Jay arriva au point de rendez-vous en début d'après-midi, et patienta en faisant défiler les photos postés par ceux qui n'étaient pas encore rentrés.  Clichés de plages et autres paysages, ça faisait rêver un peu plus longtemps, même si de son voyage il avait été très content. Aventure qui s'était arrêtée deux semaines après son arrivée, et il espérait déjà pouvoir y goûter encore l'année qui suivrait. Une expérience enrichissante qui l'avait parfois fatigué, parce que tout un tas d'émotions s'étaient chamboulées ; de la colère à l'excitation, du dégoût à la fascination, et s'il fallait vraiment toutes les énumérer alors on serait déjà à la prochaine session avant d'en avoir terminé. Alors oui, pour cette fois quatorze jours avaient été suffisants, indépendamment de tout ce qui l'avait attendu en rentrant – un peu de boulot, forcément. Son superviseur avait pris quelques congés cependant, alors il pouvait encore souffler, travailler à son rythme, parler à des amis et les retrouver.

Il leva le regard de temps en temps pour s'assurer de ne pas louper la demoiselle qu'il avait invitée, ce fut ainsi qu'il finit par la repérer. Elle n'avait plus le bras plâtré, mais n'avait pas besoin de ce détail là pour la trouver parmi tous les futurs passagers. Il leva le membre qui tenait les billets et, pour attirer son attention, finit par les agiter, parce qu'il n'était pas le genre de personnes à crier haut et fort le prénom pour interpeller. Salut, dit-il simplement en la regardant, on dirait que t'as retrouvé bonne mine. Loin du rhume qu'elle avait attrapé, il y avait aussi sa peau qui avait été exposée à des rayons dorés, comme cette fois sur le bateau sur lequel elle semblait s'être éclatée. Il ne savait pas si elle avait encore un traitement, le sommeil lui ayant souvent causé du tort apparemment, mais elle lui paraissait rayonner plus que la première fois où, au Limered house, ils avaient bu un thé. Quant à lui, il avait connu quelques soucis, mais tentait de les laisser derrière lui.

Le Nord-coréen pointa la file d'attente qui avait commencé à se former et il lui proposa de se dépêcher : on devrait y aller si on veut avoir les meilleures places pour encore mieux observer ce dont regorge l'océan. Et rien que d'y penser, il était pressé d'embarquer. Quelques mètres les séparaient de la dernière personne à s'être placée, et côte à côte avancèrent dans le but de faire valider leurs tickets d'entrée. J'ai lu qu'il n'y avait pas que des baleines à admirer, l'informa-t-il. D'autres animaux pouvaient se manifester, ce qui rendait l'excursion plus attractive que jamais.

The most beautiful in the world
is the world itself.
with @Ji-hun Hwang   & @Meryana-C. Hutton
where :baie de Boston, sanctuaire national marin
TW : blessure du TD garden évoquée

L'

