Sven et Lukas ne comprenaient foutrement rien. Putain !!! En même temps, comment auraient-ils pu comprendre la totalité de cette réalité qu’ils ne connaissaient ? Je n’avais jamais été comme ça devant eux. Bon, ok, j’avais déjà eu une crise d’angoisse sous les yeux de Sven, mais ce n’était pas pareil. Je n’avais jamais été ce gamin couvert de blessures et attaché à un lit d’hôpital. Je n’avais jamais été cette victime pourtant trop violente. Et, c’était compréhensible. Je prenais toujours sur moi afin de ne pas être ce gamin atteint d’un trouble de la personnalité. Chaque jour, depuis des années, je faisais tellement d’efforts pour que personne ne se rende compte que ma tête avait clairement déraillé depuis de trop nombreuses années. Je n’avais aucune envie que les gens sachent que j’étais atteint de ce trouble Borderline. Je ne voulais pas qu’on se mette à me définir comme le mec qui était simplement malade. Je ne voulais pas être ce garçon qu’il ne fallait pas approcher parce que ça ne tournait pas rond dans sa tête. Non. Je préférais rester ce garçon qui s’attirait beaucoup trop d’ennuis régulièrement. Je préférais être ce mec étrange et incontrôlable qui pouvait attirer et faire peur à tout le monde à la fois. Ouais, cette place me convenait parfaitement. Dans tous les cas, les deux garçons présents dans ma chambre ne comprenaient rien à cette histoire. Ils n’étaient pas au courant de toute l’immense partie cachée de cet iceberg. Ils ne voyaient que le dessus et se permettaient de juger et d’agir sans réellement y comprendre quelque chose. Zut. Ce n’était pas eux qui subissaient ce trouble depuis des années. Ce n’était pas eux qui devaient sans cesse s’adapter au monde. Ce n’était pas eux qui vivaient avec cette douleur incessante. Ils ne pouvaient pas comprendre à quel point j’étais oppressé dans cette chambre trop blanche. Ils ne pouvaient pas se rendre compte d’à quel point ces menottes me heurtaient à l’extérieur, à l’intérieur. Ils ne voyaient pas que la rage pulsait dans mon corps et que j’avais réellement besoin de ce putain de Risperdal que Lukas avait trouvé dans la poche de ma veste.

Lorsque Lukas m’avait supprimé mon médicament, une nouvelle vague de rage déferlait en moi. Putain. Le sexy musicien se permettait de prendre ce flacon et de me le supprimer comme si je n’étais qu’un gosse qui n’avait pas son mot à dire dans l’histoire. C’était comme si je n’étais plus qu’une marionnette dont on tirait les fils et je détestais ça. Et bien sûr, voilà que Sven récupérait le flacon en éclatant d’une telle rage que je sentais la culpabilité tordre mon ventre. La rage ne tarda pas à reprendre le dessus lorsque j’entendais Lukas demander à Sven de jeter ce flacon de pilules. NON. Ce n’était pas possible. Ce n’était guère envisageable. Ils ne pouvaient pas faire ça hein ? Oh bordel, j’allais devoir retourner dans les ruelles de Boston pour subir à nouveau ces corps à corps qui me répugnaient, mais qui me permettaient de gagner l’argent qui manquait dans mes poches. À la suite de ces propos effrayants, Lukas s’effaçait de la chambre comme s’il n’avait aucune envie de voir cette partie de moi. C’était comme s’il ne voulait pas se rendre compte qu’en fait je n’étais pas si normal que ça. Je me retrouvais seul avec Sven fixant la porte sans réellement la voir. Mon Honey dû faire claquer les pilules contre le flacon pour obtenir mon attention. Et, il babillait à propos des effets secondaires du Risperdal. Je détestais ça. J’ouvrais la bouche pour lui prouver que je savais tout ce qu’il disait et que je n’étais absolument pas accro à ces pilules qui faisaient parfois des miracles. Comme elles pourraient le faire ce soir. Comme pour prouver que j’avais raison, je faisais tinter mes menottes contre le lit. Si je n’étais pas sous l’emprise d’une vague agressive incontrôlable, on ne m’aurait pas attaché à ce lit. J’avais besoin de mon Risperdal. Sinon quoi hein ? Un air de défi planté sur le visage, je cherchais à savoir comment Sven comptait me calmer aujourd’hui. Que pouvait-il faire pour m’aider ? Il passait sa main sur son visage déposant le flacon trop loin de moi ce qui m’arrachait un gémissement de frustration. Non, ce n’était pas la bonne direction à prendre ça. J’en avais besoin. Il me fallait. Alors, j’agitais de nouveau ma main espérant la faire glisser hors des menottes.

