Ji-hun laissa Chihiro lui citer les animaux qu'elle avait probablement repérés dans quelques bouquins feuilletés. Des serpents, il n'en était pas très friand, les moustiques ne semblaient pas aimer se délecter de son sang – ça n'avait jamais été lui qui avait été la proie aux piqûres la nuit. Puis il l'entendit s'écrier, pensa d'abord qu'elle avait repéré l'arrivée, mais le vocabulaire articulé ne lui fut pas familier. Il avait appris en deuxième langue étrangère le japonais, mais pas de manière si diversifiée. L'animal qu'elle pointa du doigt, lui non plus ne le connaissait pas. On dit « namuneulbo » chez moi, fit-il – et en anglais, c'était quoi ? Il semblait effectivement plus intrigué qu'apeuré. Je les trouve marrants, on a l'impression qu'ils sourient tout le temps, ajouta-t-il, les yeux plissés. Il aurait pu rester quelques heures à  stagner ici pour l'observer si la compétition ne leur demandait pas de se presser.

Ça n'étonna pas Ji-hun d'apprendre que Chihiro avait étudié le japonais, leurs deux pays avaient une histoire commune qui les unissait et leurs langues étaient souvent choisies avant même l'anglais – le chinois aussi comptait. À l'allure où il doit se déplacer, on n'est pas sûrs d'y arriver avant la nuit s'il venait à nous aider, plaisanta-t-il. Un éclat de rire s'échappa alors qu'il dépassa le paresseux qui n'avait pas bougé d'un doigt. Peut-être qu'en souriant on arrivera à marcher plus vite, soit dit en passant, supposa-t-il. Aussitôt dit, aussitôt fait, il laissa de côté son air concentré pour laisser ses deux rangées de dents se montrer.