Ça y est. 7 Juillet. C’était une date qui resterait probablement marquée dans le calendrier, enfin, si tout se déroulait comme prévu. Elle avait déjà une importance, puisque aujourd’hui, cela faisait cinq mois que Roxanna et moi nous étions en couple. Seulement cinq mois, et j’avais l’impression que c’était une éternité. J’avais prévu que nous passions la journée ensemble journée qui se terminerait en bas des chutes, endroit que nous avions déclaré comme étant « notre endroit ». Couché sur mon lit, j’étais réveillé depuis déjà une demi-heure alors qu’il n’était que six heures du matin. La petite boite en velours était cachée sous mon oreiller, mais je n’avais pas pu m’empêcher de la prendre pour la regarder longuement. Autant vous dire que j’étais terriblement nerveux, et je me demandais encore si ça n’était pas une bêtise de faire ça. Pourtant, c’était Meghan qui avait eu l’idée, et elle ne semblait pas trouver que c’était rapide. L’amour n’est pas proportionnel au temps. C’était ce que je ne cessais de me répéter, encore et encore pour ne pas me dégonfler. Moi qui envoyer toujours balader les gens, pensant que leur avis ne comptais pas, aujourd’hui, j’avais terriblement peur de ce qu’ils allaient dire. Ce que Sheldon, le frère de Roxanna allait dire aussi, par exemple ? Peut-être que j’aurais dû lui en parler avant…enfin, il ne la connait pas encore parfaitement, cela ne fait que peu de temps qu’ils se connaissaient. Je finis par me lever vers sept heures et je décidais d’aller courir un peu : les médecins m’avaient dit de ne surtout pas arrêter les activités physiques, au contraire même, et courir me remettait souvent les esprits en place. Ce jogging m’a alors fait prendre conscience d’une chose : ça n’était pas du regard des gens, que j’avais peur, de ce qu’ils diraient, mais de la réaction de Roxanna. Celle-ci disait me suivre partout où j’irais, mais là, c’était concret. Je ne savais pas si j’avais envie d’un mariage tout de suite, tout ce dont j’avais envie, c’était de franchir un pas de plus dans notre relation. Lui prouver que ça n’était pas qu’une petite amourette, et que quand je disais qu’elle était la femme de ma vie, je le pensais sincèrement.


Je m’étais habillé tout à fait banalement, un simple bermuda vu la chaleur qu’il faisait aujourd’hui et un t-shirt. J’étais passé prendre Roxanna vers dix heures à son chalet et nous avions passé la journée en ville, à faire les boutiques et marcher, parler, rire. Ca semblait banal, mais cette journée était tout simplement parfaite. Je n’avais presque plus mal au dos, je me sentais tellement mieux depuis ma greffe. Toutes les deux minutes, je passais ma main dans ma poche pour vérifier qu’elle était bien là, et je ne cessais de me demander si je faisais ça maintenant ou plus tard. J’optais pour attendre les chutes. Nous nous décidions à aller en forêt vers dix-huit heures, il faisait encore clair car la nuit tombe tôt en été. Mais ça rendait le lieu encore plus beau que la dernière fois que nous étions venu. « Wow…c’est beaucoup plus beau que dans le noir », lançais-je en souriant à ma petite amie un petit sourire aux lèvres, même si je me sentais de plus en plus nerveux. Glissant mon bras autour de sa taille, je nous dirigeais près de la petite rivière dans laquelle plongeait la cascade, m’asseyant au bord de l’eau après avoir retiré mes chaussures pour tremper mes pieds dedans. « Alors…t’a passée une bonne journée ? »

