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Il ne la lâcha pas des yeux depuis qu'elle s'était réveillée et son cœur décida de rater un battement lorsqu'elle embrassa son poing. Manque de chance pour lui, cela ne pouvait pas passer inaperçu à cause des appareils auxquels il était branché. Un bip significatif brisa le silence l'espace d'un instant. "Tu aurais pu... Tu n'aurais pas perdu une bonne partie de ta journée." En effet, voyant la lumière décliner à l'horizon, il n'était pas difficile de conclure que le soleil était sur le point de céder sa place à la lune et ses étoiles. Cependant il était heureux qu'elle ait fait ce choix. "Il faudrait lui envoyer un message au moins pour la tenir au courant mais dis lui aussi que ce n'est pas la peine qu'elle vienne... Elle est vacance, je n'ai pas envie de la déranger." Et puis, il n'était pas seul vu qu'elle était à ses côtés. On l'avait dépossédé de ses biens pour lui mettre une chemise d’hôpital du plus bel effet. Celle qui était ouverte sur l'arrière. De ce fait, il ne savait pas où se trouvait son téléphone et il ne le voyait pas d'un rapide coup d’œil aux alentours. "Si mon portable est toujours de ce monde..." Ce n'était pas la première fois qu'il perdait un smartphone mais cela l'aurait dérangé aujourd'hui. Il n'avait plus les moyens de s'en payer un nouveau sur un coup de tête. Il haussa les épaules, remettant sa recherche à plus tard. "On sous-estime réellement les bienfaits de l'esprit." Connor se mit à rire doucement. Son corps pouvait être en train de dépérir, il savait qu'il arriverait à se remettre sur pied tant que le moral était bon. Et il l'était. La voir rougir, lui fit également chauffer les joues mais cela ne le détacha de son sourire. Sa peau se mit à frissonner légèrement en sentant sa main à la base de ses cheveux. Cela avait quelque chose de rassurant. Le jeune homme eut du mal à lâcher la main lorsqu'elle se releva. Comme un bon élève, il la regarda annoncer les différentes poches et modules. Il posa son coude sur la barre du lit et plaça le menton dans le creux de sa main. "Tout rien ça que moi... On se croirait à Noël." Riant légèrement avant de tendre la main libre dans sa direction pour qu'elle revienne. Il n'avait aucun droit de faire ça mais il le prenait, il en avait envie. "Et j'en ai pour combien de temps comme ça? Ils te l'ont dit ? "

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« Je n'aurais rien gagné à me demander ce que tu devenais. » Car tu n'as sans doute pas conscience du niveau auquel tu étais mal en point. Ni même que pour rester près de toi j'ai dû mentir effrontément. Mais peu importe. Je suis fière d'opérer cette petite démonstration et de t'expliquer à quoi servent chaque chose. Je m'amuse presque lorsque tu prends cette posture d'un prince désenchanté tout droit sorti des enfers et paré d'une drôle de blouse. C'est aussi un peu nous ça. Capable de nous côtoyer dans des moments improbables sans même nous connaître. « Je peux aller demander à l'infirmière. Elle n'était pas très sympathique mais je pense qu'il faut savoir la prendre. » Et je n'aurais pas de gêne à jouer la fiancée désemparée et perdue si ça peut nous aider à récupérer plus rapidement tes affaires. « D'ailleurs, je devrais peut-être aller l'appeler. » Maintenant que tu es réveillée. Mais tu tends ta main, et j'avoue qu'en bonne égoïste, je n'ai aucune envie de briser ce moment entre nous. « Je déteste Noël et toi ? » Je viens prendre ta main dans la mienne pour m'asseoir près de toi à nouveau, si bien que tu dois un peu te décaler puisque j'ai changé de côté. « Ils ne m'ont pas dit. » dis-je en regardant furtivement le jour qui s'éteint. Mon moment favori. « Ils m'ont juste demandé si tu prenais des... trucs. » Mes prunelles passent de la fenêtre aux tiennes, je te sonde en silence. Je viendrai pas te juger si c'était le cas, mais je n'aime pas que tu puisses te faire du mal avec ça.

