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S'il avait su cela quelques semaines plus tôt, Connor aurait probablement proposé à Deirdre de venir habiter avec lui. En tout bien tout honneur, bien entendu. Il suffisait de lui dire où était sa place une fois pour qu'il sache y rester. Même si cela ne l’empêchait d'espérer. "Rien n'y est trop extravagant ! Je suis prêt à parier qu'on ne me regarderait même pas." C'était peut être ça finalement la ville de ses rêves. Ne disait-on pas que l'Exubérance est la Beauté ? Mais même si la ville venait à lui plaire, sa place était à Boston comme elle l'avait toujours été. Il ne se voyait pas non plus sortir de cette inéluctable boucle. "Ce n'est pas qu'une légende ces histoires de mariage?" Il en avait déjà entendu parlé mais n'avait porté que peu de crédit à ces contes. Il y avait bien des points qui étaient logiques pour le commun des mortels mais qui échappait au bon sens de Connor. Le magasin devait être fermé le jour il était passé chercher sa part. La tête du jeune homme se pencha vers le côté à l'évocation de l'avion avant qu'il ne lève le doigt, pointant le vide, comme s'il venait de réaliser qu'il y avait aussi cette solution. "C'est vrai qu'Izzy m'en avait déjà parlé retourner à Boston..." Qui était quand même à 20h de route d'Orlando. "Mais maintenant que ma moto est là, je dois bien la remonter." C'était encore un long voyage qui n'allait pas permettre à sa jambe de se reposer. On avait déjà du lui faire la réflexion à ce sujet mais les gens n'allaient pas avancer pour lui alors il passait outre les recommandations, quitte à devoir vivre avec une canne. Izzy était son exact opposée, sociable, mignonne, souriante. Elle savait aller vers les gens avec une facilité déconcertante mais c'était une véritable tigresse lorsqu'on s'en prenait aux siens. "Alors il n'y aucune raison pour que ça se passe mal entre vous." Il se mit à l'écouter avec une grande attention, fermant les yeux parfois un instant pour essayer d'imaginer les paysages qui pouvaient exister par delà l'océan. Et encore une fois, il fut impressionner par les connaissances de la jeune femme qui était beaucoup plus cultivée que lui. "C'est déjà bien, tu ne trouves pas?" Un léger rire venant se présenter dans la conversation. "Je sais seulement parler anglais. Je comprends un peu le français et je lis un tout petit peu le chinois. Tu as visité combien de pays en tout ?" Mais après sa réponse quelque chose changea, le monde lumineux et coloré dans lequel ils étaient en train d'évoluer perdit soudainement ses couleurs puis ses formes. Tout devint flou et le sol sembla se dérober sous ses pieds. Il avait essayé de se retenir de toutes ses forces sur sa canne mais son poids avait déséquilibré l'effort qu'il venait de tenter. Il sentit à peine le contact du bitume chauffé par le soleil contre sa joue, son esprit était déjà parti. Les battements de son cœur étaient ralentis mais ils étaient toujours présents. En glissant une main dans ses cheveux, s'approchant des racines, Deirdre put sentir des cicatrices qui lui étaient jusqu'ici inconnues. On ne l'avait pas brûlé à partir des épaules... On l'avait fait depuis le sommet de son crane, chassant les cheveux à l'époque qui avaient depuis repris leurs droits. Alors qu'il était en train d'errer dans un océan de ténèbres quelque chose sembla rappeler Connor à sa réalité. Une odeur assez forte pour qu'il puisse en suivre la trace. Jusqu'à ce que la lumière vienne agresser à nouveau sa rétine. Il ouvrit la bouche pour prendre une grande inspiration. Il avait l'impression d'avoir plonger en apnée pendant une trop longue période... Sa main monta vers son crâne, se frottant la joue et la tempe d'un seul geste. "Deirdre..." D'une voix plus faible que ce qu'il aurait voulu... C'était la première fois depuis quelques temps qu'il n'avait pas sentir venir ce genre de chose. C'était son corps le rappelait à l'ordre. Lui qui refusait de l'écouter, il n'avait plus le choix à présent.

