C'est certain qu'Alejandro n'avait qu'une envie: balader ses mains sur le corps de la belle d'une manière plus coquine, l'embrasser sous le jet d'eau et glissait sa langue sur le corps mouillée de son amante, un peu partout, mais surtout d'une façon bien précise après qu'il se soit mis à genoux... Pas aujourd'hui, Harper avait demandé à ce qu'ils restent sages et il suivait les règles pour ainsi dire. Au moins, après qu'il eut fini de la laver à son tour, la jeune femme le remerciait et Alejandro rétorquait un petit "pas de quoi".

Une fois sorti de la douche, fallait éventuellement se rhabiller, mais pas tout de suite. Après s'être essuyé, Alejandro passait une serviette autour de sa taille, tandis que la belle brune restait nue dans la salle de bain et s'amusait à mettre un choix de l'avant pour sa prochaine tenue. Amusé, il décida de répliquer:

-Tu ne veux que je t'achète de nuisette, je ne te laisserai pas mettre un de mes caleçons. Ce sera donc le peignoir senorita.

Ce petit jeu de règles et d'interdiction se jouait à deux. Harper en avait profité pour se brosser les dents, pas avec sa brosse à dent, on s'entend! Alejandro lui jette un petit coup d’œil à travers le miroir, un petit sourire sur les lèvres, puis sortait le peignoir pour elle et le mit sur le comptoir, avant de récupérer leurs affaires mouillées et d'aller les mettre dehors sur le balcon pour les faire sécher. On ne sait jamais, cela pourrait les rescapés. Revenu dans la salle de bain, il la voyait qui se lavait le visage, mais surtout, qui se penchait plus en avant, mettant ses jolies fesses bien en valeur à la vue du beau brun. Bon sang... Dieu, donnez moi la force.

-Euhm? Ah si, mimosas. Tu veux appeler pour commander le tout? Je dois me brosser les dents aussi. Ton peignoir est juste là, j'ai pris le blanc, mais il y a des noirs aussi.

Si jamais elle préfère. Se brosser les dents, c'est vite fait et Alejandro pouvait entendre la voix d'Harper bientôt au téléphone avec la réception. Revenu dans la pièce principale, il va aux meubles contenant ses vêtements et bien à la vue de la belle brune, enlève sa serviette qu'il envoie sur le lit, ainsi nu, le temps de mettre son peignoir à lui. Après, il se retournait, mine de rien.

-C'est réglé?

Puis, il désignait brièvement le balcon du menton.

-Je ne sais pas si tu as vu, j'ai mis nos affaires à sécher dehors.

En attendant que le champagne et le jus d'orange s'amène, ils avaient un peu de temps.

-Sinon, comment se sont passés les derniers jours? Tu as pu profiter des Caraïbes?