Soudainement, je cessais tous mes gestes car Sven venait de déposer un genou sur le lit et qu’il parvenait à retenir toute mon attention. Mes prunelles se plantaient aussitôt dans celles de mon Honey. Son regard était empli de colère et j’en frissonnais de peur. Je sentais même mon ventre se tordre douloureusement sous une vague de panique.  Une vague que j’oubliais bien vite alors que les lèvres de Sven s’approchaient des miennes. Elles se posaient sur les miennes et je fermais aussitôt les yeux déposant ma main non attachée sur le bras du jeune homme. Quelques secondes. Quelques minutes. Ça faisait tellement de bien. J’appréciais tant le contact. Je me laissais entraîner dans ce baiser qui m’éloignait doucement de ma rage. Mais, bordel, c’était foutrement trop bref. Sven se décollait en mordillant ses lèvres. Non, je ne voulais pas. Malgré moi, j’eus un mouvement vers l’avant comme si j’étais en quête afin de rattraper les lèvres du jeune homme. Je suspendais tout mouvement lorsqu’il me posa une seule question. Mes prunelles s’ouvraient. Ma main quittait son bras pour se reposer sur le lit et je babillais « Je… Ce… Je… » Je finissais par baisser le regard sur les draps de mon lit parce que j’avais tellement de mal à trouver les mots parfaits pour répondre à l’interrogation du jeune homme. Puis, zut, sa question était tellement ouverte que je ne savais même pas par où commencer. Étrangement, je semblais prêt à ouvrir la bouche et à babiller trop aisément si on m’offrait une réelle direction. Cependant, je n’eus pas le temps de retenter ma chance puisque la porte s’ouvrait encore une fois. Lukas apparaissait de nouveau. Mon cœur pulsait plus fort dans ma poitrine tandis que je laissais échapper un « T’es pas parti… » comme une remarque foutrement inutile. Le soulagement s’entendait trop clairement dans ma voix. J’étais rassuré qu’il soit toujours là. Lukas ne m’avait pas abandonné… Oh… Attendez… Est-ce que ça voulait dire qu’il avait vu Sven m’embrasser ? Attendez… Il n’était rentré qu’une fois que Sven s’était rassis loin de moi. N’est-ce pas ? Rha. Je ne savais pas. Mes prunelles se posaient sur mon sexy musicien tandis que je mordillais nerveusement ma lèvre. Je remarquais les deux cafés dans les mains de Lukas, mais je ne m’y attardais pas préférant poser la soudaine interrogation qui cognait dans ma tête.

J’vais devoir passer la nuit ici ? Vous restez avec moi n’est-ce pas ? Vous ne m’abandonnez pas là hein ? J’peux faire de la place dans mon lit… Regardez !

Baissant les yeux sur mes draps, je me déplaçais dans le lit et un gémissement de douleur m’échappa aussitôt. Oops… Zut… J’avais essayé de me faire tout petit dans le coin du lit opposé à celui de ma main attachée. Autant vous dire que tirer de cette manière sur mon poignet coincé dans des menottes, ce n’était pas une bonne idée. Est-ce que je m’étais écorché ? Rho, puis zut, je m’en fichais. Jurant tout seul à voix basse, je me traitais d’idiot tout en bougeant dans l’autre sens. Je me faisais vraiment le plus petit possible avant de relever les yeux vers Sven et Lukas tout en soufflant, trop fier de moi, un joyeux « Tadaaaa… »

