l'après qu'il faut déjà envisager, quand est-ce qu'il arrivera ? à offrir le luxe de la liberté, retourner la situation d'un claquement de doigt. t'avais plié avec une facilité déconcertante, à attendre que la confirmation vienne d'elle. irrationnel de se comporter comme ça, ce n'était pas ça le contrat. la justification à donner pour l'horaire qui est dépassé, même si dans tous les cas le client était roi. rien à redire là-dessus tant que les chiffres défileraient sur l'application. huh ? plongé sous les inquisitions à ne pas l'avoir entendu te rejoindre. simple geste de la main qui indique la place libre quand tu t'apprêtes à te replonger dans le débat, mais la voix qui tinte encore. pupilles qui quittent l'écran pour se fixer sur le dépliant à suivre un par un les choix, acquiesces à chaque fois. pouce qui fait disparaitre la conversation pour afficher la livraison en ligne, stoppé net par la question. non. réponse prompte lorsque tu entreprends de rentrer les informations, clic de verrouillage qui marque la fin. j'suis claqué, j'ai plus la tête à ça. à avoir été tendu par le rendez-vous à venir, malmené aussi quand t'avais découvert le visage rongé par la fatigue. bras qui s'étire pour attraper la cannette, attention qui retourne jusqu'à elle puis à l'ilot. tu peux prendre autre chose, fouilles le frigo, j'dois encore avoir des sodas ou même des jus. qui attendaient de servir d'anesthésiants pour les cocktails plus corsés, mais on est loin d'une fête de débauche. et c'est là que ça devient concret, quand les lèvres sont humidifiées par la boisson, à basculer contre l'appui-tête. donc, maintenant ? attendre dans un silence pesant l'arrivée du livreur pour finalement revivre une situation semblable lors du repas ? tu comptes rester ici combien de temps ? ça sonne brutal à s'extirper comme ça, associé à cette expression austère naturelle. enfin, ça pose pas de problème ? pour tout le reste autour. à deviner le service de surveillance, celui qui fait les comptes aussi, tout étant orchestré d'une main de maître. j'y connais rien au fonctionnement. non, toi tu te contentes de consommer sans trop poser de question, seulement valider le virement.
i'll float away |
c'est troublant comment tout est si peu naturel quand pourtant la situation veut prouver l'inverse. t'avais dévié y a quelques semaines, quand lors l'une des fois vos regards s'étaient rencontrés, t'avais rien su y déceler, ni du plaisir ni du dégoût, mais il y avait une infime seconde où la connection avait été autre que physique. à te faire des idées, âme maladivement passionnée, vouloir trouver des émotions là où elles ne se trouvaient pas. elle n'avait rien dit, pas l'ombre d'un changement après. toujours toi qui t'éloignais un peu plus, à prolonger les débuts, ne plus directement y aller avec fougue. tu saisis pas, la dévisages avec incompréhension quand elle aborde son départ, réflexion sur tes paroles jusqu'à ce que l'entente surgisse. je pensais pas que c'était aussi libre, tant mieux alors. vraiment ? tant mieux ? parce qu'elle sort de l'image de l'usine que tu te faisais tu trouves ça acceptable ? mâchoire qui tombe contre l'épaule quand tu divagues sur la question, indiscrétion à laquelle tu ne t'attendais pas. c'est si surprenant que ça ? index qui pianote sur le métal qui résonne dans l'appartement. ça partait d'une blague au début. entre âmes sans limite à vouloir jusqu'où elles pouvaient être repoussées. fraicheur sur la bouche avant de reprendre en plantant ton regard ailleurs. un caprice comme un autre, juste l'envie d'autre chose. au début, être grisé par l'interdit, pouvoir jouir d'un service qui n'était pas accessible à tous et le faire sous le nez des forces de l'ordre pour certains. c'est ça qui les faisait vibrer sur la banquette arrière des voitures ou à l'angle d'une rue. mais t'étais pas comme eux, à vouloir les imiter sans les égaler. mais on s'y prend, c'est bizarre ... l'habitude, c'est rassurant. c'est expiré en revenant sur elle. et si la curiosité était palpable, elle n'en restait pas moins surprenante. mais si la vraie question c'est est-ce que je galère en dehors et que c'est pour ça que j'en reviens à ça, non. ça te tire un rire, bien l'inverse en réalité.