Je tiquais devant sa réponse. Il n’avait pas tord … et il répliquait simplement à mes restrictions. Je prenais sa brosse à dents, après tout, nous avions fait l’amour, nous étions embrassés si souvent que la lui voler pour deux minutes ne serait pas bien méchant. Me penchant nue contre le lavabo, je senti son regard insistant sur ma croupe alors qu’il se ressaisit. Je me redressa, me tournant vers lui l’air innocent. Non non, je ne venais certainement pas d’abuser de mes charmes pour l’allumer. Que voulais-je au final ? Jouer avec le feu éternellement ? Je me sentais idiote de jouer avec ses envies alors que je lui interdisais d’aller plus loin, mais la tentation était sévère envers moi. « Heu .. oui, je m’en occupe tout de suite. » Je m’approchais du peignoir blanc, le pris sous le bras avant de m’avancer vers Alejandro, déposant un petit baiser dans la commissure de sa lèvre en guise de merci. J’enfilais enfin le peignoir, le nouant autour de ma taille, mettant ainsi fin au supplice de m’avoir en tenue d’Eve devant lui sans pouvoir me toucher. Je marchais dans la chambre, sautant sur le lit, attrapant le téléphone afin d’appeler la réception, et dit d’une petite voix mi adorable mi directrice. « Alors nous souhaiterions deux mimosas, un magnum de Dom Ruinart, des fraises aussi … et n’oubliez pas la chantilly ! … Merci ! » Je raccrochais alors que le beau Dunster se tournait vers moi. J’acquiescais avec un petit sourire. « Oui monsieur ! » Je tournais le visage vers le balcon, il venait de mettre nos affaires à sécher au soleil, comme dans le temps je pensais. Je souriais de plus belle haussant les épaules. « Oh tu sais, cette nuisette n’était pas la plus jolie … tant pis, j’en ai bien d’autres ! » Et puis de toute façon après le Spring Break, je comptais faire un petit détour par New York, voir le clan Kennedy pour une réunion familiale avec Hope et Alek sans grand enchantement, mais surtout me refaire une garde robe de joaillerie, ainsi que de vêtements chez Saks et Bendel, près de mon appartement sur Madison. Alejandro fini par me poser cette question sur mon Spring Break. Je ne savais pas tellement comment répondre. Cette journée devait probablement une des plus belles de mon séjour tant il avait été chaotique. Depuis mon arrivée je m’étais employée à détruire le séjour d’Athénaëlle avec succès et conséquences sur la relation que j’avais avec mon meilleur ami, avec qui je venais encore de me disputer la veille, juste avant l’embrouille avec Alejandro. J’avais également nommé une suivante qui espionnait les étudiants que j’avais dans le collimateur. Comment expliquer ça à un Alejandro qui ne connaissait qu’une Harper peut-être hystérique, mais adorable dans ses bons jours ? Alors je mentais. « Oui, c’est merveilleux d’être ici, la plage, le soleil, le paysage … Je suis plus qu’enchantée ! » Avec du recul, je me rendais compte que les plus beaux moments que j’avais vécus ici, étaient avec sa présence. Cette pensée me froissait le coeur alors je l’occultais. Pensive, et les yeux dans le vague, je me ressaisi. « Et toi ? J’imagine que tu as bien pu profiter. » Souriais-je finalement. Bientôt, le groom toqua à la porte et je sauta du lit avec entrain, me précipitant à la porte ouvrir. Un plateau chargé de douceurs vint jusqu’à nous. Je prenais une fraise après l’avoir garnie de chantilly, et la dégusta, sautillant sur place en peignoir. « Mmmm … elles sont délicieuse, merci ! » Je prenais une seconde alors que le garçon de chambre s’en allait et la tendais aux lèvres de mon ami. « Goute ! C’est un plaisir comme pas permis, je t’assure ! »

Harper était de bonne humeur ce matin, malgré les restrictions un peu ridicule, de son point de vue, qu'elle donnait. Après tout, ils sont des adultes majeurs et vaccinés, mais peut-être est-ce aussi une sorte de test. Elle acceptait de s'occuper d'appeler la réception et pour le remercier du peignoir, vint déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. Alejandro, petit sourire en coin, tapota une des fesses de la belle brune.

-Aller, files.

Elle avait pris sa brosse à dent pour se laver les dents, d'habitude, c'est bon signe quand une fille fait cela. Comme quand elle veut porter un de vos fringues d'ailleurs. Alejandro pouvait entendre, depuis la salle de bain, la commande de miss Kennedy, un brin hautaine, mais si articulée et mignonne à la fois. Ce qu'il aime cette fille, son tempérament, sa façon d'être. Bien sûr, elle a des défauts, il en a eu quelques aperçus, mais la balance penche bien plus d'un côté à ses yeux.

Affaire réglée donc et c'est un Alejandro changé aussi qui appris qu'Harper avait d'autres nuisettes, des plus jolies encore, une information qui ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd, c'est certain. Il lui lançait d'ailleurs un petit regard.

-Parlant de ce qui est joli, comment tu trouves mon peignoir? Je l'ai acheté l'été dernier en Indonésie.

À Java pour être plus précis, où il a passé un mois à profiter de la mer, surfer, faire du bateau, visiter, bref, des vacances quoi. Il en était venu à s'imaginer vivant pour de bon sur cette île, avec sa petite maison sur le bord de la plage et tout. Un fantasme, rien de plus. Il écoutait ensuite le petit récit de la belle brune, après tout, ils avaient passé presque quatre jours sans se voir. Naturellement, elle lui retourne la question.

-Beaucoup de surf, de plage, tu t'en doutes. J'ai initié deux amies à ce plaisir. L'une a plutôt bien réussi, l'autre a fait des efforts quoi, mais c'est plus difficile. Déjà, le surf, ce n'est vraiment pas évident. J'ai moi-même pas mal de chute et d'échec à mon compte. C'est bon pour l'humilité.

