Gotta feeling that I'm going under ✘ Neal's relatives

Oh… Il avait suffit que Lukas souffle les quelques mots que j’avais prononcés plus tôt pour que les souvenirs surgissent de nouveau à l’intérieur de mon crâne. Il avait suffit que le jeune homme me replace dans le contexte précédent afin que tout s’éclaire à l’intérieur de mon esprit. J’avais lâché cette simple exclamation comme pour prouver sa réussite à Lukas. Stupide gosse. En lâchant cette interjection, c’était comme si je clamais haut et fort que je me souvenais parfaitement avoir prononcé ces mots. C’était comme si j’affirmais trop clairement que je me souvenais des propos et de ce qu’ils sous-entendaient à mes yeux. D’ailleurs, le sexy musicien n’agissait pas innocemment. Non, il était trop curieux. Et, s’il me poussait dans ce bon contexte, c’était sans aucun doute pour tenter d’obtenir les informations supplémentaires qui lui manquaient. Ouais, Lukas m’avait demandé des précisions sur cette rue et, putain, je ne pouvais pas me permettre de les lui fournir quand bien même mes souvenirs étaient revenus. Ce n’était pas envisageable quand bien même je me retrouvais au pied du mur suite à mon exclamation. Zut. Je ne pouvais pas me permettre d’ouvrir la bouche. Je ne pouvais guère me mettre à babiller les vérités qui glissaient à l’intérieur de ma tête. Je ne pouvais pas confier au jeune homme que je n’avais aucune envie de retourner dans la rue parce que je ne voulais pas retourner faire affaire avec les dealers qui augmentaient toujours leurs prix. Ces dealers qui parvenaient à me foutre hors de moi à tel point que j’avais peur de finir par en tuer un à un moment ou à un autre. Quoique… J’aurais peut-être pu confier ces mots à Lukas. J’aurais peut-être pu laisser glisser cette confession. J’étais persuadé que Lukas avait déjà deviné que je ne me procurais pas ces flacons de médicaments de façon légale. Cependant, je savais que si j’ouvrais la bouche pour dire ça, il serait impossible de m’arrêter et j’en viendrais à confier mon second secret. Celui qui ne devait pas sortir de ma bouche parce que je ne voulais pas qu’il me voit autrement. Je ne désirais pas souffler au jeune homme que je ne voulais pas retourner dans la rue parce que je ne voulais pas vendre à nouveau mon corps à plusieurs personnes comme j’avais l’habitude de le faire à chaque fois que j’avais besoin d’argent. Je ne voulais pas que Lukas soit au courant pour ces corps à corps que je détestais, mais que je faisais semblant d’adorer comme un parfait petit acteur. Zut, je ne pouvais quand même pas dire à Lukas quelque chose du style « Au fait, tu sais que je suis qu’un mec atteint d’un trouble Borderline qui a besoin de son Risperdal, mais vu que je suis pauvre et pas diagnostiqué officiellement, je me prostitue pour acheter les flacons illégalement dans la rue ». Non, bien sûr que non. Je ne pouvais pas souffler ça. Je ne pourrais jamais babiller ces propos. Je me contentais donc de cette exclamation et je savais que cela ne plairait pas au jeune homme qui se trouvait dans cette chambre avec moi. Mais, zut, je n’avais pas d’autres choix.

La seconde main de Lukas venait de se poser sur la mienne et il serrait plus fort sur ma main blessée et attachée. Si fort qu’un gémissement de douleur m’échappait trop involontairement. Eh merde ! Je ne pouvais plus supporter cette vague de douleur. Je ne parvenais plus à passer outre ces picotements dans ma main. Aussi, j’osais intervenir afin de signaler au sexy musicien qu’il était en train de me faire mal. Je n’avais pas voulu ouvrir la bouche plus tôt encaissant sagement les ondes de choc parce que je refusais de perdre le contact avec le jeune homme. Je n’avais pas voulu balancer cette remarque plus tôt parce que j’avais trop peur de perdre mon sexy musicien. J’avais peur qu’il décide soudainement de revenir sur ses mots et de quitter ma chambre parce qu’il était trop énervé après moi. Je ne pourrais pas supporter de rester seul dans la cage blanche. Je ne pourrais pas demeurer dans ce lit tout seul. Non. J’avais tellement besoin de Lukas. J’avais tant besoin de lui que j’avais pris sur moi pendant de longues minutes encaissant la douleur. Cependant, la situation devenait trop insurmontable et je ne pouvais plus me taire. Le beau jeune homme lâchait soudainement ma main et je mordais vivement ma lèvre afin de retenir le gémissement de mécontentement qui s’était formée dans ma gorge. Ce gémissement qui regrettait la perte de la chaleur de Lukas. Il bredouillait des excuses que je balayais de la main en sifflant un rapide « C’pas grave… ». Ouais, ce n’était pas si grave que ça. J’avais simplement un peu mal. Mais, de toute façon, je l’avais cherché. Mes prunelles se posaient sur ma main. Et, bordel, comment est-ce que ma main pouvait être aussi violette ?! Je ne me souvenais pas de ce que j’avais fait dans les moindres détails. Est-ce que j’avais vraiment frappé un homme aussi fort et aussi longtemps ? Est-ce que mon poing avait cogné dans une surface trop dure ? Je l’ignorais. Je ne savais plus. Et, de toute manière, il était trop tard pour revenir en arrière. J’allais devoir arborer une main violette pendant plusieurs jours. J’allais devoir subir une douleur pendant quelques jours et ce n’était pas grave tout comme il n’était pas grave que Lukas m’ait fait mal. Ouais… Enfin, si peut-être que c’était grave puisqu’à présent le jeune homme s’était éloigné. Il ne me touchait plus et je me sentais trop abandonné quand bien même il était dans cette pièce avec moi. J’avais besoin de Lukas. Et, bordel, ce n’était pas normal. Ce n’était pas logique que j’ai autant besoin du sexy musicien. C’était carrément dingue. D’ailleurs, j’en venais à supplier le jeune homme de me rejoindre dans ce lit d’hôpital. Je le suppliais parce que j’avais tant besoin de lui. Et, dans cette chambre, sous l’emprise de substances et de médicaments, il ne me servait à rien d’aller à l’encontre de mes besoins les plus profonds. Ça foutrait juste la merde. Malheureusement, Lukas allait à l’encontre de tout cela secouant négativement la tête à ma demande. Les larmes involontaires dévalaient mes joues et je m’empressais de les effacer. Je détestais me retrouver si faible face à Lukas. Si pitoyable. Le sexy musicien avait l’habitude de voir un barman souriant et sûr de lui… Et, voilà qu’il se retrouvait face à un gosse dépendant et effrayait. C’était horrible et ça le devenait encore plus tandis que je le questionnais sur son refus le suppliant encore une fois. Tellement minable. Je fixais les draps n’osant guère affronter le regard de Lukas et j’avais bien fait puisque la réponse passa entre ses lèvres. Réelle. Violente. Déchirante. Il me disait que j’avais besoin de me reposer, que j’avais besoin de toute la place. Il me disait que oui il restait, mais pas dans mon lit. Et, outch. Échec et mat. Mon cœur était victime. Je triturais la couverture de ma main libre avant de bafouiller.

