Les aveux s'enchaînèrent, même s'il n'était pas fier. Il lui fallait parler, lui dire pourquoi il avait tant douter durant tous ces mois écoulés, alors que beaucoup s'étaient portés garants pour le voir rester. Vu de l'extérieur, il avait fait partie des réfugiés à être assurément qualifiés, mais si on avait creusé un peu plus dans le passé, dans les papiers qu'il avait complétés, ç'aurait été autrement que, sur lui, on aurait parié. Et ça, il lui fallait l'expliquer, mettre au courant Lilia de la réalité des faits. Il n'avait pas été aussi gentil envers l'humanité, avait pris part à des horreurs qui refroidissaient, qu'on ne voulait pas voir exister. Et pourtant... Il ne savait pas comment la brune réagirait, mais il finit par tout déballer et laisser quelques secondes s'écouler dans un silence qui aurait pu l'effrayer si ça avait duré ; ainsi ç'aurait pu être la dernière fois qu'ils se seraient parlés. Mais la demoiselle en décida autrement, serra sa main doucement et le rassura de sa voix en un instant.

Je ne sais pas quoi ajouter, il dit après le discours qu'elle avait donné, j'ai encore du mal à réaliser. Que sa demande avait été acceptée malgré tout ce qui avait pu être avoué dans les quelques lignes des pages qu'il avait citées. Ce sera plus réel quand j'aurais reçu la carte dans la boîte aux lettres, il avoua qu'avant ça, il continuera de douter, pensera qu'on pourra lui annuler. Enfin, je pense que j'ai eu ma dose avec le karma, qu'il balança, but une gorgée de la boisson caféinée qu'il avait commandée. Était-ce le bon moment pour en rajouter ? J'ai appris que j'étais malade, il articula, un peu avant qu'on se soit séparés. Pas de ces maladies dont on pouvait espérer une rémission, ça se comprit quand sa main effectua sur la sienne une petite pression. J'ai un peu de mal à gérer, il confirma se laisser aller, pas que l'après, c'est aussi le cas du régime et des rendez-vous. Il ne s'y rendait plus du tout ; de confessions, ça en faisait peut-être un peu beaucoup ?

@Ji-hun Hwang ✧ Lilia prit une profonde inspiration, laissant ses pensées se former en mots réconfortants. Elle savait que les aveux de son ami n'étaient pas faciles à exprimer, ni même à entendre. Mais elle était là, prête à écouter, à comprendre, et surtout, à être présente pour lui. «Tu as traversé des moments sombres, des choix dont tu n'es pas fier,» ajouta-t-elle d'une voix douce mais ferme, cherchant à transmettre son soutien inconditionnel. «Mais en dépit de tout cela, tu as eu le courage de te confronter à la vérité, de reconnaître tes erreurs et de chercher à les réparer. C'est un acte de bravoure, un signe de force intérieure que peu de personnes sont capables d'accomplir.» Elle prit la main de son compagnon un peu plus fermement, exprimant ainsi son engagement à être là pour lui à chaque étape du chemin. «Je sais que la route vers la rédemption peut être semée d'embûches et de doutes, mais sache que je serai là à tes côtés.» Elle voulait le soutenir, l'encourager et l'aimer au plus profond de son cœur. Peu importe ce que l'avenir leur réservait, elle voudrait  traverser cela ensemble.

Alors que les battements de cœur de la brunette se calmaient doucement, elle tendit la tasse vers ses lèvres pour goûter son breuvage. Cependant, la suite fit encore plus fendre son âme. Lilia était profondément bouleversée par la nouvelle de la maladie de Jay. Son cœur se serrait à l'idée qu'il avait souffert en silence, sans qu'elle le sache. Alors qu'elle tentait de trouver les mots pour le réconforter, sa tasse échappa soudainement de ses mains, révélant son choc face à l'aveu brutal de Jay. «Comment….? Ma..lade…? Quelle maladie ?» Les questions tournoyaient dans son esprit comme des papillons affolés. Pourquoi ne lui avait-il pas parlé de sa maladie plus tôt ? La douleur mêlée à la confusion la submergeait alors qu'elle réalisait à quel point ils auraient pu affronter cette épreuve ensemble. La colère montait en elle, une colère teintée de tristesse et de frustration. «Pourquoi n’as-tu pas partagé ça plutôt si on était encore ensemble Jay ?» Elle aurait été là pour lui, sans aucune hésitation. Elle l’aurait soutenu à chaque étape de son combat contre la maladie. Elle espérait simplement qu’il n’était pas trop tard pour rattraper le temps perdu.