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Je comprends ce que tu peux ressentir Connor. Etre une ombre parmi les ombres, ne pas attirer l'attention sur sa personne. Car on ne subit pas les regards interrogatifs, un peu trop curieux, sans raviver ses propres blessures. J'ai toujours été cette enfant étrange dans le village, fille d'un riche américain dont on taisait le nom mais duquel on murmurait l'identité le soir. Une mère sorcière, une femme de glace. Et puis l'image m'a suivi quand on m'a déraciné pour l' Amérique. J'étais la paria, la bâtarde, l'irlandaise. Mais avec le temps, avec de la force, de la volonté, j'ai su tisser ma place. Et ce n'est que le début de mon ascension. Je retomberai, recommencerai tout du début autant de fois qu'il le faudra. Mais quelque part, je comprends ce que tu vis, ce que tu ressens. « C'est certain, personne ne te regarde là bas. » Mon sourire se veut encourageant. Et si tu as envie d'aller dans ce lieu alors il faut répondre à ton désir. « Tu voudrais y aller avec moi ? » J'y suis déjà allée, j'en connais les principaux lieux et je ne sais pas si c'est vraiment une sage idée de te proposer cela mais peu importe. « Par contre, je ne suis pas certaine que mes fesses survivent à quarante heures de moto. » Je ris cette fois plus sincèrement parce que c'est pas vraiment mon monde tout ça. Les escarpins et tailleurs ne sont pas très compatibles avec ce genre d'accessoire. Tu viens me parler de ta sœur et tu imagines que les choses se passeront bien entre nous, c'est tout ce que je souhaite. On en vient à en parler aussi de la France et des voyages. Je hausse les épaules. « Ce n'est pas assez. » Dans notre monde, il faut savoir parler plusieurs langues, d'autant plus vu la carrière à laquelle je me destine. J'allais répondre à ta question lorsque tu t'effondres à terre, lorsque tu sombres dans l'inconscience et que mon inquiétude se ranime. Mais je ne montre rien, je reste ferme, maîtresse de la situation, simplement tendre dans les gestes que je te prodigue. Ma main repose sur ta tête, alors que tes yeux s'ouvrent et que ton timbre articule mon prénom. Un filet de sang s'échappe de tes narines, dans ta chute, tu t'es fait mal, cela n'a rien d'étonnant. « Reste tranquille. » dis-je avec douceur, rangeant la fiole pour sortir un mouchoir que je passe doucement sur le liquide. J'en profite pour observer ton regard, m'assurer de la symétrie. « Les secours ne vont pas tarder. » Je ne peux décemment pas te laisser comme ça, il faut savoir si tu n'as pas quelque chose de plus grave. Plusieurs personnes s'affolent, viennent observer la scène, notre échange. « Laissez-nous de l'espace. » dis-je fermement en éloignant les badauds d'un seul regard. Les secours arrivent bientôt et je leur résume la situation. Ils prennent les constantes, s'assurant que tu es transportable, mais naturellement ils veulent faire d'autres examens. Je pose mon regard sur toi, attendant en silence, restant à tes côtés.

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C'était un sentiment étrange... De vouloir être à la fois dans l'ombre et la lumière... Peut être que l'un était la conséquence de l'autre. C'était d'ailleurs certainement le cas. Il aurait aimé la connaitre lorsqu'ils n'étaient encore que des enfants... Ils auraient chasser la solitude de l'autre d'un simple sourire. Et les choses auraient peut être été différentes. Une expression surprise tenta d’apparaître sur le visage de Connor qui réussit à la contrôler in-extremis pour ne pas qu'elle se présente. A la place, se fut un nouveau sourire qui se dessina accompagné d'un mouvement de tête affirmatif. "J'en serais ravi." Puis un rire. "On prendra l'avion dans ce cas. Ça nous rappellera le bon vieux temps visiblement." Même s'il ne s'en souvenait pas réellement lui même, il n'avait retenu que les traits du visage de Deirdre. Son doigt se posa sur sa propre tempe avant de la gratter légèrement du bout du l'ongle. "Par contre