Ji-hun et Lilia s'étaient donnés rendez-vous pour partager une activité que tous deux pratiquaient. La course à pieds avait commencé une fois que les étirements avaient été terminés, devant le logement de la doctorante le départ avait été annoncé, et ils étaient partis vers les dix kilomètres et demi de parcours que le plus vieux avait programmés. Quelques gouttes de pluie étaient tombées, mais rien qui ne valait le coup de tout annulé, la météo n'avait pas prévu de grosses averses alors le Nord-coréen s'était dit que ça ne pourrait qu'aller. Ce ne fut qu'à mi-trajet que le temps décida de tourner, rafale qui les frappa de plein fouet. Impossible pour les sportifs qu'ils étaient de renoncer, ils décidèrent d'accélérer le rythme sans pour autant se blesser, ni se mettre en danger. La déferlante tambourinait les corps déjà bien trempés, c'était à peine s'ils voyaient où ils allaient. Heureusement le biochimiste avait bien étudié le chemin qu'ils devaient emprunter et ils purent arriver dans la rue où il habitait sans s'être une seule fois trompés. Il se dépêcha d'attraper dans sa poche ses clés et de trouver celle qui leur ouvrirait l'entrée ; sur eux, la pluie continuait de se déverser. Enfin, il y arriva et ils montèrent l'escalier qui menait au premier, traces humides qui marquaient le plancher, là où ils avaient marché.

Arrivés sur le palier, il eut moins de problème à déverrouiller la porte du studio qu'il louait. Je vais nous chercher des serviettes, prévint-il Lilia qu'il revenait, après avoir laissé ses chaussures, son petit sac et son K-way. Tu peux prendre des chaussons, il y en a sur le côté, fit-il en pointant du doigt un meuble rempli de petits casiers où toute sorte de pointures se trouvaient. Si j'avais su qu'il aurait plu autant, j'aurais clairement changé de plan, confia-t-il qu'il était désolé, revenant avec de quoi s'essuyer, ça va aller ? Il pouvait remonter le chauffage si elle avait froid, à la facture il n'y regardera pas. Il frotta ses cheveux à l'aide de l'essuie avant de regarder autour de lui. C'est vrai que tu n'es jamais venue, remarqua-t-il, ... il n'y a pas grand-chose à visiter. Une seule grande pièce où il cuisinait, mangeait, travaillait et dormait, une autre où il se douchait et un patio où il fumait pour ne pas empester les murs de l'endroit où il vivait. Peu de décoration, car il n'en voyait pas l'utilité. C'était sobre et masculin, ça convenait au brun. Le fameux sapin, lui présenta-t-il en même temps qu'ils avançaient, là près du meuble télé, enfin habillé. Le seul colocataire qu'il avait, si on ne comptait pas le coussin-nichon posé sur le canapé. La veille il avait fait l'effort de ranger, car il était loin d'être l'homme le plus ordonné.

Une rencontre inhabituelle que la brunette et Jay avaient décidé de planifier ce lundi matin très tôt. Puisqu’ils étaient tous les deux pris durant la journée, autant profiter de leur routine matinale qu’ils avaient en commun pour partager un moment ensemble. Ils s’étaient lancés dans leur course, malgré les quelques gouttes de pluie, mais cette dernière finit par devenir de plus en plus difficile à cause de la pluie, les quelques gouttes devinrent rapidement des sauts d’eaux. Lilia respira profondément, sentant la pluie marteler son visage alors qu'elle accélérait le rythme, accompagnant Jay dans cette course effrénée. Les gouttes glacées s'écrasaient sur sa peau déjà humide, mais rien ne pouvait éteindre l'excitation de l'aventure partagée, même si la visibilité se réduisait à chaque pas. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire, un mélange d'adrénaline et de détermination l'envahissant alors qu'ils fonçaient à travers cette tempête inattendue. La brunette essuya la pluie de son visage, un sourire intrépide aux lèvres malgré le déluge. «On dirait que même la météo est surprise par notre détermination ! » Elle secoua ses cheveux mouillés, suivant Ji-hun jusqu'à son appartement, où chaque goutte laissait sa trace sur le sol, témoignant de leur aventure sous l'averse battante. «Qui aurait cru qu'une simple course deviendrait une épopée sous la pluie ?» Avoua-t-elle une fois sur le palier de la porte.

