Sourire sincère affiché, ce dernier se transforma en un rire loin d'être forcé. Je n'avais jamais pensé la quitter un jour non plus, répondit-il dans la foulée. Les autres pays étaient hostiles de ce qu'on lui avait souvent raconté, dotés d'une vie bien plus compliquée que celle qu'ils vivaient au Nord de la Corée, alors pourquoi s'en aller ? La chose avait été tout autre quand il sut qu'il allait être enfermé, il n'avait plus rien à perdre de tenter. Ne t'en fais pas, rassura-t-il Aschille quand ce dernier se montra un brin indiscret, mon père a trouvé refuge au Sud de la Corée. Pas besoin de parler de sa mère et ses sœurs, puisqu'il ne savait pas si elles avaient trouvé un endroit sûr où s'installer ailleurs. Petite bouffée de nicotine ingérée, le sujet dériva sur les objets qu'ils avaient trouvés. Je suis pas un expert non plus, avoua-t-il, j'espère qu'on a bien trouvé ceux qui pouvaient rapporter gros. Que le lot de trophées n'était pas un jouet qui ne vaudra qu'un maigre billet, que quelqu'un misera gros sur le tableau, et que la statue verra la cagnotte grimper sans ne plus pouvoir s'arrêter. Qu'est-ce qui t'a donné envie de postuler à Harvard et de t'engager auprès de la Pforzheimer House, demanda-t-il. Est-ce qu'il faisait partie des enfants de parents très exigeants ou est-ce qu'il y était parce qu'il l'avait de lui-même décider, sans personne pour l'y avoir forcé, seulement l'encourager ?

Une fois entré dans un tel pays, on n'y pense pas forcément en ressortir un jour et on devient juste un parfait bon petit citoyen. Soit tu accepte ta condition et tu ne te vois pas vivre autrement de toute façon, soit tu rêves de liberté et tu fais tout pour t'en sortir. C'est ce que son père a apparemment choisi de faire et j'étais ravis pour lui qu'il puisse vivre pleinement sa vie sur le sol américain, même si cela voulait dire ne plus revoir certains membres de sa famille qui, malheureusement, n'ont pas eut la même chance ou le même courage que lui. L'ambiance de la conversation était devenu un peu plus lourde avec un tel sujet, mais il ne fallait pas non plus renier son histoire. Je regardais nos trouvailles en imaginant que certains lots pouvaient être des petites pépites. "J'espère aussi, sinon c'est un peu la honte, même si l'essentiel c'est déjà de participer" fis-je en souriant.

Je réfléchissais un temps à sa question afin de mettre les bons mots. "J'y ait toujours rêvé depuis ma plus tendre enfance en fait. Mes parents se sont rencontrés ici et ils ont fait leurs études à Harvard, quand j'écoutais leurs histoires et leurs parcours, je n'avais qu'une seule hâte, c'est que ça soit mon tour. Alors, j'ai mis toutes les chances de mon côté et j'ai travaillé dur. Je savais que mes parents avaient assez d'argent pour m'y envoyé, mais je voulais aussi mériter ma place." Cette école était un véritable accomplissement. "Quand à la pfo, quand j'ai vu que c'était rempli de gens qui aiment étudier, les livres et tout, ça me semblait évident. J'ai toujours été hyper proche de ma famille, très soudé et j'avais besoin d'en retrouver une alors que je me retrouve à des milliers de kilomètres de la mienne." Concluais-je toujours muni d'un sourire. "Toi aussi ça à toujours été une évidence tout ça ou bien plusieurs écoles étaient dans ton viseur."

Les trois dorés s'étaient arrêtés avant même de trouver tous les objets, simplement parce qu'ils avaient senti que quatre étaient bien assez et que trois d'entre eux semblaient pouvoir leur rapporter un peu de blé. Mais si ce n'était pas le cas, est-ce qu'ils s'en voudraient de ne pas avoir un peu plus persévéré ? On ne pouvait les blâmer de penser que ça suffirait, mais Ji-hun ne put s'empêcher de se questionner. Je ne pense pas que le but est de ramasser des millions de toute façon, même si ce serait fantastique si ça arrivait, dit-il. En tout cas, il ne pensait pas que les lots trouvés avaient leur place dans un musée, les organisateurs n'auraient pas pris le risque de les voir se briser sous la maladresse d'un participant qui aurait trébuché. Waw, quelle histoire, s'exclama-t-il en comprenant qu'Aschille était rattaché à l'université avant même qu'il ne soit né. Histoire d'amour qui avait fini par durer pour toujours, le filston qui marchait dans leurs pas. Lorsque je suis arrivé, je ne savais même pas que les réfugiés avaient le droit d'étudier, avoua-t-il en retour, je l'ai su quand j'ai confié à ma marraine que j'avais côtoyé la meilleure université du pays et que j'y avais commencé un docto' en pharmacologie. Ils l'avaient ensuite encouragé à postuler, parce qu'il avait toujours visé le meilleur de ce qui lui était possible de réaliser, et il s'était battu pour convaincre le jury qui l'avait écouté avec les maigres ressources universitaires qu'il avait réussi à sauver. Il avait dû s'acharner pour pouvoir reprendre l'écriture de sa thèse là où il s'en était arrêté. J'étais entouré de deux cents hommes tous aussi ambitieux et studieux que moi à Pyeongyang, se décida-t-il à rester bref, j'ai l'impression de retrouver un peu de ma vie d'avant ici. Cigarette terminée, ne restait plus que le filtre à jeter dans une poubelle qui se trouvait à proximité. Je crois que je n'ai plus qu'à aller m'avancer, fit-il, puisque la partie n'avait pas tant duré, on garde contact et, à l'occasion on se fera une sortie avant le gala. Il lui proposa, main tendue qui scellera forcément tout ça. J'ai été vraiment ravi de te rencontrer, ajouta-t-il sans savoir qu'ils se recroiseront plus d'une fois d'ici là.

Je me disais qu'avec le nombre d'élèves aux parents riches qui se trouvent à Harvard, il y avait de quoi rassembler plusieurs milliers et cela sans même avoir besoin d'une vente aux enchères, mais la plupart était égoïste ou n'y avait même pas forcément songé. Je mettais cette idée dans un coin de ma tête afin de demander à mes parents. Je connaissais ma mère et elle a la main sur le coeur, quant à mon père, il l'aime assez pour se laisser convaincre par cette dernière. Je souriais suite à sa réaction. C'est vrai que mon histoire sortait tout droit d'une série hollywoodienne et pourtant, c'était bel et bien la vérité. J'écoutais ensuite son récit, bien différent du mien, mais tout aussi intéressant; "Tu as une sacré vie dit donc" il avait déjà vécu dix vies avant même ses trente ans.Il y avait de quoi en perdre la tête. Je le regardais finir sa cigarette avant de rentrer à nouveau dans le bâtiment, ce que je fis à mon tour afin de vaquer à d'autres occupations. "J'étais en tout cas ravis de faire ta connaissance" fis-je sincèrement. Quelque chose me disait que nous allions finir par nous recroiser assez rapidement.

THE END