Milena et Sheila, l'une étant plus sportive que l'autre, forcément, c'est un peu ressorti. Puis, Alejandro rajoute, poursuivant le récit détaillé, visiblement enthousiaste et bavard quand il s'agit d'explorer et d'aventurer.

-J'ai fait l'excursion au parc aussi. Tu es allée? ... Par contre, je n'ai pas été au Dolphin Center, je suis plutôt contre les animaux marins en captivité, surtout les mammifères comme les épaulards et les dauphins. Je trouve qu'on peut très bien les voir, les apprécier dans leur environnement sans les mettre en cage.

Ou plutôt dans un bassin d'eau, mais on comprend l'idée. Oui, Alejandro est quelqu'un qui a quelques idées, enfin, pas politique, mais il est conscient, socialement parlant et considère qu'en tant que citoyen privilégié du monde, il a des devoirs et des responsabilités. On cogne, alors le beau brun lâche, bientôt en riant en voyant les réflexes d'Harper à l’œuvre.

-Je peux aller... ouvrir haha.

C'est tout un plateau qui arrivait, le traitement royal. Alejandro ne demandait rien de moins, surtout quand il est en charmante compagnie. Le beau brun alla chercher son portefeuille et donna un pourboire au garçon de chambre, avant de lui dire au revoir et de revenir vers Harper, qui lui tendait une fraise. Fallait le voir ouvrir toute grande la bouche et croquer la fraise à pleine dents, de façon exagérée.

-Délicieuse, tu as bien raison! Un péché.

Puis, son regard s'attarde sur elle, son visage, sa joie, cette lueur dans son regard, sa spontanéité et il craque. Alejandro embrasse Harper, un doux baiser, rien de trop élaboré, mais tout de même...

-Tes lèvres aussi sont un plaisir pas permis.

Murmure-t-il, avec un petit air désolé d'avoir cédé. D'ailleurs, après, il s'éloigne un brin pour préparer les deux mimosas en remplissant les coups de champagne de jus d'orange et de champagne, ce n'est pas bien sorcier à faire. Il en tend une à Harper.

-Tenez mademoiselle, votre mimosa.

Le jeune homme me montrait son peignoir. Je souriais. « Il est somptueux ! » Evidemment, ce que je trouvais plus intéressant encore se trouvait dessous. Je l’écoutais me parler de son séjour et fis un effort pour ne pas relever le fait qu’il ait passé du temps avec deux autres filles. Ne me rendant pas compte que la jalousie me gagnait, je compris surtout le fait que je n’étais certainement qu’une partis tant d’autres. Alors mon sourire s’estompa. Quelle idée de croire qu’un aussi bel homme puisse rester seul ? Je me sentais légèrement piégée dans mes sentiments naissants, je n’étais plus si spéciale que ça, finalement. Je l’écoutais tout de même, essayant au mieux de passer à un autre sujet. « Oui, je les ai toutes faites à vrai dire, un pari avec mon meilleur ami, nous devions toutes les faire ensemble. » Je n’en dis pas plus, je le toisais presque. Mais la bonne humeur me regagna peu à peu lorsque j’entendis toquer à la porte. M’y précipitant, je pu redevenir la Harper de ce matin, jouant avec les sensations gustatives et Alejandro. Tout en joie, lui tendant une fraise qu’il mangea avec plaisir. Je me lécha l’index encore un peu recouvert de chantilly avec délectation avant de comprendre qu’Alejandro se rapprochait de mes lèvres. Mon sourire fondait à mesure que je m’étourdissais par mon désir pour lui. Mille fois dans mon esprit durant ce baiser auquel je ne répondis pas, je m’imaginais le déshabiller, l’amener sur le lit, sur le canapé ou encore sur le comptoir de la salle de bain, me mettant à nouveau à nu, m’abandonnant une seconde fois au plaisir de la chair. Je fermais les yeux, mes lèvres paralysées, mon corps tout entier me brulaient, me criaient de le refaire encore avec lui, rien qu’une toute dernière fois. Mais non. Je restais là. Immobile alors qu’il s’en allait préparer nos cocktails. « Tu ne peux pas faire ça Ale … » lançais-je d’une voix faible. Depuis ce matin, nous avions l’air d’un … couple … et il devait forcément s’en rendre compte. Je continuais. « Tout ça, ça ne va pas du tout … » Je m’approchais de lui pensive, prenant le verre en mains, l’amenant à mes lèvres. Je réfléchissais. Vallait-il mieux que je rentre ? Serait-ce plus raisonnable pour moi ? D’un coté, j’avais très envie de rester. Je ne savais plus quoi faire. Il fallait aussi que je prenne mes médicaments puisque je les avais dégobillés la veille. Je soupirais. Peut-être que si nous nous promettions là tout de suite solennellement de ne plus jamais rien tenter, d’être de véritables amis, tout s’arrangerait ? Je m’y risquais. « J’ai une proposition. Tous les deux, on va passer un contrat. Dedans, il y aura une close très importante. Nous serons amis, les relations sexuelles nous seront interdites, ainsi que les baisers, les cadeaux, les douches ensemble, les regards amoureux et j’en passe. J’appellerai mes avocats et nous le signerons dès notre retour sur le campus. » Fière de moi, je l’observais avec ce petit sourire rassuré, moi qui pensais tout arranger. « Qu’en dis-tu ? » Je ne me rendais pas compte que si je me donnais autant de mal à réfréner mes envies de relation avec lui, c’est que quelque chose clochait. M’attendant à une réponse négative de sa part. « Ecoute … j’ai très envie de continuer à te fréquenter, mais ça ne sera pas possible si tu t’évertues à … » Je soupirais regardant ailleurs avant de reposer mon regard vers lui. « Je n’ai pas la moindre envie d’arrêter de te voir. Alors coopère s’il-te-plait. » Je continuais de boire dans mon mimosa, espérant fortement l’avoir convaincu.