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"Tu t'en fais autant pour moi que je m'en fais pour toi..." Il la regarda un moment après cette constatation. Cela devait être aussi aberrant pour elle que ça l'était pour lui. Pourquoi une personne se souciait de lui ? Lui qui n'en valait pas la peine. Alors qu'il s'était installé pour la regarder, il ne valait mieux pas se trouver derrière de peur de voir la lune et ses astres. Connor fut étonné de sa connaissance en la matière et réalisa finalement qu'il ne savait même pas ce qu'elle faisait dans la vie. Se grattant légèrement le menton, mettant à mal les poils qui recommençaient à pousser, il osa finalement la question. "Que fais-tu dans la vie pour connaitre autant de choses...?" Ce qui était en train de se produire était irréaliste et pourtant ils étaient bien dans le monde réel. "Je peux te poser une question... ? Enfin une autre après celle-ci." Anticipant ainsi la boutade qui disait qu'il venait de le faire. Dans l'immédiat, il n'avait aucune envie de voir une autre personne rentrer dans la pièce et visiblement, il avait eu la chance d'obtenir une chambre individuelle. Autant profiter de cette opportunité. Ses épaules se soulevèrent à la question de Noël... "J'ai emmerdé mes parents à cette période lorsque je suis venu au monde. Je suis né un 26 décembre. D'où te vient ce sentiment pour Noël ?" Se reculant finalement, il lui laissa assez de place pour s'asseoir, voir même pour s'allonger si elle souhaitait prolongée le sommeil qu'elle avait entamée. Le jeune homme ne profita même pas du crépuscule, son regard était attiré par une autre étoile. "Seulement des vitamines." Et à travers ses prunelles, on pouvait voir qu'il était sincère. N'ayant pas conscience que ce qu'il voyait comme des vitamines étaient en réalité mis dans la famille des drogues. Mais sa mâchoire grinçant légèrement était annonciateur d'autre chose.

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On s'en fait l'un pour l'autre et il n'y a pas vraiment quoi que ce soit de logique là dedans. Je t'ai imaginé une histoire à partir du moment où tu t'es assis à côté de moi dans cet avion. J'ai évoqué cette première rencontre au parc parce que finalement c'est bien la première fois qu'on s'est parlé, la première fois que tu m'as vu vraiment. Je viens sourire un peu gênée lorsque tu me poses cette question sur ma vie. Je viens d'un milieu où on doit se cultiver et ma mère a nourrit peu de choses envers moi sinon l’exigence. « Je suis biochimiste. Enfin, je le serai officiellement l'année prochaine même si je peux déjà travailler. » Je suis plus que qualifiée dans le domaine mais je pousse mes études au maximum parce que je compte bien monter très haut par la suite. A la tête de ma propre firme pour être transparente. « Bien entendu. » Je viens pincer mes lèvres doucement alors que je reprends place à tes côtés. « Ils auraient dû voir ça comme un cadeau pas comme une pénitence. » Un enfant est toujours une bénédiction mais pour toi comme pour moi, faut croire qu'il en fût autrement. « Je n'ai jamais fêté Noël, ce n'était pas la tradition de ma mère. J'étais seule, c'était un jour comme les autres, du coup, je ne comprends pas l'engouement qu'il peut y avoir autour. » Noël n'a rien d'heureux lorsqu'on le vit en solitaire. Et il y a peu de personnes avec qui je partage ce désert affectif et humain qu'a été mon enfance. Je n'aime pas vraiment faire pleurer dans les chaumières. « Mais toi tu aimes bien ? » Parce que la plupart des  gens affectionnent cette période de l'année. Je me questionne tout de même sur ces vitamines que tu peux bien prendre. Je n'ai jamais su ce qu'ils ont retrouvé dans ton sang et je ne vois pas pourquoi tu me mentirais. Puisqu'on ne se connaît pas, on a rien à perdre à être honnête l'un envers l'autre. En tout cas pas moi. Je viens basculer mes jambes sur le lit, pour me trouver allongée contre toi, mes paumes s'appliquent sur ta mâchoire dont l'angle se prononce davantage. « ça va ? » Je pense reconnaître ces effets là, mais tu ne m'as dit que tu n'en prenais pas. Je suis perdue, faut être honnête.