ça ne sera pas dans la même classe, je n'ai plus les moyens pour le moment." Et puis une classe affaire pour un voyage aussi court, était-ce vraiment nécessaire ? "Au pire si la circulation en voiture est vraiment trop compliquée on pourra en louer une là-bas. Tu voudras essayer ?" Même si ce n'était pas de son monde, c'était une occasion d'essayer, non ? Au pire elle pourrait se mettre en amazone. Il n'avait du mal à imaginer les gens en tailleur à Las Vegas. Mais c'était peut être que son imagination était un peu trop productive. "Tu vas prendre des cours particuliers ?" Il n'était pas sur dans son cas qu'il était bien utile de se lancer dans l'apprentissage d'une nouvelle langue. Il ne voyageait pas assez pour pouvoir l'exploiter. La conversation fut coupé courte par sa chute néanmoins le flacon de la jeune femme le ramena assez vite dans leur monde. Il semblait déboussoler mais pas assez pour oublier son prénom. Ses prunelles mordorées se posèrent sur elle, essayant de s'accrocher à un point pour ne pas sombrer à nouveau. Sa tête se pencha en arrière et ses paupières se refermèrent mais il était toujours conscient et sa voix en était la preuve. "Je suis désolé." Il culpabilisait d'avoir gâché la sortie. Mais la première chose à laquelle il pensa une fois dans l'ambulance, c'était qu'elle l'accompagne. "Reste avec moi... S'il te plait." Il n'avait aucune envie de la voir s'échapper une nouvelle, encore moins maintenant. La canne avait été mise dans le véhicule. Il attrapa la main de la jeune femme dans la sienne, continuant de la regarder. Son nez continuait de saigner en léger filet, ses muscles semblaient très dur, comme crispés et sa température semblait monter. Mais encore une fois, il semblait à des kilomètres de tout cela pour l'instant.

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Je suis là à te proposer des projets, à désirer t'accompagner à Vegas alors que je sais pertinemment que quelque part je vais t'abîmer davantage. Mais je ne peux pas maîtriser le calme qui s'empare de moi lorsque tu es à mes côtés, le simple fait que j'aille mieux. En bonne égoïste, c'est à moi que je pense en premier. « Je t'en remercie. » L'avion vaut mieux que la moto pour une si longue distance. Et mes sourcils se haussent lorsque tu m'expliques que tu ne pourras pas voyager dans une classe supérieure. « Si ça peut te rassurer moi non plus. » J'ai perdu mes investissements et même si je reçois toujours la pension de mon père, je me suis résolue cette année à économiser tout ce que je pourrais pour financer mon projet professionnel par la suite. Je souris lorsque tu me proposes d'essayer la moto. « Avec plaisir oui. » Nul doute, j'emmènerai un pantalon, je sais m'habiller aussi plus relax pour des occasions comme celles-ci. Et puis notre conversation s'interrompt par ton malaise, je me penche, m'assurant que tu vas au mieux et finalement les secouristes te soulèvent sur le brancard. Je reste sur le côté, attendant tes instructions ou bien les leurs. Mais ta main s'accroche. « Ok. » Je te suis alors que le secouriste demande. « Vous êtes de la famille ? Seule la famille peut venir. » Je pose mes yeux sur ceux de Connor avant de regarder le secouriste. « Je suis sa fiancée. » et je montre la bague qui repose sur le collier. Je ne sais même pas pourquoi je dis ça, mais l'attitude que j'avais avec lui n'avait rien à voir avec une sœur. Mon regard se fait de glace alors que je me glisse sur le siège d'accompagnateur. Leurs règles sont vraiment stupides. D'autant plus que je vois le mal qui te ronge, la sueur qui vient perler à ton front et quelque chose m'inquiète. Je ne dis rien, observant tour à tour l'écran de contrôle et ta personne, alors que le secouriste avec nous discute avec son collègue au devant. « Quelque chose ne va pas. » dis-je d'une voix sèche en passant ma main sur ton front avant d'attraper le bras du mec. « Reste avec moi. » dis-je en me penchant vers ta personne avant qu'on ne m'écarte.