Me retrouver dans cette chambre d’hôpital dans un tel état sous les yeux de mes proches était une situation foutrement inédite. Ce n’était pas quelque chose qui arrivait habituellement. Pour tout vous confier, ce n’était pas quelque chose que je laissais arriver de manière générale. Bordel, rien n’était censé se dérouler de cette façon. Après tout, je tentais toujours de prendre sur moi afin de ne pas laisser mon trouble prendre le dessus au point de me conduire jusqu’à l’hôpital où je serais foutrement incapable de me contrôler et surtout de contrôler mon environnement. Bien évidemment, il m’était déjà arrivé de me retrouver au sein de la cage blanche suite à certaines de mes folles soirées qui se terminaient trop souvent en violentes bagarres. Néanmoins, à chaque fois que cela arrivait, j’étais suffisamment conscient pour faire en sorte que personne ne soir au courant de ma présence par ici. J’étais suffisamment conscient pour faire en sorte qu’une chambre ne me soit jamais attribuée. Sous le coup d’excuses ridicules, je parvenais toujours à me faufiler dans les failles pour être sûr et certain de m’évader de cet endroit qui me donnait la chair de poule. De toute manière, s’il m’arrivait quelque chose, l’hôpital n’aurait personne à prévenir. Je n’avais laissé aucun numéro à joindre dans les contacts en urgence. Non, personne. Pour le moment en tout cas. Les choses pouvaient toujours changer. Peut-être que Katalia pourrait être mon contact d’urgence… Mais, pour cela, il fallait que je lui avoue tout sur mon passé et je n’en étais pas encore prêt malgré sa curiosité incessante. Je ne pouvais pas me permettre de choisir Lukas comme contact d’urgence parce que je ne voulais pas imposer cette place au jeune homme qui en faisait déjà tellement pour moi. Ouais, peu importait. J’aurais bien le temps d’y réfléchir plus tard. Pour l’instant, il fallait que j’affronte ce trop plein de situations inédites. Je me retrouvais dans une putain de chambre et je n’étais pas seul. Sven et Lukas étaient là à me voir dans un sal état aussi bien physiquement que mentalement. À cause de cette bagarre. À cause des substances que j’avais ingurgitées. Ils étaient là à me voir attaché à mon lit d’hôpital. Ils étaient là à découvrir l’existence du Risperdal que j’avalais dès que la vague de colère commençait à pulser en moi. Ils étaient là à découvrir une part sombre de moi qu’ils ne connaissaient pas comme ça. Et, ça faisait fuir Lukas. Il m’abandonnait dans cette chambre blanche. Je connaissais déjà cette sensation d’abandon de la part du jeune homme et ce fut sans doute pour cette raison que je parvenais à ne pas éclater en sanglot me concentrant plutôt sur Sven qui était toujours là. Sven qui s’approchait de moi et donner vie à un contact que je connaissais déjà. Les lèvres de mon Honey s’étaient déposées contre les miennes. Calme. Apaisant. Foutrement trop court. Pourtant, lorsqu’il se mettait à me questionnais, j’étais déjà prêt à lui babiller la totalité de l’histoire. Il fallait juste que mes pensées se remettent en place. Je devais simplement prendre le dessus sur tout ce brouillard en moi.

Cependant, la porte s’ouvrait de nouveau sur Lukas et ça me coupait dans mon élan. Dans mon état actuel, il suffisait d’un rien pour me distraire au point que je perdais complètement le fil de ce que j’avais voulu confier à Sven. Cela n’avait plus la moindre importance. Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de faire une remarque inutile sur le fait que mon sexy musicien n’était pas parti. Il avait quitté ma chambre quelques minutes plus tôt et j’avais réellement cru qu’il m’abandonnait encore une fois… Comme dans cette putain de ruelle. Néanmoins, ce n’était pas le cas puisqu’il était de retour dans ma chambre avec du café. Lukas secouait négativement la tête avant de tendre un café à Sven. Et, malgré moi, je fondais. Merde. Le jeune homme était toujours si adorable avec tout le monde. Il était tellement attentionné que ça accélérait mon cœur. Encore une fois je perdais le fil de la réalité tandis que je me mettais à babiller à propos de cette nuit. Est-ce que j’allais devoir la passer à l’hôpital ? Je demandais aux deux garçons de rester avec moi. Je les suppliais de ne pas m’abandonner à mon sort dans cette chambre foutrement déplaisante. Oh… Tiens… Pourquoi diable Lukas souriait comme ça ? Est-ce qu’il était en train de se foutre de moi ? Je fronçais les sourcils un instant avant de considérer que ça n’avait pas réellement d’importance. Il y avait plus important. Je bougeais dans mon lit afin de faire de la place aux deux jeunes hommes. Je désirais tant qu’ils viennent près de moi. Je voulais tant qu’ils me rejoignent dans ce lit. Un gémissement de douleur m’échappa et je percutais que je ne bougeais pas dans le bon sens par rapport à ma main menottée. Aussi, je m’y reprenais bien vite m’empressant de me faire petit dans ce lit déjà trop minuscule. Et, après un rapide coup d’œil considérant qu’il y avait suffisamment de place pour nous trois, je relevais les yeux vers les garçons soufflant un ‘tadaaaa’ fier. Sven faisait un pas en avant, mais il était devancé par Lukas qui venait m’installer plus correctement sur le lit. Il me poussait presque à reprendre ma place initiale ne laissant alors pas de places à mes deux compagnons. Mes sourcils se fronçaient un court instant. Mon visage se détendait bien vite se fendant même d’un grand sourire lorsque Lukas souffla qu’il allait rester cette nuit, mais que je devais me reposer. J’acquiesçais comme un gosse foutrement obéissant et satisfait. Mon sexy musicien se penchait vers moi déposant un baiser sur mes lèvres. Rapide. Trop rapide tant et si bien que je me demandais si je ne l’avais pas rêvé. Non… Ce n’était pas possible. Mon cœur s’était trop emballé pour que ce ne soit pas réel. Mais, alors que j’allais poser mes prunelles sur Lukas, je me rendais compte qu’il n’était plus dans mon champ de vision. Non. Il s’était laissé glisser au sol dos à mon lit et je ne pouvais plus profiter de son visage. Cependant, pour mon plus grand bonheur, sa main venait attraper la mienne me poussant à m’apaiser un trop court instant. Un si court instant puisque Sven finissait par bouger lui aussi. Il attrapait le flacon et, sans le moindre sourire, sans même un dernier baiser, il me saluait d’un signe de tête avant de s’empresser de quitter la chambre. Mes prunelles ne quittaient pas la porte qui se refermait et je sentais une nouvelle vague pulser tant et si bien que je finissais par demander d’une voix hésitante.