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C'est dans ce genre de discussion qu'il se rendait qu'il ignorait tellement de chose à son propos. Mais il comprend rapidement son sourire gêné que ce n'est pas forcement une chose dont elle a envie de parler. Ses prunelles se dirigèrent vers le sol un instant comme pour s'excuser de cette question indiscrète pour finalement les remonter dans sa direction. Il comprenait le titre mais il se demandait ce qu'on faisait avec ce genre de diplôme. "C'est pour cela que tu connais autant de choses ici ? Qu'est-ce que ça change cette année supplémentaire dans ce cas ?" Les études n'étaient pas le fort du jeune homme qui n'était jamais allée à l'école. Seulement des cours par correspondance. "C'est peut être le contre coup de la chute mais... j'ai cru entendre que tu t'étais faite passé pour ma fiancée..." Il ne prenait pas non plus de gants pour dire les choses et cela lui avait coûté par le passé mais il était incapable de le faire autrement. Il fallait dire, il disait A, il n'allait pas faire un tour du côté de B pour prendre un verre chez C afin de revenir rond comme un cul de bouteille à A. Il se décala sur le côté pour lui laisser un maximum de place, haussant doucement les épaules. "Je crois que c'est les jumeaux qui l'ont le plus mal vécu à l'époque. La distribution de cadeaux a été reportée de quelques jours à cause de ça." Avec le recul, il avait appris à en rire et ce n'était pas ça qui l’empêchait d'apprécier Noel. "Elle est témoin de Jéhovah?" Car à sa connaissance, il n'y avait que eux qui ne fêtait pas ce genre de fête. Mais oui, Noël avait pour but de rapprocher les gens, si c'était pour passer ce moment seul, cela n'avait pas vraiment de sens. Sa main se posa sur la sienne avant d'en caresser le dos. Etre en contact avec elle était devenu un besoin vital depuis qu'il l'avait retrouvé. "J'aime Noël mais plus pour la nourriture qu'on peut avoir à cette période." Il lui avait dit, c'était un fin gourmet même si son physique laissait penser le contraire. En effet, il n'avait aucune raison de lui mentir et il n'était pas en train de le faire à ses yeux. "C'est un docteur qui m'avait donné ça quand je lui ai demandé un truc pour tenir la distance." Il pencha la tête sur le côté lorsqu'elle posa ses mains sur ses pommettes, ses sourcils se fronçant légèrement. "Heu oui je crois... Pourquoi ?" Mais même ainsi attrapé sa mâchoire continuait de grincer. Il n'y avait pas de doute possible. "Tu veux voir?" Tentant de prouver sa bonne foi. Mais à nouveau, c'était avec le reste de ses affaires.

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La discipline que j'apprends nécessite quelques connaissances médicales puisque nous étudions les interactions entre les produits chimiques, les plantes et le corps humain. Le domaine est vaste mais c'est la pharmaceutique qui m'intéresse, aussi ceci explique que mes connaissances dans le domaine soient assez pointues. Je souris légèrement à la question de Connor. « Parce qu'ainsi j'aurais un PhD, c'est le niveau d'études le plus élevé dans le domaine et je serai légitime quand viendra le moment de fonder ma propre entreprise. » Si tu ne le savais pas, tu vas vite comprendre que je suis une femme plus qu'ambitieuse. « Je me suis spécialisée en pharmaceutique et là plus particulièrement en thérapie génique. » J'ai conscience que mes paroles peuvent ressemble à du jargon mais je pense qu'elles sont tout de même accessibles. Mon regard se porte sur toi à nouveau. « Tu n'as pas fait d'études ? » J'imagine qu'en étant issu d'un milieu assez violent, on ne vous demandais pas des choses pareilles, mais malgré tout, je m'interroge sur le domaine qui te passionne. Je viens toutefois pincer mes lèvres lorsque tu me fais part de ce que tu as entendu quelques instants plus tôt. J'ai improvisé sur le vif pour pouvoir monter dans l'ambulance avec toi. Je viens m'allonger près de toi, alors que tu te décales légèrement pour me faire une place et je me vois désolée de t'imposer le moindre mouvement mais ainsi tu es presque contre moi si bien que nous pouvons discuter sans attirer l'attention. « J'ai dû trouver quelque chose de persuasif pour qu'ils acceptent que je t'accompagne ou même que je reste là. » J'aurais aussi bien pu prétendre être ta sœur, mais va savoir pourquoi j'ai choisi cette option. La famille, ce n'est pas vraiment une notion familière pour moi et nous en venons à aborder Noël, je souris malgré moi lorsque tu me parles des jumeaux car c'est là une réaction typique des enfants, voir leur intérêt en premier. « Non pas du tout. » dis-je en te regardant. Je ne vois pas trop comment t'expliquer ses croyances qui sont aussi les miennes pour le coup. « C'est Yule qu'on célèbre à cette période là. » Je souris encore une fois lorsque tu me parles de la nourriture de Noël, je ne sais pas vraiment où tu peux mettre tout ça. « Je dois te ramener une dinde et des marrons pour que tu te remplumes c'est ça ? » Car j'ai observé ton corps, j'ai eu tout le temps pour ça et j'ai pu constater à quel point tu le malmènes, même si je suis mal placée pour ce genre de reproches. Ta mâchoire se contracte toutefois et j'ai quelques suspicions sur les vitamines dont tu me parles, machinalement, ma main passe contre l'anguleux de ton visage. « Je veux bien oui, mais ça doit être avec l'infirmière. Je pense que ça doit être des vitamines un peu trop spéciales. » Et je trouve ça étrange, presque paradoxale, que tu fasses preuve d'une si grande innocence lorsqu'on sait de quels enfers tu te sors.