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Connor le savait... Mais cela lui importait peu. Car être à ses côtés le soulageait, plus que les médicaments pouvaient le faire. Le besoin de s'auto-détruire sans même s'en rendre compte disparaissait aussi rapidement que la flamme d'une bougie que l'on venait de souffler. Bien entendu, ses sentiments s'étaient emballés et il ne pouvait pas refouler ce qu'il ressentait pour elle mais il faisait en sorte de les garder enfouis. Elle n'aurait pas eu besoin d'attendre plus d'une heure et demi pour ressentir les effets de la moto sur son fessier et demander une pause. L'avion était sans doute la décision la plus sage et rapide. "Comment le vis-tu ? D'être passé de aisé à juste...?" Pauvre n'était pas le mot dans ce genre de situation car il était encore capable de payer les factures et de pouvoir se faire plaisir en faisant attention mais il ne vivait plus dans la moment opulence qu'auparavant et ça pouvait parfois lui peser. Lorsqu'elle accepta une ballade en moto, Connor se mit à espérer trouver la même Harley que la sienne afin de lui faire vivre ce qu'il considérait comme une vraie expérience américaine. Mais alors qu'il pensait aller mieux après l'histoire du flacon de la jeune femme, il se demanda s'il n'avait pas pris un coup sur la tête plus fort que prévu. Il avait cru entendre qu'elle venait de se faire passer pour sa fiancée... Certainement un délire auditif du au choc... Néanmoins voyant qu'elle pouvait monter dans l'ambulance avec lui, il arrêta de se débattre et accepta d'aller à l'hôpital. Le jeune homme tacha de  se focaliser sur elle pour rester éveillé. Il sentait qu'il ne devait pas sombrer. Mais alors que Deirdre interpella l'un des secouristes l’électrocardiogramme sembla s'affoler, sa respiration plus courte et la douleur semblait prendre le dessus, sa main se referma par a coup sur celle de la jeune femme. "Vous savez s'il a prit quelque chose?" Cela faisait plusieurs semaines qu'il ne dormait pratiquement plus, tournant presque à plein régime à cause des petites pilules qu'il prenait comme des bonbons pour pouvoir tenir. Son corps ne pouvait plus tenir. Le secouriste se mit à essayer de le stabiliser, mais sa situation semblait se dégrader rapidement. Il ne fallait pas tarder pour arriver à l’hôpital. Connor semblait lutter pour ne pas reperdre connaissance. Elle lui avait demandé de rester avec elle et c'est ce qu'il tentait de faire malgré la douleur.

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Tu étais cet inconnu il y a quelques semaines encore. Cet étranger que j'ai l'impression de connaître depuis toujours. Un lien étrange, un peu tordu, presque macabre, mais c'est moi aussi. Je me souviens de notre rencontre dans ce parc, du métal de ton arme qui venait m'accueillir puis de tes lèvres qui se sont appliquées alors que j'espérais encore que l'homme que j'aime me revienne. Les choses ont bien changé depuis et voici que je te propose de t'accompagner à Vegas. Et qu'on parle de détails comme la classe de l'avion. « Ce n'est pas compliqué, j'ai déjà dû le faire pendant une année entière il y a deux ans. » Lorsque j'étais Iris, lorsque je devais maintenir les apparences. Exposer mon corps chaque nuit pour préserver ma facette du jour. J'ai appris à jongler puis finalement à accepter mes nuances. Je suis compliquée. Comme la plupart des gens. Mais ce n'est pas vraiment ce qui m'importe pour le moment alors que ce projet semble bien lointain lorsque tu t'écroules sur ce brancard. Que je perçois que quelque chose ne va pas, que j'interpelle le secouriste qui ne sait pas comment réagir. Mes mains tremblent mais sont le seul signal de ma détresse. « Je ne sais pas... » dis-je en t'observant. J'ai l'impression de te connaître mais c'est stupide j'ignore ce genre de détails. « Donnez lui de l'atropine. » Je peux pas m'empêcher de semer mon grain de sel et le secouriste me demande si je suis dans le médical. « Je suis biochimiste, son cœur est en arythmie, vous devez le normaliser. » Je ne suis pas médecin mais je connais parfaitement les substances médicamenteuses et comment elles agissent sur le corps, et je supporte tout simplement pas que ce mec reste là à t'observer sans savoir quoi faire. « Bougez-vous ! » dis-je d'une voix froide et menaçante alors que finalement il semble décidé à faire ce qu'il faut pour te maintenir un minimum. Nous arrivons finalement à l'hôpital et tu es pris en charge. On me laisse dans une salle d'attente, un moment, une heure sans doute plusieurs. Avant qu'on m'autorise à te laisser entrer dans ta chambre, malgré que tu aies besoin de te reposer. Tu dors effectivement et ma main saisit la tienne dans le silence du jour qui agonise, je repose ma tête contre ton bras, je ferme les paupières, soulagée que tu sois paisible, je perds la notion du temps également , trop épuisée pour lutter, trop fourbue pour tenir encore malgré moi.

