Au départ, j’avais eu un peu de mal à me faire à l’idée que j’étais en couple. Parce qu’après quelques années à être un peu volage, c’était dur de se dire qu’on doit se contenter d’une seule et unique personne. Pourtant avec Roxanna, c’était venu tellement naturellement : dès le soir où nous nous étions embrassés dans la salle de danse – et peut-être même avant ? – je n’avais eu envie de toucher à plus aucune fille. C’était elle que je voulais, elle, et personne d’autre. Aujourd’hui, j’étais fier de l’avoir trouvé, parce que sans elle, j’aurais sombré très rapidement. Ce qui m’avait même le plus impressionné, c’était qu’elle n’avait pas eu peur de moi. En général, les gens connaissaient mon côté sombre et le fait que j’avais eu des tendances suicidaire, et ça faisait fuir du monde, croyez-moi ! Pourtant, Roxanna n’avait pas eu l’air effrayée, et elle avait tout de suite vu le meilleur en moi. Je me rappelais encore qu’elle m’avait complimenté sur mon sourire dès notre premier rendez-vous. Sourire figé sur mon visage toute la soirée alors que cela faisait des mois que je n’avais pas souris auparavant. En fait, Roxanna était ma petite touche d’optimisme dans la vie, et elle était littéralement mon rayon de soleil. Et c’était si bien que, lorsque les rôles étaient inversés et que c’était elle qui avait eu besoin de soutiens, j’avais su lui en donner, comme à Phoenix alors qu’avant j’aurais été incapable de faire ce que j’avais fait pour elle là-bas. Le massage de ma fiancée me fit un bien fou, ça m’avait aidé à me détendre et à ne plus penser à toutes ses histoires de cartons et donc, penser au passé. J’avais toujours adoré la sensation de sa peau au contact de la mienne, même si c’était uniquement ses mains ou le bout de ses doigts qui me touchaient. « Y a pas de merci qui tiennent ... » Je souris et j’haussais les épaules : je commençais à la connaître par cœur, j’étais certain qu’elle me dirait ça, mais je me devais pour la remercier, même si elle ne voulait pas de mes remerciements. Je m’asseyais face à mon assiette, prenant mes couverts en mains alors que Roxanna lança de gaieté de cœur, « Bon appétit ! » J’hochais la tête et je murmurais un petit bon appétit à mon tour avant de commencer à manger, j’étais carrément affamé, ça on peut le dire ! « Ça vaut bien les vingt minutes d'attente ! » Après deux bouchées, je nous servais deux verres d’eau pour reprendre par la suite la dégustation des lasagnes qui étaient tout simplement délicieuses. Le diner se fit dans le silence, mais nous n’avions pas mis trois heures à manger une petite part de lasagnes chacun et au bout d’une dizaine ou vingtaine de minutes, nos assiettes étaient déjà vides. « Tu noteras que ce coup ci je ne me suis pas brûlé la langue, y a du progrès ! » J’éclatais de rire à mon tour et je ramenais ma serviette posée sur mes genoux pour m’essuyer la bouche qui était, j’en étais certain, recouverte de sauce tomate, « Bravo chérie tu sais manger comme une grande fille sans te faire bobo à la langue ! » Je lui lançais un petit sourire provocateur et je posais ma serviette sur la table en remettant la cloche qui tenait mon assiette au chaud au-dessus de celle-ci. Je posais mes deux mains sur mon ventre que je tapotais doucement en soupirant, « Rolala j’ai l’impression d’avoir mangé pour vingt personnes ! », grogais-je en riant un peu avant d’aller me laisser tomber sur le lit. « J’fais pas assez de sport au Summer Camp j’vais me retrouver à prendre dix kilos d’un coup ! », continuais-je en riant légèrement. Je me redressais pour regarder la jeune femme, « Tu m’aimerais encore avec dix kilos en plus, hein ? »