Malgré le froid et le fait qu’ils étaient tous deux trempés de la tête aux pieds, le regard de Lilia traduisait une combinaison de détermination et de joie face à ce défi météorologique qu'ils venaient de relever ensemble. Puis, une fois à l’intérieur, elle acquiesça lorsqu'il lui proposa des chaussons, s'empressant de s'en saisir pour se débarrasser de ses chaussures trempées et de retrouver une meilleure température à l’intérieur. «Ne t'en fais pas pour ça, Jay. C'était une expérience inattendue, mais on s'en est bien sortis.» Dit-elle avec un sourire, appréciant la prévenance du biochimiste. Elle saisit la serviette que lui tendit le jeune homme avant de le remercier, puis ouvrit difficilement sa queue de cheval qui collait afin qu’elle puisse s’essuyer. Le tour passa ensuite vers son t-shirt blanc qui devint transparent à cause de la douche extérieure qu’ils avaient pris. Lilia s’avança vers la pièce principale puis secoua doucement la tête en découvrant les différentes parties de son logement. «C'est parfait ainsi, ça a un charme minimaliste. Et puis, c'est l'endroit où tu te sens bien, c'est ce qui compte.» Puis, elle observa le sapin avec amusement. «Charmant colocataire.» Commenta-t-elle tout se sécha consciencieusement avec la serviette, se sentant peu à peu plus à l'aise dans cet espace accueillant. «Tu voudrais te doucher en premier ?» Lui demanda-t-elle puisque le studio n’avait qu’une seule salle de bain.

Le logement du plus vieux offrait davanvatage de chaleur, y entrer fut un véritable bonheur, surtout après que les doctorants aient été pris de cours, quand bien même ça avait valu le détour. Tous deux étaient fiers de ce qu'ils venaient de réaliser, mais pas le temps de trop se vanter, il fallait penser à s'essuyer pour ne pas tomber malades en cette fin d'année. Des serviettes furent vite trouvées pour éponger l'eau de pluie qui continuait de dégouliner, leurs cheveux et leurs vêtements complètement imprégnés. Pieds glissés dans des chaussons, ils avancèrent dans le studio à l'unisson. Pas grand-chose à lui faire visiter contrairement à l'appartement qu'elle occupait, mais ça lui convenait – ça lui ressemblait. Le strict minimum à portée de mains, il n'en fallait pas plus au brun, surtout que maintenant il avait un sapin. Il n'oublia pas de le lui présenter, il était enfin paré de décorations et de guirlandes colorées, de quoi rappeler que Noël arrivait. Il n'est pas prêt de me piquer quoi que ce soit dans le frigo celui-là, s'amusa-t-il à son tour. Expérience qu'il avait vécue chez les Dorés : parfois des plats préparés avaient manqué, il n'avait su qui c'était. Quoi qu'il avait peut-être bien une idée, il y avait une demoiselle qui prenait plaisir à tout lui chaparder, un jeu auquel elle aimait jouer. Je te propose d'y aller, l'invita-t-il à se rendre dans la salle de bains pour se réchauffer, je vais en profiter pour regarder ce qu'on pourrait se faire livrer, histoire que tu ne sois pas trop en retard pour aller bosser.

Il l'accompagna jusqu'à la pièce où elle pourra se doucher, lui montra l'emplacement d'autres serviettes si elle voulait en changer. Je ne sais pas si tu as pris ce qu'il fallait, commença-t-il avant de pointer du menton les gels qu'il possédait, tu sentiras peut-être un peu le mâle, mais bon... On faisait avec les moyens qu'on avait. Sauvage de chez Dior, déclaration de Cartier ou Invictus de Paco Rabanne, à choisir quel serait son préféré ? Prends le temps qu'il te faut, si t'as besoin je suis à côté, dit-il avant de la laisser décompresser. Lui décida de se défaire un à un des vêtements mouillés, de les pendre pour les faire sécher sur un pendoir déplié, et d'enfiler le peignoir qu'il avait attrapé à la volée, de façon à cacher le seul sous-vêtement qu'il portait, le temps que ce soit à lui d'aller s'apprêter. J'avais pensé à commander des cheesecakes, mais peut-être que t'as envie d'autre chose, cria-t-il assez pour qu'elle puisse l'aider. À moitié allongé dans le lit drapé, il naviguait sur la plate-forme qu'il utilisait pour commander, regardait ce qui était proposé. Croissants, petits pains, cookies et gâteaux pralinés, qu'est-ce que son corps désirait manger après que toutes ces calories se soient envolées ?