Je… J’ai fais quelque chose de mal ??

Je mordillais nerveusement ma lèvre si fortement que je m’écorchais tout seul. Le goût du sang se faisait sentir dans ma bouche et il ne m’interpellait pas le moins du monde. Non. Il y avait tellement plus dérangeant. L’angoisse s’insinuait en moi au point de me faire douter de tout. La tristesse était lentement en train de me prendre aux tripes. Et, putain, je ne savais même pas quoi faire. Je ne savais même plus si je pouvais réellement faire quoi que ce soit. J’avais peur que le moindre de mes mots soit blessant sans que je ne m’en rende compte. J’avais la trouille que le moindre de mes gestes face mal parce que je n’étais qu’un connard. Je me sentais mal. Terriblement mal. Alors, finalement, dans un murmure je quémandais au sexy musicien que je ne pouvais pas voir « Steuplait… Viens dans le lit Baby… Viens à côté de moi… Steuplait… ». J’avais tant besoin qu’il soit à mes côtés. J’avais besoin d’être sûr et certain que le jeune homme n’allait pas me laisser là lui aussi. Oui, il fallait que je sois sûr que je n’allais pas rester tout seul dans cette putain de cage blanche. Je me sentais pitoyable. Je l’étais sans doute en cet instant. J’avais l’impression d’être un gosse qui venait de tomber et qui s’était fait trop mal au point qu’il avait juste envie de chialer pour que tout le monde le sache. Les larmes s’étaient d’ailleurs même déjà formées dans mes yeux et elles roulaient silencieusement sur mes joues sans que je ne puisse avoir le contrôle. Foutu trouble… Fichues substances avalées… Je ne parvenais plus à prendre le dessus. Mes prunelles se promenaient de nouveau un instant dans la pièce. Non. Sven n’était pas là. Il n’était plus là. Il ne reviendrait même pas en ces lieux et je ne savais plus ce que j’étais censé en penser. Est-ce que tout était de ma faute ? Est-ce que j’étais tellement horrible que je méritais d’être abandonné ? Est-ce que je méritais d’être seul ? Mes prunelles se fermaient tandis que le froid pulsait soudainement dans mon corps. Et, comme dans un geste désespéré, je tirais doucement sur la main de Lukas comme pour lui demander silencieusement de me rejoindre dans le lit. Nous pouvions carrément loger tous les deux dans ce lit. Nous serions un peu serrés, mais ce n’était pas moi que ça dérangerait. Bien au contraire même. Je m’allongeais un peu plus correctement dans le lit sentant mes yeux foutrement lourds. J’étais encore sous l’effet des substances que j’avais avalé au cours de cette soirée tant et si bien que je ne savais guère mettre en place le filtre nécessaire à mes paroles. Et, je me mettais à babiller tout seul dans un murmure fichtrement discret «  Il a prit le flacon en plus… J’vais faire comment… J’veux pas retourner dans la rue… »

