Bien que je n'ai jamais été de ceux qui se plaignent, trop adepte de l'adage tuer ou être tué pour donner dans la faiblesse et le sentiment, je m'aperçois que cette épaisse couche de glace qui protège mon âme depuis longtemps craquelle de seconde en seconde. Avec Carmella, nous sommes capables du meilleur comme du pire. Aussi, après les horreurs, nous redevenons le baume l'un de l'autre, et la présence de la jolie brune contre mon dos en est la preuve ultime. Je la garde blottie en liant nos doigts ensemble, en caressant sa peau, alors que ma respiration s'apaise progressivement. Je ne suis pas bien sûr moi-même de tout ce que ça peut signifier... que je reprends alors que mes larmes, elles, ne cessent de couler. Je sens la détresse de l'inspectrice contre moi, et cela me pousse à me retourner afin de la prendre dans mes bras. Ma vie entière semble dépendre de ce simple geste, de ce pas vers l'autre. Nos deux âmes sont aussi bousillées l'une que l'autre et pourtant, lorsque l'incompréhension laisse place à nos véritables émotions cachées, nous formons un tout indestructible. Je suis... heureux. Oui c'est ça, heureux... que tu me le proposes. Je crois que j'aurais été incapable de repartir. J'aurais dormi dans ton hall d'immeuble, rien à foutre... mais je serais resté. Ma main tremblante caresse son dos avec toute la passion qui m'anime. C'est brutal, inattendu, mais ça ne me fait pas moins chavirer. Ne me laisse pas repartir, Carmi. Jamais.