Full of ecstasy and fire. (Ra-ra-Rasputin)

with @Jared O'Connell
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16.02.2024 Wizz'Hair

Alors qu’elle s’apprêtait à traverser la rue pour rejoindre son salon, une voiture klaxonna pour lui notifier sa présence et, ce faisant, la figea sur place, écarquillant les yeux à l’image d’une biche prise dans les phares d’un véhicule. C’est con une biche. Heureusement pour la jeune femme, elle avait un QI un peu plus élevé - peut être pas de beaucoup - et elle resta figea sur le trottoir, le pied en suspension et l’esprit bloqué en arrière près de deux ans auparavant. Si elle pouvait éviter de se retrouver à nouveau les deux bras dans le plâtre, ce serait tout de même mieux pour son activité de masseuse qui commençait à fleurir sérieusement. Elle s’excusa d’un signe de la main à l’automobiliste en furie et prit le parti de soigneusement faire le tour jusqu’au passage piéton pour traverser la voie. Cela lui permettrait de laisser son esprit continuer de divaguer sur ce qu’il s’était passé une semaine auparavant et qui lui trottait dans la tête. Même si la capsule n’avait pas porté ses fruits, elle avait au moins allumé un incendie en elle que même son Womanizer dernière génération avait bien eu du mal à satisfaire. Ce qui avait eu le don de faire rire ses collègues de travail. Elle avait activé ses réseaux et pris le parti d’interroger son ancien sugar daddy afin qu’il la mette en relation avec l’agence de sécurité qu’il utilisait. Mais elle demeurait toujours dans l’attente de son retour.  

Perdue dans ses pensées, elle ne réalisa pas tout de suite que le feu était passé au vert et elle dû courir pour ne pas se faire écraser - à nouveau - une fois que ce fut fait. Un coup d’oeil furtif à son portable et elle constata qu’elle était en retard, plus en retard que d’habitude. C’est à bout de souffle qu’elle arriva finalement au salon évitant de peu les gouttes de pluie qui commençaient à tomber lourdement sur l’asphalte et contre les vitres des lieux chaleureux et paisibles. Une sérénité qui vola en éclat avec l’entrée de la brunette. “Je sais, je sais, je suis en retard. Mais la sécurité avant tout !” Ce n’est qu’en refermant la porte derrière elle que l’esthéticienne remarqua sa collègue en discussion avec un homme au physique imposant et dont la présence la fit sursauter. “Bonjour !” le salua-t-elle néanmoins avec un large sourire au même moment où sa collègue parler d’un loup. Helena était une biche idiote, pas un loup !

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Si habituellement elle arrivait toujours au travail avec un large sourire carmin accroché aux lèvres, ce dernier s’élargit davantage en découvrant la surprenante scène qui lui faisait face en poussant la porte du salon. Une telle vision était assez rare pour le souligner : peu d’hommes passaient les portes des lieux et lorsqu’ils le faisaient, ils ne répondaient pas nécessairement aux critères d’attirance de la brunette. Trop apprêté, trop fin et pas assez de poils, comme elle avait pu l’évoquer la semaine précédente en charmante mais inconnue compagnie, ce genre de clientèle ne lui faisait pas palpiter le coeur et un autre endroit, plus intime, de son anatomie lorsqu’elle posait les yeux, et les mains, sur ces derniers. La silhouette délicieusement massive et les traits durs d’un guerrier viking qui l’accueillirent éclipsèrent la voix nasillarde de sa collègue de travail qui, instantanément, l’agacèrent plus qu’elle ne pouvait le montrer. Préférant ignorer cette dernière, elle reporta son attention sur le séduisant individu, ne se départissant pas de son large sourire. L’esthéticienne fronça néanmoins et furtivement les sourcils lorsqu’elle entendit, malgré elle, le commentaire de la cosmétologue. Instinctivement, elle pencha la tête de côté en se mordillant la lèvre inférieure avant de répéter. “Le soin que je lui ai déjà fait…”

Si elle n’avait guère d’esprit et que la coloration tabac de ses boucles ne pouvaient effacer sa plate blonditude, Helena disposait d’une mémoire inaltérable lorsqu’il s’agissait de charmants représentants de la gente masculine. L’homme qui lui faisait face était en tout point son style d’homme. Dans l’hypothèse où elle lui avait effectivement effectué un soin au salon, il est peu probable qu’elle l’ait oublié. “Bien sûr !” mentit-elle éhontément. “Je me souviens désormais.” Elle avait senti le regard suspicieux de sa collègue de travail glisser de l’un à l’autre et, la connaissant par coeur, lui avait coupé l’herbe sous le pied. Hors de question qu’elle lui mette la main - littéralement - dessus. “Il voulait te voir samedi dernier mais tu n’étais pas là.” Les yeux de l’apprentie masseuse s’arrondirent alors qu’elle baissa la tête, le rouge se diffusant sur ses joues en se remémorant ce qu’elle avait fait la semaine précédente dans cette capsule et hors de cette dernière quand elle était rentrée chez elle. La gêne lui noua la gorge de sorte qu’elle fut contrainte de se la râcler tandis que sa collègue s’amusait franchement de la situation. Les ragots filaient vite au Wizz’hair. “Erm, oui, je, j’avais quelque chose.” se justifia-t-elle avant de reprendre. “Suivez moi, je vais vous installer. Laissez moi me déshabiller et vous m’en direz plus.”

