J'avais encore des questions sur Alex et sa famille ; ayant perdu mon père assez jeune - et ne parlons même pas de ma mère -, je me demandais si nos relations auraient pu se dégrader de cette façon avec les années. S'il n'était pas mort, je ne serais pas partie à New York, je n'aurais pas plongé dans la drogue, je n'aurais pas fait toutes ces choses moches dont j'avais aujourd'hui honte, j'aurais probablement intégré Harvard encore plus tôt. Ou Yale, celle qu'il avait toujours voulu que j'intègre. J'imaginais mal notre relation dépérir pour une quelconque raison. Mais il avait été assassiné bien avant que je ne le découvre. « Nos relations sont pas si... mauvaises. Disons juste qu'on a plusieurs désaccords. Comme le fait que je sois à la Mather House ou que je continue de me droguer. J'pense que c'est surtout parce qu'ils ont peur pour moi. » Je hochai la tête alors qu'il tournait dans le parking résidentiel. En même temps, vu la vie qu'Alex menait, je comprenais que ses parents aient peur s'ils étaient au courant de tout ça. Rien que la drogue, c'était un aspect effrayant. On sortait de la voiture et on se rejoignait près du coffre. Mes mains dans les poches arrières de mon jean, j'observai la façade de l'immeuble. « Alors c'est ici que t'as grandi ? C'est pas mal du tout. » Même si je savais déjà qu'il passait le plus clair de son temps dans les rues, son environnement familial avait été agréable au moins.

Elle avait l'air intriguée par mes relations familiales et je pouvais le comprendre. Enfin je pense. Tout ce que je sais, c'est que je ne suis pas un exemple. J'avais beau être reconnaissant aux Reynolds de m'avoir sorti du système, bien qu'on n'en sorte jamais vraiment, mais ce n'était pas pour autant que je devais changer mon comportement et prétendre être ce que je ne suis pas. J'étais un garçon assez perturbé par une enfance difficile. C'était sûrement pour cette raison que dès que j'ai eu l'âge de faire mes propres choix, je m'étais mis à trainer avec des gens peu fréquentables qui m'enfonçaient dans la débauche et la perversion. Je me suis quand même rattrapé depuis, bien heureusement, même s'il reste quelques traces de tout ça, comme ma consommation de drogues et mes coucheries à tout va. Je m'étais alors garé dans le parking résidentiel et je coupais le moteur afin qu'on puisse sortir de la voiture. Une fois près d'elle, j'en profitais pour lui rendre ses clés et elle regardait l'immeuble. "Alors c'est ici que t'as grandi ? C'est pas mal du tout." Je regardais comme elle en haussant les épaules. Grandir, grandir, c'est un grand mot. "De mes huit ans à... dix huit, ouais. C'est là que j'ai grandi." Je posais ma main dans son dos, l'invitant à me suivre vers l'entrée de l'immeuble. Mes parents habitaient un grand duplex et étaient fiers de leur habitat bien décoré. C'était leur droit après tout. On montait jusqu'au bon étage avec l'ascenseur et on arrivait pile dans l'entrée de l'appartement. "Voilà, c'est chez mes parents. Tu veux que j'te fasse visiter ou..?" Ou on se dépêche d'aller dans ma chambre que je me lave et que je me change avant de repartir. Faut pas oublier que le temps était compté.

Ça me faisait bizarre d'être à New York et d'aller dans une autre maison que la mienne, avec quelqu'un que je connaissais bien. J'avais loué un appartement dès mes seize ans et c'était à grands renforts d'argent que j'avais échappé aux services sociaux jusqu'à ce que je parte pour mes études supérieures. C'était à l'arrivée à Harvard que j'avais eu bien plus de mal à faire en sorte qu'on ne me pose pas trop de questions, alors pendant un an - puisque j'étais mineure à mon arrivée à l'université -, je m'étais faite très très discrète. En tout cas à New York, un pourboire assez conséquent et on ne me demandait rien de plus. Là, j'entrais pour la première dans un appartement sans craindre de tomber nez à nez avec les services sociaux ou pire, l'assassin de mon père. Alors c'était agréable, c'était une nouvelle expérience. « De mes huit ans à... dix huit, ouais. C'est là que j'ai grandi. » Je me fis un mémo de lui demander un jour, où il avait vécu avant ses huit ans. Mais ça n'était pas le moment. Il nous fit entrer dans l'immeuble et rapidement, on se retrouvait à l'intérieur de ce qui ressemblait à un duplex. « Voilà, c'est chez mes parents. Tu veux que j'te fasse visiter ou.. ? » Je regardai partout autour de moi, un peu perdue dans les méandres de mon esprit. Ça regorgeait de chaleur ici, de .. famille. Il y avait des photos sur les murs, sur les meubles, ça m'faisait me sentir bizarre. Alors je tournai la tête vers Alex, un peu absente. « Va te laver, okay ? Je vais visiter un peu toute seule et si ça te dérange, tu pourras me faire visiter après. J't'attendrai ici. » Je lui décochai un petit sourire, l'encourageant à aller se préparer.