Suite à ma supplication pour que les deux garçons restent dans ma chambre cette nuit, mes prunelles avaient capté un mouvement de Sven. Que comptait-il faire ? Venir vers moi ? Venir dans le lit avec moi comme je venais de le quémander ? Je ne le saurais sans doute jamais puisque Lukas le devançait bien trop rapidement. Mon sexy musicien s’imposait dans la chambre prenant clairement le dessus sur toute cette histoire. C’était comme s’il avait déjà compris que quelque chose s’était passé entre Sven et moi lorsqu’il avait quitté la chambre. C’était comme s’il savait que s’il n’agissait pas en premier, Sven pourrait prendre une place trop importante. Alors, mon sexy musicien s’approchait pour me dire qu’il allait rester avec moi cette nuit avant de déposer un baiser trop rapide sur mes lèvres. Un baiser si rapide que je pensais l’avoir rêvé alors qu’il disparaissait s’asseyant sur le sol. Sa main attrapait la mienne et je souriais dans cette réalité foutrement soulagé. Ça me rassurait de savoir que je n’allais pas être tout seul dans cette chambre pendant des heures. Mais, zut, ça me tordait le ventre de culpabilité d’obliger mon sexy musicien à rester ici. Il devait avoir d’autres choses à faire. Plus importantes. Non ? Je ne savais pas et je déviais trop vite une fois encore. Oh… Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? La question ne cessait de cogner à l’intérieur de mon crâne tandis que ma porte de ma chambre se refermait sur Sven. Trop soudainement. Si réellement. Mon Honey venait bel et bien de partir sans même m’approcher. Il n’était pas venu me souffler quelques mots apaisants avant de filer. Il n’était même pas venu déposer un baiser rassurant sur mes lèvres, sur ma peau pour m’aider dans cette situation foutrement désagréable, fichtrement dingue. Non. Il n’avait rien fait. Sven venait simplement de m’abandonner dans cette chambre tout en ayant parfaitement conscience de l’état dans lequel je me trouvais. Et, putain, il était bien évidemment parti avec mon flacon de Risperdal comme pour me punir un peu plus. Je ne savais pas comment je me sentais exactement. J’étais en colère parce que Sven m’avait offert un premier baiser apaisant qui s’était révélé trop court et que j’aurais bien aimé suivre la suite du traitement qu’il pouvait me prodiguer simplement avec son être. J’aurais bien aimé avoir droit à une réelle présence pour tenter de prendre le dessus sur cette bête de rage. Une bête de rage qui se muait en une tornade de délire et de tristesse… Une tristesse que j’exprimais en posant la question qui hantait ma tête à Lukas. Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Aucune réponse ne venait et je mordillais toujours plus ma lèvre me foutant du goût du sang qui se formait dans ma bouche. Je finissais par rouvrir la bouche pour demander à Lukas de venir dans mon lit. Les larmes silencieuses coulaient le long de mes joues. Et, encore une fois, rien ne venait.

Le silence pulsait dans l’air seulement perturbé par les machines de l’hôpital. L’immobilisme semblait de mise comme si on était en train de jouer à un, deux, trois soleil et que la personne nous regardait. Mais, bordel, je n’étais pas d’accord moi. Je ne voulais pas rester comme ça. Je ne pouvais pas rester si immobile ou silencieux. Pas alors qu’il y avait tant de bordel à l’intérieur de ma tête. Je finissais par tirer doucement sur la main de Lukas comme pour tenter d’obtenir une quelconque réaction de la part du jeune homme. Zut. Je détestais quand tout était aussi calme. Mon sexy musicien ne pipait mot depuis plusieurs minutes malgré ma tentative d’interrogation qui aurait dû le pousser à me parler et peut-être même à me rassurer. Le jeune homme ne bougeait pas d’un poil quand bien même je venais de le supplier de me rejoindre dans mon lit. Était-il perdu dans ses pensées à ce point ? Ou est-ce qu’il était juste en train de m’ignorer pour me faire payer ? Me faire payer le fait qu’il se retrouve dans cette chambre à devoir faire face à une part sombre de moi ? Une part qu’il ne connaissait pas encore et que j’aurais tant aimé pouvoir lui cacher pour toujours. Petit idiot. Putain, je ne comprenais rien. Je savais juste que je ne voulais pas que Lukas m’ignore. Je savais simplement que je détestais la situation actuelle. Et, putain, je savais surtout que j’étais foutrement fatigué. Aussi, je bougeais lentement pour m’allonger un peu mieux dans le lit cherchant une position dans laquelle je parviendrais peut-être à m’endormir. Il fallait que je me repose. Mes yeux étaient si lourds. Mon angoisse se réveillait de plus en plus et je ne pouvais plus la gérer. Et, bordel, la tristesse me submergeait lentement m’envoyant au tapis de plus en plus aisément alors que je ne voulais pas me mettre à chialer. Ma tête cognait de plus en plus fort au fil des secondes. Ce n’était que le contrecoup de la drogue et de l’alcool que j’avais avalé au cours de cette soirée. Je le savais et je pouvais m’y faire. Ce n’était guère le pire. Non. L’autre contrecoup qui s’abattait sur moi avait le pouvoir de foutre la merde. Il me poussait à babiller tout et n’importe quoi. Je me mettais à babiller des vérités qui n’étaient guère censées passer entre mes lèvres. Encore moins devant des témoins. Il s’agissait de mes secrets. Il s’agissait de mes fardeaux. Mais, merde, je n’étais guère fichu de garder la bouche close et je me questionnais tout seul à haute voix. Je me demandais comment j’allais faire pour m’en sortir sans le flacon de Risperdal. Je me soufflais que je ne voulais pas retourner dans la rue. Je ne m’en sentais pas encore capable, mais je n’allais pas avoir le choix.

