Appartement de Yohan,
20.08.23 dans les alentours de 22h30.

Ton regard posé sur le téléphone d'Ange, d'hésite clairement, tu pourrais lui parler, lui poser les questions, mais t'as besoin d'être rassuré autrement, de voir que ce type, ce Harlem, il n'y a rien de plus entre eux, que c'est juste un ancien sex-friend qu'il aide. T'aimerais réussir à le croire, à te convaincre tout seul, pourtant, tu finis par tendre la main pour te saisir du mobile de ton mec. Le bruit de la douche te permettant de savoir qu'il ne va pas en sortir tout de suite, qu'il ne risque pas de te surprendre. Déverrouillant l'appareil, tu vas rapidement dans sa messagerie pour lire une seule et unique conversation, parce que le reste tu t'en fiches, parce que t'as juste besoin de lire des messages banals entre eux et rien de plus... Pourtant, rapidement, tu déchantes... Surnom qui tombe entre eux, bébé par-ci, bébé par-là. Ta mâchoire se crispe jusqu'à finalement lire les je t'aime échangé. Tu repousses le téléphone sur la table, tu sais même pas comment réagir là, parce que dans un sens, tu t'y attendais non ? T'essaie de relativiser, de rester calme, de pas le flanquer à ta porte alors qu'il est probablement à poils. Ta meilleure amie t'avais prévenue et toi t'avais foncé tête baissée, t'avais chercher le mal. T'avais clairement pas besoin de ça une dizaine de jour avant ton examen de repêchage. "Fais chier !" Pestes-tu alors en te levant de ta chaise pour aller te poser sur ton mini balcon pour prendre l'air, pour te calmer avant qu'il ne sorte de ta salle de bain, avant que tout n'éclate réellement, parce que toi, t'as pas envie de lui faire du mal, t'as pas envie de le briser plus qu'il ne l'est... Mais putain ça fait mal même si c'est que le début entre vous, même si vous étiez à l'essai... Dans un sens, t'essaie de te rassurer de te dire qu'il vaut mieux que ça soit maintenant que bien plus tard, quand il aura réellement fait sa cure, quand il t'aurait balancer qu'il t'aime pour de bon.

@Ange K. Murray

Tu restes immobiles alors qu'il s'approche de toi, les muscles tendus. Tu te retiens d'esquisser un mouvement de recule, de le repousser. Tu sais même pas ce que t'es sensé faire là. Crier ? L'insulter ? Le foutre à la porte ? T'as pas envie de réveiller tes voisins, t'as pas envie de faire d'esclandre. T'as jamais été fan des éclats de voix. Tu fixes la façade de l'immeuble en face alors qu'il te donne ce surnom. Love. Amour. Amour qu'il n'a pas pour tout. Tu te crispes alors qu'il reste collé contre toi. Une respiration. deux respirations. Tu pèses tes mots. "Ne m'appelle plus comme ça Ange." Souffles-tu alors. Cherches-tu a y aller en douceur ? T'en sais rien, t'as envie d'avoir des explications, mais ça ne changera rien à ce que tu as vu, à ce qu'il se passe entre Ange et ce Harlem, au fait que ce n'est pas uniquement contre un fantôme que tu luttes, mais aussi contre un autre gars. Si bien entendu, on peut dire lutter parce que t'en as pas envie là. Autant te battre contre les cauchemars et le passé d'Ange d'accord, mais face à quelqu'un du présent en plus, non tu ne peux juste pas... Plus encore quand certains mots ont été dit pour cette autre personne. Tu te libères d'ailleurs de ses bras et t'écartes de lui sans pour autant te retourner dans sa direction. T'as pas envie de lui faire face, t'as pas envie de te dire que t'as mal vu, mal lu, parce que tu le sais que ce n'est pas le cas...