Harper trouvait son peignoir somptueux et Alejandro fit un beau sourire. Il aime qu'on le compliment sur sa façon de s'habiller, toujours fier à l'idée d'avoir bon goût. C'est plutôt important dans sa famille. Elle n'est pas une famille que d'apparence, mais posséder des lignes de vêtements oblige bien à avoir de la classe quand même. C'est ce que sa mère lui a inculqué en tout cas.

Harper aussi profitait du Spring Break, elle avait fait toutes les sorties mêmes, y compris celle au Dolphin Center sans doute, avec son meilleur ami. Alejandro est toujours un peu sceptique quand il est question d'amitié homme-femme. Il a tendance à croire qu'un des deux a toujours des sentiments qui évoluent. Pour autant, il n'allait pas juger la relation d'amitié entre Harper et son ami.

-Il y a un enjeu à ce pari?

Demandait-il, curieux d'en savoir plus. Puis, le petit goûté et enfin, le baiser. L'erreur, vous pensez bien. Alejandro le sut tout de suite en sentant Harper passive, ne pas rendre le baiser, comme statique et regretta aussitôt son geste. Cela se sentit à son comportement après et il sentait le regard d'Harper sur lui. D'ailleurs, d'emblée, il lâchait:

-Je sais, je sais...

Il a craqué et il a presque envie de dire que c'est de la faute à la belle brune, trop craquante, mais ça ne ferait qu'envenimer les choses. Le jeune homme tenta de relativiser les choses.

-Ce n'était qu'un baiser...

Allaient-ils en faire tout un plat? Ils ont fait bien plus. Et puis elle lui pique sa brosse à dent quoi! Hey bien oui, Harper en faisait une histoire et la gorgée de mimosa passa de travers et fit toussoter Alejandro. Cette histoire de contrat le répugnait carrément. D'ailleurs, il répondit avec un aplomb dénué de doute.

-J'en dis que ce genre de contrat n'est pas légal pour commencer et de toute façon, je ne signerai rien de tel.

Pour qu'un contrat soit légal, son objet doit l'être aussi. Or ici, quel est l'objet? Rien de vraiment tangible. Des sentiments, des interdits et des impressions... Ceci dit, il comprenait bien où elle voulait en venir et lui-même c'était promis de rester plus en réserve et de retenir ses impulsions, mais pendant un court instant, il a échoué. Alejandro alla s'asseoir sur un fauteuil pour continuer de prendre son verre.

-Je fais des efforts, crois-moi. Ça ne se reproduira plus.