Ouais, il faudrait que je retourne dans la rue pour me faire suffisamment d’argent afin de me racheter un flacon de Risperdal auprès de mon dealer habituel. Il faudrait que je le fasse le plus rapidement possible sinon il était clair que les choses risquaient d’empirer. Mon état risquait d’empirer. Malheureusement ça devrait attendre quelques jours. Je ne pouvais pas m’atteler à cette histoire dès ce soir. Non, j’étais attaché à ce putain de lit et Lukas se trouvait dans ma chambre alors je n’avais aucun moyen de m’évaporer dans la nature. Il fallait que ça attende. Juste deux ou trois jours. Simplement le temps que je monte un plan pour me faire la somme nécessaire en une seule nuit. Mes yeux se fermaient complètement tandis que je me sentais peu à peu rassuré par ce chemin qui se dessinait. Je bougeais de nouveau dans le lit avant de sursauter soudainement. Mes prunelles venaient de s’ouvrir pour voir que mon sexy musicien se tenait debout à côté de moi. Shit. Je n’avais pas vu ça. L’avais-je réellement loupé ? Bordel, depuis combien de temps le jeune homme était debout à mes côtés ? Avait-il entendu mes babillages ? Oh… Merde… Oui c’était le cas. Je le savais parce que les prunelles de Lukas n’annonçaient rien de bon. Je le savais parce que sa main se mettait à serrer la mienne avec trop de force. Je le savais parce que la voix sèche de mon sexy musicien résonnait violemment dans mes oreilles. Il me demandait des précisions sur la rue et je fronçais les sourcils comme si je n’étais qu’un gamin qui n’avait pas tout suivi de l’histoire. J’agissais comme si je ne parvenais pas à comprendre ce qu’il voulait dire, ce qu’il souhaitait savoir. Et, dans le fond, c’était peut-être un peu le cas. Je ne savais pas ce que Lukas avait envie d’obtenir comme informations. J’avais trop de mal à parfaitement me concentrer sans divaguer. Ou peut-être que je ne voulais juste pas me concentrer afin de ne pas lui livrer des informations qu’il ne devait pas avoir. Des informations qui le feraient fuir. Des informations qui me placarderaient des étiquettes sur tout le corps. Lukas parlait si sèchement que mon ventre se tordait d’angoisse tant et si bien que je finissais par souffler un « Hein ? » foutrement pourri. C’était le seul mot qui passait la barrière de mes lèvres et je savais d’avance que ça ne plairait guère à Lukas. Ma langue passa sur mes lèvres. Les sourcils froncés, je relevais mes prunelles pour les planter dans celles de Lukas à qui je demandais soudainement « Mais… Pourquoi t’me parle de la rue ? » Et, putain, je ne faisais même pas semblant. J’étais réellement perdu. J’étais de nouveau en train de divaguer tant et si bien que j’avais oublié que j’étais le premier à avoir parlé de cette rue où j’allais devoir me rendre. Cependant, il y avait une chose que je n’avais pas oubliée. Une chose que Lukas n’avait toujours pas faite. Aussi, sans même attendre de réponse, je détournais déjà la conversation en suppliant mon sexy musicien de nouveau.

