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Une soirée clandestine, voilà qui était amusant. Je crois bien que j'arrivais de mieux en mieux à m'intégrer aux mathers, moi qui étais jusqu'ici un électron libre de Harvard. Jamais je ne m'étais imaginée rejoindre l'une des confréries que l'université et d'ailleurs, mon premier choix ne s'était pas tourné vers les verts. Mais maintenant que je me trouvais parmi eux, je me sentais bien, à ma place. J'arrivais rapidement sur les lieux, me trouvant à mon aise dans cette ambiance électrique. J'avais opté pour une tenue simple, pas de robe et mon premier réflexe fut de me diriger vers l'alcool pour prendre un verre.

Elle me dit calmement, de sa voix douce qui semble faire partie complète de sa personnalité (de telle façon que lorsqu'on pense à elle, on pense à une douce voix rassurante), qu'elle veux bien m'aider à ce que je passe une bonne soirée et que personne ne devine ce qui cloche chez moi. J'aimerais bien lui dire que je vais faire autant pour elle, mais elle se débrouille déjà assez bien pour ne rien faire transparaître de son mal ! Le "moi" d'avant n'aurait jamais laissé les choses comme ça, il aurait porté ses couilles et assumé la différence ; mais le "moi" d'avant n'était pas muet parmi des inconnus parlants. Il n'était pas différent d'eux, n'avait donc pas à s'en inquiéter réellement. Meadow répond à ma seconde question avec beaucoup d'humour, mais je l'interprète un peu différemment. Je crois que personne ne voudrait d'une aveugle comme boulet ! me dit-elle. N'importe quoi ! Elle n'est pas un boulet. Elle est forte, autonome, elle gère sa vie, ses études et sa petite sœur dans le soir, et pourrait étre un boulet pour quelqu'un ? Non, pas pour moi. Si elle me supporte, je peux faire de même pour elle, etre présent à ma façon. Mais ce n'est pas ce que j'écris, ni ce qui résonne à ses oreilles : Moi je veux bien de toi comme boulet. Je n'aurais pas pu plus mal formuler ma phrase que comme ça. J'insinue qu'en effet, c'est un boulet, et c'est tout le contraire de ce que je voulais lui dire.

Dina ne pouvait pas se comparer à Serah. Personne pouvait. La relation que j'entretenais avec Serah, elle était bien particulière, et personne ne pouvait rivaliser avec ça. Mais Dina n'est pas un choix par défaut. C'est juste que ça tombait ce soir alors qu'on aurait pu se voir bien avant, à croire qu'on avait tous les deux un emploi du temps assez chargé. Mais mieux vaut tard que jamais non? Alors je lui assure, et les mots ne sont pas assez forts puisqu'elle insiste pour que je lui prouve au lieu de blablater. Très bien. Elle se dégage de mon emprise et s'envole vers la foule qui est devenue dense. Si je l'attrape elle sera à moi? J'en doute fortement. Et est-ce que j'ai envie de me battre ce soir? Pas vraiment. Mais c'est soit ça, soit je me barre de cette soirée. Alors, autant me distraire. Je la laisse partir se déhancher avec d'autres, et bois le contenu de mon verre tranquillement en attendant que les minutes passent. Je vois Iris entrer en scène et je ne peux retenir un sourire. Elle connait Serah visiblement, mais j'm'inquiète pas trop puisqu'elles font parti de la même maison. Allez, c'est pas le moment de laisser l'ambiance retomber. Je vide mon verre d'une traite et me fraye un chemin dans la foule, cherchant Dina du regard. Une fois les yeux posés sur l'objet de mes désirs, je m'avance vers elle et glisse une main autour de sa taille. "J'te l'emprunte, j'espère que tu m'en tiendras pas rigueur." je lance à son compagnon de danse, même si en réalité j'm'en fous. Je l'attire contre moi, mes mains posées sur ses hanches, et mes lèvres viennent se déposer au creux de son oreille pour que ma voix surpasse le bruit de la musique. "J'espère que j't'ai pas trop fait attendre." Au pire, l'attente contribue à l'augmentation du désir.

C'était plus fort qu'elle, plus fort que tout, Meadow ne se voyait pas autrement que comme un boulet. Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer d'être aussi autonome que possible, de suivre ses cours de droit avec assiduité, d'être également autonome financièrement afin de continuer à s'occuper de sa petite sœur, qu'elle refusait de laisser à l'assistance... mais cette force dont elle faisait si facilement preuve possédait tout de même ses failles. Il lui arrivait de mal prendre certaines réflexions débiles de gens normaux, voyants, en bonne santé. L'orpheline peinait encore à vivre avec sa cécité comme si elle allait faire partie intégrante de son existence pour le restant de ses jours... et pourtant il le faudrait bien. Aussi, lorsque Atticus reprit le fil de la conversation grâce à son application, surprenant une nouvelle fois la jolie blonde. Mais ce ne fut pas tant l'utilisation de la voix synthétique qui la surprit. Ce furent plutôt les mots employés. Tu trouves que je suis un boulet toi aussi ? déglutit-elle avec difficulté face à cet ami qui la comprenait si bien, craignant soudainement son avis. Oublie ce que je viens de te demander... c'est ridicule comme question.

Elle me demande maintenant si je pense réellement ce que j'ai dit, mais me dit de laisser tomber. Je m'empresse d'écrire : Non pas du tout ! j'ai juste employé les mauvais mots... Et tandis que la voix synthétique fait son travail, je serre d'avantage sa main dans la mienne, et je me rapproche d'elle assez prés pour qu'elle sente mon souffle et mon odeur. Elle doit sentir mon pouls accélérer sous ses doigts a cause de la honte que j'ai, mais elle ne voit au moins pas mon visage rougir. J'ajoute : Ce que je veux dire, c'est que je peux être là pour toi, pour te soutenir ! J'ai une idée de ce que tu traverse, juste une idée, et je sais que tu es une jeune femme indépendante, pleine de vie, qui a beaucoup plus de mérite que les 3/4 des filles ici à Harvard qui ne font pas la moitié de ce que tu fais. Mais si tu as besoin d'une aide, pour quoi que ce soit, tu peux la trouver avec moi ! La voix est froide, sans aucune émotion, elle fait sonner les mots faux alors qu'ils sont plein de sincérité. Regarde, c'est moi le boulet. Je dis n'importe quoi et je ne veux pas te le dire vraiment. Excuse moi... Pour appuyer mes propos, je caresse sa paume en faisant des cercles avec mon pouce.