Dans ce cocon chaleureux, Lilia se glissa avec délice, appréciant chaque sensation réconfortante. Surtout après la tempête qu’ils venaient de se prendre en pleine face quelques minutes plus tôt. La brunette fit ensuite la connaissance de son colocataire, de toutes belles décorations vêtu. Cela lui rappelait que le sien attendait toujours qu’elle saute le pas de la décoration. Les récits des plats dérobés, étaient une touche de mystère dans la vie quotidienne, qui évoquèrent un sourire à la jeune Adams. Ces petits jeux clandestins tissaient généralement des liens insoupçonnés entre colocataires, tout comme cela pouvait provoquer des guerres interminables.

Lilia prenait plaisir à l'atmosphère détendue qui régnait mais il était temps de se réchauffer sous une bonne douche. Ji-hun lui laissa le privilège de l’invité et lui proposa de se doucher en premier. Elle le remercia de cela puisqu’elle sentait déjà ses os se glacer. «Tu sais, une touche de mâle ne me dérange pas du tout. Je suis ouverte à toute suggestion qui puisse m'accorder un parfum envoûtant et élégant.» Plaisanta-t-elle en arquant un sourcil. La brunette récupéra son sac qu’elle avait abandonné plutôt à l’entrée puis elle entra dans la salle de bains, se laissant envelopper par la chaleur qui émanait de l'endroit. Laissant échapper un soupir de soulagement, elle commença à se déshabiller et se mit sous le pommeau de douche pour se réchauffer. Puis, devant les différents produits de douche, réfléchit à la meilleure façon de se sentir rafraîchie après cette escapade pluvieuse.

Alors qu’elle venait de se laver les cheveux, elle entendit la suggestion du jeune homme de l’autre côté de la porte. «Je dois dire que l'idée des cheesecakes me séduit, mais peut-être pourrions-nous varier un peu ?» Suggéra-t-elle en haussant la voix afin qu’il puisse l’étendre malgré les jets d’eau. «Un peu de diversité ne fait jamais de mal. Peut-être des brownies ou des cookies ? Ou même les deux, si on veut vraiment se faire plaisir ce matin.» C’était le lendemain de son anniversaire après tout, ils pouvaient l’utiliser comme excuse. Elle laissa échapper un léger rire avant de choisir finalement le gel douche et de commencer à se préparer, impatientée par l'idée de découvrir la suite de cette matinée impromptue. Quelques minutes plus tard, Lilia ouvrit la porte de la salle de bain et sortit toute propre et chouchoutée. «Rien de mieux qu’une bonne douche chaude ! Alors je sens le mâle ?» Lui demanda-t-elle avec un sourire taquin.

Galant, Ji-hun proposa à Lilia de passer devant, ainsi il pourra commander de quoi manger en attendant. Il la guida jusqu'à la seule pièce qui restait, l'unique qu'elle n'avait pas encore visité et lui présenta les gels douche qu'il avait. Rien qui ne pourrait convenir à la doctorante, les notes de parfum étaient très odorantes. Mais il louait seul le studio, et aucune femme n'avait eu la possibilité de laisser sa trace conjugale dans le lot, célibataire depuis sa séparation avec Lilia, de copine il n'avait donc pas. Envoûtant et élégant, rien que ça, fit-il, ton rieur dans la voix. Il la laissa dans la salle de bains, porte fermée derrière le brun. Il décida de se déshabiller, de se défaire de toutes ces fringues mouillées, d'enfiler un peignoir qui était accroché et de pendre les vêtements de sport pour les faire sécher. Allongé sur le lit, il émit quelques idées de petit-déjeuner, pris en compte ce que son ex avait à recommander et ajouta le tout dans le panier. Avoir faim était le signe de bonne santé, preuve que mentalement et physiquement tout fonctionnait malgré les insomnies qui se répétaient. Il ne vit pas pourquoi priver Lilia, alors il commanda, dans quinze minutes ils seront livrés à l'adresse qu'il avait enregistrée.

