true disasters.
— margot

C'est un fait, je suis loin d'avoir eu une vie compliquée. J'ai pas non plus eu la vie parfaite, disons simplement qu'on a trouvé un juste milieu de train de vie dans lequel s'épanouir avec le reste de ma famille. Et pourtant, Adriel maintient être sûr qu'il y a des choses intéressantes à apprendre. La bouche pleine, je hausse encore les épaules, et termine pour dire: « Je suis un livre ouvert, ask your questions! » Et paf, la première question tombe, et faut dire qu'il a bien visé: Les raisons de mon départ en janvier 2015. Si la plupart de mes proches le savent déjà, Adriel et moi à l'époque n'étions pas assez proches pour que je lui explicite mes raisons de partir en Corée. Les yeux rivés sur mes genoux, je termine à nouveau ma bouche pour répondre: « J'suis partie en janvier 2015... Un peu après les prises d'otage sur le campus. Les quatre psychos, là. »Ou la peur de ma vie, mais pas pour moi, à vraie dire, et c'était le pire. Je reprend en levant les yeux vers Adriel: « Mes soeurs étaient dans le McDo à ce moment là. Et j'aurais du être avec elles. Ca a été les heures les plus longues de mon existence, de les savoir là bas, et moi coincée hors de portée. Puis après la bombe de 2012, et tout ce qu'y a déjà eu ces dernières années... Ca a été le coup de grâce. » Je repose la pomme à sa place, terminant mon bout de pain qui finalement me suffisait, tout en concluant: « J'ai décidé de partir en voyage humanitaire. De me ressourcer. Sauf que j'ai décidé de fuir la réalité, et quelques semaines se sont transformées en presque deux ans. » Bon, peut-être bien qu'y a des choses à savoir sur moi, après tout. Félicitations, Adriel, t'as bien visé.

true disasters.
— margot

J'étais très curieux de nature, j'aimais toujours tout savoir et sur tout le monde. Et je me rendais compte que je ne savais pas grand-chose sur elle, alors je voulais tout savoir maintenant. Mais elle ne savait pas quoi parler d'elle-même apparemment. Alors je posais la première question qui me venait à l'esprit, parce que c'était quand même intriguant qu'elle est disparue comme cela du jour au lendemain. Puis, il fallait avouer que j'étais le roi pour ça, après l'avoir fait deux fois. Alors j'attendais ses explications, qui ne tardaient pas à venir. Et elle me parlait alors des 4 psychopathes qui avaient attaqué Harvard. Je n'avais pas tout suivis de tout ça, j'avais été peu présent moi-même et je n'avais pas vécu les prises d'otages. La bombe m'avait suffit cela dit. Et je comprenais donc que ça l'avait traumatisé, elle avait eu très peur pour ses soeurs et c'était compréhensible. Je continuais de manger, la regardant. « Je ne pensais pas que c'était à cause de ça... Je comprends mieux pourquoi tu es partie alors ! Mais ça va mieux.. mentalement ? » me risquais-je à demander, ouvrant les gâteaux pour manger quelques gâteaux rapidement. « Et pourquoi la Corée ? » demandais-je avec un léger sourire.

true disasters.
— margot

En un sens, ça me fait plaisir, de voir sa curiosité, de le voir me demander des choses sur ma vie. Même si mon départ fait partie d'un épisode douloureux de mes années ici, j'ai fini par m'y faire, avec le temps. Par aborder le sujet plus calmement, avec d'avantage de recul. Le plus important, c'était que mes soeurs soient entières. Adriel sembla s'étonner des raisons se cachant derrière mon départ, et j'esquisse un sourire. « Quoi, tu pensais que j'étais soudainement tombée amoureuse d'un Coréen que j'ai suivi à Seoul pour l'épouser ? » Remarquais-je d'un rire, avant de secouer la tête en souriant, balançant mes jambes devant moi. « Maintenant, ça va mieux. Même si je te cache pas avoir songé un instant à repartir, après ce qui s'est passé. » Mais trop de choses me retiennent ici. A commencer par ma famille. Puis lui. Lui qui d'ailleurs me demande pourquoi la Corée. Je redescend de la table pour aller me servir un verre de lait. « La culture ? A l'origine j'étais seulement de passage. Puis j'ai eu un coup de coeur pour la mentalité des coréens, et j'ai voulu rester. Découvrir le pays. » Et voilà que maintenant, je parlais le Coréen pas trop mal, et j'en ai fait mes études mineures. « Ah, et puis la nourriture, aussi. » Je ris, songeant à toutes les spécialités qu'il avait goûté avec moi lors de cet espèce de premier rendez vous improvisé. La nuit ou tout a basculé. « Autre chose, détective Rhodes? » Demandais-je en revenant vers lui, avec un petit sourire.

