S'il y a quelque chose que je sais, à présent, au sujet de Carson Beach, c’est qu’il ne vaut mieux pas y laisser ses affaires trainer sans surveillance, sous peine de se les faire voler. Heureusement, j’ai eu l’aide d’un bon samaritain, mais j'imagine que je ne me sentirai plus jamais aussi à l’aise qu’auparavant cette journée. Toutefois, pour le moment, je n’ai pas encore rejoint Ellie, puisque mon supérieur m’a demandé de passer à son bureau. Et c’est vidé que j’en ressors, pour pousser un long soupir, tandis que je m’appuie contre le mur près de la porte à présent fermée. Pourquoi faut-il que l’on espère que je peux clôturer l’intégralité des dossiers en arrêtant tous les malfrats ? Je ne suis pas la seule au département de la criminelle, bon sang ! J'aimerais leur crier, à tous, que je ne suis pas la seule et unique à devoir travailler, ici. Heureusement, j’ai un rappel, un message texte qui me fait esquisser un mince sourire. C’est un excellent prétexte afin de m’aérer l’esprit, mais surtout de m’éloigner de cet endroit qu’est mon lieu de travail. “J’y vais.” Je préviens l’un de mes collègues qui m’interroge du regard, l’air de dire qu’il n’est pas tard, puisque je suis la première arrivée et la dernière à partir. “Si on te demande, tu n’auras qu’à dire que j’essaye de résoudre notre enquête.” Je rejoins mon bureau, enfile mon manteau et dévale les escaliers. Si j’aime mon métier, ce n’est pas pour autant évident de le pratiquer. Parfois, j’ai besoin d’une journée de tranquillité, loin de tout, de ce monde dans lequel il n’y a pas un jour sans qu’une tentative de meurtre soit perpétrée. Alors, une fois dans mon véhicule (vieux 4×4 prêt à rendre l’âme), je me rends jusqu’à notre lieu de rendez-vous, après m’être arrêté à un Starbucks Coffee. Un café chaud pour mon amie Ellie, quant à moi, ce sera un moka frappé, comme à mon habitude et quelle que soit les températures. M’enfonçant dans le sable avec mes bottes, je cherche mon amie du regard, pour constater qu’elle n’est pas chaudement vêtue. Il ne fait pas chaud, à cette période de l’année et je m’interroge sur son état. “Bonjour toi.” Je prononce à son intention, tandis qu’elle me semble ailleurs, bien loin de nous, en cet instant. “Un café chaud pour toi.” Je le lui tends avant de retirer mon manteau et de me coller contre elle. “Partageons mon manteau, ou tu vas attraper une pneumonie.” Assise à ses côtés, épaule contre épaule, j’avale une gorgée glacée de ma boisson fétiche avant de l'interroger : “est-ce que ça va ?” Il me semble évident qu’elle doive répondre par la négative, seulement, sera-t-elle honnête avec moi, Ellie ? Je ne demande qu’à y croire.