Même si elle était venue cogner à sa porte pour dire ses sentiments, mais du même souffle, faire savoir combien elle était hésitante et pensait encore que toute cette relation était une mauvaise idée, Alejandro, maintenant réveillé, se disait que Harper devait ressentir la même chose que lui, sinon, pourquoi cogner à sa porte aux petites heures du matin? Dans ce cas, il ne la lâchera pas la pauvre. Tant qu'elle ne se sera pas décidée à assumer ce qui les lie, il essaiera de la convaincre, quitte à remporter le prix Nobel du mec le plus patient. Un coup de foudre vaut bien un Nobel, non?

Une fois Harper entrée dans sa chambre, Alejandro ferma la porte et fit les pas pour se rendre au bord de son lit et s'y asseoir, observant la belle brune, qui en effet, faisait les cent pas, si ce n'est pas deux cents! Toujours avec ce ton rassurant, le jeune homme énonçait que leur relation n'a pas être une montagne infranchissable, elle pourrait bien lui donner une chance, leur donner une chance. Que risque-t-elle? Peut-être trop justement.

L'Espagnol écoute avec attention la jeune femme, au débit de paroles assez rapide et réveillé maintenant, il faisait son mieux pour la cerner, la comprendre, comprendre ce qu'elle vivait, par quoi elle passait et d'où elle venait. Visiblement, jamais un homme ne l'avait mise dans un tel état. Dans un sens, c'était flatteur, mais cela ne le fit pas sourire. Il vit surtout les larmes apparaître, sentait la voix de la jeune femme se rompre presque, surtout quand elle lui demandait de l'effacer de sa vie en quelque sorte. Comme le dernier soir et comme à la piscine tout à l'heure, un leitmotiv qu'elle répète ad nauseam. Le beau brun se lève et tandis qu'il parlait, il cherchait à l'attirer doucement contre lui, prenant d'abord sa main dans la sienne, puis, la montait vers son bras, l'autre allait contre sa hanche pour l'attirer doucement. Peut-être lui échappera-t-elle.

-Nous deux, ce n'est pas une erreur. Je suis content que tu sois là en fait, qu'on discute. Je ne crois pas non plus que je gâcherais ta vie, en tout cas, ce n'est pas du tout mon intention. Je suis bien avec toi, j'ai envie de passer du temps avec toi, d'apprendre à mieux te connaître. Là où tu vois des mauvais signes, moi je vois des bons. Nous sommes... compatibles, toi et moi.

Le mot compatible n'est peut-être pas le meilleur mot qu'il ait pu sortir de son registre, m'enfin, s'exprimant en anglais, sa seconde langue et réveillé à quatre heures du matin, c'est ce qu'il sort. La jeune femme, comme si elle prenait du recul maintenant, s'excusait de l'avoir réveillé et comptait visiblement partir. Oh ça non. Cette fois, Alejandro se câline contre elle, l'attire contre lui.

-Ne t'excuses pas. S'il te plait, restes. Je n'ai pas envie que tu partes. S'il te plait, ne t'en va pas.

Comme il parlait, le jeune homme posait doucement son front contre celui de la jeune femme et l'Espagnol se tenait prêt à l'embrasser, si elle le voulait et se laissait faire, comme ultime moyen de la convaincre de rester. Après tout, il abandonnait lui-même une partie de sa fierté, de son orgueil, pour elle. Harper l'avait fait aussi en avouant qu'elle avait peur. Il a besoin d'elle dans sa vie.