Dit-il à contrecœur, mais c'était sans doute ce qu'Harper voulait entendre et s'il voulait qu'elle reste, qu'elle passe du temps avec lui, c'est la stratégie qu'il devait adopter. Finalement, il pose son verre, se lève, récupère quelques fraises et retourne s'asseoir pour les manger.

-Une fois qu'on aura fini l'apéro', qu'est-ce que tu proposes?

« Non. Nous nous étions simplement éloignés ces derniers temps, alors ce pari nous a permis de passer plus de temps ensemble. » répondais-je évasive. La relation entre Zéphyr et moi se compliquait à mesure que le Spring Break avançait, et ne s’était certainement pas arrangée depuis ma rencontre avec le Dunster. Même si je n’avais pas réellement expliqué à mon meilleur ami ce qu’il s’était passé après cette histoire de noix de coco, mon comportement extrêmement changeant depuis que j’associais médication et alcool était suffisant pour qu’il se rende compte que quelque chose n’allait pas. Et le fait de passer plus de temps ensemble ne faisait qu’envenimer les choses. Il me connaissait. Peu de temps après que le groom soit parti, Alejandro m’embrassait. Bien que je ne répondis pas à ce baiser, l’envie y était. Je savais que si j’y répondais, j’irai bien trop loin. Je m’étais assez contenue devant lui depuis la veille, depuis cette matinée, depuis la douche pour ne rien faire. Il avait l’air bien plus résistant que moi. A ce moment, la pensée de passer une vie entière avec lui, remplies de matinée comme celles-ci m’envahi. Puis la peur, et enfin ma proposition. Qui malheureusement ne fit pas l’effet que j’avais escompté. « Tu minimises la situation. Tous les deux, on commence à ressembler à .. un couple. » J’avalais de travers. Bien-sur, ce n’était pas d’être en couple avec lui qui me faisait tiquer, mais bien l’idée même d’être avec quelqu’un. Je ne pouvais pas, je ne me le recommandais pas si je souhaitais avoir une bonne longévité. Je fronce les sourcils. Légal ou pas on s’en fiche, il y a bien pire qu’un malheureux contrat qui est la seule façon pour moi de me réconcilier avec une potentielle amitié avec lui. « Et pourquoi de toute façon tu ne signerais rien de tel ? De quoi as-tu peur au juste ? » demandais-je curieuse. Il s’assit sur un fauteuil avant de continuer. J’arque un sourcil. « Ca ne se reproduira plus ? Et comment j’en ai la garantie ? » Avec lui, je ne savais pas jusqu’où je pouvais aller. C’était comme être sur une banquise. Rien ne garantissait que nous ne flanchions pas, car ce pacte était également valable pour moi. Et je n’avais pas envie de me risquer à ce qu’il se passe quelque chose entre nous, sans savoir qu’il était déjà bien trop tard. Je réfléchissais à nouveau, repensant à ma crise d’hier, je n’avais pas envie de me disputer avec lui à nouveau, mais j’avais trop peur de la situation. « Je te propose ce pacte Ale. Si t’accordes pas avec moi sur le sujet une bonne fois pour toutes, alors nous n’avons plus rien à faire ensemble. » Mon coeur battait fort. J’avais peur pour la première fois de le perdre. Que m’avait-il prit de lui lancer un ultimatum. Je tiens toujours mes ultimatum, mais là, si sa réponse restait négative, je craignais de devoir réellement faire ce que je m’étais promis. Mais je commençais aussi à le connaitre et il avait ses principes. C’était une des nombreuses raisons de mon attirance envers lui. Je restais accrochée à ce regard, il me semblait si calme et posé.

Le Spring Break est souvent l'occasion de corriger une tendance. Si on a été trop sage, on se lâche. Si on n'a pas pris soin de sa copine, on la gâte durant les vacances, même le sport ou bronzer. Pour Harper, c'était de passer plus de temps avec son meilleur ami. Alejandro devait être d'ailleurs un petit accrochage à ce plan, puisqu'elle était partie pour passer cette journée avec lui et pas son ami. Tant pis pour lui, mais le beau brun ne versera pas une larme sur son sort.

