J'ai franchement l'impression d'être un vieux crouton tellement plus habitué à ce genre de chose qu'il redécouvre la vie à chaque fois. Pourtant, ma dernière relation ne date pas d'il y a une éternité non plus, mais les choses ont été très rapides et intenses avec Erika. On s'est bien entendus par message, on s'est vus, on s'est chauffés, on a couché ensemble et bim, on se fréquentait. Autant dire que d'y aller à la vitesse de la lumière n'a pas du tout été à notre avantage et je ne veux pas refaire la même connerie. C'est probablement pour ça que je me suis laissé tenter à m'inscrire à ce Love is Blind. L'espoir de faire une rencontre différente des précédentes. Une rencontre qui pourrait à nouveau me faire croire que moi aussi, j'ai le droit à un peu d'amour. Une histoire d'amour qui ne termine pas mal. Une histoire d'amour qui ne me met pas la plus grosse claque de ma vie à chaque fois, qui me piétine le coeur et me met plus bas que terre. Je lui souris quand elle éclate de rire en disant qu'elle préfère les manger et je dois avouer que je ne peux pas lui en vouloir pour ça. On s'occupe de faire fondre le chocolat, je lui fais goûter et je suis assez d'accord avec elle lorsqu'elle dit que c'est trop bon. "Oh, merde", que je dis quand elle me fait comprendre que j'ai encore du chocolat sur la lèvre. J'hoche la tête pour l'autoriser à me l'enlever, la regardant faire en souriant très légèrement. "Merci, je fais le gros cracra dès le début...", que je dis en riant doucement avant de passer à mon tour mon pouce sur la commissure de mes lèvres au cas où il en resterait encore. Le chocolat mit de côté, je la regarde tenter de monter les oeufs en neige et je dois dire que c'est un spectacle assez drôle. Elle sépare les jaunes et les blancs avec une précision chirurgicale et se met à fouetter les blancs en en foutant partout. Ma main vient cacher ma bouche quelques secondes pour me foutre gentiment de sa gueule et je finis par poser cette dernière délicatement sur son bras pour la stopper. "Attends, attends" Je prends du sucre, "Déjà, petite astuce, si on rajoute un peu de sucre, ça aide à faire tenir la texture des blancs en neige" Je rajoute une cuillère de sucre dans le mélange et je me rapproche d'elle. "Et il faut que tu fasses des mouvements plus circulaires, sinon ça ne va jamais prendre", que je lui explique. "Attends, je peux te montrer ?" Ma main sur son son bras glisse en son long pour se poser au niveau de son poignet, alors que l'autre libre se pose sur le récipient pour bien le tenir. Je guide son poignet dans des mouvements plus circulaires pendant une petite minute et je me stoppe, "Comme ça, tu vois ?" Je lui souris et je finis par la lâcher, m'éloignant d'elle en ouvrant les bras, "Vas-y, illumine moi de ton coup de poignet", que je dis avant de me retenir de rire, comprenant que.. ça pouvait être une phrase un peu tendancieux, quand on a l'esprit mal placé. Et...c'est mon cas.

Bon okay, je sais très bien ce que je fais quand je m'approche d'elle et que je lui montre comment monter les oeufs en neige correctement. Je vais pas mentir, elle me plait et même si je me sens parfois un peu rouillé dans ce domaine, il y a des choses qui reviennent assez naturellement au final. Comme quoi, la drague, c'est un peu comme le vélo : même si on pratique pas pendant un moment, on oublie pas pour autant. Une fois que je lui ai montré le bon coup de poignet à avoir, je me détache d'elle et je sens une certaine déception de sa part, mais on ne va pas se mentir, on ne pouvait pas rester comme ça pendant tout le reste du cours. Les mains posés sur le plan de travail, je l'observe faire et je me redresse en l'applaudissant une fois qu'elle eut terminé. "Une vraie cheffe !", que je dis avec un grand sourire, m'exclamant en cachant ma bouche à sa remarque. Je ne sais pas si ce sous-entendu est fait exprès, mais il me fait bien rire. "Je vois ça, quel poignet", que je lui dis avec un sourire en coin. Sauf que miss catastrophe continue et alors qu'elle prend la farine, le sachet craque et un nuage de farine se répand au dessus de notre table recouverte de la poudreuse blanche. "Je vois ça ouais", que je dis en explosant de rire alors que la professeure s'approche d'un air désespérée de notre table et nous fait comprendre qu'on a fait assez de conneries comme ça. "Mh, pas grave, votre cours est pas si ouf", que je lui dis alors que j'enlève mon tablier. "Par contre -" Je prends un petit ramequin qu'on était censé ramener chez nous et je transverse le chocolat fondu dedans. "On va prendre ça, merci" Je laisse Helena retirer son tablier et je l'attrape par la main pour sortir du cours fièrement avec le ramequin débordant de chocolat fondu. "Du chocolat ?", que je lui propose en lui tendant le liquide avant de tremper mon doigt dedans pour l'amener à ma bouche et le goûter. "On aura au moins gagné du chocolat ?" Et on aura niquer le cours de cette dame, oups ?