Viens dans le lit avec moi… Steuplait…

J’avais fini par tirer sur la main de mon sexy musicien afin d’obtenir une quelconque réaction de sa part parce que, putain, je n’en pouvais plus de ce silence et de cet immobilisme. Depuis que mon Honey avait quitté la chambre en emportant le flacon de Risperdal, les secondes semblaient s’être transformées en heures. J’avais l’impression de me retrouver prisonnier au sein d’un royaume où je n’avais aucunement le droit de bouger ou de parler. C’était vrai. Après tout, j’étais toujours enchaîné à ce lit d’hôpital sur lequel je m’étais réveillé et je n’avais aucun moyen de me défaire de ces menottes qui entravaient la moindre de mes tentatives de fuite. J’étais coincé immobile dans ce lit, malgré mon violent désir de m’évader de cette chambre trop blanche que je détestais tellement. Quand au fait de parler… Oh, je pouvais parfaitement le faire. Cependant, seul le silence semblant en capacité de me répondre. Il n’y avait que les machines de l’hôpital qui résonnait à mes oreilles. J’avais beau essayé de babiller afin de faire parler Lukas qui se trouvait avec moi, rien ne venait. Pas la moindre réponse. Pas la moindre réaction. Je crevais d’envie de m’échapper de ce royaume d’immobilisme et de silence. Malheureusement, j’étais trop fatigué pour tenter de réfléchir à ce que je devais faire pour y parvenir. Je n’avais pensé qu’à cette impulsion sur la main de Lukas pour tenter d’obtenir quelque chose. Et, lentement, je finissais par abandonner. J’étais trop submergé par une vague de tristesse ingérable qui laissait les larmes couler sur mes joues. J’avais tellement mal à ma tête. Je m’allongeais correctement dans le lit et mes prunelles se fermaient lentement tandis que je me mettais à babiller tout seul. Je babillais des vérités qui n’auraient certainement pas dû filtrer entre mes lèvres. Je soufflais ces mots qui ne m’auraient guère échappé si je n’avais pas été sous l’emprise de toutes ces substances avalées au cours de la nuit. Mes mots firent soudainement réagir Lukas plus violemment et plus réellement que tout ce que j’avais tenté auparavant. Le jeune homme se retrouvait debout à mes côtés et il me parlait. Je détestais sa voix sèche qui se mettait soudainement à résonner au sein de ma chambre. Je ne comprenais pas pourquoi d’un seul coup, il se mettait à réagir de cette manière. Je ne savais pas ce qui se passait exactement dans la tête du jeune homme et ça me faisait foutrement trop peur. J’étais tellement perdu. Pourquoi réagissait-il de cette manière aussi soudainement ?

Les sourcils froncés, je tentais réellement de remonter le cours de ces dernières minutes afin de comprendre où je pouvais avoir fauté. Je tentais de retrouver la raison qui poussait le jeune homme à se comporter de cette manière. Zut. Est-ce que le sexy musicien était en colère contre moi ? Pourquoi l’était-il ? Peut-être que c’était parce qu’il avait été obligé de se déplacer jusqu’à cette chambre d’hôpital en totale panique alors qu’il était occupé ailleurs. Peut-être que c’était parce qu’il se mettait à découvrir des parts trop sombres de mon être. Des parts dont il n’avait pas eu la moindre idée malgré toutes les discussions que nous avions pu avoir. Ou peut-être que c’était simplement parce que j’avais demandé qu’il passe la nuit ici et que cela l’agaçait royalement de se retrouver coincé ici pour toute la nuit. Non. Non. Non. Ce n’était rien de tout cela puisque Lukas m’avait demandé des précisions sur la rue. Mes sourcils se fronçaient encore plus alors que je ne comprenais plus rien à toute cette histoire. Je ne savais pas ce que le jeune homme voulait réellement savoir avec son interrogation. J’ignorais totalement où il désirait en venir. Alors, je me comportais simplement comme un gamin qui ne comprenait absolument pas ce qui se passait autour de lui. J’agissais comme un gosse à qui il manquait un bout de la conversation pour tout comprendre. Et, putain, c’était vrai. Mon esprit ne parvenait pas à se concentrer. Mes propres mots s’effaçaient trop rapidement. J’avais déjà oublié ce que j’avais pu dire dans cette chambre. J’avais tant de mal à suivre un raisonnement dans mon état actuel. Alors, ouais, à cet instant, j’agissais comme l’abruti totalement perdu que j’étais réellement et Lukas ne tarda pas à reprendre la parole avec un tremblement dans la vie. Oops… Est-ce qu’il allait vraiment s’énerver sur moi ? Le jeune homme finissait par confier que c’étaient mes mots entraînant alors un froncement de sourcils plus important sur mon visage. Il répétait ce que j’avais dit concernant le flacon de Risperdal. Il répétait mon interrogation sur comment j’allais faire. Il répétait ma non-envie de retourner dans la rue avant d’insister encore sur le fait qu’il s’agissait de mes propos. Et, comme le dernier des abrutis, je lâchais simplement un « Oh… ». Ouais, c’était tout ce qui passait la barrière de mes lèvres comme si je parvenais enfin à comprendre où il voulait en venir. C’était comme si le contexte se remettait enfin en place. Et, c’était le cas. Je me souvenais avoir soufflé ces mots. Je me souvenais parfaitement ce que j’avais voulu dire par là. Mais, au lieu d’offrir des détails au jeune homme, je me contentais de cette exclamation qui ferait sans doute moins de mal que l’horrible vérité. La deuxième main de Lukas venait se poser autour de ma main menottée qu’il serrait plus fort. Et, dans un gémissement de douleur, je sifflais soudainement

