Ça fait un moment déjà que t'as laissé filé Elöa et que t'es seul assis comme un con sur un banc devant l'hôtel, La nuit est fraiche, mais pas spécialement froide pour autant. Tu regardes d'ailleurs enfin ton téléphone pour voir le message d'Ange et t'hausse un peu les épaules. Il t'attend... Probablement encore pour te reprocher des choses, t'as pas envie de lui répondre, pourtant, tu lui réponds, laissant un pourquoi être posé. Il répond rapidement. Il t'attend vraiment et ça t'agace encore plus parce que tu passes vraiment pour le méchant de l'histoire du coup. Tu l'as empêché de voir son meilleur pote, de passer une bonne soirée et en plus tu le laisses attendre seul alors que tu sais sa hantise d'être ainsi tout seul. Ta mâchoire se crispe, tu sais qu'il y aura des reproches, parce qu'il est en droit de t'en faire, de te balancer à la figure que t'as gâché sa dernière soirée ici, sauf si au final, il décide de rester pour ne plus voir ta tête pendant un moment. Chose que tu comprendrais parfaitement. Tu le laisses d'ailleurs attendre encore un moment, pour tenter de te calmer, d'accepter la situation parce que tu le sais que t'as aucunement le droit de réagir de la sorte... Tu ne le dois pas... Sauf que t'arrives pas parce que tu t'es attachés un peu trop à lui, que t'es entrain de te brûler les doigts. Une belle connerie de ta part. T'entends déjà Blanca te dire un je t'avais prévenu.

Il te faut encore une dizaine de minutes avant de finalement lever tes fesses de ce banc pour remonter jusque dans la chambre. Tu te prends à espérer qu'il dorme déjà, que vos regards ne vont pas se croiser avant demain matin... Avec le pass, tu déverrouilles la porte de la chambre, cherchant à rentrer discrètement, tu ne prends même pas la peine de le chercher du regard, allant plutôt directement t'enfermer dans la salle de bain, pour te changer, te préparer à te mettre au lit.

@Ange K. Murray

Aucun mot, aucun bruit autre que ceux que tu fais toi, en te rinçant le visage, te brossant les dents ou encore en allant au toilette. aucun son de l'autre côté de la porte, comme si au final, t'étais seul dans la chambre, comme si il n'était pas là. Peut-être qu'il dort réellement ? T'en sais rien, tu sais même pas si tu as envie de vérifier... Si il dort pas vous allez devoir parler de ce soir, de votre dispute, du pourquoi tu vrilles dernièrement et t'en as pas envie, parce que tu refuses clairement cette idée, tu peux pas accepter ça. Tu peux pas accepter les sentiments que t'as pour lui, cette envie de l'avoir rien que pour toi. Baiser, déconner et tout, d'accord, mais une histoire sérieuse, tu t'y opposes, tu peux pas, t'es pas prêt à assumer ça et pourtant t'es incapable de te détourner de lui. Tu regardes ton reflet dans le miroir pousse un soupire avant de remettre une mèche en place et retourner enfin dans la chambre, simplement vêtu de ton boxer. T'arrives pas à dormir avec plus de vêtements, t'as trop vite chaud et si tu dors avec des choses en plus, c'est que t'es malade.

Il est là. Silhouette sous le drap allongée dans le lit. Tu restes un moment dans l'embrasure de la porte à l'observer sans bouger, la lumière faisant plonger ton ombre jusqu'à lui, comme pour lui signaler que t'es là... Tu finis alors éteindre la lumière de la salle d'eau, t'approchant ensuite du lit pour t'asseoir sur le bord de celui-ci. Est-ce que t'as réellement envie de dormir ? De t'allonger alors que rien n'est réglé ? T'as pas envie d'une dispute ou d'une prise de tête... "Je suis désolé Puppy..." Souffles-tu sans même savoir si il dort ou pas, t'en doute fortement, sinon il ne serait pas aussi immobile, mais t'aimerais croire que oui, qu'ainsi, il captera rien de tes excuses et autres paroles que tu t'apprêtes à balancer. "Je sais que je dois pas être jaloux, qu'on est juste sex-friend ou je sais pas comment tu veux nous désigner... Mais j'arrives pas à ne pas l'être quand je sais que tu passes du temps avec d'autres personnes, quand tu baises ailleurs... Je vois tout les efforts que tu fais à cause de moi, je sais même pas pourquoi tu fais tout ça, j'ai envie de me dire que c'est parce que t'es intéressé par moi, que t'as envie d'un truc avec moi, mais t'arrête pas de me mettre dans la gueule qu'on est pas un couple, qu'on a pas a être exclusif, ni même jaloux..." Tes coudes viennent se poser sur tes cuisses, tu te penches en avant, restant toujours assis sur le lit. "Sauf que je le suis et j'arrive pas à faire genre que ce n'est pas le cas. Je sais pas pourquoi je suis comme ça avec toi alors que je sais qu'il n'y a rien de possible..."

