La vie de Thanom semble être stressante de par le côté médiatisé de son existence. Ji-hun ne comprend pas tellement à quel point il peut être ainsi mis sous le feu des projecteurs ; parce qu'il est le « fils de » ou parce qu'il est un artiste ?

« Je suis content pour toi, mais on va éviter les détails. »

Il rit, posé sur le banc mis à disposition sur la terrasse à l'arrière de la maison. Ce n'est pas que c'est un sujet qui le dérange, mais il n'a pas l'habitude d'entrer dans le vif du sujet avec des personnes qu'il ne côtoie qu'à peine. Ça viendrait à lui demander de se confier également, et en ce moment, il préférerait qu'on oublie le sujet ; d'autant que, célibataire depuis peu, les rapports physiques manquaient cruellement.

« Et bien, pour les mêmes raisons que tu veux qu'il t'accompagne ? »

L'homme en question pouvait tout aussi bien être attiré par l'Asiatique après cette unique nuit passée à ses côtés. Peut-être même qu'il était entrain de le chercher, qui sait ?

« C'était clair entre vous, au moins ? »

Ji-hun est habitué à mettre les choses au clair dès le début de ses relations : il ne fallait pas attendre de lui grand-chose de sérieux, si ce n'était son respect pour la personne avec qui il couchait.

07 mai – À peine rentré depuis quelques heures de New-York city, le tri des photographies prises durant le séjour avait été l'activité principale de ce début de soirée. Beaucoup de lieux avaient été visités, et ils avaient participé à une soirée d'une exception démesurée ; de nombreuses images mémorables dont il ne pouvait poster que l'essentiel. Tâche compliquée de la sélection presque achevée, l'écran de son téléphone affiche soudainement l'entrée d'un appel.

« Oui, Thanom ? »

L'écran semble tourner vers le plafond, il ne voit pas grand-chose hormis le lustre de la pièce où l'appareil téléphonique se trouve.

« Thanom, c'est toi ? »

Il répète de sa chambre qu'il occupe seul ce soir, sa colocataire prenant d'ordinaire congé le vendredi pour ne revenir que lundi.

Le téléphone se met à bouger, des griffes et des poils apparaisse. Ji-hun pense même croiser la truffe d'un chien, mais il n'est pas très sûr. Le plafond réapparaît subitement dans son champ de vision, puis c'est Thanom qui fait son apparition.

« Thanom, tu étais passé où ? »

Il plisse les yeux, amusé par la situation. Mais l'empressement du jeune homme le surprend, et l'excuse est donnée. L'animal de compagnie de l'Asiatique a fait des siennes ; c'est ce qu'il comprend.

« Oh, très bien. On se parle une prochaine fois alors. Bonne soirée. »

Il a, de toute façon, encore beaucoup de photographies à trier.

Le ton de Thanom est bien différent de ce à quoi Ji-hun est d'ordinaire habitué, mais il ne peut se résoudre à forcer les personnes à lui parler. Parfois le temps apaise les maux, l'Asiatique saura où le trouver si, vraiment, il a besoin de se confier.

Ji-hun acquiesce lorsque ce dernier insiste à dire que c'est son chien qui a appelé, lui sourit par bienveillance et le salut rapidement d'un geste de la main avant de pousser sur le bouton qui met fin à l'appel.

14 juin, 8pm – Ji-hun sent son portable vibrer dans la poche arrière de son pantalon, mais il est encore en compagnie de Noélie, ne trouverait pas ça poli de décrocher ici. Il laisse donc son appareil l'appeler jusqu'au moment où les secondes d'inactivité obligent le réseau social à raccrocher ; il verra une fois qu'il aura quitté la demoiselle qui pouvait bien vouloir le contacter.

Dix minutes plus tard, il dit au revoir, et tourne les talons pour rejoindre l'arrêt de bus le plus proche, encore un peu enchanté par les deux heures passées à ses côtés. Il profite de la marche pour regarder qui peut bien l'avoir fait sonner, et lorsqu'il voit que c'est Thanom qui a tenté de lui parler, essaie à son tour de le contacter.