Plus qu'étonné d'apprendre toutes ces choses sur elle. Il n'aurait jamais deviné, à lui tout seul. Elle est encore plus intrigante à ses yeux, maintenant. Et surtout plus intéressante qu'il l'aurait pensé. Bien sûr que ça donne, davantage envie d'apprendre à la connaître. Elle n'est pas banale. Il réfléchit avant de donner une date. Le 20 décembre 1990. Sa date de naissance. Au moins, il connaît le jour pour cette date. C'est ensuite qu'il apprend que tout ce qu'il a pu apprendre est dû à un syndrome. Là, non plus, il n'est pas calé. Autiste ? Il y a plusieurs degré, non ? Oui, il a déjà des personnes autistes, sans pour autant avoir ce genre de faculté. En fait, il est perdu parce qu'il n'y connaît vraiment rien. Je m'y suis remis, il y a quelques mois, seulement. Avec une stabilité, c'est plus facile. Presque. dit-il en riant légèrement. Pour dire vrai, j'avais quelques dettes en Angleterre et pour venir ici, je me suis fait passer pour mort. Ça a duré quatre ans avant que tout soit découvert. C'est qu'une partie.

Je sentais l'intérêt soudain d'Aaron pour ma personne décuplé, et si ça m'intimidait légèrement, je tentais d'y faire abstraction en réfléchissant rapidement à la date qu'il m'a donnée. Discrètement, avec ma main droite, je dessinais sur ma cuisse, dans l'air, posant un calcul dont moi seul comprenait le sens. « Un jeudi. » Je levais les yeux vers lui, sans chercher à savoir si j'ai raison. Je fais ça depuis que j'ai six ans, je sais que j'ai raison. Puis, le plus simplement du monde, j'expliquais ce avec quoi je vis depuis l'enfance:  « Y a plusieurs degrés oui, j'en ai un léger. Asperger c'est plus à considérer comme une différence qu'un handicap réel. Mais si j'te fais la liste de tout ce que ça change dans mon développement, t'aurais peur. » Je l'écoutais causer piano avec intérêt, demandant avec curiosité :  « Tu me montreras un de ces jours? » Entre deux hackages. Puis, je l'écoutais, étonnée. Ah ouais, se faire passer pour mort, c'est assez énorme.  « Ah ouais. Et du coup.. Ca a fini comment ? » Demandais-je, curieuse.

Aaron arque un sourcil, plutôt attentif, en regardant Maddy calculer, à sa façon. Avant qu'elle ne donne la réponse. La bonne réponse, d'ailleurs. Un sourire apparut sur son visage. C'est exact. Très forte. Et c'est ensuite qu'il vient à apprendre le pourquoi du comment, elle peut avoir ces facultés. Alors, n'essayons pas de me faire peur. dit-il en rigolant avant de hocher la tête, sérieusement, comprenant un peu plus, ce qu'elle avait. Avec plaisir, quand tu voudras. C'est toujours un plaisir de jouer. Finalement, il lui avoue une partie de son passé, où pendant quatre ans, il l'a toujours caché. Mais maintenant, tout est terminé donc, il n'a pas à avoir peur de se confier. Il apprend, au fur et à mesure. D'abord, je me suis fait tirer dessus et cette personne a finalement décidé de passer l'éponge, quelques mois, après. Oui, il attire le danger, il l'avait prévenu.

Un sourire en coin apparut sur mes lèvres lorsque Aaron fut contraint de constater que j'avais raison. Puis, je ris lorsqu'il préféra ne pas avoir peur avec tous les soucis découlant de ce syndrome : Maladresse physique, intérêt restreint, et j'en passe.  « Ca va hein j'en suis pas à faire des crises d'hystérie et à devenir violente. Mais ça t'explique au moins ma difficulté sociale. » J'ai pas besoin de m'étaler d'avantage. Je me concentrais plutôt sur lui, et le fait qu'il sache jouer du piano. Ca m'intéresse.  « Quand je veux ? Je prend en note. » Par contre, la suite me plut moins. Je haussais les sourcils, étonnée.  « On t'a.. Tiré dessus? » Putain. J'en terminais ma bière cul sec.  « Et t'es sûr d'être tranquille au moins maintenant, hein? » J'voudrais pas qu'il se prenne une autre balle, m'voyez.