La voix d'Ange qui s'élève dans la pénombre. Un battement de cœur raté, l'estomac qui se sert. T'aurais aimé qu'il dorme réellement, même si tu connaissais l'improbabilité de la chose. Pourtant il t'a laissé parlé jusqu'au bout, te confier à lui comme un idiot alors que tu n'es même pas encore totalement sûr de ce que tu peux bien vouloir avec lui... Même si en réalité, tu le sais, tu ne veux juste pas l'accepter, parce que ce n'est pas acceptable selon toi, parce que tu redoutes trop de choses. Tes mains se joignent et tes doigts s'enlacent, se pressant les un les autres. Mal être bien présent, souffrance silencieuse alors que tu le laisses parler, qu'il reprend tes mots, pour te citer, mais peut-être aussi pour te les reprocher comme toi, tu lui as reproché certain de siens. Couteau remué dans la plaie, vous vous faites du mal l'un l'autre dans vos paroles, parler de choses communes, d'envies partagées et pourtant aucun de vous ne semble résigner à faire le grand saut et ce même si Ange te dit clairement avoir envie de vous coller l'étiquette de couple, que lui et toi formier un nous. Tu baisses la tête. "Je sais pas Ange... Je sais pas si c'est le mieux pour toi." Tes jointures blanchissent un peu, tes ongles pourtant court, marquant le dos de tes mains. "Je suis pas sur d'avoir les épaules pour tout ça." Parce que l'ampleur des ravages sur lui, t'es pas certain d'en avoir déjà vu le bout, parce qu'il suffit d'un nouvel événement pour qu'il se referme en partie, qu'il te glisse entre les doigts, qu'il argumente que tu mérites bien sans même tenir compte de ton avis. "J'ai peur de ne pas être assez fort pour nous." Parce que tant que tu n'es pas en couple avec lui, tu peux te décharger un peu, tu peux laisser couler, mais une fois en couple, ça sera plus compliqué non ? Plus tendu, bien plus de responsabilités pour toi non ?

Il transforme tes propos, te laissant entendre que tu fais des choix pour lui, alors que ce n'est pas du tout le cas... T'as juste émis une hypothèse, celle de pas être celui qui lui convient réellement. T'en sais rien, t'es paumé à ce niveau,  t'exprimant sur le pourquoi tu penses ça et il cherche même pas à te dire que tu te trompes, te balançant juste qu'il comprend ce que tu veux dire sans chercher à te convaincre de l'inverse, il ne t'offre pas de soutien à cet instant, alors que c'est ce dont tu aurais eu besoin, un simple rappel qu'il fait des efforts pour toi, qu'il veut aller mieux à tes côtés, mais non... C'est juste un je comprends qui franchit ses lèvres et te donne le coup fatal. Ta machoire qui se crispe encore plus, t'en as mal et il en rajoute encore, te balançant que vous pouvez retourner en arrière, juste être des sex-friend et vous voir moins souvent. Une sorte de rupture alors que vous n'êtes même pas ensemble, vous faites fort à cet instant. Tu baisses encore plus la tête, restant dans le noir, tu ne dis rien. Tu ne sais pas ce que tu peux dire, tu ne sais même pas si tu as quelque chose à dire. Protester ? Pour quoi faire ? Pour que la conversation tourne en rond ? Risquer de le blesser encore plus avec tes mots parce que t'es juste pas assez fort pour vous deux ? Ton estime en prend un putain de coup à cet instant. Tu te lèves d'ailleurs du lit, te glissant jusqu'à la porte fenêtre pour sortir sur le balcon. T'as besoin de prendre l'air, de t'éloigner alors que les larmes comment à ruisseler sur tes joues, que tu ravales tes sanglots. Il est hors de question qu'il capte ta frustration de tout ça, ta peine également.

Tu t'es levé et t'es sortit, pour mettre de la distance, pour ne pas qu'il voit à quel point tu es atteints par ses mots, à quel point t'es accroc à lui. T'as pas demandé ça, t'as cherché à lutter contre ça, à prendre de la distance, à te trouver des excuses, alors même que tu continuais à t'enfoncer la dedans, à te rapprocher de lui, à le voir, à lui témoigner de la tendresse... T'as besoin de prendre l'air, pour encaissé le coup, le fait qu'il ne se batte pas, qu'il te propose un retour en arrière. Toi qui ne manque pas de réplique normalement, tu en reste silencieux, préférant sortir pour aller verser tes larmes. Homme sensible que tu peux être. Les épaules que tu contractes pour ne pas laisser les sanglots être apparait, pour ne pas faire de bruit alors que pourtant, alors que tu regardes le paysage, des larmes coulent sur tes joues. Histoire avortée dans l'œuf. C'est mieux ainsi...

Pourtant l'artiste te suit, venant te rejoindre pour s'en griller une et reprendre la parole. Tu fermes les yeux, pour retenir tes larmes, pour ne pas lui montrer que tu pleures, que tu n'es pas aussi tranquille que tu lui montres. Tu l'écoutes et une nouvelle fois, tu reste silencieux un moment, pour être certain de ne pas être trahi par ta voix. "Je redoute de te faire plus de mal que de bien." Articules-tu alors, parce que t'as peur de pas réussir à le soutenir assez bien, t'as peur de ne pas avoir de soutien de sa part quand c'est de ton côté que des choses pourraient vaciller, qu'il te balance que c'est de sa faute si il arrive quelque chose à un de tes proches, si soudainement tu as un mauvais karma, etc... Tu réalises en fait, que t'es pas sûr que lui, il te soutienne si une merde t'arrives... Si par exemple ton père faire une rechute dans sa maladie... Tu baisses alors la tête en avant, ta main droite devant par reflexe essuyer tes yeux et tes joues, geste pouvant trahir les larmes que tu as versées et tentées de cacher.