urgentiste est tout excitée, bien que ce ne soit pas pour son début de matinée. Encore de la rééducation, toujours, à cause de l’incident du TD garden. Mais que faire d’autre, si elle souhaite de nouveau exercer son métier ? Rien. Meryana se rend donc à l’hôpital dans lequel elle avait l’habitude de travailler pour faire ses exercices, s’y appliquer. Studieuse, comme dans tout ce qu’elle a toujours entrepris, elle s’applique, la brune et termine sa session en poussant un long soupir. Elle n’a qu’une hâte : retrouver Jay afin d’aller admirer les cétacés. Comme elle en rêve depuis qu’il l’a invité ! La belle en trépigne d’impatience et c’est avec une joie indescriptible qu’elle rentre à son domicile, là où elle réside avec Haiwee et leur troisième colocataire, ainsi que Prince : son chaton. Elle lui a fait promettre de ne pas faire changer les serrures durant ses heures d’absence, pour avoir, en contrepartie, de délicieuses friandises une fois revenue. Alors, après sa douche prise, ses vêtements passés, Ana enfile avec mal sa paire de bottes, mais termine par s’en sortir. Une fois parée, ayant tressé une natte dans sa chevelure brune, elle se saisit de son K-Way transparent, afin de ne pas se faire totalement douché lors de leur sortie. L’ayant passé sans l’avoir fermé, ni positionné sa capuche sur le sommet de sa tête, Meryana quitte la demeure et grimpe dans le taxi ; direction la baie de Boston, où son tendre ami l’attend. La médecin ne pourrait pas lui souffler à quel point il lui a manqué, d’autant qu’ils ont déjà évoqué son départ, après ses études. Mais elle préfère ne pas y songer, pour le moment. Ne souhaite pas miner leur instant. Alors, après avoir raconté à son taxiste préféré leurs multiples rencontres et retrouvailles à elle et Jay, ils émergent au lieu de rendez-vous et elle le paye grassement, comme de coutume. « Merci beaucoup. Je vous appellerais pour le retour, normalement. À moins que je ne termine dans le ventre de l’un des cétacés. » Elle plaisante, lui offre un clin d’œil complice et claque la portière derrière elle. Une fois dehors, elle enfonce ses mains dans les poches de son K-Way et marche jusqu’à retrouver Ji-Hun, quand elle l’aperçoit, ses billets à la main, tandis qu’il lui fait signe. « Bonjour, toi ! » Elle pourrait sautiller sur place tant elle est heureuse de se retrouver ici, à ses côtés. « Oh, je te remercie. » Elle sent son sang affluer à ses joues face à son compliment et elle répond : « Toi aussi, tu as retrouvé ton beau teint de pêche. » Tous deux ne sont plus souffrants et c’est ce qui prime, véritablement. Puis, ils commencent à faire la queue comme il lui indique que s’ils désirent les meilleures places, ils ont intérêt à passer, enregistrer leurs billets. « Tu as raison. Je n’ai pas envie de tout louper. Ni de te faire manquer quoi que ce soit. » À présent, elle ose espérer qu’elle n’a pas été trop en retard et se pince les lèvres, nerveuse. « OH ? » Elle souffle à ses mots, pour ajouter : « Ils t’ont dit qu’on verrait quoi de plus, dis-moi ? » Meryana est heureuse comme un matin de noël, comme une enfant, à qui on offre le plus beau des présents au monde.

Ji-hun agita les billets à la minute où Meryana fut repérée, afin qu'elle puisse facilement le trouver. Ça sembla marcher, puisque ses pas le menèrent à lui, et ils purent se saluer. Compliment lâché, il accepta le sien avant de lui proposer de s'infiltrer dans la file qui comptait déjà quelques spectateurs venus spécialement pour observer les baleines de cet été. Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise, lâcha-t-il, tout sourire, bien heureux qu'elle n'ait pas pensé à feuilleter le livret attaché au site virtuel de l'activité. Mais je peux affirmer qu'il y aura quelques oiseaux et peut-être d'autres cétacés et mammifères s'ils veulent bien se montrer, dit-il furtivement pour ne pas tout gâcher. Il allait donc falloir ouvrir grands les yeux pour ne rien louper, et c'était bien ce que le Nord-coréen comptait faire, puisqu'apparemment c'était un spectacle original et extraordinaire. C'est ton chauffeur qui t'a emmenée, demanda-t-il alors qu'ils s'étaient placés derrière les derniers arrivés. Il ne pensait pas qu'elle ait emprunté les transports en commun, mais si c'était le cas, après la croisière elle se fera raccompagner gentiment par le brun.

La queue avançait doucement mais sûrement, de quoi leur offrir un instant pour bavarder et profiter des rayons qui, aujourd'hui, ne s'étaient pas cachés. Tu as prévu quoi pour la rentrée, l'interrogea-t-il, parce qu'il savait que dans son cas c'était un peu compliqué. Peut-être que des options s'étaient offertes à elle et qu'elle ne lui en avait pas parlé. Quand bien même sa rééducation n'était pas terminée, il doutait qu'elle puisse rester à patienter sans bouger, le rythme des urgences traumatologiques devait lui manquer, et c'était la meilleure façon de tâter les choix qui lui restaient, et peut-être l'aider à se décider. Il savait que lorsqu'on était seul à juger ce qui serait le mieux à garder, on pouvait rapidement se laisser dépasser, travailler à plusieurs cerveaux permettaient d'avoir une vue d'ensemble qui n'était pas déplaisante in fine. Personnellement, je pense que j'aurais encore moins de temps que lors de la première année, tout va un peu se bousculer, avoua-t-il. Il n'avait pas encore trouvé une chambre chez l'habitant, et n'avait toujours pas été contacté pour sa carte de résident ; c'était stressant.

Mais mon père vient me rendre visite à l'automne, s'exclama-t-il, Je ne sais pas si je te l'avais dit ? Il était tellement heureux quil le répétait à qui voulait bien l'écouter. Content, mais pas moins angoissé pour autant. Ça allait faire deux ans, le temps changeait pas mal les gens.