J'avais pas l'habitude de ramener des filles ici. En fait, puisque mes parents étaient des gens "haut placés", fallait éviter de ramener des gens qu'on ne connaissait pas. Et les filles en général, je ne les connaissais clairement pas. C'était à peine si je me souvenais de leur prénom. Mais là, je savais que je pouvais compter sur elle. Elle n'allait pas faire quoique ce soit dans l'intérêt de nuire à ma famille ou voler quoique ce soit. Donc je lui faisais confiance. On montait donc par l'ascenseur et puis une fois arrivés au bon étage, nous entrions directement dans le grand appartement new-yorkais qu'ils avaient. Je lui présentais alors rapidement l'appartement et je lui demandais si elle voulait que je lui fasse visiter ou, je sais pas moi. "Va te laver, okay ? Je vais visiter un peu toute seule et si ça te dérange, tu pourras me faire visiter après. J't'attendrai ici." Je secouais la tête négativement et je me tournais vers elle. "Visite donc... Je me dépêche." Je m'approchais d'elle pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de monter à l'étage pour aller dans ma chambre afin de récupérer des affaires propres. Ensuite, direction la salle de bain où je me faufilais sous la douche après m'être déshabillé en vitesse. Au bout de dix minutes, j'étais déjà prêt. Habillé, tout beau tout propre. Je foutais mon linge dans un sac à dos que je mettais sur l'épaule avant de redescendre afin de retrouver Billie. "Voilà, j'suis prêt. Tu veux que j'te fasse visiter des pièces en particulier ?" disais-je en posant le sac à l'entrée.

Ça m'apparut comme une évidence de demander à Alex si ça ne le dérangeait pas que je visite pendant qu'il se douchait. Après tout, je ne laisserais jamais quelqu'un fouiller chez moi sans ma présence. Bon certes, je ne comptais pas fouiller, juste me balader pour voir à quoi ressemblait le foyer où il avait passé la plus grande partie de sa vie. « Visite donc... Je me dépêche. » Je fermai les yeux quand ses lèvres rencontrèrent les miennes, puis je hochai la tête en me remettant droite. « Hm-kay. » Il partit et je restai plantée au même endroit, les mains dans les poches, regardant partout autour de moi. J'étais un peu nostalgique de cette ambiance familiale qu'on pouvait trouver au sein d'une maison. Mon père avait toujours su garder un environnement chaleureux malgré son statut de père célibataire/homme d'affaires. Alors en faisant un tour dans l'ancienne maison d'Alex, en voyant les pièces où il avait grandi, des photos de lui sur quelques murs et étagères, j'étais envieuse de ce qu'il avait. Même si je savais qu'il avait eu une poisse infernale niveau familial .. j'sais pas, il avait quand même eu quelqu'un au final. J'devais arrêter de regarder ça et de me plomber le moral, donc je retournai au salon et m'installai sur le canapé, regardant quelques trucs sur mon téléphone en attendant qu'Alex redescende. Et il ne tarda pas à arriver. « Voilà, j'suis prêt. Tu veux que j'te fasse visiter des pièces en particulier ? » Je secouai la tête en me levant pour m'approcher de lui. « J'ai fait le tour pendant que tu te douchais, donc si t'es prêt on peut y aller, » lui répondis-je avec un sourire, reboutonnant mon manteau. Puis je me hissai sur la pointe des pieds pour l'embrasser rapidement du bout des lèvres. « Tu as tout ce qu'il te fallait ? »