Le Vermont était une région tout simplement magnifique. Quand je pensais à cet Etat, je pensais tout de suite à la neige, l’hiver alors que en été, cette région est certainement encore plus belle. Rien que la forêt, était époustouflante : toutes les couleurs se mélangeaient et donnaient un tableau à couper le souffle. Le vert des buissons, des arbres qui étaient illuminés par le soleil qui faisait briller toutes les couleurs de la forêt, afin d’en faire ressortir absolument tous les petits détails. Il n’y avait pas que le visuel, on sentait également l’odeur de bois et des plantes et on entendait le gazouillements de certains animaux, le chant des oiseaux. Et bien entendant, le ruissellement de l’eau qui coulait le long de la rivière, ainsi que celle de la chute d’eau qui était le son le plus imposant dans le coin. On pouvait l’entendre au loin, et se laisser guider par celle-ci pour facilement la retrouver et la rejoindre. En fait, c’était un parfait petit coin de paradis. Et ce soir, c’était notre petit coin de paradis. Assis, les pieds dans l’eau, je regardais droit devant moi, passant ma main par-dessus ma poche, toujours pour vérifier que la boite était encore là. C’était un geste nerveux que je risquais de garder jusqu’au grand moment. Bizarrement, en achetant cette bague quelques jours plus tôt avec Meghan, j’avais pensé à mon père. Je n’avais pas eu le temps de parler avec lui des filles, et je savais que cela m’aurait beaucoup aidé qu’il soit là aujourd’hui, pour pouvoir me donner des conseils. Me raconter quand il a su qu’il devait demander ma mère en mariage. Me raconter à quel point lui aussi il était nerveux ce jour-là. Me rassurer, me donner des conseils. Je n’avais absolument rien eu de tout ça. J’y allais comme ça, à l’aveugle, et c’était ce qui était le plus impressionnant. Toute la nuit, je m’étais demandé ce que je pourrais bien lui dire, juste un discours, ou lui offrir directement la bague ? Ou les deux, peut-être ?

J’avais déjà des millions de questions qui se bousculaient dans mon esprit, et c’est quand Roxanna reprit la parole, une fois qu’elle fut assise à côté de moi au bord de la rivière qui me tira de mes pensées, « Parfaite ... J'aimerais que toutes mes journées ressemblent à ça ... » Je tournais mon visage vers la jeune femme : elle trouvait la journée parfaite. C’était bon signe, ça. Elle garderait un bon souvenir de ce sept juillet. Enfin. Si elle ne décidais pas de mal prendre ma démarche et de me jeter la bague en pleine figure. Bon, ça n’était pas trop le genre de Roxanna, mais on ne sait jamais, après tout. Je fermais les yeux alors qu’elle approcha ses lèvres de mon visage, pour m’embrasser juste au coin de la bouche, me faisant agrandir mon sourire. J’ouvrais les yeux pour la regarder et je pris une légère inspiration avant de murmurer, « On va faire en sorte qu’elles ressemblent toujours à ça quand on passera des journées ensemble… » Je souris et je bougeais les pieds dans l’eau, déviant mon regard vers ceux-ci en me demandant comment j’allais faire. Je finis par glisser à nouveau ma main dans ma poche et par sortir la petite boite noire en velours que je cachais entre ma main. Je me tournais un peu plus vers Roxanna pour lui faire face, essayant de cacher ma nervosité avant de lui tendre la boite, sans rien dire à part murmurer un petit « Joyeux anniversaire.. » Je voulais juste voir sa réaction en ouvrant la boite, et après parler. Oui, d’abord voir sa réaction, histoire d’être soulagé…ou pas.