Elle adressa un nouveau sourire au client avant de l’inviter à la suivre dans le couloir jusqu’à sa cabine. “Enfin, me changer, je veux dire.” précisa-t-elle, réalisant le double sens de ses paroles d’autant plus au regard de l’attirance qu’elle éprouvait pour ce client. Elle le laissa s’installer dans la pièce offrant bien plus d’intimité avant de s’excuser pour passer rapidement au vestiaire déposer ses affaires et revêtir sa blouse d’esthéticienne. Pénétrant l’atmosphère plus intimiste des lieux, elle l’interrogea avec douceur professionnelle, la situation l’aidant à reprendre pied. “Redite moi votre nom s’il vous plaît ?” l’interroga-t-elle en refermant la porte derrière elle avant de se diriger vers sa tablette pour la consulter et retrouver trace de ce mystérieux client.

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Elle risque d’en entendre parler longtemps, allant même jusqu’à regretter d’avoir expliquer la raison pour laquelle elle avait dû solliciter de ne pas travailler samedi dernier. Les railleries et les colifichets avaient fusé à l’égard de la jolie brunette, dédain de la part de ses collègues qu’elle n’avait pas tardé à analyser comme de la jalousie. Après tout, elle était encore l’une des rares célibataires de l’établissement et qui n’avait pas un époux et des enfants, sirènes hurlantes, qui l’attendaient à la maison. Contrairement à ses collègues de travail, sa vie était encore composée d’aventures et de mystère, d’exotisme et de passion, ce dont ces dernières manquaient cruellement. Au vu du regard qu’elle sentit couler dans leur dos, Helena ne doutait pas que l’autre esthéticienne aurait davantage apprécier de travailler sur le corps de son client que sur les poils incarnés de Madame Robinson qui avait rendez-vous dans l’heure. Elle ne devrait sans doute pas, puisque cela était loin d’être charitable, mais elle appréciait particulièrement cette situation, même si cela lui vaudrait sans doute encore des messes basses à la pause déjeuner.

Tapotant sa tablette électronique, tentant de remonter le fichier client et d’y trouver le souvenir du client qui lui faisait face, elle fronça légèrement les sourcils lorsque ce dernier lui indiqua ne jamais lui avoir donné son nom. Ses lèvres à la teinte légèrement plus sombres que sa peau de naphtaline s’entrouvirent pour former une des voyelles de l’alphabet avant qu’elle ne lui adresse un léger mouvement de tête intrigué à ses précisions. “Comment ça ?” Elle adressa une petite moue, les rouages de son cerveau se mettant à tourner à plein régime pour découvrir comment un individu ne pouvait pas révéler son véritable nom. Observant attentivement les traits de son interlocuteur, elle tenta de fouiller sa mémoire mais ce dernier se faisait toujours plus opaque, incapable de le remettre. Sa voix, ou du moins ses intonations, lui donnait l’impression de déjà vu mais elle ne parvenait pas réellement à mettre le doigt dessus. “Vous voulez dire que vous êtes un espion russe et que le salon est le lieu de repère pour s’échanger les informations. J’ai vu une série comme ça où un agent du FBI demandait à une hôtesse de l’air de travailler pour le gouvernement pendant la guerre froide.” Elle fit la moue en posant la tablette sur la tranche de la table. “Mais je ne suis pas hôtesse de l’air. Tout au plus, je peux vous révéler que c’est toujours Samantha qui termine les dosettes de café et qui ne change jamais le filtre à café. Pas sûre que ça soit très utile.”

Il fallait vraiment qu’elle ait l’impression de vivre en permanence dans une oeuvre cinématographique. Elle croisa les bras et se mordilla l’ongle du pouce en continuant de réfléchir. “Et pour un espion russe, vous n’avez presque pas d’accent.” Elle ouvrit soudainement grand les yeux quand enfin la lumière s’éclaira dans son cerveau. “Oh mon Dieu ! Vous travaillez pour les laboratoires qui ont fait courir la drogue mortelle il y a quelques mois de ça et vous êtes venu pour me tuer parce que j’en ai parlé à ma mère.” C’était un peu gros mais vivre dans une réalité améliorée était bien plus palpitant. "Vous ne voulez pas la tuer elle plutôt ?"