vitamin sea
w/ @Ji-hun Hwang
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Ton regard devait sans doute être habité d’étoiles. L’objet était parfait. Il disposait d’une puissante symbolique qui ne ferait que rendre cette rencontre plus belle. Jay et toi, vous étiez peut-être opposés, mais fort complémentaires. Peut-être pas encore indissociables, mais cela pourrait vite le devenir. Tu pourrais même avoir le vertige devant cette alchimie, mais la peur n’arriva que lorsque la tension électrique baissa et que la lumière quitta l’espace. L’entrepôt plongé dans l’obscurité, tu te planquas derrière tes pauvres mains, mais les souvenirs remontèrent. L’angoisse désintégra ta confiance naissante. Les symptômes se firent bruyants, incapables d’être domptés. La respiration était déchaînée. Les palpitations les unes sur les autres. Le danger semblait proche. Imminent. Pour toi, c’est la mort qui rôdait tout autour de toi. Un spectre affamé qui n’voulait que te dévorer et se nourrir de ta pauvre âme écorchée. Toute source sonore provoquait davantage de paranoïa en toi. Aveuglée, toute recroquevillée, il eut un timbre tout particulier qui happa ton attention. Sa voix n’avait aucune once de panique. Elle incarnait le calme. Ji-hun faisait preuve de patience et cherchait surtout à te rallier au monde réel. Lèvres tremblantes, tu écartas tes phalanges de tes yeux pour distinguer le rectangle noir sur lequel tu avais jeté ton dévolu. Les pupilles dilatées, tu caressas la boite, dessinant les contours de nacre qui représentaient de petites fleurs. Ton cerveau te ramena vers le parc que vous aviez longé ensemble. Le pouvoir de la nature pourrait peut-être anesthésier tes pensées anarchiques ? Mais alors que tu te plongeais dans ce souvenir, ta main fut portée sur la poitrine voisine. La poésie de son coeur était différente. Paisible. Vos prunelles se croisant dans la pénombre, tu le fixas et tentas d’accorder vos rythmes respiratoires. Le temps était long. Il s’étirait vers l’infini. Un cauchemar. L’harmonie presque atteinte, l’éclairage revint sur vos crânes. Te débranchant de son torse, tu forças sur tout tes muscles pour te relever. Confuse et embarrassée, tu ne fis aucun commentaire sur ce geste entre vous. « Je suis désolée, ça me prend comme ça et .. et je .. je deviens presque folle, c’est complètement débile » Les doigts s’agitant devant la boucle de ton sac, tu l’ouvris et attrapas ta bouteille d’eau à l’intérieur. Avec Jay pour témoin, tu ne pouvais pas t’enfiler un cachet magique qui ferait barrage contre ta crise. Il fallait que tu la traverses ou que tu t’esquives. Seconde solution choisie. « Je vais t’attendre dehors, un peu d’air me fera du bien » Encore victime de tremblements, tu détalas de l’endroit comme une furie. Les portes traversées, tu t’adossas contre un mur et mis la main sur ta boite orange. Pilule jetée au fond de la gorge, tu la fis passer avec un peu d’flotte. Bordel, t’étais toute transpirante et probablement pâle comme la lune. Les molécules enfin dans ton organisme, presque soulagée, tu te rapprochas de l’entrée et aperçus le coréen qui réglait. Il revint ensuite vers toi et le malaise remonta alors que tes jambes devenaient molles. « Tu peux me ramener sur le campus ? J’suis défoncée. Pas défoncée comme quelqu’un qui aurait pris de la .. enfin, je suis épuisée tu vois » Les mâchoires crispées, tu abaissas ton regard sur ses emplettes et expiras longuement « Merci pour tout, je mérite pas tout ça »