Elle avait repérée, que j’étais nerveux, et je me doutais bien qu’elle devait se demander pourquoi. C’est pour ça que je ne tardais pas à sortir la petite boite en velours noir, que je lui tendais. A ce moment-là, mon cœur cognait contre ma poitrine comme jamais, et j’avais l’impression d’avoir soudainement mille fois plus chaud. C’était la nervosité, qui augmentait de plus en plus. J’avais terriblement peur qu’elle le prenne mal, en fait. Ayant toujours la boite en main, je regardais Roxanna qui ne semblait pas se douter le moins du monde de ce qu’elle contenait. Elle semblait même plutôt gênée, et elle se tourna un peu mieux vers moi, avant de dire doucement, « J'ai pas pris de cadeau, j'me sens bête là.. » Je ris légèrement et j’hochais la tête de gauche à droite. Je me fichais, de ne rien avoir. « C’est pas grave chérie…c’est…pas vraiment le but… » En fait, cette bague était un cadeau sans vraiment en être un et j’avais choisi ce jour uniquement parce que c’était notre anniversaire. Je me pinçais la lèvre et je lui adressais un sourire timide, le genre de sourire qui s’affichait assez rarement sur mes lèvres en fait. Je fermais les yeux quelques secondes en sentant un petit vent frais caresser mon visage, essayant de me donner le courage de faire ce qui était prévu au départ. J’imaginais déjà les yeux brillants de Meghan alors que je lui expliquerais le déroulement de la scène en rentrant ce soir au téléphone. Je finis par prendre une grande inspiration, ça allait être la totale improvisions, mais parfois, l’impro, ça a du bon. « On s’est toujours dit que le temps, ça ne compte pas en amour, n’est-ce pas ? – je me pinçais la lèvre et j’inspirais à nouveau un grand coup – les gens vont certainement dire que je suis dingue, et au fond, ils auront raison. Parce que je suis complètement dingue de toi Roxanna…j’ai jamais été autant amoureux. Et tu sais quoi ? J’ai envie que tout le monde le sache, je… - je m’arrêtais un court instant – ..je veux que tu me crois quand j’te dis que t’es la femme de ma vie. C’est pas des paroles en l’air et…j’veux te promettre de toujours être là pour toi, pour te protéger, t’aimer et qu’on vive notre vie tous les deux. Peut-importe si c’est à Cambridge, à New-York, à Paris ou au fin fond d’une tribu africaine, tout ce que je veux, c’est être avec toi. – Je me pinçais la lèvre et j’ouvrais la boite en velours, laissant découvrir la bague que j’avais choisi avec l’aide de Meghan une semaine plus tôt – Je t’aime et…je veux que tu sois madame Montgomery. Peut-importe si ça sera dans un mois, dans un an ou dans quatre ans, je veux qu’un jour, tu sois ma femme, qu’on fasse des enfants et que tout ce qui a pu nous blesser dans le passé, ne puisse plus nous atteindre parce que ensemble…on est plus fort. Il n’y a qu’avec toi...que j’arrive à survivre…et je ne veux jamais…jamais te perdre… » Je m’arrêtais en passant ma langue entre mes lèvres, je sentais que j’avais eu la voix qui tremblait parfois, et je ne l’avais pas quitté des yeux une seule secondes, même si à la fin de ma dernière phrase, j’avais baissé les miens. Mort de touille, oui. J’étais mort de trouille.

Je n’étais pas sûr que Roxanna avait compris de quoi il s’agissait dès le début. Mais pour ce qui était de la discrétion, on peut dire que je n’étais pas le roi. Ma nervosité devait se sentir à trois kilomètre à la ronde et je dois avouer que je ne m’étais jamais sentie aussi vulnérable face à ma petite amie. Mais il fallait que je le fasse, surtout que je m’étais lancé. Roxanna était juste pétrifiée sur place, et aucun mot ne sortait de sa bouche. Elle se contentait d’hocher de la tête, et de me regarder. M’écoutant attentivement, j’observais chaque détails de son visage qui pourrait m’éclairer sur une potentielle réaction, mais c’est quand j’ouvrais la petite boite, laissant découvrir la bague, qu’elle comprit tout de suite, entrouvrant la bouche devant laquelle elle venait de placer sa main, certainement sous le choc. Si parfois je lui parlais de l’emmener à Las Vegas pour l’épouser devant Elvis, elle n’avait pas du forcément me prendre au sérieux. Ou si, peut-être, mais elle ne pensait pas que je le ferais, même si là, je lui proposais