La demoiselle sortit toute préparée, Ji-hun eut le réflexe de la regarder, et un sourire ne put être empêché de s'afficher. Trait d'humour qu'il reconnaissait, autant le produit qu'elle avait décidé d'utiliser. Il resta un moment sans mot dire, sans pour autant réfléchir. Tu sens bon, répondit-il tout simplement. Les touches masculines ne changeaient rien pour lui, Elle portait les senteurs auxquelles il était habitué, un peu comme une fierté qu'elle ait osé, c'aurait eut encore plus d'impact si elle avait été vraiment fiancée – un brin de possessivité ; à la loyale ou non, les hommes toujours combattaient. Il se leva pour aller se doucher, mais pas sans lui suggérer : tu peux mettre tes vêtements sur l'étendoir, je m'en occuperai après. Au maximum il tentera de les sécher avant que dans son sac elle vienne à les ranger. Il prit un change avec lequel il pourra s'apprêter, et son passage à la salle de bains dura dix minutes à tout casser. Il n'était pas bien frileux, même s'il avait connu mieux. Il s'habilla en pantalon cintré comme chaque fois qu'il allait au laboratoire bosser, t-shirt passé, il enfilera la chemise après s'être régalé.

Il ouvrit la porte et demanda à Lilia d'entrer. Je vais te passer un coup de sèche-cheveux, l'invita-t-il à se faire chouchouter. Il était hors de question qu'elle puisse sortir ainsi les mèches trempées, c'était le meilleur moyen de passer d'horribles fêtes de fin d'année. Il brancha l'appareil avant de l'actionner. À défaut de bien dormir la nuit, tu as bon appétit, ça fait plaisir, dit-il après qu'il ait tout juste commencé à faire aller les longueurs entre ses doigts fins et allongés. À moins que c'était une excuse pour rester plus longtemps à ses côtés, s'agrandit tout de même l'esquisse à cette pensée. Tu as beaucoup de choses à terminer avant ton départ pour l'Europe, demanda-t-il alors qu'il dégageait son cou avec sûreté. Il ne put toutefois pas s'empêcher d'y loucher, car c'était l'endroit auquel il aimait particulièrement s'attaquer dans l'intimité, jugulaire par laquelle il était à chaque fois attiré.

Lilia sourit lorsque Ji-hun la guida vers la salle de bains. Dans ce moment intimiste, la brunette se laissa guider par les gestes attentionnés du jeune homme. Ses paroles empreintes de galanterie et de soin lui firent apprécier davantage la délicate attention qu'il portait à son confort. Découvrant les différents gels douche sans réelle surprise quant à l'absence de traces féminines, la jeune femme prit note avec un brin d'amusement des commentaires sur les senteurs. Les choix olfactifs apportent une certaine intimité au quotidien, un peu comme des empreintes de qui nous sommes, et aujourd’hui, Lilia a fait le choix de partager le parfum du jeune asiatique avec un sourire complice.

Pendant qu'elle se préparait dans la salle de bain à côté, Jay s’occupait de commander des pâtisseries pour leur faire plaisir après la rafale. Une fois sortie, un grand sourire s’afficha sur ses lèvres lorsqu'il complimenta les fragrances. «Merci.» Puis elle s’occupa d’étendre ses habits de sport -comme le lui suggéra Jay- qu’elle avait bien essorés plus tôt dans la salle de bain, afin d’éviter les petites gouttelettes au sol. Lilia s’installa confortablement sur le canapé en attendant que le jeune homme finissent sa douche, manipulant son téléphone et répondant à quelques messages à la va vite.