Ton regard fixé sur le mur de la bâtisse d'en face, tu n'esquisses aucun mouvement pour le regarder dans il te questionne, quand il cherche à savoir ce qu'il y a, quand il manque de t'appeler encore love. Tu fermes les yeux quelques secondes, pour prendre ta respiration, prenant le temps de peser encore tes mots. Ce soir, tu sembles adepte de l'adage tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Tu le sais mal, t'as bien sentit, tu commences à reconnaître les signes, mais tu peux pas faire semblant, tu peux pas faire mine de pas avoir vu ce que t'as vu. "J'ai lu tes messages avec ton." T'hésite un instant entre balancer le prénom de ce type ou le surnom qu'il lui donne. C'est la seconde option qui gagne et tu le prononces avec un certain dégoût. "Bébé" Une lumière qui s'allume en face, tu te concentres dessus, sur la silhouette qui se dessine au travers des rideaux, tu sais que t'es en tord que t'aurais pas du prendre son téléphone pour regarder ses messages, pour épier ces faits et gestes, mais deux fois qu'il te plante pour ce type et tu connais un peu les antécédents... mais clairement t'imaginais pas qu'ils s'aimaient, t'imaginais pas que tu passerais pour le dindon de la farce. Trop bon trop con comme on le dit si bien, t'as voulu l'aidé, être lé pour lui, le soutenir et au final, t'es juste rien pour lui. "Je pense qu'on a plus rien à faire ensemble." Parce que ce n'est pas toi qu'il aime. Et tu ne le regardes toujours pas, parce que c'est pénible, parce que toi, t'espérais faire plus qu'une dizaine de jour avec lui, t'espérais un truc sérieux alors qu'il te parlait de faire des efforts pour toi, d'arrêter la drogue, etc. T'as cru à monts et merveilles comme un gamin qui croit au Père Noël.

De coin de l'oeil, tu vois son mouvement, son positionnement à tes côtés, cette approche avorté au final car il reste à distance. Tu ne tournes pas la tête, t'as pas envie de le voir, de craquer face à sa tête de chiot abandonné, t'as pas envie de faire une nouvelle connerie après ce que t'as vu... Tu ne peux juste pas laisser passez ça. Surtout quand il s'explique, t'en lâche un petit rire nerveux. "Je savais que tu me dirais ça." Parce que quoi qu'il en dise, tu commences à le connaître, à savoir comment il est et comment il peut réagir. Tu savais qu'il te sortirait ses mots là ou quelque choses de très similaire. "Sauf que les paroles, ça suffit pas Ange." Tu finis par pivoter un peu pour te tourner vers lui, pour lui faire enfin face. Tu gardes contenance, ne balançant pas un mot pour haut qu'un autre, parce que t'as pas envie que ça finisse en éclat malgré ce qu'il se passe entre Harlem et lui, t'es pas ce genre de personne, à crier, hurler et même pleurer. A quoi cela servirait ? Tu sais que ça ne changera rien, tu l'as assez fait en étant gamin quand tu hurlais pour revoir tes parents décédés, quand tu pleurais de ne plus avoir ta mère près de toi. Tu sais que réagir avec excès ne serre à rien, sauf à créer d'autre blessure et tu le sais déjà assez blessé, t'as pas envie de porter un coup en plus... Même si le quitté vous blesse tout les deux, tu veux juste pas que ça soit plus pénible pour lui ou pour toi. "Tu me plantes plusieurs fois pour lui, vous vous donnez des surnoms et vous vous balancer que vous vous aimer, Désolé mais dans l'équation c'est clairement moi qui suit de trop." La troisième roue du carrosse voilà ce que tu sembles être au final dans cette histoire et clairement ça te fait chier. "Alors me dire qu'il n'y a rien entre vous et encore moins au niveau amoureux, j'en doute très fortement." Tu soupires alors, les épaules s'affaissant. "J'ai pris ton téléphone pour me rassurer parce que j'avais besoin d'autre chose que des mots, j'avais besoin de preuves et au final... Ça a juste empiré le tout."

