Le grand sourire de Lucas quand il reconnut Chiara fit chaud au coeur à la jeune femme. Elle était heureuse et soulagée qu'il soit son partenaire, si elle avait été couplée avec un inconnu sans doute aurait-elle été beaucoup moins à l'aise. Courtois, le Winthrop la présenta à sa cavalière, une dénommée Brooke. Chiara avait peur de déranger, peut-être que ces deux là étaient en rendez-vous galant, mais la blonde lui sourit amicalement en lui tendant la main. L'italienne accepta cette salutation avec un sourire timide : « Moi de même. » Elle se sentait légèrement gênée, elle avait l'impression de tenir la chandelle au milieu de ce couple. Elle savait que Lucas était un séducteur et qu'il avait sûrement l'intention de partager sa soirée avec une autre qu'elle. C'est pourquoi elle fut surprise quand il prit soudain sa main et l'entraîna sur la piste de danse.

Il pose délicatement ses mains sur celles d'Indiana qu'il aurait reconnu entre mille, même si elle n'avait pas ouvert la bouche. D'ailleurs sa voix déformée ne trompait personne, en tout cas pas le jeune homme à qui elle faisait tourner la tête depuis maintenant plusieurs mois. Se retournant avec tout son sérieux, il retire le chapeau haute-forme et lui baise délicatement la main, de cette façon très vieille france qui s'accorde bien au thème de la soirée. "Si vous le permettez mademoiselle, c'est moi qui offre à boire ce soir." Sans attendre il commande deux verres de vin rouge, plus pour le style Cabaret que pour les effets de l'alcool qu'il sait assez rapide sur lui. Il en tend un à Indiana avant de la regarder avec un pseudo-air mystérieux, parti dans son rôle. Et le théâtre avait ce don de faire tomber pour un moment sa timidité maladive. "Alors qu'est-ce qui vous amène ici, seule, charmante demoiselle ?" Il boit une gorgée de son vin de la même façon qu'il a vu le faire dans de vieux films en noir et blanc, rentrant dans la peau de son personnage.

La solitude, horrible terrible gigantesque solitude de la Saint Valentin. De quoi justifier le verre de vodka qu'elle tenait entre les mains. Elle le sirote, esquissant une légère grimace à chaque gorgée avalée qui lui brûlait la gorge. Mais tant pis, c'était toujours mieux que de se mettre à déprimer inutilement au bar d'un bal de la Saint-Valentin. Elle jette un coup d'oeil aux alentours. Mike est toujours là, discutant avec une fille qu'elle a rencontré quelques jours auparavant, très gentille d'ailleurs. Il lui semble que pendant quelques secondes, leurs deux regards se croisent mais avec le monde qui circulent autour, elle peut très bien s'être trompée et en guise de consolation, finit son verre d'une traite avant d'en commander un second.