C’est à ce moment que Jay ouvrit la porte et l’invita à le rejoindre à l’intérieur afin qu’il puisse s’occuper de ses cheveux mouillés. «Oh c’est gentil de t’occuper de moi comme ça ! Ça ne se refuse pas.» Toute contente, elle s’installa devant lui et se laissa dorloter avec un grand sourire, appréciant le geste attentionné et la douceur du moment. Sentant la chaleur du sèche-cheveux et ses doigts fins caresser ses mèches humides, Lilia ferma les yeux un instant, savourant cette attention, tandis que des conversations légères s'échappaient, des murmures dans l'air tiède. «Il faut bien faire l’équilibre sinon je risque de me perdre.» Avoua-t-elle. C’est pour cela qu’elle appréciait volontiers ce geste apaisant. Se laisser dorloter ainsi lui offrait un moment de répit bienvenu, un instant où elle se laissait simplement prendre en charge. «Effectivement, la période avant le départ est toujours intense. Encore quelques détails à régler avant mon départ, mais comme on dit, ça fait partie des joies du métier.» Lilia répondit avec une note de positivité dans sa voix. «Et toi ? Tes cadeaux sont déjà prêts ?»

Une fois préparé, vêtu d'un t-shirt blanc et d'un pantalon cintré, Ji-hun sortit, regarda Lilia et décida de l'interpeller. Il avait remarqué que ses cheveux étaient encore mouillés, que la serviette de bain n'avait fait son travail qu'à moitié, il ne pouvait la laisser repartir sans l'aider à les sécher. En la matière, il était loin d'être un professionnel, car dans sa vie il n'avait pas fréquenté beaucoup de demoiselles, mais il était prêt à essayer – au pire elle se retrouvera avec quelques mèches à démêler. Devant le miroir Lilia s'installa, le Nord-coréen prépara l'appareil et l'actionna. Ils durent augmenter le son de leur voix, auquel cas l'autre n'entendrait pas, mais la conversation reprit son chemin entre les caresses qu'offrait le brun. Doigts qui se plaisaient à se fondre dans la longueur présentée, il ne put s'empêcher de zieuter sur le cou qu'il avait dégagé, premier endroit sur lequel il aimait s'attarder dans l'intimité, à coup de langue et de baisers. À la réponse de la doctorante il ne sut qu'acquiescer, seules les cordes vocales se mirent à vibrer avant qu'elle ne vienne à le questionner ; la tentation fut ainsi de courte durée. Uhm... Rappelle-moi quel jour on est, demanda-t-il, un peu gêné. Il n'était pas en avance sur les cadeaux qu'il devait acheter, le travail de ces derniers jours l'avait empêché de s'y attarder.

J'ai encore toute la semaine pour cocher toute la liste au complet, remarqua-t-il alors, je pense que ça devrait aller, pour ce qu'il me reste à trouver. Une pensée s'envola forcément vers ses sœurs qu'il n'avait pas retrouvées, parce qu'il aurait aimé qu'elles puissent vivre Noël à ses côtés. Ne reste plus que les pointes, dit-il, elles me donnent du fil à retordre. Elles semblaient mettre plus de temps à se détacher de l'humidité, à croire que ça les embêtait d'en être séparé. Tu penses que ça ira comme ça, la laissa-t-il vérifier alors qu'il reculait – au pire, il la laissera terminer avant de tout ranger. Salle de bains quittée, il s'installa sur le canapé sans omettre de souffler, car ça faisait du bien de se poser. Il jeta un œil aux vêtements qui pendaient et se permit de l'informer : Je te déconseille le blanc en-dehors de l'été, je ne sais pas si tu sais mais ça devient transparent quand le tissu est mouillé. Il lui sourit ; était-ce si grave puisque la seule personne à l'avoir remarqué n'était autre que lui ? Il n'avait pas figé son regard sur les détails de son sous-vêtement ; aucun souci. À moins que tu l'as fait exprès, ajouta-t-il, j'aurais peut-être dû un peu plus en profiter. Moqueur, il l'interrogea, regarda l'heure que l'horloge afficha. Il ne restait plus grand-temps avant qu'ils ne soient livrés, leur patience allait très vite être récompensée.

Lilia, touchée par l'attention délicate de Ji-hun, se laissa docilement guider vers le miroir. Le geste bienveillant du Nord-coréen créa une bulle d'intimité où leurs voix semblaient tisser un lien plus profond que les simples paroles échangées. Elle sentait la chaleur monter à ses joues, laissant ses pensées vagabonder entre la douceur des gestes et la conversation qu'elle tentait de maintenir. Les caresses du brun et son regard insistant, bien que discret, éveillèrent des frissons à la surface de sa peau, mais elle se concentra sur les mots pour dissiper toute tentation qui aurait pu surgir dans cet instant délicat.