Ma voix déraillait au fur et à mesure que j’énonçais ma pensée brouillon. Je partais dans tous les sens avec un débit au delà de l’acceptable, surtout pour un pauvre homme qui venait de se réveiller. Ma voix se brisait et je sentais que je m’essoufflais moralement, ne pouvant plus retenir les larmes. Je tremblais de tout mon corps, tétanisée par cette situation. Par lui. Par un Alejandro qui n’était pas prêt à abandonner ce nous encore inexistant, encore inenvisageable pour moi. Par moi aussi, qui me retrouvais dans sa chambre à quatre heures passées du matin. Alejandro se levait en face de moi et s’approchait doucement, m’attirant vers lui en prenant ma main dans la sienne. Oh non pensais-je bien trop faible pour empêcher quoi que ce soit. Au moment où je sentis son autre main toucher ma hanche, je fondis en larmes. Je n’arrivais plus à le lui dire, il ne voulait pas comprendre. J’avais l’impression d’avoir tout fait. Mon corps tressailli, le coeur en panique au contact de sa peau. Je l’écoutais me convaincre encore et encore que nous étions faits l’un pour l’autre. De coeur probablement, mais de raison ? J’allais loger mon visage sur son épaule, fatiguée moralement, regardant l’extérieur pour ne pas être tentée de baiser le creux de son cou. Je répondis à voix basse, marmonnant presque. « Je suis une mauvaise personne … Je ne suis pas tout à fait la Harper que tu as connue ce soir là. J’ai le coeur bien plus sombre que tu ne peux l’imaginer. Je vais te détruire. Fuis-moi s'il-te-plait. » Une partie de moi espérait qu’il n’entende pas ces aveux. Je tentais alors de m’arracher à cette étreinte déchirante, remarquant tout à coup que je venais après tout de le réveiller. Mais il ne me lâcha pas. Il ne me laissa plus partir, me collant alors littéralement, inévitablement contre lui. Son front contre le mien. Mon corps corps trembla de plus belle, apeuré que quelque chose d’irréversible ne se reproduise une seconde fois. Je sentais son souffle heurter le mien, mon coeur dérapait. Il s’approchait doucement de mes lèvres. C’était sans appel. J’étais paralysée. Je ne bougeais plus. Sa bouche venait prendre la mienne en otage, délicieusement, une fois de plus. Pourquoi était-ce si magique avec lui ? C’en aurait pu être de nature surnaturelle que je n’aurais pas été étonnée tant la passion qui m’animait pour lui était éblouissante. Stupéfiante. Extrême. Atroce à la fois tant je sentais venir à des kilomètres le gout d’un funeste présage. Je fermais les yeux, pleurant toujours, en silence, répondant à ce doux baiser, tiraillée. Passionnée. Je fronçais les sourcils et tentais une fois de plus de m’en défaire avec souffrance. « Non … » disais-je si faiblement. Une claque que j’avais envie de me mettre. J’étais si faible et mon autre moi riait de pitié en me voyant dans cet état. Pauvre petite sotte. Cette situation ressemblait à une chanson de Nine Inch Nails tant elle était empreinte à la fois de violence et de douceur. Les extrêmes. Je posais mon visage entre mes mains. Ne sachant plus quoi faire. Je m’asseyais sur son lit, et rapprochait mes jambes de mon corps que j’entourais de mes bras, me forgeant une carapace. La tête enfouie entre mes genoux. « Quand tu me touches … Je n’arrive plus à penser. Je dois garder la tête froide Ale … » Bien que je mourrais d’envie de renouer le contact avec sa peau chaude. Bien que je désirais à la mort, que je n’avais qu’une envie, celle de ressentir la même sensation que l’autre nuit, je me forçais. Je me contenais au mieux. Dans la mesure du possible.

Alejandro la voulait près de lui, briser cette distance, ce mur qu'elle tentait d'ériger entre eux. Il espérait aussi que sa présence physique la rassurerait peut-être, qu'elle sentirait davantage son calme, sa sincérité. Finalement, si la belle se laisse aller contre son amant d'une nuit, ce fut pour se mettre à pleurer, à chaudes larmes. Une réaction qui surprend Alejandro, qui n'était décidément pas au bout de ses surprises. Pourquoi une telle réaction, pourquoi une telle peur, une telle détresse même? Jamais il n'avait vu une femme se mettre dans un tel état, non pas pour une rupture ou une dispute avec son amoureux, mais simplement, pour l'éventualité d'une fréquentation, pour le fait d'être attiré par un homme.

-Désolé mais ce n'est pas dans mon tempérament que de fuir. Donnes moi une chance Harper.

Alejandro caressait le dos de celle qui pleurait contre son épaule et qui découvrait, qu'effectivement, l'Ortega est un entêté de la pire espèce, mais elle aussi est assez têtu. Cela fait combien de fois qu'elle lui dit, lui répète de l'oublier, l'effacer, de la fuir, etc.? Au moins quatre, si ce n'est cinq. Il avait compris la première fois d'ailleurs. D'ailleurs, le beau brun avait du mal à comprendre ce qu'elle a de si dangereuse. Sa froideur qu'elle peut faire, une infidélité chronique? Difficile à dire, mais les larmes d'Harper indiquait que c'était un fardeau lourd à porter.