Depuis ce matin, le jeune homme traitait Harper avec égard. Depuis toujours en fait. Il est à son écoute, se montre compréhensif au maximum, fait des concessions sur des choses sur lesquelles, normalement, il n'en ferait pas. Il avait même écarté sa fierté pour lui demander de rester. Qu'elle fasse toute une histoire d'une erreur de sa part, d'un baiser, commençait à l'énerver. Alors il fait une petite moue et n'ajoute rien. Était-ce une si mauvaise chose qu'ils ressemblent à un couple? Que cet état soit si naturel entre eux? Aux yeux d'Harper, c'était le cas.

Alejandro bien sûr n'était pas du même avis et cette idée de contrat, vraiment... en anglais, ils disent despise, il la méprisait. Le mot peur le fit froncer des sourcils. Elle commençait vraiment à s'aventurer sur un terrain glissant et sa patience s'effritait.

-Peur? Je ne laisserai pas un bout de papier me dicter ma conduite.

Bout de papier invalide du reste. Valait mieux qu'il s'assoit, pour se calmer un peu, à deux doigts d'hausser le ton et de s'énerver. Pas ce matin, s'il vous plait... Déjà qu'il a une nuit écourtée dans le corps. Le mot garantie de la part d'Harper le fit sourire. C'est elle qui dictait tout: ses conditions, ses règles. Il avait dit qu'il se montrerait patient, pas qu'il deviendrait un tapis sur lequel elle peut marcher à sa guise.

-Toute relation, amicale ou autre, est bâtie sur la confiance. Si tu n'es pas à même de me faire confiance, je pense que nous avons un problème.

Une gaffe et sa parole ne valait plus rien, elle voulait lui faire signer un contrat? Non mais elle le prend pour qui? Elle se prend pour qui? Alejandro était vraiment à deux doigts de... Un pacte?!?! Il ingurgite tout le contenu de son verre et se lève, histoire de bien la regarder.

-Un contrat, un pacte et puis quoi encore? Tu sais que tu m'en fais voir de toutes les couleurs quand même? Est-ce que je t'ai proposé un pacte moi? Je me demande, si les rôles étaient inversés, comment tu apprécierais la chose, qu'une personne veuille te dicter ta conduite?

Alejandro s'avance sur elle, près d'elle, son regard ancré dans le sien et jouait son va-tout.

-Je suis un homme intègre, j'essaie de l'être en tout cas, alors je vais être clair. Je te l'ai dit, on ne sera pas ami toi et moi. J'aime trop t'embrasser, te faire l'amour, caresser ton visage d'ange et ancrer mes yeux dans l'azur de tes prunelles. Je veux bien me montrer patient, te montrer que je tiens à toi, je trouve que j'endure déjà plus que je ne devrais, mais je ne vais pas me dénaturer, ni te mentir, nous mentir, dans une fausse amitié.

Si après, elle décidait de s'en aller, hey bien, ainsi soit-il.

« Tu ne peux pas réfréner tes envies comme tout le monde, bon sang ? » m’emportais-je. Après tout, nous savions tous bien que nous les nantis de cette société étions exposés aux convenances de par notre éducation et par conséquence, devions dire non de temps en temps à certaines choses. J’en faisais partie, notre relation en faisait partie, tout comme notre désir l’un pour l’autre. Le jeune homme s’asseyait et commençait à hausser le ton. Il avait l’air outré que je lui parle de contrat ou de pacte. Je l’observais déroutée, parler de problèmes. « Oui, nous avons clairement un problème. » répondis-je sur un ton énervé à mon tour, mais le jeune homme se levait. Je fronçais les sourcils, statique, l’observant. J’étais tout à fait consciente de le torturer depuis notre rencontre. C’était également mon cas. Mais je répliquais aussitôt. « Pourquoi on continue dans ce cas, si je t’en fais voir de toutes les couleurs ? Tout ça ne serait pas arrivé si hier tu avais accepté de m’oublier que je te l’ai demandé ! » Il s’avançait vers moi me toisant d’un air énervé. Mais en entendant ses mots, mon corps répondait en vacillant. Je sentais qu’il suffisait qu’il me dises ces choses à voix haute pour que l’envie que j’avais pour lui que je ne faisais qu’occulter refasse surface. Je me sentais atteinte. Il commençait à avoir raison de moi, alors je le confrontais désemparée, la voix brisée. « Alejandro… Je te désire plus que je ne peux le supporter, c’est insoutenable, mais je ne peux pas lutter seule, je n’en ai pas les forces. » Je m’approchais de lui davantage, le regard plongé dans le sien. « Aide-moi, s’il-te plait. » murmurais-je près de ses lèvres. Un seul pas et je m’emparrais de ses lèvres. J’en avais le tournis tant je le voulais, mes jambes se transformaient en coton. Je priais intérieurement qu’il ne fasse rien, qu’il ne me touche pas alors que j’en mourrais d’envie. Cette dualité en moi me consumait à mesure que les secondes filaient, que mon regard se perdait dans le sien. Que la tension s’étendait de nouveau. Mais c’est moi qui fit ce pas de trop. Trop tard. Je m’approchais de ses lèvres, le coeur battant, l’embrassant désespérément. Inlassablement. Avec une légère hésitation, mes mains vinrent se poser délicatement sur ses joues, glissant lentement sur son cou, puis sur son torse. Je cédais à la tentation.