Lilia se laissa envelopper par l'attention inattendue de Ji-hun, appréciant son geste sincère. Assise devant le miroir, elle observait leurs reflets, se perdant presque dans cette intimité renaissante. Ses cheveux, entre les doigts peu habitués du Nord-coréen, semblaient décidément récalcitrants. Alors que la conversation divergeait vers les fêtes de fin d’année, la brunette lui demanda si les cadeaux de ses proches étaient enfin prêts. Et sa réponse la fit sourire instinctivement. «Tu as encore un peu de temps pour les cadeaux. Par contre ces pointes... Elles semblent réclamer une attention particulière effectivement.» Un sourire taquin ourlait ses lèvres alors qu'elle corrigeait doucement la position rebelle de quelques mèches.

Jay se recula par la suite, la laissant voir le résultat de ses efforts. La brunette sourit en hochant la tête, elle appréciait le geste et c’était ce qui comptait pour elle à cette instant. «C’est parfait ! Merci. N’hésite pas si tu veux que je m’occupe des tiens aussi.» Il n’était que normal qu’elle propose de lui rendre la pareille. Une fois de retour dans la grande pièce, sa réplique sur le t-shirt blanc fit naître un léger rire entre eux. «Peut-être une tactique subtile pour attirer l'attention ?» Suggéra-t-elle malicieusement, appréciant l'échange complice. «Je pensais que tu étais pourtant bien comblé par ton coussin ?» Plaisanta-t-elle en faisant référence à son coussin-nichons qu’il avait acheté quelques semaines plus tôt. Les instants s'égrenaient lentement alors qu'ils attendaient la livraison imminente. Lilia se tourna vers le bel homme, captant son regard. «Le temps semble s'étirer à l'infini, mais tu parviens à le rendre plus agréable.» Confia-t-elle, reconnaissante pour ces moments partagés où l'attente devenait presque un plaisir.

Tentative de sécher ses cheveux terminée, Ji-hun fut plutôt content du résultat qu'il voyait, put définitivement ranger l'appareil qu'il avait utilisé. Et me retrouver les cheveux ébouriffés devant mon directeur de thèse, comme si j'avais tout fait exploser, rien que pour te faire marrer, non merci, plaisanta-t-il. Il ne remettait aucunement en cause le sérieux de la doctorante qu'il venait de coiffer, avait peut-être bien une autre idée. Par contre, tu pourras peut-être m'aider avec la cravate, suggéra-t-il, être la seule fille a dû te conférer des compétences en la matière insoupçonnées. Elle avait probablement tenté des nœuds lors d'occasions privilégiées, histoire que ses frères fassent toujours bonne impression devant les autres invités. L'asiatique savait bien entendu les réaliser, mais ça restait une façon d'assurer une nouvelle proximité avant qu'ils ne doivent aller bosser. Deal trouvé, ils retournèrent aussitôt sur le canapé pour patienter, échangèrent autour du fameux t-shirt mouillé. Peut-être qu'entre temps j'ai oublié ce que c'était de peloter des vrais, répliqua-t-il quand il fut question de sa satisfaction, le coussin acheté dont elle parlait posé à ses côtés, sourire plus qu'espiègle dessiné, un coin des lèvres bien relevé ; après tout, n'avait-elle pas exprimé la jalousie qu'elle ressentait de le savoir l'utiliser ?