Une ombre sur le tableau, voilà comment tu pourrais représenter Harlem pour votre couple en écoutant les mots que prononce ton mec ou ton ex, tu sais pas ou vous en êtes là, t'as parlé de rupture, mais il s'accroche alors tout n'est pas encore fini. Il veut te faire entendre raison, il veut que tu acceptes cette relation à trois, celle où il te plantera à tout moment parce qu'il a ce sentiment de culpabilité envers Harlem, sentiments qui ne changera probablement jamais et qui le pousse davantage vers cet autre homme que vers toi. T'en hausse les épaules, un soupire franchissant en même temps tes lèvres à cette constatation alors que oui, tu les vois les larmes de l'Ange. Il est mal, mais est-ce réellement à cause de toi ? Non, tu n'es qu'un élément de plus, t'as du mal à l'imaginer pleurer pour toi, pour votre relation avec ce que tu as vu ce soir. Tu pourrais jouer les gars sensible, venir le prendre dans tes bras, lui dire de ne pas pleurer, mais tu ne fais rien de cela car ça voudrait dire que tu accepte cette situation. Et c'est très loin d'être le cas. Et il semble le comprendre car il cherche une solution, un moyen d'avoir ta confiance sur cette histoire, ta confiance tout court même. Tu t'adosses contre le bord du balcon, suivant du regard ses vas et vient. Lion en cage devant toi. Tu le sais tendu, tu le sais à bout et toi, tu ne fais rien pour l'aider, tu restes calme d'apparence, les bras croisés sur ton torse. T'es trop silencieux, trop calme en réalité. Tes espoirs pour vous deux ont été réduit en miette en une soirée. Tu savais que tu devais lui faire confiance, t'essayais et là, tu voulais juste te rassurer, mais au final tes craintes s'étaient révélées plus que vraies. "Que tu prennes tes distances avec lui." Souffles-tu Tu ne demande pas à ce qu'il ne le voit plus, mais plutôt que les surnoms et les mots d'amour entre eux ne soient plus, qu'il n'accourt pas au moindre appel de celui-ci. Mais même comme ça malgré ses paroles, malgré ses gestes, tu continueras d'avoir des doutes quand tu le sauras en compagnie de ce type... Tu ne sais même pas pourquoi tu ne campes pas sur ta position, celle d'en rester là, celle de le laisser partir et aller faire une histoire avec ce type plutôt qu'avec toi alors que tu le sais depuis le début que tu vas juste mal finir avec cette histoire avec lui. "Tant que tu auras ce sentiment de culpabilité envers lui, ne reviens pas me voir." Finis-tu par balancer. "Je n'ai pas envie de me battre autant contre le fantôme de ton mari que contre ce type." Tu te redresses alors te décollant du muret. "J'ai besoin de pouvoir compter sur toi, me dire que si on fait une soirée ensemble tu ne vas pas me planter là parce que ton bébé fait des siennes, parce qu'il est mal. Je ne veux pas d'une relation où je dois t'attendre des heures alors que t'es occupés avec cet autre type. Je n'ai pas non plus envie que tu balances des mots d'amour à un autre comme tu le fais avec lui." Tu le regardes alors. "Je ne te demande pas de choisir entre lui ou moi, juste de redéfinir la relation que tu as avec lui et les sentiments que tu éprouves pour lui." Tu t'avances alors vers la porte pour rentrée dans l'appartement. "Je te laisse mon lit pour ce soir, je vais dormir dans le canapé." Il a le coeur serré, le coeur qui fait mal. Il fait genre de gérer le tout, mais c'est tellement loin d'être le cas. Il est mal, vraiment, mais il ne supporte pas non plus d'être prit pour un con et surtout, il désire une relation plus saine, parce que là, il n'y a rien qui va... Il fait déjà tellement de compromis avec lui, il ne peut pas en faire un de plus, ou alors, pas celui-là.