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vitamin sea
w/ @Darcy Abernathy
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À genoux devant le corps tétanisé de Darcy , Ji-hun fit tout ce qu’il put pour l'arracher des griffes de son angoisse. L’appeler n’avait servi à rien, mais mentionner la boîte à bijoux fut un succès. Ses doigts s’écartèrent pour rendre accessible à ses yeux l’écrin, et ses pulpes vinrent caresser les motifs floraux qui y étaient peints. Le nord-coréen baissa ses agates sur le mouvement de ses phalanges avant de la supplier de respirer. Il inspira et expira, montrant ainsi l’exemple. Il joua le rôle du guide, décontracté face à la situation qui en aurait peut-être fait paniquer plus d’un. Il se déchargea de son téléphone, posant l’écran contre le sol du dépôt, et attrapa l’une des mains de l’étudiante pour la poser entre ses pectoraux, là où son torse gagnait et perdait du volume. Il planta ses pierres lumineuses dans celles bleutées de sa vis-à-vis, opina du chef pour l’encourager et murmura de nouveau : respire. Il l’accompagna, jusqu’à ce que les longs plafonniers reprennent vie.

Il leva les yeux sur les éclairages qui se tenaient juste au-dessus d’eux, moment où la jeune femme décida de décoller subitement sa paume du t-shirt du biochimiste et de se lever hâtivement. Elle s'excusa et tint à expliquer son comportement quand l’Asiatique n’en avait pas demandé autant. Il aurait voulu la contredire lorsqu’elle traita de stupide sa réaction, mais il savait que dans ce genre de moments rien n’y ferait pour la faire changer d’avis. Il l’écouta alors, et reprit de la hauteur uniquement lorsqu’elle avala quelques gorgées d’eau pour s’hydrater. De tout je me charge, ne t’en fais pas, put-il au moins lui assurer. Il la suivit du regard, prêt à la soutenir si ses tremblements se montraient un peu trop coriaces, et ce ne fut que lorsqu’elle disparut à l’extérieur du bâtiment qu’il s’occupa du reste. Le coffret et le Yin furent emballés ensemble, il garda le Yang comme elle l’avait suggéré. Une fois la somme réglée, il échangea sa chaîne épaisse contre le collier tout juste acheté.

À peine de retour à ses côtés qu’elle demanda à être raccompagnée du côté d’Harvard , et ce fut avec un sourire qu’il acquiesça : un taxi, je vais nous appeler. Le paquet en mains, il se prépara à utiliser l’appareil qu’il avait récupéré en se relevant, quand il fut interpellé par les mots qu’elle jeta. Au contraire, se permit-il de riposter, encore plus, tu le mérites. Très bien tu as géré la situation, je trouve. Ça aurait pu être pire. Il lui laissa un clin d’œil amical avant de composer le numéro qui le mettrait en relation avec la centrale. Il n’attendit pas bien longtemps avant qu’on lui confirme qu’un véhicule se dirigeait vers eux. Il remercia son interlocuteur avant de rassurer Darcy. Tiens bon, fit-il, car elle semblait exténuée. S’asseoir sur le bord du trottoir, on peut, si tu veux, lui suggéra-t-il. Il avait peur que ses jambes ne puissent la retenir plus longtemps. Il se pencha en premier, engageant la démarche, et un soupir de bien-être sortit d’entre ses lippes.

Longues jambes pliées, il porta ses avant-bras sur ses genoux, et laissa le sac cartonné pendre au bout de ses doigts. Avoir de tes nouvelles, ça serait possible, fit-il après lui avoir offert quelques secondes de silence, j’en serais rassuré. Lorsqu’elle sera bien rentrée dans sa chambre, lorsqu’elle aura profité d’une petite sieste ou après qu'elle soit sortie déjeuner ; qu’importait. J, pour Jay, et H²O, pour la formule chimique de l’eau, présenta-t-il son compte personnel, sur meetsa, facilement tu me trouveras. Le yellow cab pointa le bout de son pare-choc et s’arrêta deux mètres après eux. D’aide tu as besoin, demanda-t-il, volontaire à la porter si elle ne se sentait pas la force de faire les quelques pas qui la séparaient de la portière arrière.

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