À bout de force, je lui temps les bras, demande muette pour retrouver sa chaleur et un bien-être que je n'ai pas ressenti depuis trop longtemps. Un petit "nous" bien calé l'un contre l'autre dans le confort du lit et d'une bulle, certes un peu fragile, mais bien présente. Cependant en le voyant secouer la tête, je fronce les sourcils et une légère panique commence à s'infiltrer dans mes neurones sans garde. Il doit vraiment reprendre l'avion, c'est ça? Pas nécessairement dans une heure ou deux mais quatre ou cinq? Ou peut-être demain matin? Je viens de réaliser que je ne sais pas s'il est atterri à Boston ou à New-York. Auquel cas, il a de la route à faire avant. Je crois que si c'est le cas, même si tombe de fatigue, je l'accompagnerai! On vient de se retrouver, je ne veux pas le voir partir.

Cependant, lorsqu'il lève la main pour me montrer l'un des résultats de notre échange, je réalise que sa demande est simplement logique. On est tous les deux en sueurs alors c'est peut-être d'autant mieux de passer par cette étape. Et il utilise encore l'un de ses meilleurs arguments pour que je fasse n'importe quoi de ce qu'il demande. Ses lèvres sur les miennes, je passe ma main à sa nuque pour avoir encore une peu de sa tendresse. Et lorsqu'il se redresse, même si j'aurais bien continuer, je ris doucement à sa proposition, puis me racle la gorge avant de lui répondre.

- Je te lâche plus d'une semelle, répondis-je en souriant.

On sera peut-être un peu serré, parce que c'est pas super luxueux, mais je prends ça comme une excuse pour être corps à corps, une fois de plus. Comme si on avait réellement besoin d'une excuse! Tranquillement, je me redresse sur les coudes, cherchant un autre baiser. J'ai encore le coeur qui bat trop rapidement, mais je crois pas que ça va se calmer tout de suite. Parce que l'accrochage est encore trop récent et que notre réconciliation a été des plus intenses, mais aussi parce que je l'aime et que j'ai les nerfs à vif à ses moindres réactions. J'ai agis comme un con et j'ai encore un fond de crainte de le payer un jour, même si je sais qu'il m'aime. Me relevant un peu plus, je n'arrive pas à détacher mes yeux des siens. J'ai toujours eu un faible pour les mecs aux yeux pâles, mais lui c'est différent. Sa façon de me regarder probablement. Je n'ai pas eu de relation aussi intense avec personne avant. Il me fait repousser mes limites et je me rends compte que, dans ses bras, c'est pas une mauvaise chose. Encore tout près, j'embrasse son menton et sa gorge, délicatement, avant d'appuyer mon front sur sa clavicule, ressentant sa chaleur et son pouls.

Ha non! Non, je me fais pas reprendre dans le piège de je parle et il reformule tout jusqu'à me rendre dingue! Parce qu'il est très doué à ce petit jeu! Il sait bien que quand j'affirme que je ne le lâcherai pas d'une semelle, c'est une manière de parler et que je me mettrai pas à faire le chien de poche! Faut savoir trouver le juste milieu!

La tête contre sa clavicule, je reste muet, appréciant simplement de sentir le rythme de son coeur qui bat de manière aussi désordonné que le mien. Lorsqu'il déduit que je retournerai donc avec lui en Nouvelle-Écosse, je retiens un soupir.

- Saël… commençais-je mi-plainte, mi-soupir.

Je ne peux pas. J'aimerais tellement, mais je ne peux pas. Je dois bosser, mon prêt ne couvrira pas toutes mes études si je ne le fais pas. Et je ne veux pas vivre au crochet de mon frère, il en fait déjà beaucoup trop. Qui plus est, et il le sait ça, c'est une opportunité en or que j'ai de bosser ici. Je sais qu'il n'aime pas Annalynne, que c'est loin d'être la bonne entente entre les deux, mais je crois qu'il est capable de reconnaître qu'elle m'offre littéralement la chance de me lancer dans le milieu. Je ne peux pas louper ça. Je lui ai déjà dit et… il plaisante. Évidemment. Et moi cherches encore mes mots, comme un con pour lui expliquer. Je frissonne doucement quand il joue avec mes cheveux et sourit bêtement. C'est quelques chose que j'apprécie bien. Venant de lui surtout. Je pourrais passer des heures à le laisser faire. ...peut-être pas dans cette position par contre! Alors quand il me repousse doucement, j'obéis, rigolant doucement à son ordre.

- Oui, Monsieur mon "cherry"!

Je sais pas s'il se souviendra de celle-là, et allez savoir pourquoi ça me passe par la tête maintenant, mais ça me fait plutôt rire.