Alors l'Espagnol, à son tour, écarte un peu sa fierté et lui demande, l'implore de rester. Gentiment, poliment et la belle se blottissait contre lui, le fin tissu de sa nuisette glissait contre son corps et son vêtement pas bien bien plus dense. Une proximité qui contribue au baiser qui suit alors. Sa main en profite pour caresser la joue de la jeune femme, essuyer quelques unes de ses larmes, au moins d'un côté. La pauvre, il la mettait dans un tel état, mais peut-être n'était-ce qu'un coup qui allait passer, une surcharge d'émotions? Harper répond au baiser, le prolonge même un peu, mais elle pleurait toujours, inconsolable on dirait. Alejandro la regardait, un peu inquiet.

Harper lançait alors un non, mais l'Espagnol n'était pas certain de ce qu'il indiquait. Le fait est que pour l'instant, elle restait et rien que cela, c'était au moins une petite victoire. Ils allaient pouvoir parler et tant que la dialogue est maintenu, il y a de l'espoir. La jeune femme, visiblement fatiguée, vulnérable, grimpait sur son lit pour s'y mettre en une petite boule. Écoutant ce qu'elle dit, Alejandro grimpe à son tour sur le lit, à côté d'elle et caressait son dos, laissant un petit silence s'installer. C'est qu'il voulait détendre l'atmosphère un peu, réfléchir et mettre de l'ordre dans ses idées aussi. La réaction d'Harper à tout cela était si forte, si intense, qu'il en était un peu décontenancé. Et s'il lui faisait du mal? S'il la met dans cet état, est-ce une bonne idée que de persévérer et ne pas écouter les conseils de la jeune femme? Il ne voulait pas être égoïste non plus.

-Peut-être qu'un peu de repos nous ferait du bien? Tu as les émotions dans le tapis Harper. Je crois comprendre que tout cela est nouveau pour toi, que tu ne sais pas trop comment gérer. Ce que je peux te dire, c'est que je suis là. Pour t'écouter, te comprendre, essayer en tout cas.

Il vient déposer un doux baiser contre l'épaule nue de la belle brune et ajoute:

-Peut-être que tu regrettes déjà d'être venue cogner à ma chambre, mais moi, je suis bien content. Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure. Tu es courageuse Harper.

Sa voix si grave et pourtant si douce. Jamais un homme n’aurait montré tant de patience à l’égard d’une femme et pourtant, cela existait bien. Il me demandait de lui donner une chance. Je ne savais plus quoi penser. J’en avais réellement envie, je le savais au fond de moi. Je le regardais alors dans les yeux, l’air impuissant face à toute cette situation. « J’en ai envie, je te jure … » Je savais que ce qu’il s’était passé entre nous était plus fort que nous aurions pu l’imaginer. Et malgré mon comportement, ça l’était toujours. Mais j’avais grand besoin de me déconcentrer. De mettre de l’ordre dans mes idées. Ca n’était pas chose aisée lorsque je savais que j’étais au beau milieu d’une crise d’angoisse. Mais il ne devait certainement pas comprendre ce qu’il m’arrivait. Et je me demandais comment pouvait-il encore bien vouloir de moi après ce comportement des plus déplorables. Seul un fou se jetterait dans la gueule du loup de cette façon. En avait-il pas conscience ? Probablement pas. Il se voulait au contraire si compréhensif, me séchant même mes larmes. Quel ange … face à un démon. Je me retirait de ses bras, il ne fallait pas qu’il m’embrouille l’esprit avec sa douceur, sa sensualité. Je m’installais sur son lit et me mettait en boule, comme une véritable enfant. Je n’avais même pas conscience à cet instant que ma tenue pouvait l’émoustiller tant j’étais ailleurs. Je tentais seulement de ma calmer. Je sentais Alejandro grimper près de moi sur son lit. Il s’approchait de moi et je sentais ses caresses envoutantes effleurer mon dos. Ma respiration commençait enfin à redevenir normale. Etait-il finalement le meilleur remède au monde ? Il cassa finalement le silence avec une suggestion des plus raisonnées. Il était si stable comparé à moi. Je relevais le visage me tournant vers lui alors qu’il déposait un baiser sur mon épaule. L’envie de l’embrasser encore … toujours. Mais une fois de plus, je me contenais. Ce n’était pas bien. J’acquiesçais seulement et vint doucement me laisser tomber contre lui, ma tête près de son cou. Je rapprochais le reste de mon corps, déposant une main sur l’autre côté de son cou, fermant les yeux. Et soudain, je me rendis compte que j’étais calmée. Avait-il ce pouvoir sur moi ? Il était si rassurant, savait toujours quoi dire. Je murmurais doucement, épuisée. « Je dors avec toi, mais juste pour cette fois d’accord ? » C'était la première fois que ça m'arrivait. Dormir avec quelqu'un. Une première. Je laissais doucement glisser ma main le long de son torse, m’endormant à moitié. J’entendais toujours ce qu’il me disait. « Je ne pensais rien de ce que je t’ai dit à la soirée... Mais tu me rends faible Ale … » finissais-je doucement avant de m’endormir contre lui, au chaud.