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Comme à son habitude lorsqu'il s'agissait de quelque chose qui ne connaissait pas, Connor était un élève attentif. D'abord un peu perdu dans ses propos, il arrivera à y faire de l'ordre lorsqu'elle lui annonça qu'elle était spécialisée dans le domaine pharmaceutique. Cela lui donna envie de googliser tous ces termes afin d'en savoir plus. Mais son besoin de découverte allait devoir attendre pour le moment. Elle était bien plus intelligente et ambitieuse que lui, ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. "On ne t'a jamais dit que ta détermination forçait le respect ?" Un rictus se dessina sur son visage tandis qu'il fit des mouvements de tête horizontaux pour répondre à la question qu'elle venait de lui poser. "Non... Je ne suis même jamais allé à l'école. Je suivais des cours par correspondance et il m'arrivait d'avoir un prof particulier qui venait à la maison." Il n'avait pas l'attention nécessaire pour le parcours scolaire classique, il avait beaucoup trop de mal à fixer son attention assez longtemps pour y arriver. Mais cela ne l’empêchait pas d'avoir des connaissances dans de nombreux domaines. Pas de spécialité, un petit peu de tout. Il fallait juste que ça l'intéresse à un moment donné. Comme le monde des affaires n'étaient pas son univers mais il était tellement déterminé à prouver sa valeur qu'il s'était donné les moyens pour y arriver. Le pincement de ses lèvres ne passa pas inaperçu aux yeux de Connor mais cela confirma bien ce qu'il avait entendu. Un sourire se dessina sur le coin de son visage tandis qu'il s'appuyait sur la barre en fer se trouvant de l'autre côté du lit pour l'observer. "Ils n'auraient pas voulu que tu restes dans le cas contraire ?" Il avait du mal à comprendre cela. Pourquoi isoler les gens si une personne était là pour les accompagner même si elle ne faisait pas partie de la famille...? Enfin il n'allait pas s'en plaindre dans tous les cas. "Yule ?" Encore une fois, un nom qui ne lui inspirait absolument rien. La voir sourire lui faisait un bien fou... "Et encore ça sera un repas léger s'il n'y avait que ça ? Tu as déjà goûté du foie gras ? Avec du pain d'épice. Et des Saint-Jacques. Le boudin. Et aussi les bûches." On aurait cru voir un enfant pendant qu'il était en train d'énoncer les plats, ayant presque l'eau à la bouche. Mais il revint sur terre et la regarda à nouveau. "Si tu es là pour déguster tout ça avec moi, oui. Même si ce n'est pas trop la saison pour trouver ce genre de chose." Car il avait beau être celui qui était sur le lit d’hôpital, il n'était pas le seul à devoir manger. Sentant les mains de la jeune femme sur sa mâchoire, son regard ne la quitta pas mais il comprit à travers l'expression de ses prunelles que ce qu'il prenait n'était pas à mettre dans la catégorie des simples vitamines. Fermant les yeux, le temps de prendre une grande inspiration, il osa la question. "Tu es en train de me dire qu'il m'a prescrit des drogues...?" Même si tout n'était pas naturel pour Connor, il lui arrivait d'avoir des éclairs de lucidité.