Malgré tout, une partie d'elle-même se sentait coupable d'éprouver cette colère. Peut-être que Jay avait ses propres raisons pour garder le silence, des raisons qu'elle ne pouvait pas comprendre. Mais la blessure de se sentir exclue de sa vie dans un moment aussi crucial était trop profonde pour être ignorée. Elle se tourna vers Jay, cherchant dans ses yeux la réponse à ses questions silencieuses, mais tout ce qu'elle trouva était un mélange de douleur et de regret. Dans cet instant, ils étaient deux âmes perdues, cherchant désespérément un moyen de se reconnecter malgré les circonstances qui semblaient les séparer. «Je pourrai être ton alliée si tu le souhaites, ta compagne dans cette lutte. Nous affronterons chaque défi, chaque rendez-vous médical, chaque ajustement de régime, ensemble. Tu n'es pas seul dans tout ça, et tu n'auras pas à le faire seul.» Ils étaient des amis après tout et devaient se soutenir dans les mêmes les plus difficiles.

Lilia était de bonne éducation, lorsqu'elle parlait il avait un peu de mal avec la compréhension. Certains mots lui étaient inconnus encore, mais il ne cessait jamais de faire des efforts. Alors lorsqu'elle parla de bravoure, de force intérieure, d'embûches et de rédemption, dans sa tête tournèrent les plausibles significations. Mais il n'eut qu'à la regarder pour savoir de quoi elle parlait : elle tentait forcément de l'encourager, de lui faire voir tous les bons côtés. Car le Nord-coréen n'était plus cet homme du passé, il avait évolué – et en bien, il osait l'espérer. Le principal c'était qu'il n'était plus seul à avancer, que de nombreuses personnes étaient là pour le motiver, et la Française en faisait bien évidemment partie. Merci, il articula ; d'être là pour moi. Et il lui sourit. Bien sûr, pas longtemps, parce qu'il eut en tête une autre nouvelle, l'une de celles qu'il n'avait pas partagé avec la demoiselle. Valait mieux que tout sorte maintenant, parce qu'il en avait marre des secrets.

La maladie s'était invitée. Était-ce étonnant quand on savait ce qui lui était arrivé ? Un rein en moins et l'autre qui ne se portait pas très bien. Une opération, et beaucoup trop d'infections. Trop faible pour se battre contre les attaques, peu à peu l'organe périssait, un peu trop vite à cause du déni qui s'installait. Insuffisance rénale, il répondit, chronique. Mot qui ajouta le niveau de gravité, ça entraînait le décès s'il n'y avait pas de suivi régulier, et n'était pas traitée. Pour l'heure, dans son cas, c'était ce qui pourrait arriver s'il ne venait pas à se bouger. Je ne sais pas, il s'en voulut de lui avoir caché. Peut-être était-ce même la raison secondaire qui l'avait poussé à en terminer avec leur relation de l'été. Mauvais souvenir qui remontait, de la façon dont son premier rein lui avait été arraché, il n'avait pas envie de recommencer, ne pouvait supporter l'idée d'un jour être greffé, pourtant c'était souvent ainsi que ça se terminait si on voulait vivre encore de nombreuses années.

De ce que j'ai écouté, parce qu'il ne l'avait fait qu'à moitié, c'est assez compliqué. Pour lui, en tout cas, de s'y prêter. Il n'avait jamais fait attention, depuis que l'abondance régnait dans son alimentation. C'était un fardeau de se priver, maintenant qu'il trouvait de quoi manger. D'autant qu'il ne savait pas cuisiner, avait pour horreur cette activité. Ce n'était pas mon but de te mêler à ça, il avoua, je veux juste ne rien te cacher. Parce que, mine de rien, il continuait de l'apprécier. Qu'importe les femmes qu'il avait rencontrées, ça n'avait jamais cessé. Pour aujourd'hui, on devrait juste profiter, il proposa, le reste, on verra une prochaine fois. D'autant qu'encore ils ne savaient pas, mais bientôt il la retrouvera, et pas seulement que dans des draps.