un vrai mariage, pas un truc vite fait mais quelque chose de beau. Le plus beau jour de notre vie. Aujourd’hui, j’arrivais à imaginer Roxanna dans une belle robe blanche, marchant jusque moi au bras de son frère qui l’amènerait jusque l’autel. Et j’en avais terriblement envie. Une fois mon petit discours fini, je baissais la tête quelques secondes, attendant une quelconque réaction de sa part, et j’eus l’impression que sa réaction arriva une éternité après la fin de mon petit monologue, quand elle dit, non pas sans difficulté, « Concrètement, tu ... » Je me pinçais la lèvre, remontant mon regard vers Roxanna, celle-ci avait les yeux tout brillants, et j’avais l’impression qu’une larme – ou plusieurs ? – avait coulée sur sa joue. Est-ce que c’était bon signe, ou pas ? Je recommençais à paniquer de l’intérieur et cette fois, c’était moi qui était complètement figé sur place. « Tu me demandes de .. » Je fronçais légèrement les sourcils, passant ma langue entre mes lèvres. « ... De devenir ta femme ? » Un léger sourire se dessina sur mon visage et j’hochais la tête positivement, doucement en la regardant dans les yeux. Mon cœur battait de plus en plus vite, et si je ne tenais pas cette boite dans la main, je crois que mes mains trembleraient même. Je pris une grande inspiration et j’ajoutais, d’une voix légèrement tremblante, « Ça a l’air complètement fou je sais… » Je ris légèrement, certainement nerveusement même, et j’haussais les épaules, posant mon regard sur la bague que je lui tendais avant de murmurer, en relevant mon regard vers elle, « ...mais…oui, en gros c’est ça… épouse-moi. »

C’est vrai que je n’avais jamais été un très grand adepte du mariage, de l’amour éternel et de tout ce genre de connerie. Mais je voyais les choses vraiment différemment maintenant que j’étais avec Roxanna. En fait, je voyais plus ces fiançailles comme une promesses que nous nous faisons, de rester ensemble, quoi qu’il arrive. Pour le meilleur et pour le pire, comme on dit si bien. Je pouvais tout à fait comprendre la surprise de la jeune homme, et ça pour ne pas s’y attendre, elle ne devait pas du tout s’y attendre. J’aimais bien, arriver à la surprendre comme elle avait pu me surprendre pendant ses cinq mois. Je voyais ses yeux encore brillants, et je me demandais toujours si c’était quelque chose de bien, ou de mal. « Wow ... Je .. Je m'y attendais pas j'dois l'avouer .. » Je souris timidement, d’ordinaire, j’aurais tout de suite sécher les larmes de ma petite amie, mais là, j’étais vraiment figé sur place. « Tu te sens capable de me supporter "jusqu'à ce que la mort nous sépare"? » Je ris légèrement avec elle, me contentant de hocher la tête positivement sans la quitter du regard. Tout à coup, je me demandais si elle aimait la bague ou non : est-ce qu’elle oserait me le dire, si elle ne lui plaisait pas ? Mais son sourire me rassura un tant soit peu, et je sentais toute la pression qui pesait sur mes épaules s’évaporer en un fragment de seconde, uniquement avec un sourire de sa part. « Oui ... » Je sentais mon cœur louper un battement en l’entendant murmurer ce petit oui. J’avais presque cru l’avoir rêvé, mais non. Elle venait de me dire oui…la bague lui plaisait alors ? Je m’étais fait tellement de films, j’avais pensé à tellement de scénarios différents qui menaient tous à une fin catastrophique que je n’avais même pas pensé au fait que ça pourrait tout simplement bien se passer. Un sourire se dessina sur mon visage, un sourire beaucoup moins hésitant. « Oui… ? Tu…tu viens de dire oui… ? », murmurais-je en me pinçais la lèvre avant de m’approcher pour la prendre dans mes bras, la serrant contre moi en fermant les yeux alors que j’avais toujours la bague dans ma main. Bon, ça devait être l'émotion oui, mais je ne pensais vraiment pas que ça la mettrait dans un état pareil...est-ce que ça lui faisait tant plaisir que ça...? Je ris légèrement et je me reculais pour la regarder, séchant ses joues encore un peu humide… « Mais…pourquoi tu pleures comme ça ? » Je souris et je regardais la bague qui était encore dans la petite boite avant de la sortir de celle-ci. J’attrapais la main de Roxanna et je fis glisser la bague à son annulaire..