Cette douceur dans ces paroles et son regard, ça faisait bien longtemps que tu n’avais pas senti ça. Durant des années tu avais été enfermé dans cette bulle, dans cette cage dorée et tu n’avais jamais repensé t’attacher à une personne. Oui, car tu pouvais le dire, même si c’était si rapide, c’était juste inexplicable, mais tu avais ce sentiment d’être attaché à lui. Peut-être un effet de cette piqure, qui commençait à te faire petit à petit délirer, mais pour le moment, tu n’avais aucune envie de t’éloigner de lui, d’oublier un seul instant de cette soirée. « Je ne te laisserai pas de marque alors. » il n’y aurait que toi qui porterait cette piqure, le temps de quelques semaines, du moins tu l’espérais que ça partirait un jour ou l’autre, où que ça soit bien moins visible en tout cas. « Ne dis pas ça. » ce n’était pas de sa faute, il n’y pouvait rien, c’était la vie, c’était ainsi, tu ne pouvais pas tout contrôler, sinon ta vie n’aurait jamais été ainsi. Une fois dans l’hôtel, te voilà tout de même un peu plus rassuré et il ne te laissa pas vraiment le choix, il te porta de nouveau telle une princesse. Ton visage se retrouvait si proche du sien que tu pouvais sentir sa respiration contre ta peau. « Deuxième étage, chambre 235. » laissais-tu glisser avec un léger sourire, tu te battais contre cette fatigue pour garder les yeux ouverts, mais clairement, tu serais capable de t’endormir dans ses bras. Tu entendais simplement une réponse rapide, que le médecin serait présent dans la chambre d’ici une dizaine de minutes. Tu retrouvais le sol seulement à l’intérieur de l’ascenseur après avoir appuyé sur le numéro de ton étage. « Ça fait partie de toi et ce n’est pas quelque chose qui me fait fuir. » la vie était ainsi, il n’avait pas eu de chance en héritant de cette maladie, et pour rien au monde tu laisserais tomber quelqu’un juste à cause de ça. Tu restais près de lui, appuyant ta tête contre son torse, le temps que l’ascenseur arrive au bon étage. Tu déambulais dans le couloir, ouvrant la porte de ta chambre pour le laisser y entrer, allumant seulement quelques petites lumières. « Si ça ne te dérange pas, je vais aller me prendre une douche rapide. Comme ça le médecin aura le temps de t’examiner tranquillement. » un léger sourire s’afficha sur tes lèvres, déposant ton sac sur le lit et attrapant des affaires pour te changer. « Fais comme chez toi » laissais-tu glisser entre tes lèvres. Une fois à l’intérieur de la douche, tu entendais le médecin arriver, tu te dépêchais pour ne pas le faire trop longtemps patienter, même si il avait déjà de quoi faire avec Bohème. Quinze petites minutes après tu sortais seulement vêtu d’un débardeur assez amble et d’un short, laissant l’accès à ta piqure. Tu avais eu le droit à une piqure pour stopper le venin, ainsi que quelques médicaments à prendre durant plusieurs jours et un magnifique pansement. Le médecin quitta rapidement la chambre, laissant un long blanc. « Tu vas mieux ? » ton regard se tournant sur le jeune homme, te posant sur le lit.

La fin de ce cauchemar me paraît nettement plus accessible maintenant que nous voguons tous deux, main dans la main, vers la chambre dont Elöa me donne le numéro. Si je n'arrête pas de jeter un coup d’œil à sa piqûre, c'est pour m'assurer qu'elle ne s'évanouira pas dans la seconde, sans aller jusqu'à m'avouer que oui, je suis inquiet. La jeune femme m'a permis de reprendre conscience et, mieux encore, de revenir à la civilisation. Je lui dois beaucoup, tant et si bien que je ne contre-argumente pas et accepte silencieusement d'être vu le premier par un médecin. Mon corps semble avoir atteint sa limite, cette fois... la corde a trop été tirée et si je ne prends pas conscience de cet état de fait... qu'adviendra-t-il de moi la prochaine fois ? Merci... que je murmure alors qu'elle disparaît dans la salle de bain, sans savoir si elle m'a entendu ou pas. La vision du toubib est nettement moins engageante, sans parler de son analyse une fois mon taux de sucre pris et l'insuline piquée dans mon organisme. Étant donné votre analyse de sucre, je dirais que vous n'avez pas pris votre traitement régulièrement... et que vous vous moquez des effets désastreux que cela peut avoir sur votre santé ! Ce genre de crise de démence va s'intensifier. Vous risquez de ne plus reconnaître personne, de tomber dans le coma, perdre la vue... Il n'est plus question d'essayer de vivre seul, Monsieur Chatelain. Ni de zapper votre traitement ou même de dormir. Votre état est très préoccupant et je devrais potentiellement vous hospitaliser là, tout de suite ! Laïus habituel, rien que je n'ai déjà entendu auparavant et qui ne me donne hélas qu'une envie : fuir. Très loin. Faire en sorte de garder un brin cette petite bulle unique et privilégiée d'avec Elöa, sans que celle-ci ne se doute une seconde de la gravité de la situation. Elle mérite mieux qu'un type qui peut s'écrouler sans crier gare par manque d'insuline dans l'organisme... On y pensera... mais avant je veux que vous preniez soin de la demoiselle. Sa piqûre n'est pas grave ? Sujet personnel écarté. Je n'imagine pas une seconde que la jolie rousse ait pu entendre notre conversation. La voir ainsi sortir de la salle de bain me provoque un sourire rassuré et franc, car grâce à l'un et à l'autre, nous sommes en un seul morceau. Le toubib use d'une injection anti venin, mais opte également pour une prescription afin d'éviter tout risque. Ce n'est qu'une fois seul en sa compagnie que je soupire. Tu iras bien... Ça me rassure... Mon front dégouline toujours de fièvre et pourtant je tapote l'endroit à côté moi, comme pour conserver encore un instant notre bulle. Je fais s'activer le room service ? Si tu as envie de quelque chose de précis... Dis-le moi et j'ajuste notre commande... joli pansement, au passage. Il embellit ton teint ! que je cabotine d'un ton joueur afin d'éviter toute autre question. Je me fiche d'aller mieux ou pas, si je suis totalement honnête avec moi-même.