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Ce n'était pas tout à fait vrai. Leur première rencontre s'était déroulée dans l'avion en partance pour l'Irlande mais ce n'était que bien des mois plus tard qu'ils s'étaient finalement recroisés et qu'ils avaient enfin échangés. Une journée qui avait mal commencé pour Connor mais qui ne s'était pas mal fini. Penchant la tête sur le côté, ses mèches brunes se mirent à pendre dans le vide, il n'aurait jamais pensé qu'elle fut un jour dans le besoin - à part maintenant bien entendu - et cette histoire piqua sa curiosité, qui pour une fois dépassa la barrière de ses lèvres. "Comment ça?" Mais les choses allèrent si vite. Deirdre n'était pas la seule personne a avoir des secrets dans cette ambulance. Même si ça se voyait sur son corps, il s'était bien gardé de lui dire l'origine des "vitamines" qu'il prenait. Les amphétamines donnaient l'effet de se sentir bien sur l'instant mais à la longue... Elles étaient en train de le détruire. Grimm était en train de lutter pour ne pas sombrer dans l'inconscience mais il ne contrôlait plus assez son corps pour aller contre. Ses paupières se fermèrent et son visage se relâcha sur le côté, il venait de perdre connaissance à nouveau. Lorsqu'il tenta d'ouvrir les yeux, des heures plus tard, la pâleur de la pièce lui brûla les yeux. Où était-il ? Il ne se souvenait pas. Il monta sa main pour essayer de diminuer la lumière le temps de s'habituer avant de sentir du poids au niveau de son autre main. Sa tête se tourna dans la direction en question avant de voir les cheveux ébènes de la Rose Obsidienne à ses côtés. Peu à peu, ses souvenirs lui revinrent en mémoires. Il s'était écroulé en pleine rue alors qu'ils étaient en train de se diriger vers leur Uber. Sa main libre s'égara dans ses cheveux, dégageant une mèche de son visage afin de pouvoir l'admirer. Un sourire se dessina sur son visage creusé par la perte de poids et tuméfié par endroit à cause de sa chute. Elle semblait si paisible à cet instant. Connor se rallongea sur le lit, n'essayant même pas de se débattre contre les lunettes à oxygènes, il ne voulait pas la réveiller... Malgré tout ce qu'il s'était passé, elle était restée avec lui. Ses paupières se refermèrent un instant tandis qu'il levait les yeux au ciel. Ce n'était pas ça qui allait l'aider à refouler ce qu'il ressentait pour elle... Plus que jamais, il souhaitait rester à ses côtés.

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Ces moments là sont rares mais alors le vide m'emporte. Mon corps ne proteste pas contre l'angle bizarre auquel je le soumets, moitié assise, moitié allongée . Je m'offusquerai pourtant de me voir dans une position pareille, envahissant le lit d'un malade pour mon propre repos. Mais je suis dans ce vide sans rêve, celui dans lequel on oublie tout. Il ne dure jamais longtemps mais c'est toujours si doux. Si reposant de ne rien sentir. Tes phalanges qui viennent replacer une mèche semblent lointaines, mais c'est la tendresse qui anime ton geste et faut croire que quelque part mon corps se souvient. Me ramenant un rêve ou plutôt un cauchemar. Je me revois avec lui, je revis l'absence et mon corps se secoue dans un spasme, l'eau vient border mes cils malgré moi. Ce n'est pas rare que je m'éveille dans un état pareil, c'est même habituel. Mais je suis seule dans ces moments là. Je me redresse brusquement, oubliant où je suis, et une ridelle d'eau vient marquer ma joue quand j'ouvre mes paupières vers toi. C'est étrange et c'est un drôle de contraste lorsqu'un sourire vient rehausser le tableau. Parce que t'es là. « Tu es réveillé. » dis-je en resserrant ma main contre la tienne. Je t'observe, l'oxygène au nez, le visage tuméfié à présent. Toi et moi, on est autant abîmés. « Comment tu te sens ? » demande alors ma voix douce, presque chuchotée. On ne doit pas crier dans ce genre d'endroits et j'espère ne pas t'avoir effrayer.