true disasters.
— margot

J'étais bien content d'en apprendre plus sur elle, même si j'avais peut-être pas demandé la meilleure chose qui soit étant donné que ça ne devait pas être un très bon passage de sa vie. Mais bon, ce genre de choses se faisaient, c'était comme ça. Et je riais après ses paroles. « J'y avais pas pensé, mais c'est une idée oui. » Elle avait plutôt l'air du genre romantique après tout, donc ça semblait possible, non ? Et j'affichais une mine surpris, elle avait donc voulu repartir ? « Je suis content que tu sois finalement restée. » Très content. J'aurais pas supporter de la voir partir cette fois, clairement. La première fois, on était pas tellement proches. Mais là, si. Voilà pourquoi j'en venais à demander pourquoi elle était partie en Corée, parce qu'il fallait avouer que ce n'était pas la première destination que les gens choisissaient quand ils partaient à l'autre bout du monde, non ? Je souriais, repensant à notre soirée quand elle parlait de la nourriture. « D'accord. » disais-je simplement après avoir fini mon gâteau, refermant le paquet. Je me levais et je rangeais dans le placard les chips et les gâteaux, à leur place initial et je revenais m'asseoir, riant à ses paroles. « Oui, j'aimerais qu'on parle de tes.. relations. Des hommes que t'as connu. » avouais-je en relevant les yeux vers elle. J'étais intrigué sur ça, je devais l'avouer. Cela devait être une partie d'elle et j'avais envie de savoir.

true disasters.
— margot

Suivre un beau coréen jusqu'au bout du monde pour l'épouser, ça aurait pu être une belle histoire fausse à raconter. Mais je suis une piètre menteuse, d'abord, et ensuite, je n'avais plus besoin de mentir, ayant de plus en plus d'aisance à dire la vérité aux autres sur la prise d'otages et sur l'effet que ça avait eu sur moi qui n'avais pas été présente, attendant en pleurant que mes soeurs sortent de ce maudit fast food. Ou je n'ai jamais remis les pieds, d'ailleurs, pas plus mal pour ma ligne, la joueuse derrière le clavier devrait y penser aussi. Quand Adriel dit qu'il était content que je ne sois pas repartie encore une fois après l'incendie, je lui fais un léger sourire. « Je suis contente d'être restée. » Trop de choses me retiennent ici. Puis finalement, après lui avoir résumé les raisons qui ont fait que je sois allée en Corée et pas ailleurs, je lui demande s'il a d'autres questions. Une lui vient. Les hommes que j'ai connu. J'arrête d'un coup de parcourir la cuisine, tournant les yeux vers lui. « Les hommes que j'ai connus. » Répétais-je tout en allant à nouveau m'installer à côté de lui, les mains jointes, pensive. Même sur ça, y a pas grand chose à dire. Alors pourquoi est-ce que je me sens rougir à l'idée d'aborder ce sujet avec Adriel? « Encore une fois, rien d'intéressant... J'ai eu mon premier petit ami à seize ans. Premier et .. dernier, d'ailleurs. Je l'ai trouvé au lit avec une fille plus âgée, ça m'a passé l'envie de me mettre en couple. » Dire que c'était y a quatre ans, déjà. Je fronce le nez en mentionnant cet abruti fini, et commence à jouer avec une de mes mèches rousses, tique nerveux habituel. « J'ai eu quelques autres histoires depuis. Aucune de sérieuse. J'suis ennuyante jusque dans ma vie sentimentale, une de ces filles fleur bleue qui croient à l'âme soeur mais ont décidé d'arrêter de la chercher. » Elle est rare, tout comme ce concept de coup de foudre. Mais j'y crois, c'est bien le seul truc auquel je peux m'accrocher. Je lève les yeux vers lui à nouveau. Le seul que je ne sais pas où caser. Il n'est pas juste un coup, ça c'est sûr. C'est tout ce que j'arrive à admettre.