Alejandro n'est pas parfait, il a ses défauts, son orgueil n'en est qu'un parmi tant d'autres, mais il n'est pas un couard, ni un lâche. Au contraire, il préfère confronter, quitte à prendre un risque. Forcément, quand on sait affronter ses peurs depuis tout jeune, qu'on repousse constamment ses limites, on se dote d'un certain courage. Sa persévérance avec Harper, dont il était toujours convaincu qu'elle en valait la peine, commençait à porter fruit. La jeune femme reconnut qu'elle avait envie de lui laisser une chance. Pourquoi ne pas le faire alors, que craignait-elle? Alejandro ne se risqua pas à poser la question. Pas dans l'état où dans lequel l'Eliot était. Il a déjà vu sa petite sœur en peine d'amour, en détresse même après qu'un homme se soit joué d'elle et pour avoir brisé des cœurs, il sait... Mais l'état dans lequel Harper était en ce moment, c'était autre chose. Pendant un court instant, il se demanda s'il ne vaudrait pas mieux qu'il modère ses ambitions et laisse la pauvre Kennedy tranquille avant qu'elle ne perde complétement la tête.

Une pensée qui ne dura qu'un instant et le jeune homme décide plutôt de la consoler, de montrer qu'il était prêt à être là pour elle. Il était sincère dans sa démarche et en effet, c'était un peu fou de se donner autant de trouble. Le beau brun aide comme il peut la belle brune à trouver un peu de paix, de repos et proposait qu'ils dorment, pour les heures qui restent. Harper acquiesce et vint se câliner contre lui, qui esquissa alors, pour la première fois depuis ce moment, un petit sourire, tandis que son bras l'entourait doucement pour la flatter. Silencieux, il écouta bientôt la belle accepter sa proposition.

-D'accord.

Bien sûr, il espère que ce ne sera pas que pour cette fois. Ceci dit, c'était une bien petite concession à faire. Alejandro vient déposer un petit baiser contre ses lèvres et sentant Harper se presser contre lui, il eut un sourire amusé et a juste le temps d'enlever son haut et de le lancer un peu plus loin contre le fauteuil avant qu'elle ne le fasse s'allonger. Il aurait eu trop chaud en dormant sinon, avec Harper et ce haut sur lui. La jeune femme caressait son torse, il la caressait encore aussi et les couvrait des draps, s'y glissant avec elle, déjà à moitié endormi. Pensif à ce qu'elle dit, il répond, quelques secondes plus tard, tandis qu'elle semblait déjà endormie:

-Et si c'était le contraire? Et si je te rendais plus forte?

Et si elle faisait de lui un homme meilleur que ce qu'il est vraiment? L'Espagnol ne tarda pas à s'endormir aussi, bien content au final de cette surprise nocturne. Il avait l'impression qu'en fin de compte, Harper lui donnait une chance. À lui de ne pas la gâcher.

