Dix-neuf heures tapantes et je t’attends droit comme un piquet à l’endroit des arrivées de l’aéroport de Faro. Non, en fait, c’est faux. Il n’est pas encore dix-neuf heures. J’suis là à l’avance, parce que j’ai trop d’impatience en moi. Pourtant, ça changera rien. C’est pas comme si le fait que j’arrive une demi-heure à l’avance fera atterrir ton avion une demi-heure à l’avance. Et du coup, l’attente est encore plus longue. Je trépigne, je tape des doigts sur mes bras croisés sur mon torse. T’as aucune idée à quel point ça me touche que tu fasses le voyage pour moi. Parce que c’est pas New York/Boston là. C’est littéralement sur un autre continent et… ouais, on a dit qu’on serait toujours là l’un pour l’autre mais j’m’attendais pas à ce que tu acceptes de laisser tes enfants pour un weekend pour venir me porter secours. Parce que c’est littéralement ça. J’suis en train de me noyer là, et t’es ma bouée de sauvetage. Alors j’attends. Et j’attends encore. Et enfin, t’arrives. T’arrives et… j’peux pas me retenir en fait, je me jette sur toi et t’encercle de mes bras pour te serrer contre moi, le nez dans tes cheveux. "Enfin…" que je m’autorise à chuchoter. Bah oui, tu sais que je suis un gars impatient, tu te doutes bien que j’attendais plus que ça depuis que tu m’as dit que tu comptais me rejoindre.

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crédit/tumblr → w/@elliot maxwell

donc, on allait se voir. les deux mois s’étaient finalement coupés en deux pour mon plus grand bonheur. j’crois que tu te rends pas comprends maxwell que ça peut être dur sans toi. alors je sais que c’est pas dans les meilleures des conditions que je fais le voyage puisque toi, t’as clairement pas l’air d’aller bien mais.. au moins, je serais là. avec toi. à t’apporter le soutien et la présence dont tu as clairement besoin. elle est où vega dans tout ça d’ailleurs ? parce que ouais, j’ai l’impression qu’elle sert pas à grand chose dans ta vie au final même si ça ne me regarde pas. et j’en peux plus de ce vol à rallonge, du temps que ça prends. de la lenteur des gens pour descendre de l’appareil et de la queue immense pour passer les contrôles. ouais, j’ai l’impression qu’on fait tout pour me ralentir en fait et ça me gonfle. j’suis fatiguée, j’ai le décalage horaire dans les dents et surtout, je sais que tu m’attends. puis j’récupère enfin ma valise, marche à travers le grand hall te cherchant des yeux. et c’est ta masse que je vois foncer sur moi, tes bras qui m’entourent et ton odeur qui vient se loger dans mes narines. putain, tu m’as tellement manqué. je m’accroche à toi comme si je ne t’avais pas vu depuis des années, ma tête se logeant dans ton cou. tu sais qu’on a l’air du parfait petit couple là ? mais j’crois pas que c’est le moment pour remettre sur le tapis les messages bizarre et les avances. j’veux que t’ailles bien, c’est ça mon rôle là. c’est peut être que trois jours mais crois moi que je te lâcherais pas. « j’pourrais presque tu supplier de rentrer avec moi là » t’sais, rien n’est pareil sans toi.

Ouais, j’suis obligé de me jeter sur toi dès ton arrivée. Bon… j’avoue, j’suis pas obligé, mais j’suis trop spontané avec toi et j’avais juste une envie désespérée de t’avoir dans mes bras, de te serrer contre moi. Tes petits bras m’entourent eux-aussi et j’peux pas t’arracher un sourire là, j’suis trop dans le mal pour ça mais j’espère que mon étreinte te prouve à quel point je suis reconnaissant que tu sois là. Et à tes mots, je lâche un petit rire étouffé dans ta chevelure rousse. "Ou alors c’est moi qui vais te garder ici pour tout l’été, jusqu’à temps que je rentre à Boston. On est bien ici, ça a un goût d'Australie..." Je glisse une main sur ta nuque pour caresser la naissance de tes cheveux, prends une dernière grande inspiration avant de casser notre étreinte pour pouvoir te regarder. "Ça a été le vol? Pas de turbulences? T’as l’air fatiguée… Tu veux pas aller te changer?" Genre… t’es en jean alors qu’on va sur la plage quoi… "Désolé." Je parle trop, je sais. C’est l’excitation. Ou l’anxiété. Ou les deux. Le fait d’essayer de trouver toutes les excuses possibles, tous les sujets de conversation du monde pour éviter de parler de moi. De l’état dans lequel je suis. Du pourquoi je t’ai appelée à la rescousse. Parce que je déteste me montrer vulnérable, et ça, tu le sais mieux que personne. Alors j’évite le sujet, parce que j’suis toujours pas à l’aise quand il s’agit de parler de mes sentiments, de choses sérieuses. Que je préfère blaguer, le prendre à la rigolade. Et fuir la chose en espérant ne jamais la mentionner.