« Une portion de lasagnes t'achève maintenant ? Eh bien chéri, je t'ai connu plus endurant que ça ! » J’éclatais de rire en l’entendant dire ça : c’est vrai qu’elle m’avait connue beaucoup plus gourmand, mais bon, il y avait plusieurs explications à ça : d’abord, les lasagnes étaient faites maison, on le sentait clairement et ça les rendaient beaucoup plus lourdes. Et ensuite, avec ma leucémie, j’avais perdu l’appétit pendant un mois alors il allait falloir du temps avant que je m’habitue à manger correctement sans être callé. Bon, c’est vrai que j’exagérais lorsque je parlais de prendre dix kilos, « Dix kilos, mais bien sur !» Je souris et j’hochais la tête positivement : oui oui, dix kilos ! Je regardais Roxanna alors que je lui demandais si elle m’aimerait encore si je venais à prendre dix kilos : je connaissais déjà la réponse, mais bon, j’avais envie de jouer encore un peu avec elle – comme si ça n’était pas déjà assez fait à la chute. La jeune femme embarqua à quatre pattes sur le lit, s’approchant de moi pour m’embrasser doucement, me faisant immédiatement sourire. « Bien sûr que oui, gros bêta, même si je doute que tu arrives à prendre tant de poids ! » J’étouffais un léger rire et j’attrapais une de ses mains entre les miennes, caressant celle-ci avec mon pouce alors qu’elle s’était redressée sur ses genoux. « Et puis même si ça arrive, on pourra toujours faire du sport pour éliminer ensemble... » Je la regardais en essayant de ne montrer aucune expression sur mon visage, alors que j’avais envie d’éclater de rire, et encore plus quand elle avait l’air de comprendre l’ambiguïté de sa phrase. J’entrouvrais la bouche pour répondre mais elle fut plus rapide que moi en déclarant, « Sans arrière-pensée ce coup-ci ! Quoique .. » J’hochais la tête en affichant cette fois un immense sourire, « Mais bien suuuuuuuur ! », lançais-je avant de me redresser à nouveau sur mes genoux, gardant sa main dans la mienne. J’approchais mon visage du sien pour caresser ses lèvres contre les miennes avant de l’embrasser doucement puis je murmurais, en gardant mes lèvres à quelques millimètres de les siennes, « T’a raison en fait…sans arrière-pensée ce coup-ci… » Je me pinçais la lèvre et je descendais du lit pour aller à mon tour dans la salle de bain me brosser les dents. J’allais fouiller dans mon sac à terre et j’en profitais pour retirer mon bermuda et rester en boxer – bah quoi, fallait bien que je me mette à l’aise non ? J’attrapais ma brosse à dents sans faire attention à Roxanna et j’allais dans la salle de bain face au miroir pour me brosser les dents. Quelques minutes plus tard, je me rinçais la bouche et je demandais à Roxanna, « T’a plus faim chérie ou tu veux encore commander quelque chose ? J’sais pas, genre un dessert ? » J’avais volontairement changé de sujet, gardant ma brosse à dents dans la salle de bain alors que je sortais de celle-ci pour regarder Roxanna en souriant, attendant sa réponse.

Ce soir, c’était tout frais payé pour moi, mais ça, je ne l’avais pas encore dit à Roxanna, parce que je la connaissais, elle allait encore monter un plan foireux pour essayer de payer quelque chose. Parce qu’elle avait fait exactement ça le week-end où nous avions été à New-York : pendant que je faisais la plein de la voiture, elle avait réussi à filer comme une flèche pour aller payer, et revenir avec son petit sourire enfantin, l’air de rien. Le problème, c’est que je n’arrivais jamais à rester fâcher avec Roxanna bien longtemps : lui faire la tête ? Très peu pour moi, sauf lors de nos vraies grosses disputes et encore, la dernière dispute que nous avions eu nous avait fait finir au lit dans un yatch lors d’un week-end organisé par les Dunster. Peut-être que nous devrions nous faire la tête plus souvent alors ? Non, c’était impossible, strictement impossible que je passe une seule journée sans parler avec la jeune femme, même si c’était juste pour lui dire bonne nuit. Et elle avait intérêt à me répondre, car sa dernière escapade à Phoenix m’avait beaucoup trop fait peur et m’avait fait devenir totalement parano. Mais je pense qu’elle voulait le comprendre, car si moi j’avais eu peur pour elle après son agression avec Billie, elle, avait eu peur pour moi à cause de ma maladie. Je demandais à ma fiancée si elle avait envie d’un dessert mais celle-ci déclara en souriant, « Hum nan, j'avoue que j'ai critiqué mais moi aussi les lasagnes m'ont calée... Sauf si toi tu veux un dessert .. » Je souris et je refermais la porte de la salle de bain derrière moi, m’approchant d’elle en glissant mes mains au niveau de sa taille. J’hochais la tête négativement et je répondais, « Non, j’ai pas envie d’un dessert…les lasagnes m’ont callées j’te l’ai dit ! » Je ris un peu et je me penchais pour attraper ses lèvres doucement puis je la lâchais pour regarder rapidement à travers la fenêtre où on voyait la piscine avec tous les toboggans. Je tirais rapidement le rideau, bon, personne ne risquait de nous voir de là-bas mais on ne sait jamais hein. Je n’avais même pas fait attention à la nuisette que Roxanna portait et c’est seulement après avoir tiré le rideau que je me rendais compte de sa tenue qui me fit sourire. Bon, je n’allais pas rire parce que je savais que ça la gênerait, et puis au fond, il n’y avait pas trop lieux de rire, elle était juste magnifique là-dedans. Quoi que…je la trouvais toujours magnifique en fait, même le matin avec ses petits yeux et ses cheveux mal coiffés. « Wow…ça c’est une belle nuisette », murmurais-je en souriant avant de me pencher à nouveau vers elle pour l’embrasser un peu.

