cinq heures du matin, le téléphone qui vibre sur la table de nuit et toi qui peine à sortir de la brume de tes rêves. Le silence finit par regagner la pièce, trop tard pour toi, tes yeux s'ouvrent dans la pénombre de la chambre seulement éclairé par les rayons de la lunes passant à travers le volet mal fermés. Tu te redresses, frottes tes yeux du plat de ta main avant de soupirer longuement, à côté de toi dors paisiblement Ava. T'hésites quelques secondes, le temps de te rappeler pourquoi tu es là, à dormir dans la chambre prêter par son frère pour la rassurer. C'est vrai, elle avait besoin de te présence. Tu observes doucement son visage délicatement posé sur l'oreiller et ses cheveux qui descendent en cascade sur ses épaules, paisible, belle. Puis c'est ton téléphone qui reprend sa danse bruyante sur la table de chevet. Un appel à cet heure-ci, c'est rarement bon. Yeux encore collés, tu viens saisir le mobile et le porte à ton oreille pour répondre. Ton corps s'avance sur le bords du lit pour ne pas trop déranger la brune et c'est finalement l'adrénaline qui vient réveiller tout tes muscles en un temps records ; Ollie à besoin de toi. Ava gigote derrière toi ; "- Je dois y aller, c'est Ollie" que tu murmures pour explication alors que machinalement tes lèvres se posent sur son front pour la rassurer. Jeans et tee-shirt blanc trop large enfilés, t'attrape les clés de la voiture et fonce vers le commissariat.  "- Ollie ? qu'est ce qui se passe ? " inquiétude dans la voix alors qu'on te guide jusqu'à ta petite soeur. Sueur froide dans le dos à la savoir dans un tel endroit, seule. Les pires scénarios en tête qui fussent et menace de t'angoisser. Qu'est ce qui a bien pu se passer ?

Tu la sondes rapidement du regard en arrivant à sa hauteur, elle a toujours ses vêtements mais le maquillage a coulé sous ses yeux. Elle se tient debout mais cours directement dans tes bras et l'espace d'un instant tu te demandes si elle n'a pas vécu un mini enfer cette nuit, seule. Ses cheveux viennent chatouiller ton visage et tu serre tes bras autour de sa taille pour accueillir son étreinte. Ollie n'as pas encore prononcé un mot que tu peut ressentir sa tristesse et son émotion, tu sais qu'elle n'as pas juste bu. Tu peux le sentir. "- Ollie ?" tu cherche a la faire reculer pour pouvoir l'observer et poser tes questions, mais elle reste coller contre toi. Larmes salé qui trempe ton tee-shirt alors que les mots sortent de sa bouche, ciel qui s'écroule sur ta tête. L'impensable, l'inimaginable. "- qu...quoi ?! Non..." gorge qui se sert, larmes qui menace de couler, colère qui te submerge. Bien sûr que tu savais que ça arriverait un jour, mais une partie de toi avait encore cette espoir d'un autre dénouement. La douleur est vive et brutale mais tu refuses de la laisser gagner , pas ici ni maintenant. Pas devant Ollie, toi tu seras son roc. Même si a l'intérieur, tu es plus que brisé.

C'est pas réel, ça peut pas être réel ! Mâchoire qui se contracte alors que ta petite sœur poursuit son récit, elle semble si vulnérable comme ça. Les sanglots qui coulent sur ses joues, la mains poser devant sa bouche pour calmer les tremblements, comme pour cacher l'horreur de ce qu'elle annonce. Toi, au delà de l'immense tristesse qui déchire ton cœur, c'est la colère qui menace de te submerger , non seulement pour ton père et ce qui s'est passé mais aussi pour Ollie qui se retrouve à devoir t'annoncer tout ça. Bordel, ce n'est clairement pas à elle de le faire. ça devrait être toi. Toi l'aînée de la famille, le ciment entre tout le monde, toi qui endosses ce genre de rôle difficile et pas l'inverse. Une larmes s'échappe sur ta joue et tu l'essuie en vitesse, complètement stoïque face aux révélations de ta soeur. Tu n'arrives véritablement pas à encaisser la nouvelle, encore moins à l'accepter. "- c'est pas possible...ça peut pas être possible, ok ?! On...personne n'as identifer le corps...il reste... phrase suspendue par l'énorme boule qui encombre ta gorge, menace de s'effondrer autant que Ollie devant toi. Tu respire un bon coup avant de poursuivre un octave plus bas. "il reste une chance temps que personne n'est allés confirmer que c'est lui" tu le sais en le disant, que ça ne changerais rien et qu'il s'agit bien de votre père, cacher dans une foret , en décomposition, mort depuis certainement un long moment. Tu prendras cette responsabilité, toi et personne d'autre. L'officier derrière vous se racle la gorge, toi t'avais totalement oublié la présence d'autres gens dans cette pièce. Ta main se pose sur la joue de ta soeur, tu en chasse une nouvelle larme avant de dire doucement : "- Je paie ta caution et on se casse d'ici, d'accord ?"

énorme boule formée au fond de ta gorge, comprimant tes cordes vocales et tes poumons, menaçant de lâcher toute les larmes que tu contiens avec difficulté, pour rester fier devant ta cadette. Tu te retrouve incapable de parler, ancré dans un mutisme alors que tu ne salue même pas les officiers en sortant du bâtiment corps de ta petite sœur solidement attaché et collé contre le tiens. Dehors, la nuit est encore noir. Est ce qu'il pleut ? tu ne te souviens pas d'avoir senti la moindre once d'humidité avant d'entrer dans le poste de police et d'apprendre la terrible nouvelle. Mais là, des gouttes tombent sur tes chaussures, s'écrasent à tes pieds pour disparaitre totalement sur l'asphalte faiblement éclairé par la lune tombante. Tu trembles, l'air est plus frais qu'en arrivant, tu cherches à serrer Ollie plus fort contre toi, il pleut aussi sur ses cheveux. Tu lèves la tête, vision troublée. Est-ce que la pluie tombe directement sur tes paupières ?! Non, assurément pas. Un phénomène météorologue n'est pas à blâmer, c'est toi : tu pleures, lâchant les vannes, libérant la douleur cuisante de cette nuit marqué à jamais. Ton père est mort, tout est finis.

FIN