Des moments de complicité qui ne leur étaient que trop peu accordés à cause de leur thèse à terminer, mais ils existaient, c'était tout ce qui comptait. L'un et l'autre faisaient en sorte de se retrouver, de glisser un peu d'affection dans leur emploi du temps chargé. Que ce soit au déjeuner, au dîner ou lors d'une nuit enlacés, ils arrivaient fort bien à allier leur couple et' les responsabilités. D'autant que dans moins d'un mois Ji-hun s'envolait, sur un continent bien trop éloigné de celui où ils vivaient. Huit semaines séparés, c'était donc le moment d'en profiter. Baiser volé, si bref que personne n'eut le temps de le capturer si ce ne fut la demoiselle qui l'eut reçu. Il goûta à une bouchée, mâchoires en mouvement pour la mâcher, s'empreigner des saveurs qui finissaient par s'épouser, comme ces doigts masculins et féminins qui s'étaient imbriqués. Il se laissa aller à imaginer des rues dont il n'avait jamais entendu parler, le simple engouement de Lilia aidait à ce que le décor soit planté. Petites rues aux gros pavés, murs faits de pierres de siècles passés, ponts et Églises qui n'avaient pas bougé, et de grands jardins verdoyants sur lesquels s'installer et se prélasser.

Il ne cessa de la regarder, son visage illuminé par des envies de s'évader, même dans le silence elle savait les partager. Ce n'est pas mal, il minimisa ses pensées pour la taquiner. Bien évidemment qu'il était enchanté, surtout si ce n'était pas qu'une façon plus agréable de voyager. Et on déposera un cadenas, il demanda, puisqu'on sera à « Paris, ville de l'amour », autant en profiter pour en acheter un et l'accrocher. C'était d'un cliché, mais l'idée lui plaisait. Avec leurs initiales inscrites à l'encre indélébile, pour lui donner encore plus de style. Il n'était pas encore au point de lui promettre l'éternel, ne lui avait pas encore poussé des ailes, mais il l'appréciait assez pour que le geste puisse compter. Pourquoi tu ne vérifierais pas, il lui proposa, sans vraiment réfléchir à ce qu'il en sera. Contre son cœur, de mettre sa paume à plat ; est-ce que tu sens combien il bat ? Ce n'est pas tant pour le voyage, les souvenirs ou l'aventure, mais pour toi. Et plus elle patientera, plus vite il ira. T'as soif, finalement il brisa, parce qu'être pratiquement à découvert le gêna, le jus de fruits doit être encore frais. Rapidement il se releva, et du panier s'approcha pour sortir verres et bouteille apportés.

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia baissa les yeux vers son bien aimé, les joues roses et un léger sourire aux lèvres alors qu’il venait de sceller leurs lèvres d’un baiser furtif. Elle serra un peu plus fort ses doigts entre les siens alors qu’elle lui contait avec enthousiasme son imagination de leur futur voyage à Paris. Ces petites rues pavées, ces jardins où ils pourraient passer des heures à simplement être ensemble. La brunette lui rendit son regard, un sourire en coin jouant sur ses lèvres. Elle aimait ces moments où il la taquinait, où l’ironie et la sincérité se mêlaient dans ses mots. Quand il évoqua l’idée du cadenas à Paris, elle rit légèrement. «Un cadenas à Paris, hein ?» Dit-elle en levant un sourcil amusé. «Je ne savais pas que tu adorais les clichés.» Le taquina-t-elle. Mais au fond, l’idée lui plaisait aussi. Une petite touche de romantisme clichée qu’elle ne pouvait pas complètement rejeter. Paris, ville de l’amour, pensait-elle. Peut-être qu’un jour, ce cliché deviendrait leur réalité, scellée par un simple cadenas portant leurs initiales. Pour l’instant, elle était contente de simplement être là, avec lui, dans ce moment suspendu.

Lilia déposa sa main sur son cœur comme il l’avait proposé, sentant le battement régulier sous ses doigts. Son propre cœur accéléra légèrement, synchronisé avec le sien dans ce moment partagé. «Je le sens, oui,» murmura-t-elle, sa voix à peine audible. «Je sens combien il bat.» Quand il se leva pour chercher le jus de fruits, elle observa chacun de ses mouvements avec tendresse. Il était tellement sincère dans son intention de bien faire. «Je ne refuserai pas un verre de jus, merci.» Répondit-elle en se redressant légèrement, profitant de ce répit pour rassembler ses pensées. Elle attrapa le verre qu’il lui tendait, leurs doigts se frôlant brièvement. «À notre futur voyage.» Dit-elle en levant son verre, son regard plongé dans le sien. «Et à tous les clichés que nous vivrons ensemble.» Elle but une gorgée, savourant le goût sucré du jus et le moment qu’ils partageaient.

Ji-hun finit par rire aussi de l'idée qui lui prit. Certain de ne pas plus apprécié que ça les clichés, il en avait juste entendu parler, l'avait ressorti à la première occasion donnée. Toutefois il finit par la défier, d'ainsi poser sa main sur ce cœur qui battait à la simple mention des voyages qu'ensemble ils feraient. Paume qui n'hésita pas à s'y plier, regard confiant de l'homme qui pensait pouvoir tout contrôler, même les battements d'un muscle qui ne saurait être dompté. Ô bien sûr qu'il dansa dans un rythme plus cadencé, car le fait de visiter ne pouvait que l'exciter. Seulement, à mesure que les secondes vinrent à s'écouler, à mesure que les doigts restèrent là à attendre que le myocarde finisse de s'exprimer, à mesure que les yeux ne purent se défaire de la contemplation dans laquelle ils s'étaient engagés, ce fut une autre chanson qui commença à tourner et une autre valse qui se joua sous la main posée là. Au feu ardent du sentiment il n'échappa pas, bien plus fort que le simple fait de l'apprécier déjà. Le dugeun-dugeun ne ralentit pas ; il l'aimait sincèrement, ça allait de soi. Mais cette prise de conscience l'effraya, alors subitement il se releva, espérant qu'elle n'aura pas eu le temps de remarquer ça.

Proposition de remplir un verre de jus pour oublier ce qui venait de se passer. Il les servit en essayant de ne pas trop trembler, reprendre ses esprits à défaut de demander à son cœur de se raisonner. Ils trinquèrent alors au voyage et aux clichés, la tête de Ji-hun osa acquiescer ; et à la plus belle aventure donnée, cet amour qu'aucun d'eux ne déméritaient, à ce sentiment qui doucereusement les piquait, un peu plus chaque jour que Dieu faisait. Et ils continuèrent à pique-niquer, à simplement parler, à rigoler et manger, tout en restant réservés à ce sujet. Mais viendra le jour, pourtant, où des projets devront suivre une fois qu'ils ne seront plus étudiants.