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et peut être qu’en soit je rigole pas tant que ça. j’voudrais sincèrement que de toi même tu fasses tes affaires et que tu rentres avec moi. mais probablement que ta copine ne verra pas les choses de la même façon et sûrement que c’est bien plus compliqué que ça. mais pour l’instant, je compte profiter. je suis enfin avec toi, elle n’est pas là et c’est juste nous deux contre le monde. j’crois que je préfère quand les choses sont comme ça. « j’suis pas sûre que vega me laisse survivre jusqu’à la fin de l’été si je reste ici » tu vois, c’est drôle parce que sullivan est hyper jaloux de toi et vega est hyper jalouse de moi. peut être que c’est parce qu’il y a ce truc que même nous on ne comprends pas. j’sais pas. en tout cas, on fout mutuellement le bordel dans nos relations et viendra le jour ou l’on ne pourra plus faire demi-tour. « tout vas bien. c’était.. long ? mais ça va. » de toute façon, je ne compte pas aller me reposer. j’viens d’arriver, c’est pas pour aller dormir. j’aurais l’impression de gâcher notre temps et c’est la dernière chose que je veux. « quoi ? ma tenue te plaît pas ? » j’arque un sourcil mais je sais exactement de quoi tu parles. c’est pas le plus approprié pour le lieu où l’on se trouve. « on peut passer dans ta chambre et puis après, j’te laisse me faire découvrir les lieux » mais tu sais, tu ne pourras pas éviter la conversation indéfiniment. tu m’as pas fait venir pour rire. tu vas pas bien et va falloir que t’en parles. tu sais que je finirais bien par te faire cracher le morceau de toute façon. « j’crois que t’as des tas de chose à me raconter de toute façon. »

J’suis pas trop sûr de comment ce Summer Camp fonctionne. J’crois qu’en venant, je me suis engagé pour les deux mois et j’peux pas vraiment repartir à Boston. Puis, mine de rien, ça me fait du bien. Comme j’t’ai dit, c’est un petit goût d’Australie. Et tu sais à quel point ça me manque. Ici, on a l’hôtel en bord de plage, on a l’océan, de bonnes vagues pour surfer, le soleil qui dore ma peau et éclaircit mes cheveux, les gens qui sont insouciants, légers, presque heureux. C’est comme à la maison en fait. Donc ouais, à choisir, j’préfèrerais que tu restes ici plutôt que moi je retourne à Boston. Et quand tu mentionnes Vega… "J’crois que t’as plus vraiment à te soucier d’elle…" Parce qu’on est plus ensemble. Je crois. J’réalise toujours pas, en fait. J’me dis que c’est pas vraiment arrivé, que c’était qu’un rêve. C’est arrivé comme ça, comme un cheveu sur la soupe et ouais, l’idée ne s’est toujours pas imprimée dans mon cerveau. J’hoche doucement la tête à ta réponse pour le vol. Tant mieux si vous n’avez pas eu de problèmes. "Les stewards étaient beaux gosses au moins?" Un peu d’humour, ça fait pas de mal. Je te fais une remarque sur ta tenue et je roule quelque peu des yeux. "Tu sais que t’es parfaite. C’est juste que… l’hôtel donne directement sur la plage en fait, tu risques de pas être très confortable." Tu acceptes donc d’aller te changer avant que je… te fasse découvrir les lieux? "Ah? J’croyais qu’on allait juste se prélasser sur la plage moi, j’suis pas guide touristique." Allez, j’rigole. J’t’emmènerai où tu voudras. Je te prends par la main — par habitude — et de l’autre, je m’accapare ta valise pour éviter que tu la traines, tel un vrai gentleman. Des tas de choses à te raconter? "Hm… ouais, je suppose. On va te changer avant." Et je nous sors de l’aéroport pour prendre un taxi jusque l’hôtel. On monte rapidement pour arriver dans ma chambre, qui est un peu trop clean pour moi. "J’te laisse te changer, j’vais sur le balcon en attendant." Je dépose un petit baiser sur ton front et m’active. Une fois dehors, je rabats la fenêtre et pose mes coudes sur la rambarde pour perdre mon regard sur l’eau. T’es sûre que tu veux pas rester? Regarde la vue que t’aurais en te levant tous les matins. C’est mieux que Boston quand même…

