March 31st/April 1st, midnight – Navigator 22 Trois heures que les quatre coréens naviguaient d'un coin à l'autre de la ville.  Malgré la pluie et la fatigue, au fur et à mesure de la soirée, Ji-hun se sentait de plus en plus léger. Tirer un trait sur des années de pratique n'avait pas été simple pour le nageur, heureusement il pouvait compter sur des amis qui le connaissaient – presque – par cœur. Arrivés sur le bateau, à l'intérieur ils entrèrent aussitôt. Dernier lieu à visiter avant qu'ils ne puissent tous aller se reposer. Et si le champion de natation crut que ses alliés auraient décidé de le laisser un peu respirer, ce fut une fois près du comptoir qu'il se rendit compte que son portefeuille lui avait été dérobé. Tâtonnant ses poches de ses paumes, il se tourna interrogateur vers les autres. L'un brandit trois slips de bain, un deuxième fit apparaître un défi dans sa main. Maillots cachés à la va-vite sous la chemise, il partit à la recherche d'une personne sur laquelle il pourrait poser sa mise. Salut, s'approcha-t-il de quelqu'un qui lui sembla énergique et sympa, tu crois que tu pourrais m'aider ? Il demanda gentiment, même s'il avait l'impression qu'avec les verres d'alcool déjà ingurgités il n'avait plus à mettre tant de forme pour aborder.

La semaine est enfin terminée et je dois avouer que je n'ai jamais été aussi heureuse d'être un vendredi soir. Avec tout ce qu'il s'est passé cette semaine dans la famille, j'ai l'impression d'avoir la tête sous l'eau et j'ai besoin de décompresser. Un rapide message collectif envoyé à mes amies, nous décidons de nous rendre au Navigator 22 et de passer une soirée entre filles. Si l'ambiance est un peu fade, lorsque les verres commencent à affluer, tout va beaucoup mieux. Je ris, je danse, je bois et discute avec quelques jeunes hommes avant de me laisser tomber sur l'un des fauteuils en cuir pour recharger mes batteries quelques minutes. Je termine ma coupe de champagne et m'apprête à repartir sur la piste de danse lorsqu'un jeune homme m'aborde. Je lève les yeux vers lui et un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres. Il faut que tu sois un peu plus spécifique. Que je souffle légèrement me redressant pour me trouver à sa hauteur. T'as besoin de quoi ? Parce que j'ai plus d'un tour dans mon sac mais ça, il ne peut pas le savoir. @Ji-hun Hwang

Sur une énergie positive ses yeux enfin posés, Ji-hun s'empressa de jouer des épaules et de la retrouver. Il l'interpella avant qu'elle ne puisse s'envoler, ne prêta attention à la forme pour l'aborder. Et bien..., commença-t-il avant de la fixer, paupières froncées. Maintenant dressée sur ses talons, c'était dingue à quel point certains traits de son visage lui rappelait quelqu'un. Incapable pourtant de se concentrer pour répondre au fameux « mais qui ? », il secoua le faciès et réfléchit. Combien de verres avait-il vidé depuis le début de la soirée ? Non, ce n'était définitivement pas le sujet. Lumière qui jaillit dans sa tête comme par magie, il tâtonna sa chemise noire de ses paumes, passa sur ses pectoraux ses côtes puis ses abdominaux ; les slips avaient donc glissé tout en bas, ces petits coquins-là ! Je fête ma retraite, l'informa-t-il, bas-ventre réchauffé par ses mains, contre lui, plaquées. Quelques secondes se perdirent peut-être dans l'incompréhension, il ajouta : en championnats, je suis nageur. Enfin..., j'étais. Il se rattrapa, ne savait plus trop comment il pouvait formuler ça. Et, euh, pour faire passer plus agréablement ma fin de contrat, on m'a mis au défi de vendre ça , finit-il en tapotant doucement sur le tissus sombre qu'il portait.

tw - cliché, racisme.