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Depuis ma venue dans ce monde, on m'a fait comprendre que j'étais une erreur, que je n'avais rien à y faire. Je n'avais que deux choses, l'accepter me laisser faire, ou prouver à cet univers de quoi je suis capable. J'ai opté pour la deuxième voie, bien qu'elle soit plus difficile parfois, c'est cette rage qui me pousse à avancer, cette ambition démesurée qui me force à m'élever. La plupart ont peur de ce que je peux renvoyer. Car malgré la douceur dont je suis capable, je suis avant tout une femme de force. Même si c'est ma face cachée que tu as vu en premier, toi, Connor. Ta remarque me fait plaisir néanmoins et tu peux sans doute le constater au regard que je te renvoie. « Merci et effectivement, il n'est pas rare que je le gagne. » Dans l'élite, je me suis fait une place. Dans les mondes plus obscurs aussi fût un temps. J'ai cette chance ou du moins cette particularité de ne pas passer inaperçue, alors autant s'en servir et en faire une arme. Je te questionne sur tes études et tu m'apprends que tu n'as jamais été à l'école. « Tu as cette chance d'avoir échappé aux internats. » dis-je avec un sourire un peu plus léger même si je me doute que vivre en marge n'a pas dû être très facile à porter. Je ne suis pas allée dans le milieu scolaire également jusqu'à mes dix ans à la mort de ma mère. Jusqu'alors, j'avais des professeurs à la maison qu'elle choisissait avec une grande exigence. Ça a été pour moi assez violent, d'être déracinée de mon pays natal et baigner dans cet univers scolaire de pension. Je n'y cotoyais pas la misère mais bien la rudesse que peuvent avoir les riches. Et pour survivre, il a fallut s'adapter, m'armer à mon tour. Mais nous ne sommes pas là pour parler de nos aventures scolaires et tu viens attirer l'attention sur le rôle que j'ai choisi, je l'avoue un peu trop spontanément peut-être. « lls ont dit que seule la famille proche était autorisée. » C'est la procédure habituelle, ils ne veulent prendre aucun risque que le patient puisse se retourner contre eux. « Et je ne voyais pas trop quoi dire, je veux dire, on se connaît à peine. » Mes yeux s'amarrent aux tiens alors que mes phalanges dessinent tes traits à la mesure de mes propos. Moi-même, je ne comprends pas bien encore tout ça. Ce lien étrange mais fort pourtant qui nous unit. Je pensais être folle, mais faut croire que dans cette folie nous sommes deux. Jusqu'à quand ? Tu feras sans doute comme les autres. « C'est une fête païenne. » Mais je souris davantage à tes mots, à ton sourire lorsque tu évoques tous ces mets raffinés qu'on déguste à Noël. Je ne célèbre pas cette fête mais j'en connais les repas pour l'avoir partagé plusieurs fois avec des amis. « J'en serai incapable. » Je rigole doucement. C'est bien trop tout ça et je n'ai jamais été une grande mangeuse. « Mais je pourrais participer. » Je peux pas m'empêcher d'imagine ta famille alors encore formant un gang entrain de célébrer Noël , c'est un étrange spectacle mais faut croire que personne n'échappe au commun. Puis enfin, nous en venons à parler de tes vitamines que je juge être autre chose. Tu sembles comprendre et mes épaules se haussent, dans notre silence qui dure quelques secondes. « Je pense oui. Tes pupilles sont dilatées et ta mâchoire trop crispée. Certaines drogues provoquent ça. » Je le sais pour avoir étudier tous les effets de toutes ces drogues, de tous les poisons. Ça n'a pas vraiment de secret pour moi. « Tu n'en prends jamais habituellement ? » Je me veux neutre pour cette question mais je suis parfaitement contre. Sauf que mes dernières conquêtes en consommait à l'occasion mais j'ai toujours préférer y rester aveugle.