Tu… T’me fais mal…

C’était vrai. J’avais trop mal à cette main qu’il était en train de serrer sous la colère le parcourant. Malgré la drogue que j’avais ingurgitée au cours de la soirée ainsi que les médicaments qu’on avait pu me donner ici, la vague de douleur me parcourait violemment. J’avais essayé de prendre sur moi pour ne rien dire, pour ne pas perdre le contact de Lukas. Néanmoins, à cet instant, c’était trop insupportable. Je ne pouvais plus tenir en prenant sur moi. Je ne pouvais plus rester parfaitement impassible à cette vague qui résonnait dans tout mon être. Alors, lentement, je laissais échapper la vérité de cette douleur priant tout de même pour que Lukas ne me lâche pas. Je ne voulais pas qu’il disparaisse. Je ne voulais pas qu’il s’éloigne. Non. Pas le moins du monde. D’ailleurs, je finissais par détourner la conversation sur ce que je n’avais certainement pas oublié. Malgré mon cerveau en compote, ce n’était clairement pas quelque chose qui pouvait s’effacer de mes pensées. Je suppliais Lukas de me rejoindre dans le lit. Je lui demandais de venir à mes côtés pour cette nuit. Mes prunelles sombres se posaient sur le jeune homme qui secouait négativement la tête entraînant de nouvelles larmes le long de mes joues. Oh bordel, est-ce que je pouvais arrêter de pleurer ?! Cela m’agaçait royalement. De ma main libre, je balayais rapidement ses larmes. Les lèvres tremblantes, j’hésitais un instant avant de finalement lui demander « Je… Pourquoi ? Pourquoi t’veux pas venir ? Tu… T’as dit que tu restais ici cette nuit… Je… Viens à côté de moi… S’il te plait… » Pauvre petit gosse. Je finissais par baisser les yeux vers les draps blancs de mon lit comme si je ne pouvais pas affronter le regard de Lukas, comme si je n’étais pas en mesure d’encaisser un nouveau refus suite à ma supplication. Je le questionnais pour tenter de comprendre pourquoi il ne voulait pas me rejoindre dans ce lit alors qu’il m’avait dit qu’il allait rester ici cette nuit. Et, putain, je le suppliais de nouveau de céder à ma demande. Mordillant nerveusement ma lèvre, je finissais par ouvrir la bouche une nouvelle fois pour demander « Qu’est-ce… Qu’est-ce que j’ai fais de mal ? » Cette fois, mon interrogation n’avait plus aucun rapport avec Sven et son départ précipité. Non, cette fois la seule chose qui m’importait était Lukas et le fait qu’il refusait de venir s’allonger à mes côtés. Je ne comprenais plus. Je ne demandais pas grand-chose. Je voulais juste son corps proche du mien. Je désirais simplement des bras autour de moi. Des bras dans lequel je pourrais me sentir apaisé au point de sombrer dans le sommeil dont j’avais tellement besoin. Pourquoi Lukas ne voulait pas accepter ? Qu’est-ce que j’avais fait de mal pour qu’il me le refuse ? Était-ce à cause du baiser avec Sven ? Ou bien était-ce à cause de mes propos et de mon absence d’une réponse concrète qu’il semblait attendre ? Je n’en savais foutrement rien. Je désirais tant comprendre. Ma langue glissa sur mes lèvres. Mes yeux se fermaient. Et j’hésitais avant de finalement tenter d’abattre ma dernière carte. Celle du chantage bien sûr…

Viens dans le lit steuplait et… Et je répondais à la question de ton choix…