C’est tout ce qu’il me faut pour me remotiver : cinq minutes assise dans un coin et une coupe de champagne. Extravertie depuis le plus jeune âge, je ne suis pas de celles qui ont besoin de calme pour se ressourcer et j’en suis plus qu’heureuse, je ne peux pas le nier. Alors forcément, quand ce jeune inconnu m’adresse la parole, c’est l’interaction parfaite pour repartir dans une nouvelle aventure. Je le regarde se toucher le torse et arque un sourcil. J’en ai déjà vu des choses dans ma vie mais celle-là, c’est tout nouveau. Je l’écoute et ris légèrement. Ta retraite ? On dit souvent que les asiatiques ne marquent pas autant que les occidentaux mais là, c’est pire que tout ! Je commence à me toucher le visage et me demander si je marque et si j’aurai toujours le même faciès au moment de la retraite. Je l’espère vraiment et me dis que je devrais trouver un chirurgien plastique dès aujourd’hui. Note mentale créée, je porte à nouveau mon attention sur le jeune homme. Retraite dans les cours d’eau. Aaaaah. Que je souffle en acquiesçant. Ok, tout me semble bien plus logique maintenant. De vendre quoi ? Ton corps ? Que je demande rapidement en essayant de voir s’il me montre quelque chose de précis ou bien son corps tout entier. Ça devrait être plus facile que prévu si c’est le cas, j’ai un peu d’expérience en la matière.

L'incompréhension passée, il sourit. Il continua, expliquant comment elle pourrait l'aider à faire passer ça. Mains tâtonnant son ventre, il ne comprit pas pourquoi il mettrait son corps à vendre. Uhm, se montra-t-il sceptique, les cordes vocales vibrant dans les graves, ça serait gratuit, ça ! Il plaisanta, le rire n'y échappa pas. Non, non, secoua-t-il le chef avant de lever sa chemise du jeans ceinturé, ça ! Apparurent enfin les slips de bains. Logo d'Harvard fièrement montré sur chacun d'eux , il les présenta : celui-là, c'est de l'invitation dans le Minnesota de décembre, celui-ci des nationales du mois dernier, et le plus important : on a gagné la Ivy pour la sixième fois consécutive et je portais ça. Il le brandit devant les yeux de la brune qui, à ses yeux, devait posséder un bel ADN ; elle lui faisait encore plus penser à une actrice méditerranéenne. Des trophées qu'il aurait bien aimé garder, mais il ne faisait pas les règles de la soirée. Si je veux boire, je dois m'en séparer à bon prix, informa-t-il sa vis-à-vis, et peut-être... que je pourrais t'inviter aussi ? Plus intéressant devenait le défi si elle récoltait également un prix. La musique frappa ses tympans et une idée immergea. Il jeta un regard sur la piste où beaucoup se dandinaient et demanda : tu aimes danser ? Parce qu'il était même prêt à la faire kiffer de quelques pas qu'on lui avait appris d'emblée à son arrivée ; un verre et un duo rythmé, c'était à prendre ou à laisser.

tw : proxénétisme.

Dire que je suis curieuse est un euphémisme. Les yeux posés sur le jeune homme, j’attends d’en savoir plus sur ce qu’il doit faire et comment je vais pouvoir l’aider. Très bonne négociatrice - et ce depuis mon plus jeune âge - je sais qu’il va réussir son pari rapidement. Je ne peux m’empêcher de l’observer et de sourire quand il parle du fait que son corps est gratuit. On peut s’arranger pour lui trouver un prix, je n’en doute pas une seule seconde. Je m’occupe essentiellement de femmes escorts mais le marché pour les hommes est de plus en plus important et pas qu’avec les vieilles ! Je le regarde, attrape un slip de bain du bout du doigt et souffle Ils sont propres, rassures moi ? Et en même temps, je sais que le marché pour les slips / culottes et dessous en tout genre utilisés et non lavés est bien plus important que tout ce qui est lavé. Tu dois en tirer combien ? Que je demande rapidement, criant par-dessus la musique. L’invitation est tentante mais j’ai besoin de savoir dans quoi je me lance. J’adore danser oui. Et je ne dis jamais non à un verre. Parce que ce serait vraiment malpoli et mes parents ne m’ont pas élevé comme ça. Et si je les achètes pour une centaine de dollars, c’est de la triche ? Et ce serait la facilité ultime, chose qui ne m’a jamais intéressé, je ne peux pas le nier. Mais en même temps, c’est tentant…