11h13 du dimanche 11 mars, Alejandro ouvre les yeux. Elle était toujours là, endormie, toute blottie contre lui. Cette vue le fit sourire. Ce qu'elle était mignonne et la belle semblait avoir trouvée du repos, de la quiétude, elle qui semblait si tourmentée. Le beau brun ne comptait pas gâcher le sommeil de la belle au bois dormant, alors après l'avoir caressé un brin, par envie coupable, il se dégage doucement d'elle et sortait hors du lit. Première étape après un petit détour à la salle de bain, préparer du café. Puis, il allait sur le balcon dehors passer un petit coup de fil à la réception. Une autre belle journée dans les Caraïbes. Il commandait des viennoiseries livrées à la chambre, il s'est dit qu'Harper aurait sans doute faim comme lui en se réveillant.

La belle brune continua de dormir, tandis qu'Ale', assit sur un fauteuil, la regardait dormir, veillait sur elle en quelque sorte. Le café prêt, il remplit deux tasses et entendit du bruit. Apparemment, miss Kennedy s'animait grâce aux effluves de café. Il revient près d'elle, la caresse doucement pour la réveiller.

-Hola mar de azul. Je nous ai préparé du café, on dirait que tu en as bien besoin.

Ajoute-t-il avec un sourire en coin. Il lui amène donc la tasse de café en question et s'assoit au bord du lit pour boire avec elle quoi.

-Finalement, on l'aura pris le café dans ma chambre.

Elle qui, il y a quelques jours, avait préféré filer au plus vite. On cogne doucement à la porte et Alejandro, tout sourire, se lève et pose sa tasse sur la table de nuit.

-Oh, le petit déj' est là, je vais nous le chercher.

Un bisou sur la joue et il file aller chercher les viennoiseries.

J’émergeais lentement en ce dimanche matin, sentant l’odeur du café. Sans ouvrir les yeux pour autant, je tentais de comprendre où je me trouvais. Je me souvenais, réalisant ce que j’avais fait la nuit dernière. Je fronçais les sourcils repensant à la dispute avec Ale, à ma crise d’angoisse dans sa chambre à quatre heures du matin, et m’apaisa finalement lorsque je me souvint avoir dormi dans ses bras. Une soirée cauchemardesque qui s’était transformée en douce nuit. Je pourrais très vite m’habituer à dormir près de lui si je ne faisais pas attention. J’ouvrais difficilement les yeux, éblouis par le magnifique soleil dont la lumière inondait la suite du beau Dunster. Lentement, je me redressais et passait une main dans ma longue chevelure brune, les remettant en place. Je ne paniquais plus, je ne me sentais plus si mal, du moins pour le moment. Je m’étirais doucement, avant de m’apercevoir qu’un de mes seins se faisait la malle de ma nuisette tandis que le beau brun observait mon réveil avec un doux sourire. J’écarquillais les yeux avec un sourire gêné, et remis en place ce téton qu’on ne saurait voir. Il s’approcha de moi, me caressant. Je lui souriais presque paisiblement. L’envie de l’embrasser pour lui dire bonjour me traversa l’esprit, mais je m’abstenais. Je déposais ma main sur la sienne à la place alors qu’il m’appelait de ce doux nom. Je regardais le café avec envie et pris une tasse avec lui. « Je ne t’ai pas dérangé pendant ton sommeil ? » lui demandais-je. L’idée d’avoir dormi avec lui me faisait tout drôle. Finalement, je ne m’étais pas transformée en statut de sel, ironisais-je dans mes pensées. Mais il fallait toujours que je reste prudente. J’avais aimé tout ça. Tous ces moments passés avec lui, et le fuir deviendrait alors de plus en plus douloureux. Je m’étais élancée là dedans et il était probablement déjà trop tard. Il me traitait comme une véritable princesse. Bien que je n’avais jamais eu besoin d’homme dans ma vie pour ce même résultat, j’aimais déjà cette matinée, essayant de m’empêcher de penser que je souhaitais au plus profondément de mon âme, que chacune ressemble à celle-ci. Il ironisait à son tour. Je riais, acquiesçant presque joyeusement. Je le regardais droit dans les yeux en réponse. J’avais envie de lui dire que j’avais aimé cette nuit dans ses bras. J’ouvrais la bouche pour le lui dire, mais on toqua à la porte. Trop tard. Il se précipita à la porte ouvrir, le jeune homme nous avait également commandé des viennoiseries. Etait-il le prince charmant venu me sauver sur son beau cheval blanc ? Je me redressais davantage, m’asseyant confortablement. C’est sur un beau plateau d’argent que le petit-déjeuner nous était servit. Alejandro près de moi, je piochais un croissant que je dégustais avec plaisir, accompagné de mon café. Je m’arretais un instant, posant mon regard sur Alejandro. « Merci … de m’avoir laissée dormir avec toi. » J’avais presque envie de passer ma journée entière avec lui. J’avais même envie de plein de choses à la fois. Passer la journée dans son lit à discuter, rien que tous les deux, qu’il me fasse l’amour comme la dernière fois aussi, mais ça, c’était encore une mauvaise idée. Bien que l’envie en devenait de plus en plus forte, à force de présence de sa part. Je m’élançais tout de même après avoir pris une inspiration. « J’aimerais beaucoup qu’on reste tous les deux ici … aujourd’hui … » cette phrase voulait dire plein de choses en effet, en espérant que cela ne se transforme pas en dispute une fois encore.