true disasters.
— margot

J'étais trop curieux, parfois je me disais que ma curiosité allait me perdre. Mais là, j'étais content d'en apprendre plus sur Margot, de savoir pourquoi elle était partie, pourquoi avoir choisis la Corée. C'était intéressant et je voulais en savoir plus sur elle, c'était une évidence. Puis, je finissais par ranger tout ce que j'avais sorti des placards avant de poser la question qui me titillait encore plus que les autres. C'était peut-être con, mais j'avais envie de savoir comment c'était passé ses relations. J'avais besoin de savoir si elle avait connue beaucoup de garçons, comment elle était de ce niveau-là pour être clair. Et c'était là que j'apprenais que son petit ami, et dernier apparemment, l'avait trompé. Quel connard, il savait pas ce qu'il avait perdu pour avoir fait une connerie pareille. « Je suis désolé pour toi.. » disais-je d'une petite voix, relevant les yeux vers elle. Je comprenais mieux son air méfiant et sa timidité presque maladive avec les garçons. Il était évident que c'est à cause de cette première histoire désastreuse, ou disons que ça avait beaucoup joué pour cela, non ? Je me retenais de rire à la suite de ses paroles. Ouais, elle était romantique, elle croyait encore un prince charmant venant sur son cheval blanc. Les filles comme elle était rare et par conséquent, précieuse. « Arrête, tu es loin d'être ennuyante comme fille, sinon je serais pas dans ta cuisine à minuit. » lâchais-je avec un léger rire. Ou disons, si j'avais pas été dans un second état et que tu t'étais sentie obligé de me ramener chez toi pour être sûre que je ne finisse pas encore plus mal dans n'importe quels endroits de Boston.

true disasters.
— margot

J'ai pas tellement l'habitude de parler de moi, tout simplement parce que je suis toujours partie du principe qu'il n'y avait rien à savoir d'intéressant sur ma vie. Pourtant, Adriel arrive chaque fois à soulever les petits détails intéressants. Après les raisons de mon départ en Corée, on parle rapidement de ma vie sentimentale quasi inexistante. Non pas que je n'intéressais pas les hommes, c'est juste que j'ai tendance à avoir du mal à me lancer dans une histoire depuis ma première - et dernière - déception. Presque aussitôt, Adriel s'excuse, et je secoue la tête avec un léger sourire. « C'est rien, ça remonte à loin maintenant. » Maintenant, je prends juste la vie comme elle vient, en espérant un jour tomber sur quelqu'un qui ne me trompe pas, en gros. C'est la seule exigence que j'ai aujourd'hui, j'ai laissé derrière moi depuis longtemps tous ces délires de trouver l'homme de ma vie. Il a du se faire rouler dessus par un bus, celui là. La réponse d'Adriel me fait rire malgré tout. « C'est pas comme si je t'avais tellement laissé le choix. »Il aurait lâché ma main dans la rue, je crois que je l'aurais presque harponné pour le trainer en sureté chez moi. Après quelques secondes de silence, je relève mon regard vers le sien pour me risquer à demander: « Et .. Toi? Ta vie sentimentale? » Terrain dangereux. J'ai peut-être pas envie de savoir. J'ai probablement pas envie de savoir, mais ma curiosité va au delà de l'envie.