Lavés et bien rangés jusqu'à ce que dans sa chambre on vienne fouiller, ce fut ce qu'il put lui assurer. Je n'ai pas vu le prix des boissons, annonça-t-il, mais assez pour un verre, deux si elle acceptait qu'un d'eux lui soit offert. Les yeux s'échappèrent sur la piste de danse, la musique était bien plus à sa portée que les boom boom sur lesquels un défi lui avait été proposé de relever plus tôt dans la soirée, il espérait alors qu'elle puisse aimer s'y dandiner, afin que le lot puisse la motiver. Le sourire s'agrandit sur les lippes du brun à la confirmation, puis tomba la proposition. Une centaine de dollars, s'exclama-t-il, surpris de la somme annoncée – il n'en attendait pas tant. Je n'ai pas eu de précisions quant aux règles, indiqua-t-il avant de réfléchir, le but était de les vendre. Il avait pensé proposer à sa coéquipière de se montrer convaincante auprès de ceux qui avaient déjà un gros coup dans le nez, mais elle ne semblait pas avoir besoin de ses idées pour s'en charger. Je me demande bien ce que tu en ferais, leva-t-il les sourcils devant cette décision insensée, curiosité qui titillait les neurones malgré l'alcool déjà ingurgité. Il baissa les yeux sans trop chercher à suivre les contours de la silhouette féminine, mais ses pensées le firent réagir : tu dois probablement porter des sous-vêtements bien plus canons que ces slips de natation; ce n'était donc pas pour les enfiler. Il releva ses yeux bridés, sans se sentir gêné de ces mots qu'il venait de libérer – après tout, c'était sûrement vrai. Adjugé, vendu, lança-t-il sans attendre. Il tendit ses doigts longilignes afin de conclure le marché.

Mes yeux sur le jeune homme, j’acquiesce quand il me dit que les slips de bain sont propres. Bien. Très bien. Je suis pourtant quasiment sûre que ça se vendrait bien plus cher sur internet s’ils étaient portés. C’est clairement ce que je ferais si j’avais besoin d'argent. Je ne comprends pas trop que ce soit si tabou. Qu’est-ce qu’on peut bien en avoir à faire de ce que font les gens avec leurs dessous ? La moralité des choses me fascine tout particulièrement dans ce genre de cas alors que là, porté mais propre, ça semble beaucoup plus acceptable. Je le regarde et une fois la somme proposée, je souffle Tu as donc une acheteuse. Comme pour conclure mon offre. Il ne sait pas le prix de vente mais moi, je lui donne un prix d’achat. Il aurait pu essayer de négocier, arguant sur la valeur des biens mais il s’est grillé tout seul. Je le regarde, souris et souffle Je vais garder le mystère un peu plus longtemps. Que vais-je faire de ces slips de bains ? Les revendre ou bien tout simplement les donner à une association que je croiserai sur le chemin de l’un de mes prochains clients. Je ne sais pas trop encore, j’aurai le temps d’y réfléchir plus tard. Je ris quand je l’entends dire que mes sous-vêtements sont probablement bien plus canons. Je ne te le fais pas dire. Y a moins de tissu et plus de dentelles. Et en soufflant ces mots, je frotte le tissu entre mes doigts. Bordel, y a tellement de couches là-dedans que je pourrais me faire un parachute avec. Je garde ce commentaire pour moi et rapproche ma main de la sienne pour conclure ce deal. Bon par contre… La main en suspens dans les airs, je dis Il va falloir que tu me les envoies par la poste parce que je n’ai pas de places pour les prendre avec moi. Je n’ai qu’un tout petit sac à main - que je lui montre rapidement - il n’y a que mes clés, ma carte d'identité, mon téléphone et ma carte de crédit là-dedans. Ou alors tu fais la livraison à domicile et tu me les déposes toi-même ? Le sourire carnassier qui prend possession de mes lèvres donne une petite indication de tout ce qui passe par ma tête à ce moment précis. Rien d'immoral mais rien de très catholique non plus.

