Propositions sages. Jeu platonique. Ce n’était pas réellement de cette manière que j’imaginais la suite des événements en invitant le voyageur dans mon bureau pour une partie de jeu de hasard avec ces dés qui accompagnaient mon quotidien. Mon esprit avait dessiné d’autres scénarios bien plus fous. Les fantasmes s’étaient invités à l’intérieur de mes pensées. À l’instant même où la porte s’était fermée, je m’étais imaginé qu’il n’y aurait plus la moindre limite. Nous étions isolés du reste du monde. Personne n’allait venir nous déranger ici. Il n’y avait aucune raison de se limiter à quelque chose de sage. Il n’y avait aucune raison de rester sur le terrain du raisonnable ou du politiquement correct. Contrairement à ce que vous pourriez penser, Perceval et moi n’avions jamais couché ensemble. C’était peut-être ça qui expliquait les propositions si sages. Ou peut-être que ce n’était qu’une façon de dire qu’il n’avait pas envie de franchir cette limite. Pourquoi cela n’était-il jamais arrivé ? Je n’en avais pas la moindre idée. Enfin si… Nos chemins ne faisaient que se croiser. Nos rencontres semblaient toujours limités par le quelconque timing de l’un ou l’autre. Nous ne pouvions jamais nous permettre de nous perdre pendant des heures juste nous deux. Ce n’était que des rencontres brèves. Ce n’était que des moments volés. Jusqu’à aujourd’hui. Personne ne m’attendait pour le reste de cette soirée et, s’il avait accepté de monter dans mon bureau, j’étais persuadé que personne n’attendait Perceval non plus. Les limites temporelles avaient volées en éclats. Est-ce que c’était suffisant ? Pour moi ouais, ça l’était. Le voyageur était plus que canon et je n’étais pas contre une baise avec lui. Juste une fois. Plusieurs fois si cela le tentait. Du moment que ça ne restait que sexuel, je n’étais pas fermé. À voir ce qu’il en était de lui. Lui qui se comportait bien trop sagement dans l’antre de mon bureau. Il lançait les dés pour moi. Il soufflait deux propositions qui sonnaient bien trop sages. Il soufflait deux choix qui n’avaient pas de trop grandes incidences. Je ne faisais pas la moindre remarque sur cela. Après tout, il pouvait y aller à son rythme. Ce lancé n’était peut-être qu’un échauffement. Ce n’était peut-être qu’une façon de lancer les hostilités. Peut-être que Perceval était à la recherche d’une chute lente où les corps mettraient du temps à se rencontrer. Peut-être ouais. Terminant mon verre cul sec, je venais m’en servir un nouveau avant d’obéir au choix des dés. Je devais m’installer près du voyageur sans avoir plus de précision sur ma position. Aussi, je venais choisir de m’installer simplement à ses côtés. Je ne lui grimpais pas dessus malgré l’envie bien présente de le faire. Néanmoins, je respectais cette avancée lente. Je suivais ce rythme imposé par le premier choix.

Pas pour longtemps néanmoins. Je n’étais pas le plus grand fan de la lenteur. Je n’étais pas le plus grand fan de me perdre dans des préambules qui traînaient. Je n’avais aucune envie d’une chute lente moi. Surtout après toutes ces années et toutes ces rencontres. Je ne voulais pas faire encore plus traîner les choses. Alors, dés entre les doigts, je ne réfléchissais pas longtemps avant d’enclencher une vitesse bien supérieure à celle proposée par Perceval. J’offrais la possibilité de me mettre nu sans attendre avec le fol espoir que cela soit suffisant pour chauffer le voyageur et lui donner envie de lancer des choix bien plus chauds. Ou alors, j’offrais la possibilité de lécher un bout de sa peau avec le fol espoir de faire monter la température en un rien de temps. Les dés étaient lancés. Comme toujours, je ne les quittais guère des yeux appréciant le spectacle qu’ils m’offraient. J’aimais tellement les voir rouler. J’aimais tant cette attente pour savoir quel nombre allait être offert. J’aimais tellement leur offrir ce contrôle sur moi, sur mon existence. Et, bien trop vite, les dés m’envoyaient sur le terrain qui me faisait de l’oeil lorsque j’avais soufflé les propositions. Lécher la peau de Perceval… C’était ce que je devais faire. Sourire amusé aux lèvres, j’étais bien trop heureux de cette situation et je m’empressais de me tourner vers le voyageur pour hausser un sourcil et l’interroger. C’était à lui de choisir l’endroit où ma langue allait le toucher. C’était à lui de décider. Mon offre était sur la table et j’étais prêt à me plier à n’importe quelle réponse. J’étais prêt à laisser ma langue s’aventurer sur n’importe quelle partie de son corps. Mes prunelles claires ne le quittaient pas tandis qu’il se calait un peu plus dans le canapé. Ma langue glissait sur mes lèvres avec impatience. Je l’observais défaire les trois premiers boutons de sa chemise comme une invitation silencieuse, comme une réponse silencieuse. F*ck… J’aurai préféré entendre les mots pour être certain de prendre le chemin qu’il voulait. J’aurai préféré l’entendre clairement me faire la demande. Mais, ce n’était pas grave. J’allais me contenter de cette invitation. Mes iris observaient la peau révélée avant de trouver le regard de Perceval. Je le regardais boire une gorgée de son verre. J’attendais sagement qu’il ait finit. Et, je finissais par bouger. Je ne grimpais guère sur le voyageur. Je restais à ses côtés. Installé proche de lui, mais pas sur lui. À genoux sur le canapé, je lui faisais face en diagonale alors qu’une de mes jambes touchaient la sienne. L’une de mes mains se déposait sur le rebord du canapé tandis que je venais déposer mon autre main sur la cuisse du voyageur. Je me penchais alors vers lui. Je me penchais sur son torse laissant ma langue s’y déposer. Ma langue remontait sur sa peau de cette partie du torse qu’il avait rendu accessible à son cou que mes dents mordillaient légèrement avant que je ne m’éloigne un grand sourire satisfait collé aux lèvres. Ma tâche était accomplie. Je ne bougeais pas de ma position bien trop proche pour autant. Je laissais même ma main posée sur sa cuisse. Je restais tel que je me trouvais même si je faisais à présent dos à la table et qu’il serait plus difficile de voir les résultats des dés. Murmurant un « À toi de jouer… » mes prunelles restaient fixées sur le voyageur dans l’attente de ses prochaines actions. J’attendais les prochaines propositions. J’attendais le prochain lancé. J’attendais le prochain résultat. Allait-il rester aussi sage ou bien allait-il passer à une vitesse supérieur lui aussi ?