Tandis qu'il regardait Harper se réveiller, Alejandro se disait qu'il pourrait la regarder ainsi des heures durant, à la trouver belle, mignonne. Les petits détails ne lui échappaient, comme le sein rebelle de la belle. Il la regardait avec désir, attirance, mais sans non plus envie de la manger toute crue. Il l'avait déjà vu toute nue après tout, une vision plus que mémorable et en matière de femmes, Alejandro s'y connait quand même.

Apaisée, Harper avait même l'air de bonne humeur. Malgré le réveil, elle souriait déjà. Elle posait sa main sur la sienne, les gestes d'affection étaient de retour et la jeune femme froide de la piscine semblait avoir prise congé. Faites que cela dure.

-Du tout. Je te l'ai dit, je dors mieux avec une jolie fille contre moi.

Il prend la main de la belle et l'amène à ses lèvres pour y déposer un baiser. Alejandro, bon prince, aime traiter les femmes qu'il fréquente, encore plus ses petites amies, comme il se doit, leur faire sentir combien elles sont importantes à ses yeux. Harper l'était d'autant plus et si elle trouvait ce matin tout exceptionnel, elle n'avait rien vu encore. Les attentions, les cadeaux de toutes sortes risquent de pleuvoir, si elle lui en donne l'occasion. Après, Alejandro sait qu'il doit aussi faire attention à... comment dire... ne pas noyer le poisson.

Les viennoiseries arrivées, il alla les chercher et revint avec le plateau en argent qu'il put poser sur le lit. Les deux amants mangèrent avec appétit et Alejandro fit comme elle, il se prit un croissant, dont il trempait parfois des morceaux dans le café. La jeune femme le remerciait alors pour la petite nuit à deux.

-Pas de quoi. Je sais que tu as dit que ce serait qu'une fois, mais tu reviens quand tu veux.

Il a aimé dormir avec elle près de lui. C'est si naturel et puis, malgré une nuit riche en émotions, il s'était senti bien avec elle, complet en quelque sorte. Il n'avait pas rêvé à elle ou quoi, ni tourmenté ses pensées. La belle était à sa place, près de lui. Elle pouvait bien revenir quand elle voulait. Puis, Harper lance un souhait et Alejandro joue les mystérieux, finit sa bouchée avant de répondre, l'air de réfléchir.

-C'est journée libre aujourd'hui, j'avais prévu de faire du surf...

Encore et toujours du surf... D'ailleurs, sa planche est debout contre un mur de la chambre. Il jauge la réaction de Harper, puis, esquisse un sourire et se penche vers elle pour déposer un baiser contre sa joue, poser une main contre sa cuisse.

-Mais je pense que je vais rester ici avec toi.

Avec un petit sourire en coin, il prit une petite gorgée de café, mine de rien, bien content en fait de la tournure de la matinée. Qu'ils passent du temps ensemble, c'est bien tout ce qu'il souhaite.