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traduction : tu te défileras pas. que tu le veuilles ou non, tu finiras bien par me raconter absolument tout parce que c’est comme ça que ça marche et que tu ne m’as pas fait prendre l’avion pour me parler surf et plage. « quoi ? comment ça ? » j’saisis pas trop là. vous filiez le parfait amour non ? alors de quoi tu me parles elliot ? parce que là, c’est presque comme si tu me disais qu’elle n’existait plus sauf que.. si si, elle est bien réelle cette fille-là. et accrochée à toi comme une sangsue. wow, j’crois que j’ai raté beaucoup plus de chose que ce que je pouvais penser tiens. « j’sais pas, j’ai pas regardé. j’étais trop accaparé par tes photo insta. » conclusion, c’est toi le beau gosse dans l’histoire. j’ai juste totalement détourné les choses pour ne pas qu’on se lance encore une fois dans une conversation étrange. j’sais bien que tu n’as pas du tout la tête à ça et j’crois que je devrais sincèrement arrêter de jouer avec le feu comme ça. « une chance que j’ai pensé à prendre un bikini alors » j’souris haussant les épaules. « me faire découvrir les plages c’est déjà du tourisme en soit » et y a ta main qui attrape la mienne, moi qui te suit jusqu’à l’extérieur alors que tu te charges de ma valise. ouais, c’est effrayant parce qu’on donne vraiment l’impression d’être un couple et je peux sentir le regard désapprobateur de sullivan jusqu’ici. bref, enfin dans le taxi, j’me faisais bercer par la route et j’crois que malgré moi, je dormais le temps du trajet récupérant tout ce que je pouvais prendre de ce voyage un peu trop éreintant. puis on était sur place et wow quoi, l’hôtel était plus que magnifique, j’pourrais pas dire le contraire. moi qui n’était pas vraiment habituée au grand luxe, il ne m’en fallait de toute façon pas beaucoup pour être totalement émerveillée devant les belles choses. « ça marche » que je réponds une fois dans ta chambre. je m’étirais légèrement, ouvrant alors ma valise pour récupérer ce dont j’avais besoin. un maillot de bain, un paréo et hop, pas besoin de faire plus de chichi, c’était parfait comme ça. j’venais du coup te rejoindre sur le balcon ou t’avais l’air plus que pensif. « tu veux qu’on discute un peu avant de descendre ? » pas forcément de tout mais si tu veux commencer à vider ton sac, vas y.

"Rien t’inquiète, on en parlera plus tard." Parce que là, tu venais seulement d’arriver et j’voulais pas déjà entrer dans le vif des sujets problématiques. "Mes photos insta? Elles ont quoi, mes photos insta?" Genre… j’avais publié un truc chelou? Non parce que la plupart du temps, j’me souvenais pas de ce que je postais en fait. J’crois que ma dernière photo d’ailleurs c’était… Vega. "Tu vois, quand j’dis que t’es parfaite! Tu penses à tout. Et du coup, j’t’annonce que je vais être un super guide touristique alors parce que les plages, je les connais par coeur." Ouais, j’ai eu aucun mal à me repérer avec ça. Limite, j’connais même mieux l’océan. Mais pour l’instant, je t’emmène déjà à l’hôtel pour que tu puisses revêtir une tenue plus appropriée. J’te laisse tranquille dans ma chambre en m’isolant sur le balcon, regard tourné vers un ailleurs que je vais finalement vite perdre au retour à Boston dans un mois. Tu me rejoins rapidement, vêtue d’un bikini et d’un paréo. Je tourne la tête vers toi quand tu reprends la parole et esquisse un très mince petit sourire. "Tu vas pas me lâcher hein?" Non, j’te connais que trop bien. Tu me laisseras pas éviter les sujets qui fâchent. Les sujets que j’essaye d’enfouir au plus profond de moi, que j’essaye désespérément d’oublier. "Tu veux qu’on commence par quoi? Mon statut de célibataire ou mon pseudo-frère psychopathe qui sort de nulle part? Ou la trahison de ma soeur? J’sais pas, choisis."