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Connor ne savait pas s'il avait été un enfant désiré ou non. Il y avait de forte chance que ça soit le cas sinon ses parents n'auraient pas eu Izzy par la suite mais il était probable qu'ils aient eu des regrets en voyant leur fils si... différent... Il n'avait rien en commun avec ses sœurs et frère. Pourtant il avait quand même réussi à se faire une place aussi petite soit-elle. Mais il en voulait toujours plus car l'ambition se transmet et son père en avait beaucoup. Peut être trop pour un seul homme. Et il savait reconnaître cela lorsqu'il le voyait. Deirdre en avait également mais elle avait des projets bien plus grand. Il n'avait d'objectif qu'en longue focale, elle, avait un grand angle. Son regard ne manqua pas de lui faire céder un nouveau sourire, il allait avoir mal aux zygomatiques à force... Mais c'était, à ses yeux, une très bonne chose. Deirdre aurait pu facilement se faire une place dans les sommets sans qu'on remette en cause sa légitimité. "Mon frère et mes sœurs n'y sont jamais allés donc j'y aurais échappé de toute manière, je pense." Riant légèrement. Boston était leur ville et on leur aurait jamais permis d'étudier ailleurs. Mais malgré tout, il n'avait pas de regrets. Difficile de regretter quelque chose que l'on a pas connu, on peut seulement se demander à quoi ça ressemblait et se l'imaginer. Il n'était pas capable d'expliquer pourquoi le fait qu'elle ait menti de cette manière le satisfaisait autant mais c'était le cas. Connor se demanda en effet pourquoi elle ne s'était pas faite passer pour sa sœur mais la question ne passa la barrière de ses lèvres car une partie de lui s'en fichait. "C'est vrai... Et pourtant tout est si naturel..." Il la laissa détailla ses traits, ne lâchant pas ses prunelles. Il ne savait pas comment ni pourquoi il ressentait ça mais il ne voulait pas être à un autre endroit. Un pays des merveilles où la folie avait sa place.  Sa lèvre inférieure monta légèrement sur sa lèvre supérieure tandis qu'il secouait la tête. Non, ça ne lui disait vraiment rien... Était-ce si différent de noël? Et la question était, qu'est-ce qu'on y mangeait ? "Et bien le rendez-vous est pris. Tu viendras manger avec nous pour les fêtes de fin d'années." Il ne lui laissait pas vraiment le choix apparemment, il souhaitait qu'elle découvre ça. Même s'il ne savait pas comment ni où ils allaient se retrouver cette année. Ni même s'ils auraient l'occasion de se réunir. Néanmoins Connor l'espérait. Et il comptait bien sur la présence de Deirdre à leurs côtés. Son attention se porta sur les cachets qu'il prenait pour tenir la distance avant de répondre négativement. "Non jamais... C'était proscrit. Ma seule drogue, c'est le tabac." Tout aussi nocif mais plus légal. Il ne s'occupait pas de cette partie là à l'époque alors ses connaissances étaient assez basiques sur le sujet. Une autre réponse lui traversa l'esprit un moment mais il s'abstint à nouveau de la partager. S'affaissant sur le lit, il posa la tête contre l'épaule de Deirdre avant de soupirer. "On peut porter plainte pour ça...?"

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Je pensais fuir tout ce qui me rattache à mon monde en quittant pour quelques temps Boston et c'est assez inattendu de te retrouver toi. La fin d'une ère, le début d'une nouvelle et toi à chaque étape. On ne se connaît pas le moins du monde, bien que j'ai cette sensation inverse. On apprend finalement, un pas après l'autre et tu viens me dire que tu n'as jamais été à l'école. Cela contribue sans doute au fait que tu sois étrange, en marge de notre monde. La société ne t'a pas réellement formaté comme elle le fait avec nous. Je me contente juste de sourire doucement lorsque tu avoues que tout semble naturel entre nous. Je ne peux être que d'accord, tout juste mes phalanges qui se resserrent légèrement contre ta joue. Et c'est ainsi que l'air de rien nous évoquons Noël puisque tu ne connais pas le moins du monde Yule. Comme la plupart des gens. « C'est encore loin décembre. » dis-je d'un ton léger parce que où serons-nous d'ici là ? Je n'en ai pas la moindre idée, je suppose que toi non plus, mais c'est bizarre pour moi que je fasse autant partie de ta vie pour que tu te projettes jusque là. Je reprends pour expliquer. « Yule célèbre le solstice d'hiver, c'est une tradition païenne qui a été reprise par les Wiccans. » Autrement dit, les sorciers modernes, les druides, les guérisseurs, les mystiques, ce que tu voudras. On nous colle toutes les étiquettes. « On fête la mort du roi houx et la naissance du Roi chêne. » Car les fêtes sont toujours en accord avec la nature. Mais c'est un autre sujet. Cela m'intéresse plus de savoir si tu as pris ces drogues consciemment ou si ce « médecin » s'est joué de toi. J'apprends que c'est la deuxième option parce que je ne doute pas le moins du monde de ta sincérité. Cela semble te chagriner, ce que je comprends aisément et ton visage vient se loger dans mon épaule. Avec tendresse, l'un de mes bras passe dans ton dos pour te sentir plus près de moi. « Naturellement. Tu devrais même. » Encore faut-il que tu aies son nom et qu'il n'ait pas falsifié son identité. L'enquête risquerait de fouiller dans ton histoire et ça n'aurait rien de bon. « Ou bien arrête et dis-toi qu'il ne faut pas attirer l'attention. » Car je ne veux pas te pousser sur une mauvaise pente. Aussi, dans notre monde, la justice est illusoire, même dans les forces de l'ordre.