Très forte, c'est le cas. Pour, lui, ça reste tout de même un don. Bien qu'il ne veut plus avoir peur, pour ce soir. Il reste amusé, par les remarques, quand même. Non, je comprend mais je trouve que ça reste... une qualité. D'un point de vue extérieur. Et de ce qu'il sait, par elle. Et de comment, elle l'explique. Il n'espère pas être maladroit, dans ses propos, pour autant. Qu'elle prenne note, parce qu'il ne va pas oublier, le fait qu'il puisse la revoir. Oh non. Après une gorgée de sa bière, il lui avoue quelques mésaventures, dû à son passé en Angleterre. Il eut un sourire, à sa réaction. Oui, plutôt oui. Il sait qu'il est tranquille, pour ce coup là. C'est grâce à Leevy, même si c'est elle qui lui a tiré dessus, presque un an avant. Depuis ? Il s'est faite passer pour sa femme en Irlande auprès de ses parents et il a couché avec elle. Non, vraiment, leur rapport ont beaucoup changé. Je n'ai plus d'inquiétude à avoir sur ce sujet.

Je n’évoque pas souvent ma “santé”, mais la constatation d’Aaron me fit sourire, flattée. « J’aime bien ton point de vue extérieur. Ca me touche, merci. »  Par contre, son histoire à lui était loin d’être banale. Curieuse, je l’écoutais, étonnée d’apprendre qu’on lui a tiré dessus. Et surtout, je m’inquiétais de savoir si c’était possible que ça arrive à nouveau, ce à quoi il répondit en m’assurant que non. Je soupirais, soulagée. « Ah, tant mieux alors. » Je jouais avec mon verre, levant les yeux vers lui.  « Décidément, t'es plein de surprises. »  Ah ça pour l'être, il l'est: Si je m'étais attendu à des petites frasques de hacker, je n'avais certainement pas attendu toutes ces histoires de dettes en Angleterre.

Aaron hoche légèrement la tête d'un sourire alors qu'il vient à boire quelques gorgées de sa bière, pratiquement terminé. Il eut un courage pour lui avouer son passé. Chose qui est assez nouvelle, de se confier, pour lui. Et il doit avouer que ça fait du bien. Bien entendu, il n'allait pas le crier sur tout les toits, maintenant. Juste qu'il se sent assez en confiance, pour oser parler d'une partie de son passé. Il lui affirme que tout va mieux, maintenant. Tu t'en inquiétais ? demande-t-il un peu amusé, de voir que peut être elle aurait été inquiète s'il avait des chances de se faire tirer dessus, encore. C'est certainement la pire chose qui m'est arrivé. À côté de ses autres soucis, celui-là était gros.

Appuyée sur le bar, j'écoutais Aaron avec intérêt, avec un poil d'inquiétude, aussi. Lorsqu'il m'interrogeai, je haussais une épaule avec un sourire timide.  « Un peu, quand même. Qui pourra tenter de me battre en hackage ? » J'aurais pas voulu ne plus le croiser pendant les cours, ou après, pendant nos escapades avec ordinateur. Du coup, chaque fois qu'il sera malade, je serais parano. Je hochais la tête en l'entendant dire que c'était certainement la pire chose qui lui soit arrivée.  « A moi aussi. » Après une pause, j'me reprenais rapidement.  « Enfin, moi c'était en janvier l'année dernière. Pas de dettes, juste au mauvais endroit au mauvais moment. » C'était probablement mon pire souvenir.

Un sourire amusé apparaît sur son visage avant qu'il ne reprenne la parole. Je serais toujours là pour relever ce défi. dit-il tout autant amusé alors qu'il avoue, ensuite que c'est bien la pire chose qui lui est arrivé, au cours de sa petite vie. Comparé à d'autres choses qui se sont passés, bien sûr. Il arque un sourcil, aux propos de Maddy avant de finalement comprendre. Il fut désolé de l'apprendre. Lors des prises d'otage ? Là, il ne voit que ça. Janvier de l'an dernier, il s'est passé beaucoup de choses ici. Après, ça peut être totalement différent, justement. Lui, il n'était pas présent sur les lieux mais, il s'était précipité aux endroits, sans pour autant, pouvoir passer. C'est normal.

Je rendis son sourire à Aaron lorsqu'il dit être toujours là pour relever le défi pour me battre derrière nos ordinateurs.  « T'as intérêt. » Dis-je en riant, avant d'aborder ma seule vraie blessure - outre l'attentat de 2013. Je hochais la tête lorsque Aaron supposa qu'il s'agissait de la prise d'otages.  « J'ai pris une balle au niveau de l'abdomen. J'ai eu la chance d'avoir un ami sur place qui s'est occupé de moi.. » Puis je fis un sourire, comme pour dédramatiser la chose.  « D'autres ont vécu bien pire, j'ai eu la chance de m'en sortir. » J'aime voir les choses avec légèreté, avec optimisme. Ça m'empêche de devenir parano.