Main tendue, en échange d'un gros billet les slips de bain étaient à présent vendus. Ji-hun accrocha la palme de sa vis-à-vis, la serra gentiment puis lui rendit. Oreilles toutes ouïes, ce furent ses yeux qui se baladèrent sur le sac à mains qu'elle tendit. Absence de place justifiée, l'Asiatique allait pour lui confirmer qu'il pourra les lui envoyer, mais une autre option lui fut proposée. Les billes d'un marron profond prirent de nouveau de la hauteur, et se posèrent instantanément sur ce sourire enjôleur. Lippes figées en biais, il n'y avait aucun doute sur ce qu'elles exprimaient. Le plus jeune les observa et, il ne sut pourquoi, sa bouche les imita. Ça faisait un moment que ça ne lui était pas arrivé d'être charmé, notamment parce que rares s'étaient faites les soirées. C'était plaisant, il fallait l'avouer, même s'il n'allait pas en abuser. Il me faudra une adresse, lui fit-il remarquer en retrouvant de ses rétines les siennes, et un meetsa peut-être ? Au cas où il ne trouvait pas l'endroit, pour la contacter, savait-on jamais. Une centaines de dollars de conso, alors, lui rappela-t-il le deal, je ne suis pas certain qu'on tienne encore debout après ça ! Il s'exclama ; ses comparses et lui-même auraient dû prévoir, peut-être y'avait-il des cabines à louer en bas ? Après tout, dans un bateau, c'était souvent le cas. La jolie et généreuse acheteuse devant moi à un prénom, s'autorisa-t-il à demander avant d'ajouter : c'est quand même plus sympa de savoir avec qui on va boire et danser, non ? Il dégaina son Samsung, ouvrit l'application et lui offrit son téléphone afin qu'elle puisse suivre son compte et recevoir, en retour, une notification.

J’ai toujours quelque chose à dire ou à redire, c’est comme ça. Ça m’a causé bien des soucis, lorsque j’étais gamine, mon grand-père détestant totalement mon manque de discrétion. Et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il me jugerait s’il venait à me voir ici, ce soir, à acheter des slips de bains d’un étudiant inconnu d’Harvard. Je ne fais pas dans la charité après tout - sauf pour les animaux - et il ne se gênerait pas pour me le faire remarquer. Mais tout cela n’était qu’un jeu pour moi et j’étais une grande joueuse, il n’y avait qu’à entendre les mots qui sortaient de ma bouche. Allait-il prendre le risque de venir chez moi me déposer le tissu ou pas ? L’idée ne semblait pas lui déplaire et je ne peux m’empêcher de rire légèrement à sa question. Ça se mérite, ça. Je souffle ses mots en tapotant légèrement sur ses épaules, renouant le contact physique entre nous deux. Ça m’amuse plus qu’autre chose, je ne peux le nier. Cent dollars de boissons peuvent partir très rapidement au prix des cocktails et de la bouteille de champagne. Je regarde son téléphone, une légère grimace face à l’engin qu’il me tend. Fervente utilisatrice de la pomme, j’ai un peu de mal à me rendre compte que tout le monde n’a pas les mêmes standards en termes de technologies que moi. Chiara Berrettini. Que je souffle en tapant mon nom dans la barre de recherche. Mes ongles fraîchement manucurées tapent contre l’écran et je lui rends rapidement son téléphone après avoir cliqué sur le bouton “follow”. Je verrais plus tard de mon côté, bien trop peu intéressée par cette information à ce moment précis. Et toi ? Je n’ai aucune idée pour le moment. Mais ça ne saura pas tarder, on est en train de parler des règles de cette dynamique, ça m’intéresse grandement pour savoir où je mets les pieds et ce que je pourrais tirer de lui.