière dans les bras d'une femme qu'il ne connaissait guère, ça avait eu le don de l'étonner – et il était prêt à très vite recommencer. Le contraire m'aurait surpris, Miss, chuchota-t-il dans le bas de son cou, là où ses lèvres étaient logées. Les poumons avaient la même rythmique, la respiration répondait à la même logique, faisait que le torse et la poitrine, forcément, se rapprochaient. Il pouvait en deviner le bonnet, pas très profond, mais c'était ce qui lui allait – sur elle c'était carrément parfait.

Il profita encore un peu de sa douceur avant que ne vienne le moment de se redresser, parce qu'à quelques pas de là des gens approchaient. Il reprit la position initiale qu'il occupait avant qu'il ne vienne l'enlacer, puis regarda l'horizon comme si de rien n'était. Demain je repars pour Boston, et toi tu t'envoles pour l'Europe, résuma-t-il ce qui les attendait une fois qu'ils en auront terminé avec le feu de camp duquel il profitait, j'espère qu'on gardera contact cette fois. Qu'ils ne resteront pas des semaines sans se parler, sans savoir ce qu'ils pouvaient bien faire ou où ils pouvaient se trouver. Profite bien de ton été là-haut, parce que je compte bien abuser de ton temps pour compenser celui qu'on n'a pas passé en Équateur, dit-il plaisantin ; la jolie brune était au moins prévenue par le Nord-coréen. Ses yeux se déverrouillèrent du paysage obscur de l'océan pour se porter sur la fête où se tenaient tous les participants.

On devrait les rejoindre et s'amuser, lui proposa-t-il qu'il était temps pour lui de la ramener. Il la regarda à nouveau, puis la dévisagea du bas du faciès jusqu'en haut. Tu es vraiment magnifique ce soir, la complimenta-t-il avant de s'alarmer : fais attention quand même quand tu repartiras à ton hôtel dans le noir. Il lui sourit avant de l'inviter à marcher, laissant le silence les accompagner, jusqu'à ce qu'elle puisse rejoindre ses amis qui lui demandèrent probablement où elle était passée ; mais c'était un secret, pas vrai ? C'était, en tout cas, ce que disait le clin d'œil qu'il lui avait offert avant qu'il ne retrouve ses pairs.