Sur l'horloge, un coup d'œil fut jeté, dans un instant presque instantané, Lilia se permit de constater une réalité et d'en profiter pour complimenter sa compagnie. Il la regarda, secondes muettes tant il fut surpris, puis il rit. Séductrice, lâcha-t-il avant de baisser ses yeux bridés, de peur que l'un et l'autre puissent apercevoir ce qui se cachait peut-être au fond de leurs rétines noires., charmante et séductrice. Tu vas vraiment finir par pouvoir l'inscrire sur ton C.V. Rappel de la fois où ils s'étaient rencontrés ; un an allait finir par sonner. Tu penses pouvoir me faire croire que tu n'es pas pressée de manger, donna-t-il un ton moins sérieux à ce qu'elle avait articulé, quand bien même dans les deux sens c'était vrai. Le coussin-nichons qui ornait le canapé lui fut balancé. Tiens, tu pourras le tester pendant que je prépare le café, la mit-il face à ce qu'on pourrait qualifier d'ennemi juré, rends-toi compte un peu de la qualité. Il exclama, moqueur, avant de se lever. Tu le préfères comment, lui demanda-t-il alors qu'il se dirigeait vers la machine. Puissant ou léger, avec ou sans une pointe de crème de lait. Il pourrait même lui ajouter un motif si elle le désirait, il avait tellement pratiqué les latte quand il travaillait à la Luna Caffè. Une passion qu'il s'était trouvé et qu'il continuait de faire perdurer.

Lilia leva un sourcil d'amusement à la remarque de Ji-hun, faussement froissée elle répondit. «Tu n’as donc pas confiance en moi ! Ok ok je retiens.» Elle croisa alors ses bras faisant mine de bouder. Mais Jay finit par trouver un deal pour se rattraper. «Tu as gentiment séché mes cheveux alors je te ferai découvrir mes talents insoupçonnés en noeuds de cravate, c’est vendu!» Un sourire taquin dansant sur ses lèvres. Échangeant sur le fameux t-shirt mouillé et observant le coussin à côté de lui, Lilia laissa échapper un léger rire. «A ce point ? Mais je vois que tu profites déjà bien du coussin-nichons. Je ne doute pas que tu sauras en tirer le meilleur parti.» Elle se rapprocha un peu du coussin-ennemi, lui jetant un regard malicieux. «Peut-être que je pourrais t'apprendre une ou deux choses sur son utilisation...» Blagua-t-elle. Autant jouer le jeu jusqu’au bout pensait-elle.

Lilia glissa son regard de l'horloge vers son compagnon et sans y penser a plusieurs reprises, elle avoua que le temps était assez agréable en sa compagnie. Captant dans un élan quasi instantané la pointe de surprise dans ses yeux ; à vrai dire, Jay n’était pas le seule surpris dans l’histoire, la brunette l’était tout autant. Ne s’attendant pas à autant d’audace de sa part, la brunette finit par lâcher un petit rire à la réponse du jeune homme. Un sourire en coin ourla ses lèvres alors qu'elle lui répondit d'une voix taquine «La séduction, c'est un peu ma marque de fabrique, tu sais.» Elle savoura le moment, reconnaissant le jeu subtil de compliments échangés. Puis elle rajouta d'un ton léger « Maintenant que c’est validé, je vais enfin pouvoir le rajouter au CV. Ça serait une touche originale.» Elle laissa échapper un léger rire.

Jay finit par lancer le coussin-nichons dans sa direction pour qu’elle puisse tester sa qualité comme il disait mais elle préféra simplement le regarder de loin avec une facétieuse curiosité, sans y mettre les mains. «Je suis prête à parier qu'il est aussi doux qu'il est moelleux, à en juger par ton enthousiasme !» Lança-t-elle alors qu’il se dirigeait vers la cafetière. «Dn temps normal, j’aurais dit un mélange puissant avec juste une touche de crème de lait. Mais quand il s'agit de café, je suis toujours prête à découvrir de nouvelles saveurs. Tu avais bien le don pour rendre chaque tasse spéciale au Luna Caffe, non ? Alors surprends moi.» Se laissant happer par l'excitation de la surprise à venir. Elle se rappelait qu’il lui avait parlé de son travail au café, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de goûter son art. C’était l’opportunité d’y remédier. La sonnerie finit par retentir et Lilia quitta le canapé au son de la sonnette. Elle lança un regard à Jay et se dirigea vers la porte. «Je m’en occupe !» Après un échange de remerciements avec le livreur, Lilia revint dans le salon avec tout un assortiment de pâtisseries que Jay avait commandé quelques minutes plus tôt. Elle disposa le tout soigneusement sur la table, puis rejoint le jeune homme pour récupérer les couverts et assiettes. «On va bien se régaler.»