Je m’abandonnais une fois de plus à cette aventure avec Alejandro, fatiguée de le repousser pour cette semaine au moins. Et puis, j’aimais tant qu’il soit près de moi. Il avait ce côté si romantique, il me déstabilisait d’une manière que j’aimais. Il m’avait récupérée, moi, seule, bien dans mon monde si noir, trop habituée à voir les choses avec distance. Il avait tout chambardé dans ma vie, m’obligeant à me sortir de mon cocon si familier. Tout ce qu’il me faisait vivre avait un gout de danger. J’avais l’impression de mettre ma vie en péril en lui accordant petit à petit ma confiance. Mais pour l’heure, je me décidais à capituler. Juste pour la journée. Je souris à sa remarque avant de plaisanter à mon tour. « Oh ! Donc tu me trouves jolie ? » J’esquissais un petit mouvement d’épaule séducteur. J’étais habituée à ce que l’on flatte ma beauté. Depuis toute jeune. Mais je ne m’en rendais pas tellement compte, bien que j’avais conscience d’être dans la fleur de l’âge. Mais mon intellect me concernait davantage. Peut-être parce que je visais un certain avenir politique, mais aussi parce que c’était ma façon de me sentir supérieure aux autres. En ayant toujours un coup d’avance. Chose qu’Alejandro ne m’avait même pas laissée. Il m’avait tout arrachée. Et j’avais petit à petit envie de renoncer à mon moi d’avant. Plus je l’observais, plus j’avais envie de le voir. D’être avec lui. De m’abandonner à lui encore et encore. Ce sentiment me faisait mal un instant. Nous finissions de manger, et j’appréciais toutes ses petites attentions. Je touchais le satin de son draps avant de lui répondre. « On pourrait bien être … des amis ? » lui proposais-je sachant pertinemment que ce ne serait pas le cas. Mais c’est tout ce que je pouvais donner pour le moment. En tout cas tant que je n’avais pas fais le tri dans ma tête. Par rapport à Zéphyr, par rapport à lui. Zeph … comment allais-je lui parler de tout ça ? Il était mon meilleur ami et pas un instant je n’avais songé à le lui raconter. Mon coeur se resserra quelques secondes. Je ne pouvais décemment pas le lui dire. C’était pour l’instant exclus. Je me forçais à ne plus y penser. Aujourd’hui j’étais sur un petit nuage. Je le voulais. Le beau brun me fit par de ses projets, et je me tournais vers lui. « Oh bien-sur … pardonne-moi, tu as des projets. Ce n’est rien, j’avais prévu de lire aujourd’hui si je n’avais pas dormi ici. » disais-je embêtée. Jusqu’à ce qu’il se rapproche finalement de moi avec un petit sourire plaisantin, me déposant un baiser sur ma joue .. sa main sur ma cuisse. Je fermais les yeux. Il avait envie de rester avec moi. Mon coeur s’emballa. Je posais mon regard sur lui. Je n’osais plus toucher sa main de peur de déraper une seconde fois, mais je ne bougeais pas. Je n’avais pas non plus la moindre envie qu’il retire sa main. Je ne faisais que l’observer, le temps de puiser la force en moi de ne pas l’embrasser à nouveau. Une tension folle s’installait de nouveau, le silence régnait et bientôt, nous n’entendions plus que nos respirations. Je réagissais finalement en détournant le regard, gênée par cette force qui s’immisçait entre nous. Je me précipitais dans de futiles paroles regardant ailleurs. « Heu … et que souhaites-tu faire dis-moi ? » Je riais intérieurement de moi. J’étais ridicule.

Alejandro eut un léger rire. S'il la trouve jolie. Il prend le temps de la regarder, elle, cette beauté aux yeux d'azur dans sa nuisette toute sexy, si mignonne en cette matinée.

-Si je te trouve jolie? Je te trouve très très jolie... Et tout mignonne du matin.

Le beau brun sait déjà que s'il demande à la belle comment elle le trouve, elle répondra un truc du genre "pas si mal". Un jour peut-être, les compliments viendront. Ils mangeaient, le jeune homme laissant la porte ouverte à ce qu'elle revienne dormir auprès de lui. Cela signifiait aussi faire une croix sur d'autre compagnie féminine cette semaine, puisqu'Harper risquait de débarquer aux petites heures sans prévenir, mais pour être honnête, Alejandro n'avait plus d'intérêt pour d'autre. Seule elle l'intéressait. D'ailleurs, autant être clair sur un point.

-Toi et moi, nous pouvons être bien des choses. Des amis? Je ne crois pas.

À moins qu'elle soit fan des amis améliorés, ce qui n'est pas le cas d'Alejandro, pour qui le sexe est un peu trop synonyme d'amour et de passion pour s'embarquer dans ce genre de lien. Puis, comme la belle proposait qu'ils passent la journée ensemble, dans sa chambre même, le beau brun tend un piège à la belle, qui, aussi brillante soit-elle, tombe dans le panneau. D'ailleurs, c'était marrant de la voir s'inventer des petites excuses.