Parfois, je me demandais si Roxanna rougissait de nature ou alors si elle ne rougissait qu’avec moi. C’était dingue quand même, même après cinq mois de relation, j’arrivais encore à la faire rougir comme au premier jour. Même si au début, la jeune femme rougissait beaucoup plus facilement qu’aujourd’hui. Dans un sens, ça me plaisir, mais de l’autre, j’avais du mal à comprendre. Roxanna était quelqu’un de très lunaire, un coup elle peut être très sûre d’elle et jouer avec moi comme elle faisait de plus en plus souvent d’ailleurs, et tout à coup, elle pouvait être extrêmement gênée pour un rien et agir comme une petite fille qui vient de se faire complimenter par le garçon dont elle est folle amoureuse depuis des années. Mais c’était une facette de sa personnalité que j’aimais beaucoup chez elle, parce qu’elle arrivait toujours à me surprendre, quoi qu’il arrive. Je me pinçais la lèvre alors que je la vis donc rougir après mon compliment sur sa nuisette qu’elle portait : je n’y avais pas prêté attention quelques minutes plus tôt mais c’était loin d’être quelque chose qui arriverait à me rendre indifférent. Je me rappelais encore quand, quelques mois plus tôt, Roxanna avait déclarée avoir achetée des pyjamas de « fille en couple », et si c’était de ce genre de chose dont elle parlait, j’étais totalement pour ! « C'est un vêtement comme un autre ... », murmura la jeune femme d’un air indifférent, me faisait agrandir progressivement mon sourire. Je me contentais alors de me pencher pour attraper délicatement ses lèvres contre les miennes, sans rien répondre, juste un baiser qu’elle prolongea en glissant ses mains de ma nuque jusque dans mon dos, me faisant immédiatement frémir au contact de ses doigts contre ma peau. Je glissais progressivement mes mains de sa taille jusqu’au bas de son dos pour la garder collée à moi alors qu’elle prolongeait le baiser, c’était le genre de moment qui nous étaient trop rares lors de ce fichu Summer Camp. On a beau dire que le sexe n’est pas le plus important dans un couple, ça ne serait que mentir d’être d’accord avec ça, parce que le sexe est quelque chose de différent quand on est en couple, c’est une manière de passer un moment différent avec l’autre. Enfin, moi je le voyais comme ça, et le fait qu’on ait fait des chambres non mixtes n’arrangeait pas les choses, car je me voyais mal faire ce genre de chose les fesses à l’air dans un buisson. Je souris et j’ouvrais les yeux lorsque Roxanna sépara doucement nos lèvres, les maintenant cependant à une distance très proches l’une de l’autre. Je remontais une main pour caresser doucement sa joue et j’embrassais le bout de son nez, puis la commissure de ses lèvres avant de murmurer calmement, « C’est pas un vêtement comme un autre… » Je souris et j’attrapais sa main pour nous amener près du lit et j’ajoutais, « T’es magnifique mon amour.. »

Ce que j’aimais avec Roxanna, c’était sa retenue. Ça peut paraitre bizarre, ou débile, mais c’était e que je préférais le plus. J’avais fréquenté tellement de filles qui étaient sûres d’elles, et qui avaient l’habitude de ce genre de chose au point qu’elles ne réfléchissaient même plus à ce qu’elles faisaient réellement. Roxanna elle, mesurait chacun de ses gestes, lui donnant parfois un air hésitant, un air enfantin mais j’adorais ça, parce que ça rendait les choses plus…uniques ? Je savais qu’elle n’avait jamais fait ça avec aucun autre homme auparavant, que j’étais le seul, et l’unique en qui elle avait eu assez confiance pour se laisser aller et donner place à ses envies. Parce que c’était ce petit air enfantin qui faisait que je l’aimais et surtout, que j’avais cette envie de la protéger, tout le temps et contre n’importe qui. Je n’osais même pas imaginer que quelqu’un puisse le faire du mal, sinon il aurait à faire à moi, et ça ne serait vraiment pas joli à voir. J’embrassais chaque partie de son visage, faisant rire la demoiselle lorsque les lèvres se posèrent sur le bout de son nez, allant doucement mais sûrement jusque-là commissure de ses lèvres. Ca faisait tellement du bien de pouvoir enfin passer un moment seul avec elle, dans ce cadre tellement magnifique. Les chutes d’eau et maintenant cette magnifique chambre d’hôtel. Une fois face au lit, Roxanna noua ses bras autour de moi, se mettant sur la pointe des pieds pour pouvoir approcher ses lèvres des miennes. « Merci chéri... », murmura-t-elle avant d’approcher un peu plus ses lèvres pour m’embrasser doucement avant d’attraper ma lèvre inférieure, me faisant légèrement sourire. « Rappelles moi où est-ce qu'on en était avant de se décider à quitter les chutes tout à l'heure … ? » Je ris doucement et j’haussais les épaules, prenant à mon tour un air pensif comme si j’avais besoin de réfléchir à la réponse que j’allais donner. Je me penchais à nouveau vers ma fiancée pour attraper ses lèvres avec douceur, la poussant légèrement pour la faire tomber sur le lit en guise de réponse.

Fin du rppppppp