Enfin la fin d’un long périple, tu comprenais pourquoi tu n’avais pas voulu faire ce concours, ce mini pékin express, tu n’étais pas fait pour ça. Tu étais bien mieux dans ton hôtel à l’abris de tout ce genre de problème, loin des insectes et des piqures. Une chose était certaine, tu n’allais pas recommencer de si tôt, et si une activité devait avoir lieu, tu n’irais pas. Tu prenais le temps qu’il fallait dans la salle de bain, une bonne douche pour effacer cette transpiration dû à la température un peu particulière de ce pays. Les cheveux lavés également, tu avais, il faut l’avouer, écouté au porte et tu avais bien entendu ce que le médecin lui avait dit. Un petit pincement au coeur, déjà que tu t’inquiétais pour lui, comment tu pourrais ignorer cette mise en garde. Tu ne pouvais rien dire à ce sujet, du moins pas pour le moment, c’était une relation encore trop récente. Une fois les cheveux attachés en un énorme chignon, tu vais enfilé tes sous-vêtements ainsi qu’un débardeur et un short, histoire de te couvrir le corps devant le médecin et lui. Tu sortais de la pièce avec un léger sourire, malgré ce que tu venais d’entendre. Tu essayais de faire bonne impression, mais au fond, légèrement triste pour lui, il ne méritait pas tout ça. Tu écoutais le médecin, lui laissant faire ce qu’il fallait pour que tu viennes pas à crever au cour de la nuit. Déjà c’était un bon point, tu n’allais pas mourir dans la jungle, mais dans un endroit un peu plus agréable. Une piqure pour stopper ce venin, des médicaments à prendre pendant quelques jours et un pansement à changer chaque jour pendant une petite semaine. Un petit sourire venait s’afficher sur tes lèvres suite à ses propos « Ça va, tu n’auras pas ma mort sur la conscience. » lâchais-tu en rigolant. Le médecin s’éclipsa, te laissant de nouveau dans la pièce, seule avec lui. Ton regard se posait sur lui, t’asseyant à côté de lui sur le lit, la fatigue toujours bien présente. « Si tu veux. Pour ma part je ne vais pas prendre grand chose, peut-être un peu à boire. » tu verrais très bien ce qu’il y aura au moment venu, tu lui envoyais un regard noir concernant le pansement, même si finalement, tu n’avais pas réussi à garder très longtemps ton sérieux. « Tu viendras me le changer tous les jours. » tu lui tirais la langue, puis dans un élan de confiance, tu déposais tes lèvres contre sa joue « Merci pour tout ça. » soufflais-tu doucement, restant près de lui, contre lui.

Bien que le discours du médecin ne soit rien que je n'ai déjà entendu, une petite voix dans ma tête me répétait que je risquais de laisser Mia, ma petite sœur, toute seule si je continuais les conneries. Ma vie actuelle ressemblait à un immense chaos et pourtant, au lieu de m'apporter tout seul comme un grand un peu de sérénité en prenant simplement un traitement d'insuline... j'évitais l'idée. Je gommais même ce mot de mon esprit pour ne me concentrer que sur quelque chose d'agréable, à savoir Elöa, sa compagnie, le fait qu'elle soit venue sans réellement me connaître. Je pourrais très bien être un serial killer mais non, au lieu d'user de prudence, elle a fait ce que moi-même j'aurais fait : foncer tête baissée. Vu que tu m'as sauvé les miches, si moi j'étais responsable de ton déclin je risque pas de trouver le sommeil ! que je plaisante d'un ton aussi léger que possible, malgré la situation et l'épée de Damoclès toujours au-dessus de ma tête. Déconne pas je suis capable d'en acheter de toutes les couleurs et avec tes p'tits oursons ! Ses lèvres contre ma joue me provoque un frisson de bien-être, d'une simplicité presque effrayante. Elle est juste là. Sans rien réclamer. Sans rien attendre. La simplicité de cette situation m'incite à entourer son corps de mes bras, et d'embrasser le haut de son crâne, encore humide. Je me déplace sans la lâcher d'une semelle afin de prendre le téléphone de la chambre, histoire que nous ne mourrions ni de faim, ni de soif. Allo bonsoir, chambre 235, je voudrais une bouteille de votre meilleur champagne millésimé et un échantillon de toutes vos meilleures pâtisseries s'il vous plaît. Vous mettrez ça sur la note de la chambre 257, au nom de Bohème Chatelain. Merci bien ! Je raccroche aussitôt et repose le combiné pour ramener mon second bras autour de son corps. Juste un peu de paix après ces heures d'angoisses. Je sais que tu ne veux que boire un peu, mais... j'avais envie de fêter ça. Juste... qu'on s'en soit sortis. Sans doute mon inquiétude est-elle un peu trop évidente, et c'est la raison pour laquelle je m'éloigne dans une délicatesse que j'espère toute aussi évidente. Ne me remercie pas, Elöa. Je n'ai rien fait... si tu n'étais pas venue, qui sait ce qui aurait pu se passer pour moi... à la place, c'est toi qui t'es fait piquer ! Je soupire. D'inquiétude je viens de bondir à la case culpabilité. Une habitude, chez moi, alors que je la regarde d'un air brillant à l'aide de mes prunelles sombres.