Le petit déjeuner fut aussi l'occasion de quelques rapprochements. C'était tendu entre les deux jeunes, attirés un vers l'autre comme des aimants. Il sent la gêne, la timidité chez Harper. Le jeune homme ne fit pas de regard trop insistant et enlevant doucement sa main pour recommencer à manger.

-Prendre ma douche du matin. Ça te dirait après que je nous prépare des mimosas? On pourrait les prendre sur le balcon. Oh et si tu veux prendre une douche aussi, retourner à ta chambre te changer, tu peux. Même si... j'adore ta nuisette.

Avouait-il avec un petit sourire. Puis, le jeune homme, qui finit son café, hoche la tête et lève les sourcils, comme s'il venait d'avoir une idée.

-Oh, avant toute chose...

Sur ses mots, il vient embrasser Harper, un mélange de douceur et de passion tout à la fois. Non, ils ne seront pas amis. Il rompt le contact de leurs lèvres et la regardait doucement, avant d'esquisser un sourire. Il devrait sûrement ramasser puisqu'ils ont pas mal fini le petit déj' et le café. Cela lui occuperait l'esprit.

Ses compliments, sa douceur … Puis son affirmation. Il ne veut pas de mon amitié, c’est compréhensible. Quand on sait ce qu’il s’est passé entre nous, quoi que certains hommes auraient justement aimé le contraire. Un coucherie et on reste amis ! Non pas que l’idée me plaisait plus que lui, mais elle était surtout une alternative à ce qu’il me demandait. La meilleure alternative dont je lui donnais les meilleurs arguments. « Ale … on pourrait se voir de temps en temps … flâner tous les deux … ça nous permettrait de passer du temps ensemble, d’être des amis. » souriais-je, essayant de m’auto-convaincre que c’était une bonne idée. Moi aussi j’avais envie de bien plus. Plus j’étais avec lui. J’avais envie qu’il soit près de moi, comme ça, tout le temps. Mais je ne pouvais me l’autoriser. « Sinon cette journée pourrait-être la dernière que l’on passe ensemble … et je n’en ai pas la moindre envie. » finissais-je franche. Mais je n’avais pas envie de me disputer aujourd’hui. Je ne voulais pas gâcher ce si beau moment. D’ailleurs, il enlevait sa main de ma cuisse. Je baissais les yeux. Je finissais de manger, essayant de penser à notre journée. Devant ses propositions, je me remis à sourire, surtout au passage concernant ma nuisette. Je baissais la tête, observant mon accoutrement finissant de marcher tout en me mettant à rire. A vrai dire, en venant chez lui j’étais tellement dans un état second que je n’avais pas pensé une seconde à m’habiller correctement. J’avalais ce que j’avais dans la bouche avant de répondre. « Oh elle est très confortable cette nuisette, je resterai bien dedans après avoir pris une douche si cela ne t’ennuie pas ! .. toi aussi d’ailleurs, ça ne me dérange pas si tu reste torse nu ! » Nous n’allions certainement pas prendre une douche ensemble, mais je ri aux éclats à mes paroles, sans prendre le temps de me rendre compte qu’il s’approchait dramatiquement de mes lèvres, m’offrant un baiser indélébile. Je me laissa faire, je ne voulais pas qu’il s’arrête. Je plongeais doucement ma langue qu’elle vienne jouer avec la sienne, déposant mes mains sur son visage, prête à me redresser afin de me mettre à sa hauteur, mais il se retira, me laissant complètement désorientée, les mains encore en l’air, puisqu’il avait retiré son visage. Je le regardais, il me souriait avec douceur. Bon sang … Non, certainement pas amis. Franchement pas, non. Je me levais tandis qu’il débarrassait le lit, et l’aidais tout en prenant de mon index un peu de confiture de framboise qui restait avant de dessiner un point sur le bout de son nez. Je riais de plus belle. « Tu es encore plus charmant comme ça, je trouve ! Tu devrais rester comme ça. » Je le regardais avec un grand sourire fier, attendant sa réaction. Je sentais que j'adorerais le taquiner de la sorte.