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Lit dont Connor n'en occupait que la moitié, ainsi il pouvait largement se permettre de le partager avec elle. Petit à petit les souvenirs lui revenaient en mémoires mais il ne prenait toujours pas conscience de l'origine de son malaise. Jamais les petites pilules multicolores lui vinrent à l'esprit. Il se disait qu'il s'était surement surmené ces derniers temps avec le Nephilim... Mais tous les maux qu'il pouvait avoir sembler passer en second plan lorsque ses yeux se posèrent sur elle. Se surprenant à remettre de l'ordre dans ses mèches d'un geste qui se voulait protecteur mais qui en réalité faisait plus de mal que de bien. Ses prunelles ne la lâchèrent pas lorsqu'elle se redressa malgré un léger mouvement de surprise. Cependant ce fut la larme qui coulait le long de sa joue qui attira son regard. Penchant la tête légèrement sur le côté, il posa la main sur sa pommette avant d'en effacer le sillon salé d'un geste de pouce. Il ne savait pas interpréter ce qu'elle ressentait à cet instant, les larmes contrastant avec le sourire qu'elle lui adressait. Mais il lui répondit d'un doux sourire léger également. En plus de ses lunettes, on lui avait également mis des perfusions afin de le réhydrater et de le nourrir un peu. Il avait été considéré en état de dénutrition et été traité en conséquence, il pouvait s'estimer heureux de ne pas avoir un tube enfoncé au fond de la gorge. Ses phalanges se resserrèrent sur les doigts de la Rose Obsidienne en réponse à ce mouvement. "Merci d'être restée..." Répondant aussi bas qu'elle de peur de réveiller une terrible infirmière courroucée. Sa simple présence suffisait à chasser les mauvaises pensées qui pouvaient traverser son esprit. "Je vais bien, grâce à toi." Se penchant vers elle, il tira sur ses câbles avant de poser son front contre le sien. Tous ses fils entravés ses mouvements et cela avait tendance à l'agacer légèrement. Il se redressa finalement avant de regarder les nombreux tuyaux s'infiltraient en lui. "Qu'est-ce que c'est que tout ça...?"

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La rudesse de ton pouce sur ma joue me ramène à ce jour là. D'un geste tendre, mes phalanges s'enroulent à ton poignet tandis que je laisse mes prunelles rencontrer les tiennes. Mes lèvres venant cueillir furtivement ton poing. Je suis toujours inquiète sur ton sort, sur le mal qui te ronge, me sentant peu capable d'y changer quelque chose. Le corps médical ne m'a pas donné de détails mais je comprends aisément qu'aux produits qu'ils t'injectent ton état est assez grave, voir préoccupant. « Je n'allais pas te laisser. » Parce que je ne me voyais tout simplement pas continuer ma route comme si de rien n'était. Comme si tu n'avais pas mal. Je n'aurais tout simplement pas pu. Même si quelque part, je n'ai pas ma place. « Tu veux que je contacte ta sœur ? Ou bien quelqu'un d'autre ? » Peut-être que tu as envie d'une personne familière auprès de toi dans un moment pareil, ce serait tout à fait légitime. Mais tu viens me dire que tu vas bien, grâce à moi. Je me surprends à sentir le rouge réchauffer mes joues. « Je n'ai rien fait. » Vraiment. Je suis juste restée là à te voir être mal et il n'y a pas vraiment de supplice pire que ça. Ton front vient contre le mien et ma main libre se pose doucement sur ta nuque pour caresser la naissance de tes cheveux. Tu te redresses entravé par les fils qui viennent ici et là. Je souris avec tendresse en me relevant et en lâchant ta main finalement. Simplement pour me venir me poster près du pied à perfusions tout en te montrant chacune des poches reliées à ton bras. « Glucose, antalgiques, antibiotiques, solution saline, vitamines. » Et mon regard accompagne mes paroles vers les lunettes sous ton nez « Oxygène. » Le bout de ton doigt « Saturomètre. » et les électrodes posées ça et là. « Electocardiogramme. » Bracelet à ton bras. « Et tensiomètre. » Je hausse les épaules. « Autrement dit, tu es surveillé comme le lait sur le feu et tu as intérêt à te reposer davantage. » Tu ne le sais pas encore, mais je peux être légèrement autoritaire, un brin impitoyable. D'autant plus lorsqu'il s'agit de te préserver.