Je pense faire le malin en prenant la poudre d'escampette direction le parc bordant l'hôpital, histoire d'offrir à mes poumons étouffés un rien de chlorophylle bienvenue. Force est de constater que je file à l'anglaise plus facilement que jamais, armé de bras entraînés et puissants à force de tourner ces foutues roues de ferrailles. Non loin, plusieurs voix féminines correspondant aux infirmières responsables de ma rééducation, peu amatrices de ce véritable cache-cache. Monsieur Chatelain soyez raisonnable nous voulons juste vous parler ! Dissimulé habilement derrière un buisson plutôt touffu, je manque de m'étrangler. C'est ça, mon cul à roulettes aussi ! Un long soupir s'échappe de mes lèvres alors qu'une légère brise, en plus de faire virevolter mes boucles d'ébène, transporte jusqu'à mes narines un parfum que je connais bien désormais. Mes iris d'acier se tournent aussitôt vers ce qui me semble être la propriétaire de cette délicate fragrance et aussitôt, je la reconnais. Luna. L'une des rares au courant de ma condition ainsi que du pourquoi, puisque sans son intervention, je serais probablement mort à l'heure qu'il est. Vous n'êtes jamais fatiguée de jouer les bons samaritains ? Vous ne me devez rien. C'est l'inverse qui se joue, en vérité. Pas franchement fiérot de me retrouver pris la main dans le sac de ma propre fugue, je conserve un expression revêche, presque sévère.