"Hm-kay" Je l'avais laissée là, dans le salon de mes parents pendant que j'étais parti me préparer en vitesse afin de ne pas perdre de temps. Une bonne douche rapide, suivi d'une préparation pour me faire beau : déodorant, brossage de dents - again - et un petit coup de parfum. J'étais habillé, pas besoin de me coiffer donc je prenais mes vêtements sales que je foutais dans un sac à dos récupéré dans ma chambre et je pouvais redescendre pour rejoindre Billie, installée sur le canapé du salon. Je lui demandais alors si elle souhaitait faire un tour du propriétaire avant qu'on ne s'en aille. "J'ai fait le tour pendant que tu te douchais, donc si t'es prêt on peut y aller," Je hochais la tête. J'avoue que le plus grand à voir était ici. Après c'était les chambres : celle de mes parents, la mienne, celle de Walter et les deux chambres d'amis. Donc en gros, le plus intéressant aurait été ma chambre. Mais bon, c'était pas nécessaire donc on pouvait y aller. "Tu as tout ce qu'il te fallait ?" Je me tournais pour regarder mon sac et finalement, je reportais l'attention sur Billie. "J'vais leur écrire un petit mot, pour les prévenir de mon passage et... Tu veux peut-être prendre un truc à manger, à boire pour le temps qu'on a à passer dehors ?" Je la trainais avec moi dans la cuisine afin d'avoir accès à tout ce qui était bouffe, pendant que moi je m'occupais du petit mot sur le calepin qui était posé sur l'îlot central. Un stylo en main, je me mettais alors à écrire un petit coucou à mes parents en leur disant rapidement que j'étais là pour une journée et que j'étais désolé de ne pas les avoir vu. Des bisous, Signé Alex. Voilàà.

Installée sur le canapé du salon, une jambe croisée par-dessus l'autre, je pianotais hasardeusement sur mon clavier tactile, ne me rendant pas réellement compte de quelles applications j'ouvrais et je fermais. J'étais dans les nuages, la tête bourrée de souvenirs de mon père. Il me manquait terriblement et constamment, mais j'avais toujours une période dans l'année où ça devenait plus difficile à supporter et ces semaines précises arrivaient à grands pas puisqu'elles étaient en début d'année. C'était un moment que je redoutais parce que je n'arrivais pas encore à faire face à cette perte et que je me replongeais toujours dans des états pas possibles, surtout que cette année, je n'aurais pas Roxanna pour m'aider à remonter la pente. C'était à tout ça que je songeais, quand la voix d'Alex m'avait tirée de ma rêverie. Quand il avait proposé de me faire visiter plus en détails, j'avais décliné parce que j'avais réellement envie de me jeter dans les rues de New York. Je trépignais depuis hier soir et ma patience arrivait à bout. « J'vais leur écrire un petit mot, pour les prévenir de mon passage et... Tu veux peut-être prendre un truc à manger, à boire pour le temps qu'on a à passer dehors ? » Il nous entraîna dans la cuisine et je secouai la tête en me hissant sur un tabouret autour de l'îlot. « Non, on prendra quelque chose dans les rues. Il faut bien écouler leurs stocks de hot dogs et de bretzels. » Oh oui, la bouffe bien dégueulasse mais aussi tellement bonne des stands de rues de Manhattan. Hm, ça me faisait saliver rien que d'y penser. En plus, je ne me voyais pas vraiment aller fouiller les placards des parents d'Alex alors qu'on avait tous les deux bien plus que les moyens de nous offrir n'importe quel resto en ville. « C'est tout bon ? » lui demandai-je en le voyant pousser le mot au centre de la table. Je me redressai et je rangeai les clés de ma voiture au fond de ma poche. « Tu veux qu'on pose tes affaires dans ma voiture avant de partir ? »

J'avais retrouvé Billie dans le salon, sur le canapé. Elle était clairement d'humeur rêveuse et je venais de l'en sortir en la rejoignant. Mes affaires totalement prêtes, je lui demandais alors si elle voulait visiter. Après tout, on était chez mes parents, c'était un beau logement et ça m'étonnerait pas qu'elle réponde oui. Mais elle était clairement plus emballée par marcher dans les rues de New York que par visiter ce duplex. J'avais juste un truc à faire avant de redescendre et c'était indiquer à mes parents ma présence dans la ville pour la journée, tout en étant désolé de ne pas les avoir croisé. Je pensais tout de même à eux et je disais bien que je les embrassais. "Non, on prendra quelque chose dans les rues. Il faut bien écouler leurs stocks de hot dogs et de bretzels." Je hochais la tête, c'était quand même une bonne initiative. Après tout, c'est pas comme si on allait se ruiner avec ça, n'est-ce pas ? J'écrivais donc le mot avec Billie à mes côtés et dès que ce fut rédigé, je mettais le mot au milieu afin qu'il soit visible quand mes parents rentreront. "C'est tout bon ?" ; "C'est tout bon !" lui disais-je en posant également le stylo où il était. Elle s'était relevée, foutant les clés dans sa poche. J'attrapais sa main et je l'amenais avec moi dans le salon, récupérant mon sac à dos où je l'avais posé. "Tu veux qu'on pose tes affaires dans ma voiture avant de partir ?" Je me dirigeais vers l'ascenseur tout en y réfléchissant. "Yep, j'pense c'est le mieux. On a pas besoin de s'encombrer de ça. A part si tu veux acheter des trucs à ramener à Cambridge et dans ce cas-là, j'le garde histoire d'avoir quelque chose pour les mettre dedans." L'ascenseur s'ouvrait et on s'engouffrait dedans afin de redescendre au rez-de-chaussée.