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parce que ouais, j’ai arrêté de t’embêter sur le chemin du retour vu que t’as délibérément préféré qu’on laisse les choses de côté mais.. j’préfèrerais largement qu’on aborde les mauvais sujets maintenant et que je passe le reste de mon temps à essayer de te changer les idées plutôt que l’inverse. moi, je déteste savoir que tu ne vas pas bien et t’as beau me sourire, faire genre de rien, j’pourrais lire en toi comme dans un livre ouvert alors non, tu n’arriveras pas à me tromper de la sorte. j’ai tout lâché soudainement à boston parce que t’avais besoin de moi et je sais que ça ne concerne absolument pas des séances de bronzage intensif — quand bien même j’en aurais besoin. « si je te lâchais je serais une piètre amie » j’me contenterais certainement pas d’un faux « ça va » que tu serais capable de me balancer. contrairement aux autres, j’avalerais pas ce genre de mensonge alors que je sais que ce n’est pas le cas. et pour te prouver que je ne compte pas lâcher l’affaire aussi facilement, je m’assoit en tailleur sur le balcon, les yeux rivés sur toi, attendant sagement que tu craches le morceau. et, wow. ça fait trop d’information d’un coup ça. j’arque un sourcil, légèrement confuse. « attends, déjà, pourquoi t’es plus avec vega ? » ça sort de nul part ça, je l’ai pas vu venir. j’suis censée dire quoi ? que je suis désolée ? « commence dans l’ordre. ou bien sors tout d’un coup. lance toi dans un monologue si il faut. » même si ça prends des heures, je bougerais pas de là. alors vas y, n’ai pas peur d’être trop bavard sur le coup, t’as besoin de vider ton sac de toute façon.

Ouais, voilà, dès mes premiers mots, t’as déjà l’air surprise. Autant qu’on en finisse non? T’façon, que je balance tout là ou dans quatre heures, c’est pareil. "Alors, pour ce qui en est de Vega… J’sais pas, elle m’a dit que ça marchait pas et j’ai pas nécessairement su trouver d’arguments contre ça. Alors on a rompu. En ce qui concerne mon pseudo frère, en fait c’est Vega qui me l’a dit, mais ma soeur, Megara, elle était au courant depuis un bail et m’a jamais rien dit donc je l’ai super mal parce qu’elle a préféré faire le faire passer avant moi alors qu’elle le connait même pas ce connard, il débarque comme ça, on sait même pas qui c’est quoi." Ouais, on l’entend bien ma rage là hein? "J’sais même pas si cette info est vraie et pour tout te dire j’veux même pas la vérifier en fait, j’veux rien savoir de lui, j’en ai marre d’apprendre que ma famille est totalement pétée et que mes parents sont les rois de la procréation, que ce soit ensemble ou séparément." Voilà. En soi y’avait pas grand chose à dire. Puis là, on dirait que rien de tout ça ne m’atteint mais… ouais, c’est le Elliot qui a enfilé sa belle armure de plomb là qui parle. J’me force, parce qu’à quoi ça sert de se laisser atteindre? J’vais finir comme après ma rupture avec Cléo sinon, et j’ai pas envie de revoir ce gars là. Alors j’hausse les épaules et me laisse glisser pour m’asseoir par terre aussi, le dos contre les barreaux du balcon, tourné vers toi.

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et moi, je suis là pour écouter. je te dois au moins ça. être une oreille attentive, tout ça. j’sais que t’en as besoin. tu peux faire le fort autant que tu veux que dans le fond, t’es probablement en train de t’effondrer. alors fais pas des manières avec moi s’il te plaît. je te connais mieux que ça et tu le sais. tu sais aussi que je ne lâcherais jamais l’affaire quand il s’agit de toi. alors pour le moment je t’écoute sans rien dire, je détache juste pas mon regard de toi et.. ouais. tu fais genre. tu fais des manières mais pas avec moi. j’suis pas d’accord avec ça. et j’ai l’impression de garder le silence pendant une éternité. t’es maintenant au sol toi aussi et on se regarde comme si on se livrait un duel silencieux. « si ça peut te rassurer, sullivan m’a emmené de force voir un psy. une thérapie de couple en fait. et il a finit par me dire que c’était probablement toi l’homme de ma vie. ce à quoi j’ai répondu que oui, c’était le cas. » j’sais pas si ça te fera sentir mieux mais peut être que ça t’arracheras un sourire et que tu penseras à autre chose pour les prochaines minutes. « maintenant, tu arrêtes les faux semblants. comment tu te sens ? que ce soit vis à vis de vega, megara ou l’autre truc qui débarque soudainement » ouais, je me range de ton côté. si t’as décidé que tu aimais pas ce nouveau venu, je ne l’aime pas non plus. y a même pas à discuter sur ça.