Je… Je… J’me…

STOP. STOP. STOP. Il fallait absolument que je ferme ma bouche. Il fallait que je conserve ses mots à l’intérieur de ma tête et à l’intérieur de ma gorge. Ils ne devaient pas sortir. Ni maintenant. Ni jamais. JAMAIS. Plantant mes dents dans ma lèvre inférieure, je fermais les yeux pour me concentrer et parvenir à fermer ma bouche. Je savais que je ne pouvais pas venir babiller les mots qui s’étaient dessinés dans mon esprit. Non. Je ne pouvais guère confier au jeune homme que je me reposerais mieux dans ses bras. Je ne pouvais pas lui dire de telles choses. Je ne pouvais pas avouer ma dépendance à ce point là. Je ne pouvais pas confier mon besoin de lui si intense. Non. Je n’en avais aucunement le droit. Pas après tout ce que Lukas venait de soufflant prouvant trop clairement qu’il ne céderait pas sur ce terrain de rapprochement. Pas après tout ce qui s’était passé entre Lukas et moi et qui nous plaçait dans une situation foutrement compliquée où il semblait refuser d’être proche de moi physiquement. Je levais à peine les yeux en entendant du mouvement dans la chambre. Est-ce que mon sexy musicien était en train de quitter la pièce ? Je fus soulagé en voyant qu’il se contentait de ramener la chaise vers le lit. Il s’installait du côté de ma main non menottée et je finissais par lâcher ma lèvre afin de demander ce que j’avais fait de mal. Qu’est-ce que j’avais fait de mal pour qu’il ne veuille pas me rejoindre dans ce lit ? Qu’est-ce que j’avais fait de mal pour qu’il veuille d’une relation trop platonique avec moi ? Je voulais tellement comprendre parce que, putain, ce n’était pas moi qui avait pris la fuite dans cette ruelle quelques mois plus tôt. Ce n’était pas moi qui tentais réellement de mettre de la distance entre nous. Lukas lâcha un ‘rien’ qui sonnait trop faux à mes oreilles tant et si bien que je secouais négativement la tête lui prouvant que je ne pouvais pas le croire. Le mot ‘menteur’ résonnait à l’intérieur de mes pensées et je prenais sur moi pour ne rien souffler. Je prenais sur moi pour ne piper mot. Il était hors de question d’envenimer une situation déjà trop désastreuse. Lukas reprenait ma main dans la sienne et je le laissais faire avec plaisir profitant de ce contact aussi réconfortant qu’apaisant. Il déposait son menton sur le lit et son autre main glissait dans mes cheveux. Je fermais les yeux appréciant les caresses. J’aurais pu ronronner sous ces gestes, mais ça ne me suffisait pas. Non. J’avais besoin du corps du jeune homme contre le mien pour être totalement apaisé. J’avais tant besoin de lui. Alors, je le suppliais jouant la carte du chantage en lui proposant de répondre à la question de son choix s’il me rejoignait dans le lit. Le ‘je veux rien savoir’ sortait de la bouche de Lukas pour cingler dans l’air et cogner douloureusement dans mon cœur. Les yeux toujours fermés, je me contentais de bredouiller un « J’suis désolé… » avant de m’enfoncer un peu plus dans le lit. J’étais désolé de l’avoir fait venir ici ce soir. J’étais désolé d’insister autant pour qu’il soit contre moi. J’étais désolé pour cette dépendance, pour ces sentiments, pour ce désir. Et, putain, j’étais désolé pour mon silence et mes secrets. J’étais juste désolé. Je bougeais dans le lit afin de me tourner un peu plus vers le jeune homme comme pour ne jamais cesser de sentir son contact, comme pour être certain qu’il ne partirait pas cette nuit. Mes doigts s’entrelaçaient aux siens. Et, là, lentement, facilement, j’acceptais de me laisser emporter par le sommeil sans me soucier de la suite des événements. Lukas était là et il allait passer la nuit à mes côtés. En cet instant et après cette bataille, c’était suffisant pour que je lâche prise et que je sombre dans le sommeil si nécessaire à mon être.