J'avais opté pour ne rien prendre dans les placards de ses parents et aller plutôt fouiner dans les rues de Manhattan pour trouver de quoi manger. Si vraiment on avait la flemme de se poser dans un restaurant, on prendrait de quoi nous couper la faim sur un stand et basta, on allait faire selon nos envies. Mais, même si j'étais avec un membre de leur famille, je ne pensais pas que ça serait très courtois de ma part d'ouvrir leurs placards et de me servir. Heureusement, Alex sembla approuver ma décision puisqu'il hocha la tête à mon commentaire avant de se remettre à écrire son mot. Une fois qu'il eut terminé, il attrapa ma main et nous tira jusqu'au salon où on s'arrêtait à nouveau pour prendre des décisions. Le sac cette fois, c'était une affaire importante. Je lui demandai s'il voulait le garder ou s'il préférait le poser dans ma voiture. « Yep, j'pense c'est le mieux. On a pas besoin de s'encombrer de ça. A part si tu veux acheter des trucs à ramener à Cambridge et dans ce cas-là, j'le garde histoire d'avoir quelque chose pour les mettre dedans. » Je mordis ma lèvre tandis que l'ascenseur commençait sa descente, réfléchissant rapidement puis je secouai la tête. « Nan pose-le. Je suis pas sûre d'acheter quoi que ce soit et si je change d'avis, je porterai ça à la main. Pas besoin de t'encombrer toute la journée. » On sortait de l'ascenseur et je lâchai sa main en arrivant sur le parking pour chercher mes clés de voiture. Je la déverrouillai et j'allai récupérer le mien sur le siège passager, contournant ensuite la voiture pour ouvrir le coffre. Fouillant un peu dedans, je sortis mon portefeuille et mon téléphone et je mis tout ça dans les poches intérieures de mon blouson. J'attendais qu'Alex pose également son sac dans le coffre puis je refermai et verrouillai. « Allez, cette fois c'est parti ! » dis-je d'un ton surexcité en sautillant en avant.

Rien à prendre chez mes parents en bouffe, ça permettait alors de laisser le sac à dos dans la voiture et de se balader tranquillement, sans rien sur le dos dans les rues de New York. Tout le monde sait en plus qu'il faut faire gaffe aux affaires si on veut éviter de se faire voler quoique ce soit. Donc si c'est dans mes poches avec mes mains qui recouvre le tout, il y a moins de chance de perdre mes affaires. Enfin on était alors d'accord pour mettre les voiles et on se dirigeait vers l'ascenseur qui nous mènerait au rez-de-chaussée pour ensuite aller là où nous avions garé la voiture. "Nan pose-le. Je suis pas sûre d'acheter quoi que ce soit et si je change d'avis, je porterai ça à la main. Pas besoin de t'encombrer toute la journée." Je hochais alors la tête, complètement du même avis qu'elle à ce propos. Et donc l'ascenseur arrivait en bas de l'immeuble et on se dirigeait là où l'automobile était positionnée. Je retirais mon sac à dos de mon épaule pour me mettre au niveau du coffre. Dès que Billie eut déverrouillé la voiture, j'ouvrais le coffre pendant qu'elle faisait je ne sais quoi devant. Puis elle revenait vers moi pour y mettre son sac en récupérant des affaires dedans. Mon sac posé dans le coffre, je vérifiais que j'avais tout : mon portable, mon porte-feuille. Yep, j'étais totalement paré pour l'aventure aujourd'hui. "Allez, cette fois c'est parti !" Coffre fermé, voiture verrouillée, on était enfin parti. On se dirigeait donc dans les rues de la Grosse Pomme, rien que pour bien se sentir chez soi. J'avais des souvenirs dans cette rue, dans cette bouche de métro... dans ce bar où j'ai pris ma première cuite. Oui, cette ville était pleine d'histoire pour chacun et c'était ce qui était magique... surtout qu'il y avait des kilomètres et des kilomètres de rues. "Alors, on commence par quoi ?" demandais-je à Billie qui avait un plan déjà élaboré pour la journée.