i'll float away |
qu'en sera-t-il de la prochaine fois ? car il y en aura une, il y en a toujours une. t'avais voulu arrêté, la première fois avait été désastreuse, pas avec elle, une autre. mais l'échec qui ne pouvait pas demeurer, tentative pour comprendre ce qui plaisaient tant au reste du groupe, jusqu'à elle. dénuée de réaction, venir, servir puis repartir, mais l'attachement s'était formé sans les mots inutiles. hésitation grandissante quand les pulsions revenaient, non pas de l'envie, mais de la revoir seulement elle. un pseudo comme il en existe tant, une photo aguicheuse que tu ne te lassais pas de voir apparaitre quand elle acceptait. capable d'attendre des heures durant qu'elle se libère, à n'être focalisé que sur ça. et elle ne semble pas plus vivante à parler, détachée, froide, seul le flot de paroles qu'elle débite sans que tu ne saches quoi répondre. c'est une mauvaise chose d'être apaisante ? elle préférait n'être qu'un moyen de soulager les peines ? yeux qui s'écarquillent au fil des révélations, muet par le choc. tu t'attendais à quoi neo ? qu'elle fasse ça par désir ? nymphomane alliant travail et plaisir ? bien sûr que non, elles ont toutes des passifs tragiques sur lesquels vous fermer les yeux pour amoindrir la culpabilité. et la cannette qui glisse d'entre tes doigts, contenu qui se renverse sur la chemise quand tu te redresses. putain-- à l'instant même où la sonnerie retentit. exaspération sur le visage quand tu te relèves, évites de justesse de tâcher le cuir du canapé quand tu baisses les yeux vers elle en tirant sur la cravate. tu peux t'en charger ? la livraison, pendant que ... s'il-te-plait. phrases brouillons qui s'enchainent, se coupent, reprennent avant que tu disparaisses dans la chambre, le pas lourd qui martèle le sol. porte qui se referme derrière toi quand tu t'enfermes directement dans la salle de bain, les mains jointes pour accueillir l'eau froide dont tu t'asperges le visage de longues secondes sans bouger. merde. poing opprimé à t'observer dans le reflet. c'est ça, feinte la surprise, comme si tu savais pas. les boutons qui sautent un par un, tissu lancé dans la panière avec le reste de la tenue échangée pour endosser un teeshirt large sombre et un jogging gris, les bijoux qui rejoignent leur boite à l'exception de la chevalière. détresse à ne pas savoir que faire quand il te semble entendre l'autre porter claquer. souffle, respire, inspire, saisis la poignée pour réapparaitre à l'angle de la porte, livraison placée sur la table basse. devant la télé, on sera mieux. pitoyable à croire que nier rendra la chose plus facile. mais t'attrapes les sacs pour les ramaner là-bas, sans la regarder.
i'll float away |
tu t'appliques à faire comme si t'étais seul, t'adresser à elle seulement quand c'est nécessaire et dans la courtoisie, ne pas prolonger le malaise. mais n'était-il pas trop tard ? tu fais l'inverse, tu le sais bien, changer de cap quand auparavant tu étais celui à initier le contact. trier les commandes, diviser en deux les plats choisis avec trop de soin que ça paraisse naturel quand finalement elle revient à la charge, soudaine assurance que tu ne lui connaissais pas quand elle se devait d'être muselée. j'suis occu-- tu peux même pas aligner ton mensonge, sourcils qui se froncent quand elle propose une solution, celle qui te prend le myocarde en otage à ne pas savoir quoi répondre. les pupilles qui tracent une courbe qui suit la main puis le bras, dérivent quelques secondes à se perdre sur le corps pour se hausser au niveau de l'autre regard. ça fait mal, à ne pas savoir quoi répondre quand la discussion n'était pas acceptable, étaler ses états d'âme quand tu sais que ça ne te ferait que du tort. correct ... c'est quoi être correct quand on fait appel à des services comme ça ? tu marques une pause, les yeux qui se plongent dans les iris émeraudes. ne pas frapper ? ou encore donner un pourboire ? tu regrettes déjà, les révélations que tu ne veux pas entendre, continuer à vivre sur ton petit nuage où personne ne peut t'atteindre. mais t'es las de ça, prétendre des choses quand la vérité miroite au fond des pupilles. je sais pas si vous parlez entre vous, je sais même pas si vous vous connaissez , mais ... j'appelle que toi maintenant, depuis un moment. nouvel an qui avait marqué un changement, à n'avoir voulu plus qu'elle, autoriser les rendez-vous chez toi pour les rendre plus intimistes, et la suite vous la connaissez. tu cherches pas à dégager ta main, le pouce qui hésite à remonter pour rencontrer son derme, tu entames le mouvement mais te ravises. le poing que tu ramènes à ton visage pour tousser. c'est ... meilleur quand c'est chaudn attends pas. quand toi tu pioches hasardeusement en attrapant la télécommande pour briser le poids du silence.