true disasters.
— margot

Je ne savais pas ce qu'il m'avait prit de lui demander de me parler de ses exs. J'étais curieux, j'avais envie de savoir ce qu'elle avait vécu, je voulais me faire une idée de sa vie. Mais je me rendais compte que je n'aurais peut-être pas dû, car ce n'était pas tellement joyeux, il fallait le dire. Je lui souriais simplement, continuant la discussion. Et ne pouvant pas m'empêcher de rire légèrement à ses paroles. Effectivement, je n'avais pas eu le choix. Ou disons simplement que je m'étais laissé faire parce qu'au fond, ça ne m'avait pas dérangé tant que ça. « Certes. Tu peux être autoritaire quand tu veux ! » Elle avait était claire, elle avait était sèche, elle avait décidé des choses, je m'étais pris un verre dans la gueule. On pouvait dire que la gentille Margot n'était pas toujours au rendez-vous. Mais ma question de tout à l'heure me revenait en pleine face. Est-ce que j'avais envie de parler de mes anciennes relations ? Non. Mais j'allais le faire quand même, un minimum. « J'ai eu quelques histoires plus ou moins sérieuse, une longue de deux ans puis comme je me suis fait passer pour mort je l'ai perdu. » Shae. Elle me manquait depuis qu'elle était partie d'Harvard, il fallait l'avouer. « Puis une autre, qui a duré de très longues années, ça variait entre amour et haine, il y avait toujours quelque chose entre nous même quand on était séparés. Puis elle est partie il y a peu d'Harvard, notre histoire étant de toute façon réellement terminée. » ajoutais-je en haussant les épaules. Leevy, celle que je pensais être l'amour de ma vie. Il fallait croire que je m'étais toujours trompé avec les filles.

true disasters.
— margot

C'est pas bien compliqué, je ne suis autoritaire que lorsque je suis inquiète, d'où le fait que j'aie littéralement tiré Adriel hors de ce bar, jusque chez moi. Quand il observe que je suis autoritaire, j'esquisse un sourire léger en hochant la tête. Puis, je lui retourne sa question. Peut-être que je devrais pas, mais la curiosité est plus forte que le reste, et je me jette à l'eau, bien que devinant à sa réaction que ça ne l'enchante pas forcément. Trop tard, ce qui est fait est fait, alors j'écoute en silence. Il me parle de deux histoires relativement longues, dont la dernière vient de se finir. Err, t'aurais pu te taire, Margot. Clairement, j'ai l'impression d'avoir plombé l'ambiance, et je ne sais plus où me mettre. « D'accord... » Finis-je par dire en passant une main dans mes cheveux, visiblement gênée. J'peux même pas lui dire "j'espère que tu trouveras l'amour", parce que même si une part de moi le pense, l'autre non. Allez pas comprendre, moi-même je me comprend pas dans l'immédiat, et à cette pensée, je saute de la table sur laquelle j'étais perchée. « Enfin bref. Tu peux .. rester dormir ici, si tu veux. » La vérité, c'est que j'ai peur de le laisser filer, et que j'en ai pas franchement envie, mais vu comment j'ai plombé l'ambiance... « Sauf si tu veux rentrer ... Mais je te raccompagnerais. » Inquiète jusqu'au bout.

true disasters.
— margot

Je devais avouer que parler de mes relations amoureuses n'étaient pas mon sujet de conversation préférée. J'avais toujours eu des relations compliqués, des relations qui finissaient mal et dans la souffrance. Parce que j'étais con, il fallait le dire. Mais d'un coup, après mes brèves explications sur ses relations, l'ambiance était.. étrange. Et je me retrouvais comme un con, à ne pas savoir quoi dire. Et elle aussi. Plusieurs minutes de silence, avant qu'elle ne se relève d'un coup. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me propose de dormir chez elle. Je pensais qu'elle allait me renvoyer chez moi, mais non. « Je veux bien dormir ici, j'ai pas envie de rentrer. » lâchais-je avant de me rendre compte que c'était peut-être pas la meilleure des choses à dire. « Fin, parce que j'ai la flemme de rentrer à pieds en pleine nuit ! » J'essayais d'me rattraper comme je pouvais. Même si la vérité, c'était que je ne voulais pas parler et la laisser, pour me poser des centaines de questions, à me demander si j'allais la revoir ou non. Je voulais encore profiter. « Du coup, je dors... où ? » demandais-je en relevant les yeux vers elle. Je me doutais bien qu'elle allait pas m'faire dormir dans le même lit qu'elle, non ?