Bien sûr qu'Alejandro est capable de réfréner ses envies, c'est d'ailleurs ce qu'il fait à répétition depuis 4 heure du matin. L'entendez vous se plaindre qu'Harper mette en valeur ses jolies fesses, l'arrose pour ensuite prendre sa douche avec lui? Lui mette une fraise avec de la chantilly sous le nez et fasse mine de se lécher le doigt avec de la crème dessus après? Au bout de toute ses tentations, oui, il a réagi et embrasser son amante, ou ex-amante peut-être bien. Il laisse donc couler cette remarque qui affaiblissait encore un peu plus le barrage de sa patience.

Pas étonnant donc que le beau brun lui fasse comprendre qu'il serait bien qu'elle apprenne à lui faire confiance. Remarque qui ne passe pas comme une lettre à la poste et Harper annonça, énervée, que oui, ils avaient un problème. Alejandro eut un soupir. Le mélodrame allait recommencer, il pouvait voir le train s'en venir à grande vitesse. Le ton ne tarda pas à monter, les émotions se faisaient plus vives. L'Espagnol lui-même faisait clairement savoir qu'il n'avait pas envie d'un pacte et qu'elle avait un comportement hors du commun, compliqué à souhait. Franchement, elle manquait d'empathie. Faudrait qu'elle se fasse un peu plus lune et moins soleil.

-Combien de fois je vais devoir te le dire? Je ne vais pas t'oublier!

Elle ne décidera pas en plus de ce qu'il y a dans sa tête! Alors, pour le meilleur ou pour le pire, Alejandro déballe son sac et répète qu'ils ne sont pas amis, que ce lien ne l'intéresse pas, qu'en somme, il est peut-être trop faible pour cela. L'ultime honnêteté en somme. Harper l'avait écouté avec de grands yeux figés et maintenant, le jeune homme craignait le pire. Qu'elle quitte sans demander son reste. En fait, la voix faible, l'air prête à vaciller, Harper admettait le désirer aussi, au point où cela en était insoutenable.

-Pourquoi lutter alors?

Depuis le début, Alejandro ne voit pas le fait de dévoiler ses sentiments, d'assumer son attirance et le fait qu'Harper lui plaise non pas comme une faiblesse, mais comme une force. Il aimerait tellement qu'elle voit les choses de la même façon que lui, mais cela prendra du temps, voir une éternité. D'ailleurs, la jeune femme lui demandait de l'aide, mais pour quoi? Pour lâcher prise, pour lutter? La question était en suspens.

Et restera sans réponse. Parce qu'elle l'embrasse. Oui, Harper Eleanore, prénom Eleanore qu'il adore d'ailleurs, l'embrasse et ce n'était pas un petit baiser. Elle prit possession de ses lèvres et lui des siennes, pour un baiser chaleureux, passionné, un baiser de délivrance en quelque sorte. Alejandro avait tellement peur que  cela ne soit qu'un passage, qu'elle se ravise vite. Pour autant et comme le baiser se prolonge dans le temps, il profite de chaque milli-secondes, caresse à son tour le cou de son amante, glissa sa main contre son épaule nue et fait entrouvrir à ce niveau un peu plus le peignoir, tandis que les mains de la belle allait contre son torse.

-Est-ce que c'est une sorte de test? Je suis sensé résister? Parce que je n'en ai pas la force non plus, désolé.

Non, au lieu de cela, il venait écarter un pan des cheveux d'Harper puis allait bécoter son cou avec de doux baisers.